Invitation à la marche – Made of walking 2017 à la Romieu (France-Gers)

Avatar de DesartsonnantsDesartsonnants

MADE OF WALKING 2017 – LA ROMIEU (FRANCE) – 27.08 > 01.09.2017
OUVERTURE – RECEPTION – INAUGURATION SOUND WALK SUNDAY – INAUGURATION D’UN POINT D’OUÏE – TABLE RONDE Du bon usage de la marche – ARTIST TALKS. Salon de randonnée en devisant

Nous avons le plaisir de vous inviter à l’ouverture du Festival Made of Walking en présence des 35 artistes internationaux le 27 août à 18h30 et à l’inauguration d’un Point d’ouïe, suivie d’une Table Ronde « Du bon usage de la marche » et du Salon de randonnée parlant, le 30 août à 18h30, dans la salle de fêtes de la Mairie à La Romieu.

—–

MADE OF WALKING 2017 – LA ROMIEU (FRANCE) – 27.08 > 01.09.2017

L’écoute de la Terre inspirera et guidera nos réflexions et expérimentations tout au long du Festival « Made of Walking 2017 » à La Romieu,

SOUND WALK SUNDAY Le dernier dimanche d’août…

Voir l’article original 360 mots de plus

Point d’ouïe, une harpe éolienne lyonnaise

« En priant Dieu qu’il fit du vent… »*

Grange-Blanche_IMG_6224
Le principe de la harpe éolienne est (presque)  vieux comme le monde. Des cordes ou des boyaux tendus sur une caisse de résonance qui chantent sous le vent. C’est tout simple, et c’est magique ! Des luthiers de tous temps, y compris contemporains (voir les liens en pied d’article) ont imaginé des objets surprenants, captivants (capti’vents), tant par leurs esthétiques que par leurs sonorités.
Ces instruments libertaires, en pleine nature ou dans une ville, échappent en grande partie à notre contrôle, n’obéissant qu’à leur Dieu Éole, ce qui les rend encore plus fascinants. Musique des lieux qui ne se fait entendre que lorsque la brise ou la bise s’en mêlent.
Parfois, de façon inattendues, ce sont les haubans d’un pont, un échafaudage métallique ou d’autres structures érigées ici et là qui se mettent en vibration sous les caresses d’Éole.
A Lyon, métro Grange Blanche, c’est la sculpture cybernétique de Nicolas Schöffer. qui se transforme à certains moments en instrument éolien géant. A l’origine, le cybernétisme de la tour traduit une interaction, via les mouvements des voyageurs et des rames de métro, qui anime visuellement la sculpture via des néons colorés dont les teintes et les rythmes d’allumages fluctuent selon l’activité humaine et mécanique. Mais ce que j’aime tout particulièrement, ce sont ses longues plaintes, sortes de sirènes urbaines cherchant un Ulysse à envoûter les jours de grand vent. L’effet est-il pensé à l’origine, ou simple heureux hasard né sous le caprice des vents ? Peu importe, ces ambiances sont bel et bien magiques. Il ne me reste plus, pour vous le prouver, qu’à réaliser un enregistrement le moment opportun, et forcément imprévisible, sauf peut-être à consulter régulièrement la météo locale pour avoir un magnétophone en ce lieu et  à cet instant venté.
Par curiosité
* Citation empruntée à Georges Brassens « L’eau de la claire fontaine »

Points d’ouïe en marche, la Sant’Efisio à Cagliari

17194570759_a9639c9814_k

Une journée Oh combien sonore !

Voici une trace sonore de ma Sant’Efisio, des mouvements, des séquences, une longue marche du bas de la ville en haut, puis redescente, des chemins de traverses, déboulés sur la procession, éloignements, mixages en marchant…

Beaucoup de récurrences sonores, voix, musiques, chevaux, des cloches et des cornes maritimes, encore des voix… Des prières et des chants, dedans dehors, des espaces acoustiques, des ambiances…

Je prends le temps de dresser le décor, au rythme de mes pas, des espaces traversés, intermédiaires, des transitions urbaines, des scènes jalonnant mon périple urbain.

J’alterne le sacré, la procession, le cortège, et des espaces plus profanes, dans des ruelles en dehors du cortège, où je trouve d’autres ambiances festives, en résonances.

Parfois, j’accompagne le cortège, suis les sons à la trace, leurs colle aux basques, parfois je les attends de pied et d’oreilles fermes, je les laissent venir à moi, dans leur imposant et chatoyant défilé.

La langue italienne, en cette ile Sarde, dont je ne comprends pas un mot,  résonne d’autant plus autour de moi comme une musique vocale locale.

Les costumes aux couleurs rutilantes font en ce jour écho aux sons de la ville de Cagliari en liesse.

Je zoome et dézoome, m’approchant ou m’éloignant des sons à l’envi, toujours dans l’idée d’une marche curieuse et mouvante, cherchant tantôt le détail, tantôt l’ambiance plus large, voire le panoramique…

Je navigue au gré des son, et de mes envies, comme une sorte d’aimant attiré par les bruissonnances et les images de ce foisonnant défilé religieux.

Il s’en forme progressivement une sorte de vaste carte postale sonore façon desartsonnante, sans itinéraire préalable, ni Point d’ouïe fixe, ou très fugitivement, qui suit les méandres d’un marcheur  fasciné par Cagliari et cette fête bouillonnante.

Feu d’artifice sonore final, un concert de cornes de bateaux salut le Saint qui quitte la ville.

Plus tard dans la nuit, alors que la procession est déjà loin, place de la Convention, un dernier Alleluhia, façon Léonard Cohen, fait écho à cette longue journée Oh combien sonore !

Article précédent concernant Cagliari et le projet Européen « Le Paysage sonore dans lequel nous vivons » https://desartsonnantsbis.com/2017/05/22/points-douie-sardes/

 

 

Prenez en, de la graine !

Prenez en, de la graine !

20155783_695857477281412_6411127335671427467_n

 

Prenez en, de la graine !
Suivant cette injonction, nous l’avons donc fait.
Nous avons cueilli, mis en sachets, décortiqué, regardé, scruté, nommé, ou pas, étiqueté, dessiné, crobardé, photographié, enregistré, marché, de massifs en massifs, discuté, commenté, touché, raconté, imaginé, cueilli de nouveau…
Phlomis, sauge sclarée, chardon bleu, Pyretrum dite pâquerette, blanche, ou mauve, Triforium dit trèfle (en principe à trois feuilles), plantain major ou lancéolé, laitue et épinard sauvages, silène enflée… Petite liste incomplète en litanie fleurie, herbacée, boisée; premier voyage au gré des noms botaniques, récits à l’exotisme enraciné sur divers terrains terreaux.
On rêve à semer plus loin, toujours plus loin, transit de plantes voyageuses et essaimantes, un sachet glissé dans nos poches ou bagages. Graines furtives et avides de nouveaux espaces humus habitables.
On trie encore, pour tenter de se souvenir, classement de formes, matières, couleurs, odeurs, graines-crottes de palmiers, ailettes du pissenlit, gousses explosives de je ne sais plus qui; à chacun sa semence disséminée au gré du vent, des insectes, de digestions fermentations défécations…
Parfois nous mixons, espérant une nouvelle micro prairie fleurie, jusqu’à portée de balcon.
Construisons le voyage, physique ou symbolique, de madame graine, pas pour autant mauvaise graine, nous nous garderons pour l’instant de trier le bon grain de l’ivraie, toute particule reproductrice ayant son droit au sol, jusqu’à prendre racine, si nécessaire.
La graine accrochée aux semelles, dans les pattes d’une abeille ou le ventre d’un rongeur, emportée par le vent ou virevoltante hélice tourbillonnante, se garde toujours une part de clandestinité – graine d’altérité féconde ou chaque pousse naissante maintient en vie la diversité et complexité d’écosystèmes fragiles.
Parfois cependant, l’espèce arrive en force, et se fait invasive, déséquilibre d’une domination en herbe qui ne cessera hégémoniquement de croître, et qu’il faut bien maîtriser quelque part, question d’éthique, d’éthique botanique…
Avant la dissémination urbaine, la contamination joyeuse d’espaces friches, délaissés à la flore libertaire, plate-bandes sans doute trop sages, jardinières désertées, il nous faut raconter encore, dire de l’herbe folle, s’imaginer corps ambulants, avant que de trouver refuge en des sols fertiles. Si le désert est beau, la plante est plus nourricière.
La métaphore nous guette, prenons en, de la graine !

 

20108474_695855817281578_8901190563892614548_n

 

Texte écrit par Gilles Malatray, suite à la récolte du dimanche 16 juillet 2017 « Égrainer les chemins » – Grand Parc de Miribel Jonage l’Iloz et Jardin des Allivoz et Abi Abo. Avec Damien Lamothe, Pierre Gonzales, Jérôme Dupré la Tour, Gilles Malatray/Desartsonnants, et d’autres cueilleurs de tous âges

Avatar de DesartsonnantsDesartsonnants

20155783_695857477281412_6411127335671427467_n©Dessin de Jérôme Dupré Latour – Abi Abo

Prenez en, de la graine !
Suivant cette injonction, nous l’avons donc fait.
Nous avons cueilli, mis en sachets, décortiqué, regardé, scruté, nommé, ou pas, étiqueté, dessiné, crobardé, photographié, enregistré, marché, de massifs en massifs, discuté, commenté, touché, raconté, imaginé, cueilli de nouveau…
Phlomis, sauge sclarée, chardon bleu, Pyretrum dite pâquerette, blanche, ou mauve, Triforium dit trèfle (en principe à trois feuilles), plantain major ou lancéolé, laitue et épinard sauvages, silène enflée… Petite liste incomplète en litanie fleurie, herbacée, boisée; premier voyage au gré des noms botaniques, récits à l’exotisme enraciné sur divers terrains terreaux.
On rêve à semer plus loin, toujours plus loin, transit de plantes voyageuses et essaimantes, un sachet glissé dans nos poches ou bagages. Graines furtives et avides de nouveaux espaces humus habitables.
On trie encore, pour tenter de se souvenir, classement de formes, matières, couleurs, odeurs, graines-crottes…

Voir l’article original 272 mots de plus

Improbable paysage#1 – Nœuds d’écoute

14074250306_493087ba4d_k_d

Ceci n’est pas un paysage.
Ceci est un amalgame paysager.
Ceci est un jeu.
Ceci est un mixage débridé.
Ceci est un mixage live, d’un seul tenant, non retouché.
Ceci est un mixage live à partir de multiples échantillons paysagers glanés sur Aporee.
Ceci est un voyage dans ma tête, un raccourci sono-spatio-temporel.
Ceci est un rêve de voyage immobile.
Ceci est ce que vous en ferez, ou non, à l’écoute.

14284325748_2fd06230a0_k_d

PAS – Parcours Audio Sensible, partition n°2

Points d’ouïe de la carte au terrain

ob_3ef43b_sound-map-2009-small-file

Actions en deux temps

Première étape 

– Choisissez un lieu, un quartier que vous ne connaissez pas, ou très peu.
– Procurez vous une carte, ou un extrait de carte de l’endroit que vous désirez investir.
– Tracer un parcours au crayon en suivant les rues, sentiers, de préférence en créant une boucle avec un point d’arrivée identique à celui de départ…
– Au regard de la carte et du tracé, imaginez ce que vous pourriez entendre en suivant cet itinéraire
– Vous pouvez consigner par écrit les sons que vous penseriez écouter sur le parcours.

Deuxième étape

– Sur le terrain, parcourez l’itinéraire préalablement tracé, dans une posture de promeneur écoutant.
– Comparez votre écoute avec vos spéculations préalables.
– Tester l’exercice sur plusieurs parcours…

 

Remarque 1 : Attention aux échelles de la carte et du territoire, prenez garde à la démesure, pour envisager un parcours réalisable in situ.

Remarque 2 : Comme dans toute partition de PAS, vous pouvez communiquer à Desartsonnants les résultats de la marches, itinéraire, traces, ressentis…

PAS – Parcours Audio Sensible Nocturne à Lyon Vaise

Le paysage sonore dans lequel nous vivons, un exemple parmi tant d’autres

32154890713_f766d80cef_b_d

Église de l’annonciation  -Lyon Vaise, point de départ du PAS, à la tombée du jour – ©Patrick Mathon

Le contexte: un projet européen Erasmus+ « Le paysage sonore dans lequel nous vivons », qui est organisé par le GMVL (Groupe de Musiques Vivantes de Lyon), en impliquant quatre autres partenaires Italiens, Sardes, Portugais et grecs.
Le but de la promenade : effectuer un repérage collectif sur le quartier de Vaise, par une promenade écoute en trois points focus.
Nous sommes huit personnes, parmi lesquels des artistes sonores, étudiants travaillant autour de la soundwalk, membres du Conseil de quartier, protagonistes du projet « Sentiers métropolitainS » autour de Lyon…
Il s’agit dune écoute à oreilles nues, sans enregistrement ni autre dispositif d’écoute. La captation  viendra ultérieurement,  très prochainement.
Tous les focus d’écoute s’effectuent d’une seule traite, entre 15 et 20 minutes, et en silence. Nous commentons après, durant les liaisons (pédestres) entre chaque focus, et en fin de parcours.
Il est 18H30, la nuit est tombée, il fait très beau et assez doux pour la saison.

Petit débriefing au départ, qu’est-ce que met en jeu le projet autour des paysages sonores européens ?  Pourquoi une écoute sous forme de balade sonore ? Son articulation dans le repérage, dans le projet ?…

32928637526_8a3cfc5607_b_d

En route, Gare de Vaise – ©Patrick Mathon

32928637486_0658bfc169_o_d

En route, Gare de Vaise – ©Patrick Mathon

Premier focus auriculaire, gare aux oreilles !
La traversée de la gare de Vaise, vaste nœud de circulation multimodale (piétons, métro, bus, trains, vélos, voitures…).
Traversée horizontale, sur toute sa longueur, en zigzagant (sobrement) de droite à gauche, dedans, dehors.
Traversée verticale, sous-sol métro, niveau rue garde des bus, étages des parkings…
Gare de rythmes.
On y trouve pêle-mêle :
Drones de ventilations faisant écho, ou couches mixées aux graves des trains ronronnant sur le talus.
Claquements de grilles, joints métalliques lors des passages de bus ou voitures, effet percussif puissant ! Cliquettements des escalateurs, à chacun les siens, contrepoints complexes, Crachotements très sympathiques d’un haut-parleur déficient, depuis quelques mois déjà.
Chuintements de métros invisibles en contrebas, mouvements acousmatiques. Flux droite gauche et inverse.
Chuintements rythmiques des portes coulissantes en fonction des flux des passagers. Mixages ponctuels intérieurs/extérieurs, porosité des espaces et de leurs ambiances, effets de coupures, apparitions/disparitions…
Signaux sonores, attention à la fermeture des portes, compostages de billets.. Des bips aux émergences aigües, pointillistes ponctuant les espaces-temps.
Transitions acoustiques en fondus ou en coupures, dedans-dehors, des espaces resserrés, ouverts, plus ou moins réverbérants, mais en général toujours réverbérants, volumes des espaces et matériaux obligent.
Mixages intimes, des escaliers, des voix, des pas, d’incessantes montées et descentes des ascenseurs très très proches nous, la vue, les mouvements, les sons dessus dessous… Étranges sensations de tiers-lieux sonores d’entre-deux acoustiques.
Écoute panoramique, les parkings offrent des points d’ouïe sur quasiment 360°, ouverts sur l’extérieur, très différents selon son poste d’écoute ou ses mouvements traversants (mixages en marchant). L’extrémité du parking est remarquable, entre les bus sous nos pieds, les train à portée de vue et d’oreille, et les voitures qui font claquer puissamment les joints métalliques du sol. Belle scène acoustique à saisir et à déguster sans modération…

32154890613_f7de4192f7_o_d

Gare aux oreilles – ©Patrick Mathon

32928637616_d92db5f28f_b_d

Gare aux oreilles – ©Patrick Mathon

32928637606_59f592fe04_o_d

Guidage au sol pour Promeneurs écoutants en parkings – ©Patrick Mathon

Deuxième focus auriculaire, un complexe sportif  en extérieur nuit
A quelques pas de la gare, le complexe sportif Boucaud, ex Gare d’eau.
Une plongée dans une vaste fosse extérieure, en contrebas des voies de circulation, position topologique qui amortit considérablement la rumeur de la ville, jusqu’à la faire presque oublier, si ce ne sont les émergences de klaxons ou motos à grosse cylindrée.
Une vaste ensemble de stades pour footballeurs, handballeurs, basketteurs, une grande piste en anneau de vitesse, et des bâtiments vestiaires, salles de gym…
Première impressions et images (visuelles et sonores) fortes, un long ruban de patineurs, dans une grande glisse, par groupe, avec une belle virtuosité quasi chorégraphique, rythme toute la piste.
Par deux, cinq, dix, les patineurs se suivent de très près, se talonnent, dans un impeccable synchronisme corporel, et à une vitesse impressionnante.
Des flux entrecoupés de quelques joggeurs.
A l’oreille, c’est tout aussi intéressant !
Chaque groupe passe près de nous avec une sorte de traine chuintée-sifflée, où se perçoivent les rythmes de mouvements extrêmement précis. Difficile à décrire, il faut l’entendre.
Des voix réverbérées, consignes, comptages de tours, dialoguent en glissant, éparpillées tout au tour de l’anneau, toujours en mouvement elles aussi, dans une glissade circulaire véloce. Bel espace sonore, dynamique et poétique, dans les lumières de la nuit tombée.
Je note le jour et l’heure, espérant que ce rendez-vous est régulier pour revenir armé de micros cette fois-ci.
Nous sommes ensuite sur une pelouse synthétique, entourés de l’anneaux des surfeurs et d’un stade où s’entrainent des footballeurs, et en dessus, une salle de Gym tonic.
Encore de beaux mixages en se déplaçant au gré des sons, ou postés, entre voix, glissements de patins, chocs de ballons… Polyphonie sportive spacialisée.
Ce complexe sportif est un espace d’écoute privilégié où, selon les jours et les heures, rien n’est jamais pareil, une propriété du paysage sonore me direz-vous, mais particulièrement sensible en cet endroit. J’espère pouvoir retranscrire et transmettre la magie des lieux par micros interposés.

32928637476_07e5f94381_o_d

A toute vitesse – ©Patrick Mathon

Troisième focus auriculaire, le pont Schuman ou la chambre d’échos
Une fois la Saône traversée, à quelques encablures ad pedibus, sous le pont Schuman, dernier né des  enjambeurs de rivière (ici la Saône) lyonnais, un dernier focus sonore qui se jouera cette fois-ci sur un seul et unique effet, l’écho.
éc(h)logiquement votre dirait-je en parlant de paysages sonores.
Certes, je le connais déjà, un vrai faux repérage donc, et l’ai déjà testé à envi, mais ne résiste jamais à partager cette friandise acoustique comme un petit bouquet final pour les oreilles.
Nous l’avons découvert par hasard, avec un ami voisin et aussi écoutant, lors d’une promenade auriculaire.
C’est un effet qui me rappelle certaines combes jurassiennes, échos multiples, assez cours, réverbérés, colorés, bluffants.
C’est tout à fait surprenant dans ce genre de lieux. Pourtant, tel un enfant qui aime entendre sa voix chamboulée par les tunnels, les ponts, je joue souvent à traquer les effets acoustiques de ce genre. Celui-ci est proprement spectaculaire. A se demander si il n’est pas voulu et recherché. Ce qui m’étonnerait fort, mais qui sait…
Un premier coup de trompe pour révéler la caractéristique sonore aux oreilles de tous.
Puis nous jouons, à tour de rôle, ensemble, style improvisation libre…
Nous constatons que les sons aigus, même à très faibles volumes, excitent facilement l’acoustique, l’écho nous répondant sans forcer la voix, même en chuchotant.
Pour les médiums et gravent, ils faut déployer plus d’énergie.
Retour par les quais de Saône aux magnifiques lumières, car malgré tout, le paysage n’est pas que sonore, tant s’en faut !

32154890163_86d19787bd_k_d

Sous l’pont de vaise, échos, échos i….

Post focus auriculaire, finissage  en forme de causerie
Pour se remettre de ses émotions, s’assoir devant une boisson, en terrasse place de Paris, et discuter à bâtons rompus.
Les faits saillants, les surprises, les sons en vrac, les images aussi, l’expérience du groupe ou de chacun, coutumière pour certains, un brin desartsonnante pour d’autres.
Les projets et réseaux croisés de chacun, autour du son, des installations, promenades, parcours sensibles…
En bref, tout ce qui prolonge est termine convivialement un PAS, la relation entretenant la bonne et belle écoute, et inversement.
Prochaine étape, fixer tout cela, et certainement d’autres choses aléatoires, micros en mains, et oreilles aux aguets !

 

Enregistrer

Enregistrer

Workshop Paysage sonore à Mons

Avatar de DesartsonnantsDesartsonnants

20> 25.02.2017
Gilles Malatray – Workshop Paysage sonore/soundscape

Mons  Faculté d’architecture & Urbanisme (UMons)

Depuis bien longtemps déjà, des artistes et philosophes, marchent à travers ville et campagne, jusqu’à en faire une véritable façon d’être, de penser, de créer. Les années 70/80 ont vu naître les « Soundwalks », ou balades sonores, convoquant de nouvelles lectures et écritures sensibles du paysage, où esthétique et écologie dialoguent régulièrement de concert, au gré des déambulations. C’est donc à partir ces histoires et  de leurs  protagonistes que Gilles Malatray (desartsonnants/complice régulier de City Sonic) développe une démarche  spécifique expérimentée dans la ville de Mons. Il met en avant les rapports étroits entre écoute, art, environnement, urbanisme et l’architecture. Les étudiants-participants deviennent alors « promeneurs écoutant » (Michel Chion) posant  une écoute critique, notamment sur la ville, où le geste artistique s’adresse à tous ceux qui, habitants, politiques ou aménageurs, restent soucieux de préserver, voire de développer, une belle…

Voir l’article original 162 mots de plus

Atelier d’écoute partagée à ciel ouvert

7035951439_dc085005ec_k_d

Un artiste marcheur, promeneur écoutant notamment, promène son atelier avec lui, le plus souvent au grand air, à ciel ouvert, à 360°…

Son atelier est ville, ruisseau, forêt, village, fleuve, montagne, prairie, périphérie, belvédère, passage souterrain, monument, cour intérieure, parc, rivière, couloir, église, sentier…

Ses complices sont le vent, l’eau, les oiseaux, le soleil, les hommes, les échos, la faune furtive, les arbres bruissants, les sols gelés, les voix, la pluie, les cloches, le souffles des ventilations urbaines, l’orage, les pas, les respirations, la vie…

De son atelier en marche, il ouvre régulièrement les portes aux paires d’oreilles de bonnes volonté !

14865148560_3fe26fe5c0_b_d

PAS – Parcours Audio sensible, à la recherche de l’ordinaire extraordinaire

1-432091

Il y a quelques jours, nous avons emmené, avec Nomade Land, au cours de plusieurs PAS de jeunes étudiants en première année de BTS.
Les professeurs me dirent en préambule que ces promenades s’inscrivent dans un projet qui s’amorce autour de « l’extraordinaire ».
Vaste sujet s’il en est.
Donc je me demande logiquement en quoi mes PAS sont extraordinaires, ou si je dois pour l’occasion les rendre moins ordinaires, donc un peu plus extra-ordinaires.
Mais aussi qu’est-ce que, pour moi, promeneur écoutant, l’extraordinaire ?
Simple réponse, voire simpliste réponse, c’est sans doute ce qui sort de l’ordinaire.
Bien et alors, la marche est un acte somme toute ordinaire.
Écouter est un geste également ordinaire, sauf pour, comme aurait dit Brassens.
Par contre, écouter en marchant, ou marcher en écoutant, devient quelque chose de moins… habituel, donc d’un peu plus extra-ordinaire.
Si l’on ajoute le fait de faire cela en groupe.
Et qui plus est en silence.
Et sur une durée qui peut être parfois bien plus importante que les 3 minutes formatées au standard des radio/télés/chansons, alors là…
Nous tenons peut-être un tout petit début d’extraordinaire, restant néanmoins à portée d’oreilles, au coin de la rue.
Cela reste , dirais-je, un extraordinaire assez ordinaire.
Alors il me faut creuser un peu plus.
Par exemple, aller écouter dans des lieux improbables.
Au pied d’un tunnel routier vouté, en pierre, assez ancien, très pentu, écoutants tapis dans un recoin sombre, en principe interdit au public piétonnier, pour pimenter l’affaire.
Au fond d’un jardin urbain bien caché, assez peu visité, surtout en ce jour glacial, avec la bise qui nous cingle les oreilles.
Dans une cour étroite, reculée, planquée derrière des portes de bois apparemment closes…
L’attention est alors mobilisée ici par l’insolite des situations.
Allons plus loin, si vous demandez à chacun de tourner le dos à la rue, dans le tunnel par exemple, les sons nous submergent, parfois violemment, par surprise.
Si vous faites la même chose avec des lunettes aux verres floutés, ou dos à dos, ou assis sur des sièges pliants… Si vous recherchez des situations étranges, paradoxales, un peu « barrées » comme m’ont dit certains jeunes étudiants…
L’ordinaire se fait plus… moins ordinaire sans doute. Et cela sans pour autant chercher à l’expliquer, à le montrer, le démontrer, à convaincre les auditeurs, et même à se forcer à employer ce qualificatif (extraordinaire), à le placer à tout prix dans une belle phrase, pédagogiquement correcte.
De plus, il nous faut faire confiance aux caprices des sons. Et en l’occurrence, ils savent nous jouer bien des tours.
Je reviens à mon tunnel, une voiture aborde la longue et raide pente pavée – une ancienne voie de funiculaire au pied de la Croix-Rousse, les lyonnais la reconnaitront certainement- le tout à vive allure. Grondement subit, puis une longue trace de basse profonde qui s’éloigne dans une réverbération des plus spectaculaire. je vous assure, c’est vraiment l’effet ressenti.
Mieux encore, une moto monocylindre, type Harley Davidson, vous entendez ce que je veux dire, qui aborde le tunnel plein gaz, dans une puissante vague, une déferlante sonore incroyable. C’est fort, très fort, dans tous les sens du terme, mais c’est beau, c’est puissant, c’est extraordinaire, n’ayons pas peur ici des mots, ou du mot.
Plus loin, dans la cour intérieure précédemment citée, une impasse discrète, un trompettiste, jazzy, répète, déroule des phrases cuivrées, virtuoses, véloces. Un trompettiste qui a audiblement du métier, qui swingue d’enfer, et que l’on ne voit pas, acousmate jouant à l’intérieur d’un un atelier d’artiste vitré.
Plus loin encore, une placette en rond, avec des banderoles aux petits fanions de plastique colorés, façon fête foraine, ou kermesse, qui tissent des lignes striant l’espace au niveau des premiers étages, mais surtout, beaucoup de vent pour les agiter. Et ça bruisse et ça claque, et sa froisse incroyablement au dessus de nos têtes.
Tout ce que je vous dis là s’est véritablement passé dans les deux premières balades, rien n’est inventé, ni même un tant soit peu exagéré, rien que du vécu, à oreilles nues.
Sinon de petites mises en scène, quelques propositions décalées, des objets d’écoute, des micro installations éphémères dans les pots de fleurs d’une traboule… Et avec un peu de chance, qu’il faut savoir saisir néanmoins, on touche ici, sans grands moyens, à l’ extraordinaire. Certes pas celui du grand spectacle, quoique, mais un extraordinaire qui nous fait dire que jamais auparavant, on n’avait vécu cela. Et il bien normal que l’écoute d’un lieu soit comme la rivière, vue et entendue au prisme de la sagesse orientale, dans lit de laquelle il n’y coulera jamais deux fois les mêmes ondes.
Fort heureusement pour moi d’ailleurs, car sinon j’aurais abandonner depuis longtemps mes PAS, alors que je m’émerveille toujours de ce modeste et captivant extraordinaire, sans doute construit d’un nombre infini de situations sonores.
Ouf, j’ai l’impression d’avoir réussi ma mission. Le faire entendre, ce fameux extraordinaire, sans rien forcer, ou si peu.

Cliquez sur l’image pour visualiser l’album

PAS étudiants - Nomade Land

Points d’ouïe nocturnes

15023749135_faca3cc11a_o_d

La nuit
tous les sons ne sont pas gris
tant s’en faut !

La nuit
D’autres couleurs,
des ambiances
des amplifications
des amenuisements en fondus.

L’obscurité urbaine tissée de lumières
points diffus
halos laiteux
raies lignes trainées
évanescentes colorées…

Les sons ne s’en sortent pas pour autant indemnes.

Ils fricotent canailles
enserrés noctambules
des lumières ambiantes
couleurs sonores
lumières bruissantes
pas tout à fait la vie commune.

Écoute de l’incertitude
entre chiens et loups
Glissement vers l’obscur
vers la nuit affirmée
amoindrie d’urbanité
contrariée de lumières
sécuritaire oblige

Écoute allant decrescendo

Des spots frissonnants
souffleries ronronnantes
cliquetis hyper-basses
concert d’air brassé
ville respire expire
bouches grillagées de métal
crachant à même les trottoirs
gémissements organiques ventilés.

Des présences s’affirment
presque fantomatiques
voix rires traces habitées
clic-clac pressés de pas
inquiets du macadam
détails auparavant noyés
exacerbés dès lors
de noctambulisme bienveillant.

Une déclinaison parfois apaisante
décroissante en pente de clair-obscur.

La rumeur souvent résiste et signe.

Nuit de l’écoutant posé
hardi jusqu’au oreilles
de rêves et inquiétudes.

Des ilots blocs bétonnés
cousant des cités sirènes
attirantes comme des phares de silence
du moins croit-on.

Expériences de sombres marcheurs
traque d’obscurs passages
abrités des trop plein de lumière.

Nuitées en refuges demi-teintes
chuchotements lunaires
confidences d’étoiles cachées
tout ce que jour délaisse
qui sourd en nuit sens.

Une chaleur amène
emmagasinée d’estivale
au cœur de la pierre
de réfractaires cloisons
des effluves torrides
libérés en vagues nocturnes.

Les sons résistent
presque apaisés
presque silence doucereux
havre de tympans épuisés
que la nuit réconforte.

Règne de l’imprécision emprunte de pénombre
gardons les incertitudes à mi-voix
que fertilisent la nuit tombée.

15023379792_1850a0ff12_o_d

Enregistrer

Points d’ouïe – Entrez dans la résonance !

Ponts et tunnels, immersions acoustiques en PAS

Comme tout enfant, qu’une partie de moi-même tente de préserver en lui, j’ai toujours été fasciné par les ponts, les tunnels, et surtout par le fait de pouvoir crier dessous, dedans, en y étant pour une fois autorisé, voire accompagné par les adultes.

C’est en effet une vraie jouissance auriculaire que de se trouver dans une grande masse résonnante, où la matière sonore se fait plus compacte, presque tangible, où nos moindre sons prennent de l’importance, de la densité, où les bruissements se meuvent en rebondissant au gré des surfaces-miroirs de pierres.

Dans mes balades, je cherche toujours des lieux magiques où plonger l’oreille au cœur-même de la résonance, ou plutôt de la réverbération, si je voulais être acoustiquement plus juste. Sauf que j’aime bien le terme de résonance. Il résonne mieux en moi, et me met en accord physique, vibratoire, avec les lieux, les personnes, les acoustiques justement…

La deuxième partie du titre est d’ailleurs un hommage à Élie Tête, fondateur et feu directeur d’Aciréne, avec lequel nous avions travaillé, à Cluny en Saône et Loire sur les acoustiques des lieux, via des concerts et installations –  projet justement nommé « Entrez dans la résonance ! »

Je disais donc que je cherche régulièrement, dans mes PAS – Parcours Audio Sensibles, des églises, cathédrales, basiliques, grottes, ponts, tunnels, parkings souterrains, bref, autant de lieux monumentaux, majestueux, mais aussi triviaux, cachés. Ces lieux s’offrent tout naturellement à l’écoute. Leurs sons y sont joliment spacialisés, amplifiés, rebondissants, englobants, et donc  assez envoûtants. Je trouve d’ailleurs que le rappel de la voûte sonne ici métaphoriquement bien. La voûte porte, transporte le son d’un bout à l’autre de l’espace, et nous sommes au cœur de ces mouvements-flux sonores.

Je vois, et entends parfois des musiciens, chanteurs  de métro parisien, qui jouent le dos tourné aux voûtes carrelées des stations, profitant habilement des effets acoustiques, des effets de portance, qui fait qu’on les entend parfaitement bien, même sans amplification, en mode acoustique, y compris sur le quai opposé.

J’avais donc tout simplement envie de vous faire partager ce goût pour les acoustiques réverbérantes, via quelques mots et quelques images, sachant que rien ne remplace l’action sin itu. Peut-être vous donner envie de vivre ces expériences immersives.

Lyon, Église Saint-Nizier, lors d’un PAS avec des étudiants dans d’une rencontre de l’AGERA (Association des Grandes Écoles Rhône-Alpes). Un arrêt écoute s’impose dans la très belle acoustique de cette église, havre de paix sonore dans un carrefour de centre ville très circulant.

1779847_877684532241943_1600903346730806620_n

Collégiale Sainte-Waudru de Mons (Belgique), PAS avec des étudiants de l’École Supérieure d’Arts et Multimédia. Là encore, la quiétude et la majesté des lieux nous enchante l’oreille, et l’esprit. Écoute religieuse…

25432359542_f41e11124d_o

PAS à Auch, Semaine du son. Une voûte joliment résonante et une verrière sur laquelle tombent délicatement des gouttes d’eau. Superbe moment !

img_1513_dxo800_dxo800-copie

Promenade sensible, traboulante – traboules du Vieux Lyon, quartier Saint Jean à Lyon, au cours d’une résidence artistique « Parcours sonores sensibles » avec l’artiste interdisciplinaire québecoise Isabelle Clermont. Les murs ont des oreilles, et nous aussi !

29623021134_5d56d08a71_k

PAS à Mons, Exploration et installation sonore éphémère dans un parking sous-terrain du centre ville. Les entrailles résonantes urbaines.

25254143281_bc2c54d3ab_k

25458153761_8fd71a11b2_o

Paris, quartier de Belleville le haut, exploration d’un parking dans le cadre de l’enregistrement d’une émission de France Musique « Le cri du Patchwork », avec Clément Lebrun. Où l’on parle de ventilations comme des signatures sonores urbaines.

600_img_7936-jpg-pagespeed-ce-r_cazf8bkm

La « rue » centrale de l’École Nationale Supérieure d’Architecture de Lyon Vaulx-en-Velin. Un workshop autour des ambiances urbaines. Pas besoin d’aller très loin pour traquer les résonances. Tout un poème acoustique à portée d’oreilles.

ECOLE D ARCHITECTURE A VX EN VELIN

PAS et installation sonore éphémère sous le Pont Nord à Chalon sur Saône, avec le collectif La Méandre et CRANE Lab. Dessus, claquements et grondements de monstres métalliques sur nos têtes, tous près – en contrepoint, des sons installés sous le pont, autour des écoutants – Les réverbérations aquatiques en bord de Saône – des lumières entre chiens et loups, instant étrange et poétique, post futuriste, tout comme je les aime…

16-04-2015_19.32.38_P1230013_cb

16-04-2015_19.43.58_P1230050_cb

Parking sous-terrain, niveau -7. Ça gronde, ça crisse, ça tourne en colimaçon au-dessus de nos têtes, un parking installation sonore, et une composition musicale qui s’ignore !

22670696769_f4fc8fe864_k

Exploration urbaine à la recherche de sentiers décalés. Un passage assez méconnu sous la gare de Perrache à Lyon nous offre un beau terrain de résonances tout en en clair-obscurs.

dsc06495-copie

Passage Mermet à Lyon, une cour traboule croix-roussienne qui résonne sous nos PAS. Sonorité réfléchies, comme pensées à l’écoute…

tumblr_nl7st6vpkt1tgpca3o1_500

Quels PAS à Nantes, pour le festival de création radiophonique SONOR de Jet FM. Encore un parking. Encore des installations performances avec Isabelle Clermont, encore des acoustiques propices au jeu de l’ouïe, une salle de concert inhabituelle somme toute.

30339725815_5576b27c12_o

Sous le pont Schuman, enjambant la Saône au Nord de Lyon, quartier Vaise, tout près de chez moi. Regardez dans l’axe du pont, comme sur la photo, et criez, chanter, frappez… Sept échos formidables, de première qualité, vous répondent. Un vrai paysage sonore montagnard dans la ville même. La première fois, je n’en croyais pas mes oreilles. Digne d’être classé et labélisé « Site acoustique remarquable ».

26500629506_42789c7fce_z

Enregistrer

Images de PAS – Parcours Audio Sensible à Paris

Balade sonore sur les hauteurs parisiennes

 

600_img_7952-jpg-pagespeed-ce-mqmzlozdn3

 

600_img_7936-jpg-pagespeed-ce-r_cazf8bkm

 

600_img_7918-jpg-pagespeed-ce-ctk3d3daht

Tendre l’oreille à Paris, sur les hauts de Belleville – Clément Lebrun et Gilles Malatray au Parc des Buttes Chaumont © France Musique / © photo Flora Sternadel• « Le cri du patchwork » – https://www.francemusique.fr/…/environnement-1-ecouter-l-en…

Points d’ouïe, des paysages sonores sociaux et politiques

Le paysage sonore est (aussi) un paysage social et politique !

gilles-malatray_parcours-audiosensible-gare_city-sonic_art-sonore_transcultures-2016-1170x777

@City Sonic 2016 – PAS -Parcours Audio Sensible à Mons

S’il est vrai qu’au travers de mes PAS – Parcours Audio Sensibles, mes Points d’ouïe, je recherche souvent à partager des esthétiques apaisantes, des aménités paysagères, le plaisir d’écouter collectivement le monde environnant, je ne voudrais pas pour autant réduire mon travail à une écologie (acoustique) fleur bleue, qui ignorerait, éviterait, fuirait, ou pire, tendrait à cacher les tensions ambiantes de nos sociétés.
Car le paysage sonore est un véritable marqueur social, avec toutes les frictions que ces territoires peuvent contenir et engendrer, un paysage audiblement politique, où se font entendre les grincements, les violences urbaines, ou rurales, les solitudes également, celles d’espaces délaissés, en friche, quasi abandonnés.
Bien sûr un promeneur écoutant n’est pas forcément armé pour analyser socialement, politiquement l’énorme masse d’informations qui lui tombe sous l’oreille, tel un sociologue pourrait par exemple le faire. Néanmoins, à force d’écoute, la vie s’impose belle et bien l’oreille, avec ses joies et ses misères, parfois oh combien cruelles et tragiques !
Un écoutant aguerri ne peut pas faire abstraction, ne peut pas tout filtrer, se boucher les oreilles devant quelques désordres, sans doute un euphémisme, sociaux et politiques qui marquent régulièrement les paysages sonores traversés.
Se promener dans la rue, arpenter la cité, ne peut laisser l’oreille indifférente aux fractures sociales, à l’emprise du politique, même hors discours.
Si l’oreille perçoit nettement le dynamisme de certains quartiers où existe encore une saine mixité inter-culturelle, un véritable brassage social, qui peuvent rendre des espaces plus « vivants » que d’autres à l’écoute, les tensions sociales, les ségrégations, la gentrification, la ghettoïsation, d’y perçoivent aussi nettement par l’auditeur. arpenteur
Violences langagières, cris, exhortations, bagarres de rues, insultes, harcèlement, discriminations, harangues, scènes de ménage, conflits de voisinage, d’automobilistes à cran, et j’arrêterai là cette liste assez sombre, tissent aussi le quotidien de l’espace public, comme de l’espace privé qui transpire parfois ses rancœurs et violences dans la rue, bafouant  ainsi tout intimité.
J’ai d’ailleurs personnellement assisté, à différentes reprises, promeneur écoutant en repérage, et témoin auriculaire involontaire, à des scènes de ruptures, ou de profondes fractures sentimentales extrêmement violentes, en tous cas dans la douleur exprimée par les mots et les intonations vocales, exacerbées, de celles qui nous glacent, nous atteignent profondément,  nous émeuvent dans ces drames, pourtant à l’origine  intimes.
Des conflits dune « tragédie humaines» révélée à l’écoutant, des cris, pleurs, supplications, qui parfois se mettent en scène via les smartphones où les acteurs hurlent leurs haines et leur vindicte aux oreilles de tous, entre colère surjouée et débordement catharsis, et qui d’ailleurs rajoutent des couches de tensions dans l’espace public. Ces violences quotidiennes s’ajoutent, ou se superposent aux concerts de klaxons exacerbés, et même aux insipides, lénifiantes et insupportables musaks d’ambiances, qui envahissent parfois nos rues, comme des empilements de sons contraignants.
De même, les revendications sociales, mouvements sociaux, grèves, entre harangues et slogans parfois drôle, parfois violents, des cornes, un vacarme social plus ou moins orchestré, portés par des flux, des masses organisées en défilés contestataires, et parfois marches silencieuses en mémoire de, construisent des espaces de contestations éminemment sonores.
D’autre part, l’espace sonore est marqué depuis longtemps par la volonté de montrer une puissance sociale et politique aux yeux et aux oreilles de tous.
Le nombre et la puissance des cloches, à l’époque ou châteaux et églises marchaient de concert, non seulement comme des rythmes marqueurs temporels, journaux d’information dans l’espace public (naissances, baptêmes, mariages, décès…) mais aussi révélateur de la richesse et du poids politique des villes, duchés, comtés…
De même les fanfares d’apparat dans les grandes cours, et celle, plus guerrières, de  troupes avec tambours fifres et clairons en avant-garde des batailles rangées, dont l’importance du nombre et la puissance sonore soulignait la potentielle force militaire qui avançait en chargeant au contact de l’ennemi.
Je ne m’étendrai pas ici sur les sons de guerres et d’actes terroristes, dont parlait déjà Luigi Russolo dans son manifeste « L’art des bruits » et parfois mis en poésie, de Victor Hugo à Guillaume Appolinaire.
Sans compter les discours politiques, commémoratifs, en campagne, parfois déversés par voix de puissants haut-parleurs dans l’espace public, le verbe haut comme force de propagande.
Le paysage sonore, l’espace sonore, le territoire sonore, sont donc bien construits sur des terrains sociaux et politiques parfois radicaux et très violents, et donc inévitables « écoutables » comme des marqueurs nous montrant les soubresauts d’un monde jamais vraiment apaisé.
Si j’ai souvent l’habitude de vous montrer, et de vous inciter à entendre les beautés intrinsèques des paysages sonores, je ne romps pas ici avec mes positions plutôt esthétiques, cherchant un apaisement social, mais je mets simplement au clair ma position d’écouteur public qui n’occulte pas la force obscure  du sonore, en tout cas les révélations parfois violentes et inattendues que l’écoute amène à nos oreilles ouvertes sur le monde, pour le meilleur  et pour le pire.

PAS – Parcours Audio Sensibles en résonances

Passages couverts en résonances

115564985_a889844be7_b

Ce n’est certes pas la première fois que, en tant qui promeneur écoutant,  j’aborde le sujet.
Néanmoins, j’assume mes propres itérations, mes propres répétitions, qui sont pour moi un moyen d’affirmer mes coups de cœur, mes coups d’oreilles, de les ancrer dans un vécu, une expérience de marcheur.
Au-delà, qui sait, c’est sans doute un moyen de trouver en les partageant des échos chez d’autres marcheurs, ou écoutants, ou les deux.
Comme je le constate souvent, la vue est indissociable de l’oreille et vice et versa, en tous cas dans mes propres parcours.
L’oreille peut guider la vue, l’emmener vers…
La vue peut guider l’oreille, la faire tendre vers…
Ces deux sens se complètent, s’auto-enrichissent, stimulent des états perceptifs qui viennent exacerber nos sensations, plaisirs, ou déplaisirs.
Or il se trouve que : J’aime les passages couverts.
J’aime les couloirs.
J’aime les galeries.
J’aime les tunnels.
Y compris parfois dans les sentiments d’étrangeté, des sensations de froideur, d’humidité, d’obscurité, voire d’insécurité.
J’aime les espaces confinés, aux perspectives resserrées, fuyantes, aux longues réverbérations.
Il me semble qu’il y a dans ces lieux de belles adéquations entre ce que je vois et ce que j’écoute.
Les sonorités  y sont parfois étouffées, parfois amplifiées, réverbérées, portées par des murs minéraux qui les colorent de timbres presque métalliques. Les voix s’ajustent aux lieux, soit intimes, soit au contraire expansives, portées à jouer avec les lieux – tels les enfants criant quasi systématiquement dans les tunnels justement.
A chaque nouveaux PAS – Parcours Audio Sensible, je n’ai de cesse que de rechercher au moins un passage de ce type, allée couverte, pont ou autre boyau acoustique, même de taille modeste.
Ces parcours, ponctués de résonances, ou d’endroits plus mats, plus secs, acoustiquement parlant,  nous procurent des sensations d’ouvertures/fermetures acoustiques, d’élargissements/rétrécissements, où l’espace devient tangible à l’écoute. On y sent les pressions acoustiques se déployer ou se resserrer physiquement, corporellement, comme une enveloppe immersive. On y percoit une certaine compacité élastique de l’air, ce qui d’ailleurs nous fait mesurer l’incroyable acuité de notre système d’écoute, et de notre corps résonant et résonateur.

Écoutez/regardez, imaginez les ambiances…

4334815801_f8052a4c0d_b

Easting=311210,63 m - Northing=5511610,34 m

5692391806_65b906ed89_b

6084579033_29647acec8_b

6485968111_5ac6d975bf_b

11138175273_6f35277fcf_k

15368523352_6e74fa7f1a_k

15829166746_d1ec16bcc4_k

 

 

Ambiances sonores du tunnel de l’ile du souvenir – Parc de la tête d’Or à Lyon – Balade – expérimentations sensibles par Nathalie Bou et Desartsonnants

PAS – Parcours Audio Sensibles à Besançon

La ville lyre , une musique des lieux

14690966_10209658810379023_5718624522286237369_n

Nous sommes accueillis, avec Isabelle Clermont, dans le cadre du festival « Hors les murs » organisé par Radio Campus Besançon et  le FRAC Franche Comté.
Le chœur de la vielle  cité bisontine est un superbe site enchâssé dans les méandres du Doubs, qui dessinent une lyre autour de cette ville musique.
Besançon se prête à l’écoute.
Se donne à entendre.
Invite à prêter l’oreille.
Se fait belle toute en sons.
Superpose généreusement points de vue et points d’ouïe.
Ses rues resserrée, ses falaises alentours, les miroirs d’eau bordés de vertes promenades, sont autant de micro dépaysements, comme une invitation au PAS.
Départ du FRAC, pour un enfoncement progressif dans une ruelle ne cessant de se rétrécir, jusqu’à ne laisser passer que deux personnes de front.     Une belle intimité qui laisse percevoir un débouché, une échappée en perspective fuyante, fenêtre cadrée sur une rue perpendiculaire. Le calme s’installe rapidement après la déferlante des quais.
Un square  gallo-romain, oasis de verdure ornée d’antiques fontaines, murs, porches  en ruines majestueuses mais sans trop, petit musée à ciel ouvert où notre oreille joue à se faufiler contre des pierres chargées d’histoire. Des auscultations, des micro installations, un groupe d’écoutants joueurs, une écriture collective mi-proposée, mi-improvisée, un micro théâtre auriculaire des plus agréable.
Plus haut, la cathédrale, perchée, regardant, et peut-être protégeant la ville en contrebas, avec ses cloches qui arrosent d’un heaume protecteur la cité séculaire.
A l’intérieur, l’apaisement d’un repli empli de quiétude, d’une spiritualité tangible, de rituels imprégnants, qui semblent baigner chaque recoin. Les sons furtifs ricochent de travées en travées, s’adjoignant au passage une vie prolongée de mille échos additionnés. La déambulation s’attarde naturellement dans ce havre acoustique, occasion de discrètes explorations, pour ne pas troubler le lieu,  d’immersions en aveugle.
Un sas suffit à nous réouvrir sur la ville, l’espace acoustique se trouvant subitement élargi, les plans s’étageant de nouveau en strates donnant de plus vastes échelles des profondeurs urbaines.
Quelques pas pour franchir un escalier en arrière de la cathédrale,suffisent pour que tout change , subrepticement, quasi subitement. Une nouvelle ambiance s’installe, un instant superposée à l’ancienne, comme un jeu de calques marquant les stratifications auditives du quartier.
Un carrefour où des voitures et des piétons cohabitent, au pied de la citadelle dominant Besançon,  alternance de séquences qui dessinent des mouvements sonores devant, derrière, dessus, dessous, à droite, à gauche. Sans compter les mouvements incessants. Beaucoup de situations acousmatiques où l source sonore est d’emblée cachée par les murs ambiants, avant que de s’offrir de visu, au détour d’un virage, et au débotté.
Une enfilade de rues étroites, à flanc de colline, presque silencieuses, néanmoins scandées de voix ou de moteurs, tout cela restant baigné d’un doux équilibre.
Redescende, progressive, vers le centre ville, direction vers la place Gravelle, épicentre de la ville.
Les sons bien évidemment de re-densifient, crescendo vers une nouvelle ambiance qui reste néanmoins très écoutable.
Un mixte très intéressant, nous traversons la place centrale (Granvelle)  habitée ce jour d’un marché européen, et d’une fête foraine. Et là, un mixage s’opère, ou plutôt est opéré, en marchant,  entre voix, musiques des manèges forains, accidents et autres imprévus audibles; un kiosque à musique nous permet de nous poser dans une sorte de système inversé : nous sommes des écoutants dans un lieu qui est initialement prévu pour jouer une musique. Ce qui veut dire que l’’oreille peut aussi s’adapter à, participe bien sûr, en actrice principale, à des formes d’écriture in situ, en marche.
Puis encore des choses à venir, des postures à tester, des rencontres privilégier, des suites à donner… A suivre !

PAS – Annonce de Parcours Audio Sensibles à Nantes

SONOR#9 – Marches désartson-Nantes

 

Entre les gouttes ou à l’abri (si trop de pluie) # Samedi 15 octobre et dimanche 16 octobre à 11h/15h/19h30 # Départ de Trempolino

14671224_1782520338657038_8992064232849331634_n

Dans les PAS d’Isabelle Clermont (Canada) et de Gilles Malatray (Lyon), déambulez sur l’Île de Nantes et imaginez la ville comme une immense scène d’écoute, une installation sonore à 360°, comme une radio vivante, à ciel ouvert… Durée de la marche : environ 1h30 – 2 euros sur résa à sonor@jet-asso.fr – En cas de fortes pluies, le parcours est modifié et peut se faire à l’abri !

 

PAS, comme Parcours Audio Sensibles avec points d’ouïes, mini installations sonores mobiles, objets d’écoutes, lectures, postures d’écoutes, cartographie in situ…

Imaginons la ville comme une immense scène d’écoute, une installation sonore à 360°, comme une radio vivante, à ciel ouvert… Deux guides nous emmènent, toutes oreilles ouvertes, à la découverte d’acoustiques surprenantes, de plages sonores aussi naturelles qu’inouïes, d’une vie urbaine toute bruissonnante d’humanité. Des balades sonores, telles des
carnets de notes partagés, ponctuées de sons, de traces/cartes graphiques, de textes, d’objets, de points d’ouïes et de micros installations éphémères…

Des postures convoquant une approche esthétique, écologique, sociale, un art relationnel où de petites communautés de promeneurs écoutant partageront, le temps d’une balade, une expérience auriculaire intime, dans la poésie d’espaces urbains décalés par le regard de l’oreille.

Gilles Malatray, aka Desartsonnants : artiste créateur sonore, promeneur écoutant, travaille depuis de nombreuses années autour du paysage sonore. Dans une posture associant des approches esthétiques, artistiques et écologiques, sociales, l’écriture, la composition de paysages sonores sont fortement liées aux territoires investis, sites, villes, quartiers, espaces naturels, architectures, et occupent une position centrale dans la pratique désartsonnante. Curation, formation et interventions artistiques in situ constituent la base de ce travail où l’écoute et le partage d’expériences sensibles restent au centre de toute création et construction.

Isabelle Clermont : « Artiste relationnelle interdisciplinaire, performeuse et créatrice d’univers immersifs, mes projets ont la particularité d’offrir une polyphonie des sens à travers la création d’espaces intimes et publics. Ma démarche se fonde en grande partie sur la quête de transcendance et de transgression symboliques d’espaces. Elle se caractérise par l’utilisation simultanée de nombreux médiums et disciplines artistiques, ainsi que par la portée symbolique, philosophique ou métaphysique qu’elle détient. Celle-ci est inspirée par la marche, l’organicité du geste, créant un contact sensible et poétique avec le spectateur/promeneur… ».

http://www.jetfm.asso.fr/site/-Festival-SONOR-9-.html

FAIRE FRONT DE MARCHE

19230881164_1dbf9b9685_o_d

@Crédit photo Yuko Katori – Inauguration d’un Point d’ouïe à 2015 à Drée – Partenariat CRANE Lab

Si le piétonnage affranchit les frontières
le pas à pas tombe les barrières
le marcheur recule les distances
l’oreille traverse les murailles du visible
le regard se porte à l’horizon d’écoute
décloisonnage en règle se doit
terrain, land no limit in situ
jardins ouverts à l’herbe folle
walking in/out via
je, tu, il, marche, à gravir
cadence à l’envi
mais soucieuse de l’autre
où le pas revit
cathédrale sous nos pieds
de quoi semelle t’elle
sans pourtant claudiquer
l’avance piétonnière
fermera t-elle la marche
qui n’est pas marche arrière
non plus fuite en avant
juste le pas posé
juste le pas pesé
juste le pas pensé
pélerineur talonnant
ou de la pointe piétonne
un coup de pied jamais
n’abolira le hagard
a gare de l’est, du midi ou du centre
longer les rails qui s’éraillent
trouver sa voix sans dérailler
même si chemins erratiques
de traverses ou labyrinthiques
et rance parfois à l’odeur
prendre son pied dans la foulée
un clochard se leste enivré de vent
car le vent aussi se défie des frontières
tisser le chemin de bruits
de doux bruits amènes s’entend
car le bruit quand il n’est pas guerre
fait aussi fi des barbelés…

Le 11 octobre 2016, Place de Paris, Lyon 9e – 21 heures – Dans le cadre de la résidence « Sons  – Jeux/Songes » avec Isabelle Clermont

 

PAS – PARCOURS AUDIO SENSIBLES EN MAYENNE

plan_deau4

Invité par le réseau de lecture public de la Communauté de communes de Lernée, en Mayenne, territoire tapis entre les Pays de Loire, la Bretagne et la Normandie, Desartsonnants découvre de l’oreille, et par d’autres sens, cette belle campagne jalonnée de verts bocages. Deux parcours d’écoute sont inscrits au programme, l’un à Montenay, l’autre à Saint Pierre des Landes.
Comme de coutume, une journée est consacrée à un repérage préalable, pour que l’aventure sonore ne soit pas trop… aventureuse.
Pour ces deux repérages, des habitant(e)s ont été sollicités pour me guider dans les deux petites villes, et me faire profiter de leur connaissance des lieux, entre descriptions, coups de cœur et anecdotes croustillantes autour de la vie locale.
Le premier repérage est accompagné par un résident de longue date de la petite bourgade, qui en a d’ailleurs été élu, et même Monsieur le maire, et connait comme sa poche les lieux et leurs petites et grandes histoires. De l’église aux logements HQE en passant par le plan d’eau, notre guide se révèle intarissable, amoureux de ce coin de terre mayennaise qu’il décrit avec moult éclairs de malice dans le regard et une verve communicative. On écoute, on imagine, on entre dans la vie du terroir, on s’immerge dans une histoire qui se construit sans cesse, tout cela avec un réel bonheur.
Départ de l’église, sa belle acoustique, sa riche histoire, un parc où j’installe quelques sons de forêt décalés, un sentier qui descend vers un plan d’eau, un remarquable écho qui rebondit sur les premières bâtisses du village qui nous domine… Mais aussi, le jour du repérage, une cohorte d’énormes tracteurs qui œuvrent à l’ensilage du maïs, saison oblige, leurs imposantes remorques métalliques dévalant la rue principale dans un déferlement de cliquetis métalliques. Non, la campagne n’est pas toujours ce que l’on croit, acoustiquement parlant !
Fort heureusement, le lendemain, jour du PAS officiel, le plus gros de l’ouvrage semble être achevé, et notre coin de campagne a retrouvé un fond sonore plus apaisé, pour le plus grand plaisir de nos oreilles.
Le parcours public est véritablement inter-générationnel, de jeunes enfants, des parents, des personnes d’un club du troisième âge, chacun à sa façon s’appropriant personnellement l’espace sonore, l’espace tout court, tout en entretenant des relations croisées riches et chaleureuses. Du parcours repéré préalablement, nous n’en feront qu’une petite moitié, les résonances de l’église, les bruissements d’un énorme tas de gravier, et l’auscultation des feuilles et des pierres à l’aide de longue-ouïes et de stéthoscopes ayant imprimé à notre marche un rythme positivement très lent. Il faut savoir profiter des choses sans brusquer ni oreille, ni le corps, ni l’esprit d’une douce déambulation.

Petite parenthèse, le repérage nous amène à faire connaissance avec une figure emblématique des lieux, Philippe, le patron d’un café concert local. Or il se trouve que cet ultra passionné et féru connaisseur de musique rock a accueilli, dans son bar, au cœur d’une petite ville de quelques mille habitants, des groupes tels ACDC, Trust, et j’en passe et non des moindres ! Une rencontre toutes en sons de guitares enflammées, illustrée de vidéos live, tournées dans l’espace de ces incroyables raouts cent pour cent rock.

plan-d-eau_imagelarge

Le deuxième parcours a également été guidé par deux personnes du cru, avec le même enthousiasme, qui fait que ces repérages pré-PAS sont pour moi tout aussi importants que ce qui se jouera en public. Ils font vraiment parti de ces échanges relationnels, soudés par l’écoute des lieux, la déambulation, et favorisant tous ces affleurements sociaux, historiques, humains qui remontent naturellement en surface au gré des balades.
Le parcours réunit une quinzaine de jeunes enfants de maternelle et de primaire, des adultes, des personnes engagées dans de fortes actions culturelles locales, toujours donc de l’inter-générationnel, qui semble privilégié dans des approches culturelles et territoriales très rurales. A noter au passage la belle programmation culturelle* qui irrigue, de façon très itinérante, territoire oblige, ces espaces campagnards, et qui devraient à coup sûr, rendre jaloux des parcelles de départements que je connais bien, notamment ceux où je suis né, situés également en zone rurale, et finalement assez, voire très pauvres culturellement. Parenthèse refermée !
Revenons à Saint Pierre des Landes. Ici, on commence par ausculter un ensemble statuaire contemporain, en métal, et l’exploration se dissémine très vite autour, dans les arbres, sous nos pieds foulant différents sols…
L’église s’impose ensuite, en chahutant ses réverbérations de chants de flute, de corne, et de voix se jouant de l’espace. Petits et grands sont plongés dans un bain sonore qui nous réunit comme une pièce composite d’un objet d’écoute vivant, sans qu’il ne soit besoin d’expliciter quoique ce soit, juste en le proposant, en le vivant.
Dans ce deuxième parcours, nous finiront également par un étang où, dans de miroitants clapotis, s’ébroue tout au bout du chemin, un ruisseau à fleur d’oreille, et à qui les grands saules et peupliers qui le bordent répondent en chuintant dans la caresse du vent.
Ici s’achève, tout en restant fortement gravée en moi, une parenthèse rurale que j’ai beaucoup appréciée, tant par la qualité des paysages (y compris sonores) que par celle de l’accueil et des échanges.

Demain, je poserai pieds et oreilles en plein cœur du bouillonnant quartier de Belleville, à Paris, une façon comme une autre de faire en sorte que l’oreille reste aux éveillée, chahutée, constamment surprise !

* http://www.cc-lernee.fr/culture_la-saison-culturelle.phtml

affiche2

Enregistrer

POINTS D’OUÏE À MONS

IN THE MOOD IN MONS – Il y a quelque chose qui cloche ! »

629831777_b976497419z-1_20150910125618_000_guv55j9s9-1-0
Desartsonnants se remet à l’auscultation montoise, durant le festival City Sonic. Terre d’exploration de choix au fil des ans, Mons m’offre de nombreux points d’ouïe intéressants. Trois ont déjà installé ponctuellement mon écoute. Un banc sur le piétonnier, face au Passage du Centre, renommé par l’occasion Passage du son, un sur un banc de la Grand-place, et un dernier sur un banc contre l’église Sainte-Elisabeth. Écoutes en fin de journée, à nuit tombante.
Le premier à donné lieu à un paysage sonore – « IN THE MOOD IN MONS – Il y a quelque chose qui cloche ! »

Enregistrer

POINTS D’OUÏE – PRENDRE DE LA HAUTEUR…

Paysages entendus et vus d’en haut

c2a9nicolas-jacquet-guide-promeneur-lyon-vue-belvedere-larue1

Belvédère rue de l’Abbé-Larue – Jardin des curiosités – Lyon 5e

 

La question des points de vue et d’ouïe confondus, notamment s’ils sont panoramiques m’intéresse énormément. Y frotter le regard comme l’écoute, en mesurant la très grande différence d’appréhension spatiale par le prisme de ces deux sens, mais aussi en constatant leur indéniable complémentarité, leur intrinsèque complicité dirais-je même.
La ville, mais aussi des espaces naturels s’appréhendent d’autant mieux que l’on se place sur un point haut, qu’on les surplombe, en position dominante, d’un belvédère, d’une esplanade, d’une terrasse supérieure, d’un balcon, d’un mont…
Pour le paysage urbain, le panoramique permet visuellement de distinguer les grandes lignes, les structures, les ilots, les traversantes, les « labyrinthes, les grandes places, cours d’eau, coulées ou étendus végétalisées, monuments ou architectures émergents verticalement, ou plus horizontalement… Bref d’avoir une idée assez rapide et précise de ce qu’est la ville à nos pieds, de ces grands contours et quartiers, des époques qui l’on façonnée, et du chantier urbain en cours.
En ce qui concerne l’écoute, souvent (volontairement) concomitante au regard, on saisit l’ambiance, l’atmosphère sonore, le bruit de fond, les flux, les émergences, les plans acoustiques,  de la proximité au lointain, comme autant de signatures spatio-temporelles.
Pour saisir le détail, connaître l’immersion, il nous faudra descendre nous encanailler de plus près, plus intiment, avec la ville, plonger dans l’antre urbain, le bouillonnement environnant, quitte à perdre beaucoup de ses repères sensoriels et géographiques. L’approche y sera moins globale, plus morcellée, parfois façon puzzle, éparpillée en détails disjoints, dans un territoire émietté, à reconstituer.
J’ai souvent pratiqué, expérimenté, apprécié, voire plus, les points de vue/d’ouïe surplombants, des situations paysagères remarquables, étonnamment singulières, spectaculaires, comme mise en scène par des urbanistes ou paysagiste qui seraient, même involontairement épris du grandiose, quitte à friser la belle ostentation.
Paris ces souvenirs d’écoutes panoramiques, l’esplanade Saint-Jean et la place Bellevue ou le belvédère de l’Abbé-Larue, celui des deux Amants, et tant d’autres à Lyon, la terrasse supérieure des Gratte-Ciel à Villeurbanne, celle de la Maison de la Radio à Paris, le haut du parc Güell de Gaudi à Barcelone, quelques superbes échappées sur la ville basse de Tananarive de la colline d’Ankatso, le village balcon d’Isérables, dominant la vallée du Rhône valaisanne, certaines reculées belvédères du parc du Haut-jura, le parc du Beffroi à Mons (be), le panorama du cirque de Navacelle, le belvédère des lichens de Gilles Clément sur le sentier des Lauzes en Ardèche, la terrasse supérieure du parc du château Buffon à Montbard. (où ont été inaugurés des Points d’ouïe)… et tant d’autres encore !
Sur chacun de ces sites, qu’ils dominent une ville ou un vallée rurale, un village, une rivière, ma rétine comme mon oreille , que j’ai systématiquement fait œuvrer de concert, en connivence, ont été fortement impressionnées, et très durablement marquées de ces extraordinaires expériences sensorielles qui m’ont permis, littéralement, de prendre de la hauteur sur le paysage, d’en empoigner une large tranche, et d’en jouir à 360° parfois.
Mais il n’est pas toujours possible  de trouver des points hauts, de s’élever, dans de grandes plaines, des villages aux maisons basses, où il est difficile d’en décoller,   qui nous obligent à rester au plus près du sol, dans une approche de proximité, ce qui du reste n’a rien de catastrophique ni de rédhibitoire, chaque espace et chaque moment devant être abordé dans son jus contextuel, même en apparence plus trivial que la hauteur majestueuse. Le détail et le « normal », le non exceptionnel, à première vue, ou écoute, cachent souvent moult richesses et aménités à découvrir et à partager de l’oreille.
j’avoue cependant, ayant été habitué tout petit à des paysages fortement vallonnés, jalonnés de cols, préférer la dénivelé, l’étagement vers le haut, qui permet de s’échapper un brin de la ville, ou de la plaine, parfois pour moi trop « terre terre », ou « pierre à pierre ». En cela Lyon, ville aux multiples panoramas, me convient tout à fait, avec une sorte de collection de multiples points de vue/points d’ouïe, de ses « collines qui prient » ou ses « collines qui travaillent », et des franges des Mont d’or environnants.

c2a9nicolas-jacquet-guide-promeneur-lyon-vue-place-bellevue

Pace Bellevue – Quartier de la Croix-Rousse – Lyon 4e

Points d’ouïe, postures et images sonores

PAS – Parcours Audio Sensibles, Points d’ouïe, postures et images sonores

cropped-listen2

Se balader, toutes oreilles ouvertes, pour :
– S’immerger dans une grande vague, magma sonore
– Percevoir le quasi inaudible
– Frotter ses oreilles aux feuilles des arbres, les coller aux troncs enlacés
– S’assoir face à la rivière
– Tourner le dos à la ville, face à la muraille
– S’allonger dans l’herbe bruissonante d’insectes
– Sentir les grondements, vibrations, frissons d’un pont métallique au dessus de notre tête
– Se laisser porter par les longues réverbérations d’une église
– Appréhender la rumeur de la ville, accoudés à la rambarde d’un belvédère
– Tourner le dos à la mer, et décrypter ses mille et un chuchotis
– S’allonger dans une forêt par une chaude nuit estivale
– Exciter un bel échos sur la colline qui nous fait face
– Déboucher brusquement, au détour d’un sentier, dans le grondement imposant d’un torrent montagnard
– Sentir les pas de promeneurs écoutants que l’on guide, derrière son dos
– Se figer dans l’éclatement d’une volée d’airin, jusqu’à la dernière, infime et fugace résonance
– Capter ça et là, des bribes de phrases volées dans la foule d’un marché, d’une gare, d’une rue piétonne
– Attendre les passages successifs de trains, de métros sur les caisses de résonance de vieux ponts métalliques
– Apprécier la musique d’un alpage où s’ébattent des troupaux de vaches ensonaillées
– S’éloigner d’une fontaine lentement, jusqu’à la perdre d’écoute
– Passer d’une fontaine à l’autre,lentement, en fondue enchaînée
– Ressentir la puissante énergie collective d’un groupe d’écoutants concentrés
– Jouir de l’heure bleue, des ambiances vespérales et de leurs sons naissants, et d’entre chiens et loups, à l’estompement du jour
– Se diriger vers un musicien de rue, puis vers une table de restaurant, puis encore ailleurs, en jouant à mixer les sources et les ambiances in situ
– Frissonner sous la puissance acoustique d’un feu d’artifice urbain, d’un orage en montagne, d’un bagad trouant la ville d’une fière tonitruance en marche
– Apprécier les rythmes des skate-boards et des rollers se jouant des aspérités du sol, des obstacles minéraux
– Se sentir revigorer par l’explosion de rires estudiantins festifs, à la veille des vacances
– Entendre et tenter de dicerner la musique de moult accents, langues, dans la rue piétonne d’un quartier historique
– Rester un très long moment à l’écoute des pointillismes sonores flutés des crapauds amoureux
– Surprendre une étrange polyphonie instrumentale s’échappant des fenêtres ouvertes d’un conservatoire de musique
– Attendre que la dernière goutellette se soit briser sur la rive, après le grand remue-ménage aquatique d’une péniche remontant un fleuve
– Sentir le crépitement de la pluie sur un poncho de randonneur
– Guetter l’orage qui s’approche inexorablement, jusqu’à son paroxisme de sons et de lumière, puis le laisser filer
– Se tenir sous un peuplier tremble pour jouir du bruissement du vent dans ses feuilles
– Oublier et masquer la ventilation tenace pour aller chercher au loin des voix enjouées
– Se jouer des brusques coupures acoustiques au détour d’une rue, d’une place
– Attendre l’événement, la cloche, le train, ou le plus imprévisible, laisser s’installer la sérendipité
– Apprécier les ronronements rythmés des valises à roulettes faisant chanter les sols des gares et des aéroports comme une invitation au voyage
– Penser que telle place, à tel moment, est unique à l’oreille, et que ce que nous lisons, tel un livre d’images sonores ouvert, ne se reproduira plus
– Profiter de l’énergie acoustique dégagée par une cour de récréation en pleine ébulition
– Faire résonner ses pas, traîner ses guêtres, avec d’autres promeneurs urbains, dans un concert de semelles battant le territoire
– Marcher à contre-courant d’une allée investie par une foule de joggers rythmant l’espace de souffles haletants et de foulées crissantes
– Faire sonner, racler, mettre en vibration, les grilles, les portails, les sculpures métaliques
– S’étourdir de l’inconnu, d’une inquiétante et stridulante première nuit en forêt équatoriale
– Penser son quartier comme un espace exotique à redécouvrir chaque jour
– S’assoupir sur un banc poste d’écoute, bercé des milles et une rumeurs urbaines
– S’inventer au quoitidien une infinité de voyages sonores pour combler et tenir en haleine ses oreilles comblées

soundwalk-1

L’ÉCOUTE D’UN JARDIN SONORE PLANÉTAIRE

bas-cascade

« …Le Jardin Planétaire est une manière de considérer l’écologie en intégrant l’homme – le jardinier- dans le moindre de ses espaces. La philosophie qui le dirige emprunte directement au Jardin en Mouvement : « Faire le plus possible avec, le moins possible contre ». La finalité du Jardin Planétaire consiste à chercher comment exploiter la diversité sans la détruire. Comment continuer à faire fonctionner la « machine » planète, faire vivre le jardin, donc le jardinier… » Gilles Clément
Ces mots résonnent très fortement avec l’idée que je défends du promeneur écoutant, et des paysages sonores partagés.
Le son est un des marqueurs social, environnemental, écologique, pétri des musiques des lieux, souvent belles autant que fragiles. Entre acordances et discordances, harmonies et dysharmonies…
C’est un façon de chercher une forme d’écoute planétaire, sans que celle-ci ne devienne pensée unique, bien aux contraire, en cultivant la diversité, une forme d’entente universelle, certes utopique, ou bien d’accordage du Monde, pour reprendre une formule de Murray Schafer, accordage fortement teinté d’humanisme.
Il nous faut jardiner des sons, de préférence ceux déjà existants, les partager, prôner une biodiversité acoustique pour toute oreille de bonne volonté…
« …Il y avait un jardin qu’on appelait la Terre… » chantait Georges Moustaki, faisons en sorte que…

 
 
 

DE L’AIR ENTRE LES DEUX OREILLES

De l’air !

15-09-05-Balade_en_Ardoinais-Anja019@Anja – Vitry/Seine

Mes oreilles ont besoin d’air, d’espace, de diversité, de vie !
Envie de les frotter à la place du marché, aux quais de longs fleuves intranquilles, aux terrasses les plus élevées d’un immeuble, ou à celles d’un café, façon Pérec, aux ruelles étroites, aux gares saturées de transit, aux ports et à l’appel au large, aux aéroports interminablement froids, aux dérives infra urbaines, façon Debord, aux dédales des parkings souterrains, aux résonances des forêts et aux miroirs des lacs, aux grands boulevards et aux passages couverts, aux friches industrielles et aux ruines monumentales, ou plus modestes, aux sentiers de montagne et aux bancs publics, aux escaliers et aux parvis surplombant la ville, aux campagnes vallonnées, aux villes tentaculaires, aux jardins endormis ou bruissonnants, aux sources pétillantes, à la pluie finissante, aux nuits feutrées, aux nuits enfiévrées, aux voix entremêlées, aux voix du monde brassé, aux musiques de rue, aux ressacs obstinés, aux foules fourmis, aux grottes et autres cavernes, aux galeries marchandes, aux usines tonitruantes, aux fenêtres ouvertes sur la rue, sur l’arrière-cour, sur la prairie, aux combes et aux reculées, aux tunnels et aux chemins couverts, aux crissements de la neige gelée, aux bords de mer sereins, aux fêtes populaires endiablées… de nuit comme de jour, immobile ou en marchant, j’ai besoin des sons vivants !

REGARDEZ COMME ÇA SONNE BIEN !

 

PAS – Parcours Audio Sensibles

Interventions artistiques, marchées, et écologiques

autour du paysage sonore partagé

15023385172_2037b27f9c_o

Regardez comme ça sonne bien !

PAS – Parcours Audio Sensibles

POINTS D’OUÏE ET PAYSAGES SONORES PARTAGÉS

Un PAS – Parcours Audio Sensible, c’est une balade sonore collective, pour déchiffrer, défricher, écrire et se régaler des paysages sonores partagés. Il s’agit de se promener dans nos lieux de vie, ou ailleurs, l’oreille en chantier, l’oreille enchantée, pour les écouter de concert, tout simplement. Mettons nos pavillons aux aguets, participant temporairement à une joyeuse communauté d’écoutants.

Ici et là, nous marchons, nous nous posons. Notre guide promeneur-écoutant joue avec les acoustiques, les sons ambiants, fait parfois sonner les lieux, ou raconte une petite histoire d’écoute, installe et désinstalle de mini sonorités, repart, s’arrête à nouveau, au gré des sons, et des envies… Nous construisons ensemble un parcours sonore, semi écrit, semi improvisé, en fonction de ce qui se passe, des événements ou accidents sonores…

En fin de promenade, nous échangeons des ressentis, partageons des paroles, du vécu in situ…

En pratique :

Nombre d’interventions : (à voir selon le projet)

Durée : Entre 40 et 60mn, voire plus si affinités

Matériel : Fourni et embarqué par l’artiste

Lieu : Extérieur – possibilité d’installation paysagère, conférences en intérieur

Jauge public : 20/25 personnes maximum – Tout public, enfants, scolaires, étudiants, professionnels…

Préparation in situ : Repérage de circuits 1 jours avant.

 

EXTENSION(S) OUÏSSIBLES POSSIBLE(S)

Inauguration officielle, en présence d’élus, d’un Points d’ouïe cartographié.

https://desartsonnantsbis.com/partenaires/points-douie-paysages-en-ecoute/

Rencontres/conférences/ateliers autour des pratiques des balades sonores, si l’oreille vous en dit, et en demande encore…

Gilles Malatray aka Desartsonnants

Promeneur écoutant

Desartsonnants en quelques mots

Gilles Malatray, artiste créateur sonore, promeneur écoutant, travaille depuis de nombreuses années autour du paysage sonore. Dans une posture associant des approches esthétiques, artistiques et écologiques, l’écriture, la composition de paysages sonores sont fortement liées aux territoires investis, sites, villes, quartiers, espaces naturels, architectures, et occupent une position centrale dans la pratique désartsonnante. Formation et interventions artistiques in situ constituent la base de ce travail où l’écoute reste au centre de toute création et construction, notamment via des PAS – Parcours Audio Sensibles, marches d’écoute collectives.

Des collaborations et interventions 

Collectif ABI/ABO, friche RVI (Lyon), CIDB Paris, Parisonic, Fondation de France, Réseau Écologie Sonore, Aciréne, ‘École d’art fructidor de Chalon sur Saône, Transcultures/City Sonic (Mons/Bruxelles), le Musée des moulages (Lyon), l’UniversitéLyon2 Lumière, Festival Les Nuits Sonores (Lyon), SOS-Art (Paris), Ville de Saint-Étienne, Lac des Sapins à Cublize, Parc d’installations sonores de Neerpelt (Belgique),CNR et CNSMD de Lyon, Nathalie Bou/Ateliers 500, Centre Hospitalier de Chambéry, Festival Sonor/Le Lieu Unique (Nantes), CDMC (Paris), École d’architecture à Nantes, Rencontre Architecture, Musique et Environnement à Saillan (Suisse), , GMVL à Lyon,Tempo Real à Florence (Italie), Alte Schmiede à Vienne (Autriche), Festival Kontacts sonoreS à Chalon/Saône, RES Réseau Environnement Sonore, CIDB à Paris, CAUE du Rhône, GMVL Lyon, Centre de découverte du son (Cavan), Rencontre du film court de Madagascar à Tananarive, Friche artistique Lamartine (Lyon), École Supérieure de Design La Martinière Diderot à Lyon, École Nationale Supérieure d’Architecture de Lyon à Vaulx-en-Velin, Médiathèque d’Auch, Festival Aude Numétique (Carcassonne), Festival Émergence (Toulouse), Festival Electropixel (Nantes), Le bruit de la neige( Annecy), CRANE LAB (Chevigny), GRAVE (Victoriaville, Canada), ParaKomand’art (Liège, Belgique), École Supérieure d’Arts et de Design d’Orléans, festival Electrochoc (Bourgoin-Jallieu), Assises Nationales de la qualité de l’environnement sonore (CIDB/Lyon/Paris), Education Nationale, IESA Lyon (Institut Supérieur des Arts) ESPE (IUFM) Paris, Centre culturel du Brabant wallon (Belgique), La Minauterie de Narouze, Un autre chameau (Villefranche de Lauragais), Jardins ethnobotanique de la Gardie Rousson (Alès), JAU de Lausanne (CH), Université d’Architecture de MONS (BE), École supérieure des arts – Arts2 de Mons (BE), Yaoundé (Cameroun), o25rjj (Loupian), la Fab-Ka (Saint-Étienne)…

Et très bientôt chez vous !

10313831_936787416331654_5255821813633046462_n

Pour en savoir plus
PRÉSENTATION

https://readymag.com/desartsonnants/Pointsdouie/

POINTS D’OUÏE

https://desartsonnantsbis.com/

EN ÉCOUTE

https://www.mixcloud.com/desartssonnants/

EN IMAGES

http://desartsonnants.tumblr.com/archive

EN VIDÉOS

https://vimeo.com/user5600299

EN TEXTES

https://fr.scribd.com/collections/4313163/DESARTS

4FUo3xmMgDyX16R_NCXQiDl72eJkfbmt4t8yenImKBVvK0kTmF0xjctABnaLJIm9

Contacts

Friche artistique Lamartine – 28, rue Lamartine

69003 LYON

Téléphone : +33 (0)9 53 39 86 41

 Portable : +33 (0)7 80 06 14 65

Courriel : mailto:desartsonnants@gmail.com

Sites internet : https://desartsonnantsbis.com/

https://desartsonnants.wordpress.com/

  Images SONORES

1240162_417422981697218_274752840_n

casa-munras-hotel-spa

1011277_874737112536685_8002520870946447345_n

AAEAAQAAAAAAAAb5AAAAJDM5NjY2YTQzLTk4MWYtNDEyMi05ZGY2LTU4Yjg2Njg4MTNmZQ

904389_694132547263810_836298549_o

10955690_940599545950441_9012074656022797174_n

25254143281_b19414d135_c

16-04-2015_19.43.58_P1230050_cb

IMG_9465

01

14729185947_944331ed94_h

aaeaaqaaaaaaaaxtaaaajgy1nwy5mzzlltq2nwqtnge1mi1howjhltdizjkwnwm4owq1yq

12063659_1075531602457234_294173307775118979_n

4FUo3xmMgDyX16R_NCXQiDl72eJkfbmt4t8yenImKBVvK0kTmF0xjctABnaLJIm9

ECOUTE

10610685_847453235265073_5001757498943157698_n

ob_5c3506_10174824-782212408455823-7671149165075

Gilles Malatray Desartsonnants

tumblr_nl7supwwon1tgpca3o1_500

310449_10150307590527507_1249254704_n

10606347_847453971931666_3896924599817667710_n

15020675381_aef4ea1eb4_z

10653396_847456401931423_4607522757846799105_n

ecoute-de-falaise-e1431533953104

16-04-2015_19.32.38_P1230013_cb

 

PAYSAGES SONORES ?

SONY DSC

Après une journée de travail autour du paysage sonore et du montage audio-numérique avec des étudiants designers, toujours de belles questions, 15 ans après avoir initié l’atelier. C’est quoi un paysage sonore ? Ça s’écoute comment ? Sur quels lieux travailler ? Pourquoi ? Comment ? Ça se note comment ? Ça s’enregistre comment ? Ça se (re)travaille comment ? Ça nous apporte quoi ? Ça se partage comment ? À chaque session, ces questions me paraissent de plus en plus pertinentes, et favorisent de beaux échanges qui enrichissent chaque fois mon questionnement sur le sujet.

APPEL À PARTICIPATION – POINTS D’OUÏE – POSE

POINTS D’OUÏE PARTAGÉS EN BANCS D’ÉCOUTE

POSE – Point d’Ouïe Sur Écoute

 

Gilles Malatray Desartsonnants

Après avoir invité différents promeneurs à m’emmener dans leurs propres PAS – Parcours Audio Sensible, en duo, et avoir investit différents lieux, à différentes heures, deviser de concert, participer à la construction d’une petite collection de promenades-écoute, qui sont d’ailleurs toujours d’actualité, avis aux écoutants potentiels, j’aimerais vous proposer un autre projet d’écoute.
Depuis quelques années déjà, j’ai  élu, ponctuellement je vous rassure, résidence d’écoute sur des bancs publics, urbains ou non. Je l’ai ai ainsi érigés en bancs d’écoute, statut qui transforme ces mobiliers urbains en postes d’observation, cadre d’écoute, dans un lieu spécifique. Je suis parfois surpris de leurs emplacements, de leurs implantations, qui réactive d’ailleurs de nouvelles perceptions du paysage, par la mise en situation de postures étranges, anachroniques. A Sète par exemple, vers le village de pêcheurs, des bancs tournent le dos à la mer pour regarder un grand mur surmonté de la voix ferrée. A quelques mètres de chez moi, un banc meuble un pan coupé de mur, dans un espace très réduit, bouché par des immeubles, et au centre d’un carrefour hyper circulé. D’autres au contraire profitent de vues panoramiques magnifiques… Chaque fois, la place de ces bancs proposent des scènes acoustiques locales où, des voies de chemins de fers, des commerces, des écoles, des embarcadères, des gares, jeux d’enfants, quais… affichent leurs signatures sonores qui s’offrent joliment à l’écoutant assis. Ces bancs sont aussi parfois des espaces de rencontres éphémères, où l’on échange quelques paroles sur la vie qui passe, plus ou moins bien d’ailleurs, car ce sont souvent des personnes en grandes difficultés qui viennent confier leurs détresse, ou leur colère, à un écoutant qu’ils voient souvent assis à ne rien faire d’autre que de rester là, un brin désœuvré, ou désœuvrant, en apparence. Bien sûr, la finalité de mes stations d’écoute n’est pas de me transformer en éducateur social, ni en cellule psychologique, ce dont je suis d’ailleurs bien incapable, mais le fait de tendre l’oreille à l’autre, comme au paysage ambiant, semble bien faire partie de ces postures auriculaires.
Laisser venir les sons à soi est en fait un complément au PAS, où l’écoute est en marche, et a donc tendance à proposer à l’écoutant d’aller vers les sons.
Je me suis également confectionné, dans quelques villes ou villages où j’étais en  résidence, de petits parcours de bancs d’écoute, de Lyon à Mons en passant par Sète, Vienne, Madagascar, Victoriaville, Malves en Minervois, Paris… J’ai ainsi joué de la diversité des cadres d’implantation, des acoustiques, des activités environnantes, intérieures, extérieures, panoramiques ou enserrées, étranges et incongrues, comme une série de ruptures, de plans fixes, de stations rituelles, postes d’observation emblématiques, repères, points de référence… Et il y aurait sans doute beaucoup plus de choses à dire, à développer sur le sujet, les choix…
J’ai parfois, rarement, pratiqué ces écoutes postées avec quelques personnes, en général de façon éphémère et impromptue.
J’ai régulièrement écrit, décrit des ressentis, des ambiances, des attentes, des surprises…
J’ai parfois enregistré ce qui s’y passait, parfois commenté vocalement, en direct, in situ…

GIVORS BANC

Je voudrais maintenant passer à une étape où ces expériences, plutôt solitaires initialement, puissent être, tout comme les PAS, prétextes à des écoutes partagées, à des échanges in situ, sur un ou plusieurs bancs.

Le principe, comme sur les PAS, est de se retrouver à un endroit donné, à une heure donnée et d’écouter /regarder  en duo, posté cette fois-ci, débutant ainsi une nouvelle collection d’expérimentations, toujours dans l’idée de construire, inlassablement, des points d’ouïe à partager.

Cet article se termine donc sur un appel à participation vers des écoutants posés
A Lyon, ou dans d’autres lieux que mon travail m’amèneront à arpenter.
Par exemples :
29 22/23 avril à Lyon
20/21/22 mai à Arc et Senans (25)
28/31 mai à Montbard (21)
24/25/26 à Arc et Senans (25)
1/2/3 juillet à Loupian (34)
5/6 août à Vitry/Seine
6 au 16 septembre à Mons (BE)…

Me contacter : desartsonnants@gmail.com

POSE – Point d’Ouïe Sur Écoute@ Desartsonnants – Gilles Malatray 2015/2016

262184_585424544801278_1514331665_n

10983353_965152116828517_5121559582083903575_n

544392_564125500264516_688697015_n

TERRITOIRES SONORES PRÉEXISTANTS

PAYSAGES SONORES SANS ARTIFICES

 

15020675381_aef4ea1eb4_z

En avançant dans le temps, et dans mes expériences, je me forge des affinités de plus en plus marquées avec les territoires sonores que j’appellerai ici préexistants. Ce sont ceux que je parcours des pieds et de l’oreille, et que j’ai envie de défendre et de protéger tels qu’ils sont. Tels qu’ils sont, c’est ne rien leur ajouter qui pourrait les dénaturer, les altérer, les rendre plus touffus, plus opaques, moins lisibles, et sans doute moins naturellement beaux en quelque sorte, car plus artificiels.
Ce qui me parait important aujourd’hui, ce n’est pas tant d’installer de nouveaux sons dans des espaces qui parfois en ont à foison, mais plutôt d’installer les conditions d’écoute pour les apprécier à leur juste valeur, y compris dans une certaine forme de fragilité parfois désarçonnante.
Que ce soit par la marche, l’expérimentation de postures d’écoutes collectives, l’invitation calligraphique, le décalage perceptif s’appuyant sur différentes formes d’écritures transmédiales, les mobiliers urbains érigés en postes  d’écoute, l’inauguration de points d’ouïe… il s’agit pour moi de construire une « œuvre d’écoute » composée pour et dans la sphère auriculaire préexistante.
Je ne souhaite pas forcément surimposer une trace sonore personnelle, fut elle ponctuelle et éphémère, mais plutôt tenter d’offrir à l’écoutant potentiel, des moments de plaisirs partagés, liés au cadre d’écoute-même, sans artifice ajoutés.

904389_694132547263810_836298549_o

PAYSAGES SONORES INSTALLÉS – INSTALLED SOUNDSCAPES

« Paysage sonore installé » – Écoute circulaire

 

Une image en dit parfois plus qu’un long discours…

AAEAAQAAAAAAAAb5AAAAJDM5NjY2YTQzLTk4MWYtNDEyMi05ZGY2LTU4Yjg2Njg4MTNmZQ

En chantier – « Paysage sonore installé » – Écoute circulaire
In progress – « installed Soundscape » – Circular Listening

 

Mots clés : Point d’ouïe,paysage sonore, installation, écoute, posture, partage, scénophonie

Tags : Sweet spot, soundscape, installation, listening, posture, listening sharing, scenophony

 

« Paysage sonore installé » – Écoute circulaire @desartsonnants
 « installed Soundscape » – Circular Listening @desartsonnants

 

CONFÉRENCES, RENCONTRES, DESARTSONNANTS VOUS EN CAUSE À L’OREILLE

Avatar de DesartsonnantsDesartsonnants

DESARTSONNANTS, CONFÉRENCES ET RENCONTRES

YXDeYWvF8tVpHPp80JfguTl72eJkfbmt4t8yenImKBVvK0kTmF0xjctABnaLJIm9

Colloque "Art Régénération" à l'Université Uqam de 3 Rivières (Québec)
l'écologie sonore en question

Le paysage sonore en construction
Des approches croisées autour de l’environnement (aménagement et écologie), du paysage (lecture et écriture esthétique et artistique), et du territoire (communication, social et identité sonore).

Le soundwalking ou l’art de la balade sonore
Écrire un territoire par des marches d’écoute. La marche comme objet d’analyse, de prospection, et/ou une production artistique. Petite histoire des esthétiques, dispositifs et acteurs…

Les interactions entre création sonore et environnement
Écrire dans, pour, et avec l’environnement. De Clément Janequin au Sound Art contemporain, les arts sonores, plastiques et performances à l’épreuve de l’in situ.

Le paysage sonore dans une approche de tourisme culturel
Le sonore comme une entité territoriale. Valorisation et de développement de territoires singuliers. Sites aux acoustiques remarquables, patrimoines oraux et immatériels (mémoires ouvrières), art campanaire et traditions (ensonaillement)…

Voir l’article original 62 mots de plus

POINT D’OUÏE – RÉSONANCE LYONNAISE

Entrez dans la résonnance – Tunnel de l’ile du souvenir

15ph1320

Une improvisation libre, inspirée par le passage dans le tunnel de l’Ile du souvenir, Parc de la Tête d’or à Lyon. Tels des enfants, toujours attirés par la résonance des passsages couverts, Gilles Malatray et Natalie Bou, en repérage ce jour là sur des ambiances aquatiques, jouent à faire sonner. Tout commence inopinément par quelques gouttes d’eau…

J’ai toujours beaucoup aimé cet effet acoustique qu’est la réverbération. Elle nous donne d’emblée l’échelle du lieu, elle nous immerge dans un bain vibratoire parfois jouissif, elle développe mille couleurs sonores, chatoyante, de l’intime à l’ostentatoire.

16188087110_19b5573418_b

Je recherche des aventures acoustiques, en  écoutant avec bonheur sous les piles de larges ponts urbains, aux derniers niveaux inférieurs de parkings souterrains, dans des églises, cathédrales, basiliques, sans musique de fond, dans des rues couvertes…

Lieux sombres, sonorités à fleurs d’oreille…

Entrez dans la résonance d’une ville, de lieux en lieux, comme un parcours sonores jalonné de petites perles sonores qui bruissent. Nos pas, les voix, la moindre petite goutte d’eau, autant d’objets d’écoute anodins qui, plongés dans un bain réverbérant, donnent à l’espace une poésie parfois apaisante, parfois un brin angoissante, mais toujours pour moi excitante.

 

 

ÉCOUTEZ – ENTREZ DANS LA RÉSONANCE – PASSAGE SOUTERAIN DE L’ILE DU SOUVENIR – PÂRC DE LA TÊTE D’OR À LYON

 

 

 

 

POINT D’OUÏE , DU LOCAL SINGULIER À L’UNIVERSEL PARTAGÉ

Ecoute, ici et là

DSC06495

Je me pose sur un banc
encore et toujours
Pour un long moment
Pour un moment incalculé
Pour un moment instinctif
Se poser au cœur de la place
Où la vie bat son plein
Ecoutant
Tout simplement
Se poser comme un voleur de sons
Se poser comme un voyeur de sons
Mais ce ne sont là que d’innocents larcins
dénués de toutes mauvaises intentions
juste capturer
Pour jouir via l’oreille
de la vie
Envie de saisir les infimes et intimes singularités des lieux,
Mais aussi envie de se sentir
Très proches des hommes
Qui écoutent à ce même instant
ailleurs
D’autres choses inconcertées

D’autres choses partageables
Dans une grande cité criarde
Ou dans un hameau niché
Aux creux de montagnes paisibles
Envie de se sentir humain
Relié par une fenêtre acoustique ouverte
pavillon déployé de l’oreille
Comme un acteur écouteur universel
Pris dans l’inextricable enchevètrement
De cacophonies et d’harmonies conjuguées
Dans un monde bruisssonnant
Parfois même un brin trop bruissonnant

POINTS D’OUÏE – ECOUTE ET PARTAGÉ – UNIVERSALITÉ

POINT D’OUÏE – ÉCOUTE ET PARTAGÉ

@anja - PAS -Parcours audio Sensible à Vitry/Seine, quartier ds Ardoines - Desartsonnants/Gare au théâtre

@anja – PAS -Parcours audio Sensible à Vitry/Seine, quartier ds Ardoines – Desartsonnants/Gare au théâtre

De la chose écoutée

sa beauté supposée

l’écoutant retourné

des postures proposées

l’appel sonicité

auricularité

du lieu revisité

de ses reflets sonnés

points d’ouïe sonifiés

points d’ouïe signifiés

silence complicité

entente alltérité

dans la cité marchée

et de l’idée germée

le geste est assumé

celui de partager

qui semble s’imposer

au bout de l’écouté

comme seule vérité

POINTS D’OUÏE – LE QUARTIER DU VALLON À LAUZANNE

PAS – Parcours Audio Sensibles et résistance

Le quartier du Vallon à Lausanne

http://desartsonnants.tumblr.com/post/107503206911/%C3%A9couterep%C3%A9rage-avec-jeanne-schmidt-quartier-du

Ce premier texte de 2015, j’ai décidé de l’orienter très personnellement, aux vues des événements tragiques qui ont endeuillé cette année naissante, vers la question de la résistance. Résistance liée aux gestes et aux réflexions d’un promeneur écoutant, aux habitants, aux politiques, aux acteurs locaux, au terrain même. Cette approche, subjective et assumée en tant que telle, s’appuie sur de très récentes promenades écoute à Lausanne, avec Jeanne Schmid, artiste plasticienne suisse, et l’association préparant les JAU 2015 (Journées des Alternatives urbaines).

Le projet de ces rencontres, pour lesquelles j’ai été invité à prêter l’oreille, s’est implanté dans un quartier en voie de requalification urbaine. Quartier discret, niché dans ses collines abruptes, presque à demi caché, voire un tantinet méprisé par le reste de l’agglomération aux dires de certains. Il s’agit du quartier du Vallon, à deux pas du centre historique de Lausanne. Dans ce dernier, nous avons longuement devisé, en le parcourant de long en large, de choses et d’autres, essentiellement liées aux lieux traversés à pied. Qu’est-ce qui fait que, au-delà des projets d’aménagement, l’on puisse s’intéresser à ce territoire en particulier ? La diversité de sa population, de ses couches sociales, de ses ethnies, de ses topologies, de ses paysages multiples, de choses qui relèvent du ressenti, difficiles à formaliser, à partager ? La variété des ambiances sonores et visuelles qui, vues sous des angles plus ou moins décalés, peuvent nous surprendre dans leurs poésies révélées…?

C’est en arpentant longuement, lentement, le Vallon, escalier par escalier, de places en forêts, de zones industrielles en lieux culturels alternatifs, que petit à petit, nous mesurons combien ce dernier, comme beaucoup d’autres d’ailleurs, résiste à la fois à notre analyse de prime abord, et aux cases dans lesquelles nous serions à même de le contraindre. La première des résistances viendrait donc du lieu lui-même, qui ne se laisse pas apprivoiser, comprendre dans toutes sa diversité, aussi facilement que cela. Les scènes qu’il nous offre ne sont pas celle d’une ville suisse propre, nette et sans aspérités. Notons bien que je parle là comme un français qui constate que les clichés et a priori ont la vie dure. Entre poubelles éventrées, déchets jonchant le sol de certains passages et décharges publiques junkies peu ragoûtantes dans des sentes forestières à deux pas d’un centre hospitalier, la vision proprette d’une ville suisse « en prend un coup». Ce quartier héberge également des friches artistiques et des théâtres ouverts à des expériences collaboratives, lieux alternatifs, ou intermédiaires dirait-on aujourd’hui, lieux de résistance invitant à des rencontres et autres projets citoyens. Il héberge également plusieurs lieux sociaux, foyers d’accueil, que vraisemblablement le centre historique ou les rives du Léman ne souhaiteraient pas forcément accueillir.

Abritant une population plutôt modeste, le Vallon semble donc résister, sans doute bien malgré lui, à l’ambiance plus lisse d’une ville aisée, calme, tournée vers le lac Léman, en contrebas, somme toute assez éloigné. Il constitue une sorte de dent creuse, un brin sauvage, à deux pas du centre ville, destinée à être redessinée, dans un futur proche, à l’aune d’une profonde réhabilitation. La question, la problématique qui se pose aux aménageurs en charge du programme, est d’ouvrir ce quartier sur la ville, et sans doute de « l’assainir », d’en étendre ses possibilités de logement, tout en conservant cette mixité sociale et culturelle, cette sorte d’exotisme urbain qui, au final, paraît cimenter et forger son âme actuelle. Peut-être un grand écart, ou en tout cas un pari qui fera que cet espace encore « rebelle » subira, ou non, une plus ou moins forte gentrification, liée intrinsèquement aux valeurs immobilières, à la cohabitation de logements sociaux et de plus grand standing. Bref, un problème assez récurrent pour ce genre de quartier, cible entre autre de promoteurs avisés, objet de communication des politiques urbaines, comme dans de nombreuses autres villes.

Le Vallon, toujours lui, est  ardemment défendu par un comité d’habitants très motivé, notamment via un engagement dans des propositions d’aménagement de ses espaces publics. Non seulement des propositions, mais des réalisations effectives, collaboratives, in situ – par exemple celle d’un bâtiment d’accueil pour des adultes marginalisés bâti à plusieurs mains. Construire de genre de lieu est indéniablement une forme de résistance, de coup de pouce social, d’action de terrain et pour le terrain et ses résidants les plus défavorisés.

Les différents paysages qui le composent, nous emmenant d’une zone très habitée jusqu’à la lisière de la ville, entre forêts sauvages et escarpées, bâtiments industriels et architectures assez disparates, confèrent au final à ce quartier une unité et un charme incroyablement attirant. Quand aux sonorités qui le font vivre à l’oreille, elles sont très variées, mises en valeur par une topologie de creux et de bosses (très prononcées), ou les échos et réverbérations se jouent joliment de l’espace. On passe très rapidement d’une scène acoustique à l’autre, sans que l’oreille n’aie le temps de s’ennuyer un seul instant, de jour comme de nuit. Le bourdon de la cathédrale en contre-bas, nous arrive comme une source diffuse, à la fois très présente et discrète, incroyablement réverbérée par les vallonnements de la ville et les nombreux recoins architecturaux du quartier. Les voix sont assez présentes, sonnent claires, sans envahir l’espace qui reste assez aéré acoustiquement. Entendue d’une colline à l’autre, l’activité de dépôts municipaux, de nuit, prend une couleur toute particulière, en sons joliment et presque étrangement réverbérés, musicaux dans leur rythme, tonalité, spatialisation…Bref, du bonheur à partager pour des promeneurs écoutants de tous crins.

Pour nous, écouter le Vallon attentivement, sans a priori, avec respect, le regarder, le scruter, l’ausculter dans ses moindres recoins, est une façon de construire des approches, des postures, qui tenteront de ne pas s’enfermer dans une vision trop réductrice, ne négligeant ni des attraits ni les dysfonctionnements du quartier. Une façon de lui donner aussi une parole vive. Parole d’experts qui le parcourent, l’analysent, le (re)pensent, paroles d’habitants et de résidents, quels qu’ils soient,  qu’il ne faut surtout pas oublier, et encore moins négliger, parole qui devrait, qui doit être ouverte, au-delà de toutes conditions sociales, religions, obédiences politiques, aujourd’hui plus que jamais. Il faut rester très vigilant et critique, pour résister aux pressions singulières de tous bords, tout comme aux pensées uniques tissées de mille a priori et préconçus.

Au-delà de ce premier arpentage/repérage, l’idée est de proposer, lors des prochaines JAU (Journées des Alternatives Urbaines), en mai prochain, en collaboration avec différents acteurs locaux, plusieurs parcours sensibles imbriqués donnant à voir et à entendre le quartier, dans ses choses évidentes, triviales, comme dans ses parcelles les plus secrètes. Un des axes étant de faire ressurgir en mémoire des éléments aujourd’hui disparus (funiculaire abandonné, dont on voit encore la gare de départ et certaines traces d’ouvrages d’art enfouis dans la nature, rivière souterraine, le Flon entièrement recouverte…). Remettre à jour des vestiges visuels, architecturaux, y compris sonores, donner à entendre des sons fantômes, depuis longtemps disparus, pour certains d’entre eux, est une façon de conjuguer l’histoire et le présent, en gardant un œil sur l’avenir, voire de faire en sorte que la mémoire résiste à un trop grand effacement du passé. Il ne s’agit pas de prôner une nostalgie du « c’était mieux avant ». On peut au contraire, partir d’un état des lieux, d’une mémoire enfouie, pour aller vers une démarche prospective, mais sans pour autant faire table rase de toute une histoire sociale, de l’évolution d’un quartier au fil du temps.

Parcourir ce quartier, c’est donc pour nous résister, pour peut-être prévenir le risque d’une urbanisation galopante, massive et trop unificatrice qui  ferait perdre son âme au lieu. Résister c’est tâcher de préserver une mémoire de territoire éclectique, socialement brassée, avant que la réhabilitation ne lui fasse une peau neuve peut-être trop lisse. Résister c’est faire en sorte que l’expérience sensible des parcours urbains, via l’oreille et le regard, soit le théâtre de découvertes inouïes, révélant un territoire caché, hétérotopique dans le sens où le définissait Foucault. Résister, c’est prendre et donner la parole, mettre en place des projets d’installations, de mises en scènes éphémères, d’ateliers partagés, faire prendre conscience des beautés intrinsèques des lieux, qui ne se révèlent pas de prime abord, sans que l’on ai creusé un tant soit peu son territoire en le parcourant, en rencontrant ses résidents.

En ce début d’année marquée du sceau d’une violence et d’une intolérance insoutenable, la résistance est aussi celle de prendre le temps d’aller à la rencontre des lieux, des gens, de prendre du recul pour que ces Parcours Audio Sensibles, ou Sensibles tout court, placent l’humain au cœur du projet, entre silences respectueux, éloquents, paroles partagées et images plus ou moins fugitives.

Ecoutez la carte postale sonore

Une petite carte postale sonore des Journées des Alternatives urbaines à Lausanne, les 08, 09 et 10 mai 2015, quartier du Vallon

Très occupé et concentré sur l’accompagnement de balades sensibles, et autres petites installationsson ores, avec l’artiste Jeanne Schmid, je n’ai pas réalisé beaucoup d’enregistrements in situ durant ces JAU, ni hélas pu réellement assisté à la belle et foisonnante programmation concoctée pour l’événement.

Néanmoins, quelques traces sonores ont toutefois été puisées dans le vivier de ces rencontes oh combien toniques.

Tout d’abord, de la préparation, tables, chaises, chapiteaux, repas participatifs, des organisateurs et bénévoles (en principes avec les deux statuts cumulés…) sans qui rien n’aurait été aussi riche.

Le retour d’une première balade avec un groupe de migrants primo arrivants de 5 à 6 nationalités, accompagnés de leur professeur de français ,durant un stage intensif. Un retour sur expérience d’une grande chaleur humaine, sensible, comme d’ailleurs l’ensemble des balades.

Désartsonnants se promène sur le site, dialogue avec des rencontres impromptues, à micros ouverts.

Un jeu collectif avec des instruments d’écoute au cours d’une balade, expériences d’écoute et de production sonores, on « se téléphone », on ausculte les arbres, l’herbe, la pierre, on vise les sons…

Retour au théâtre, dehors, les rencontres se tissent, autour de la cuisine, du bar, des tables dressées pour l’occasion… Dedans, une conteuse nous en fait entendre de toutes les couleurs, bruit de l’Amazonie à portée d’oreilles et de voix…

Encore une balade, et la rencontre avec un tuyau extraordinaire. Il s’enfonce très profond sous terre, et lorsque l’on y crie, ou l’excite avec une trompe, comme ici, on entend presque 10 secondes d’une magnifique réverbération. La prise de son est garantie naturelle, sans adjonction d’aucune réverbération ni d’aucun autre effet audionumérique !

Pour finir, une cour intérieure, très haute, vitrée à son sommet. Des fenêtres s’ouvrent sur 3 ou 4 étages. Un groupe de chanteuses s’y postent,  racontant dans une belle sérénité l’histoire de cette « maison ouvrière moderne », écrite et mise en musique pour l’occasion par la compositrice lausannoise Joséphine Maillefer. Ce final fait superbement sonner l’acoustique du lieu dans une douce poésie apaisante. Des bulles de savons tombent doucement des étages, comme portant les sons délicats jusqu’au creux  de l’oreille des auditeurs.

Et tant d’autres beaux moments, expériences sensibles, échanges, discussions, partages qui, à défaut d’avoir été fixés sur l’enregistrement restent gravés dans ma mémoire.

De grands mercis

A  Jeanne qui m’a invité à cette belle aventure humaine et bruissonnante, et avec qui j’ai travaillé de longs moments, à distance et in situ, dans une réelle et belle entente, comme il se devait pour ce genre de projet…)

à toute l’équipe des JAU pour leur gentillesse et leur engagement, tout particulièrement à Jérémy et Régis, maîtres d’œuvre, mais aussi à l’équipe (Aurore, Michel, Annick, Marie, Elise, Gian Paolo…) pour hébergement, la cuisine (à la cuisine !!!) et tout le reste…

à Yannick pour ses bons et sympathiques coups de main, en balade, et en hauteur…

à Claude pour tout le temps passé, caméra, et magnétophone en main, et pour tous ces échanges autour de la chose sonore, de l’écoute, de la radio

à Pascal et à toute son équipe pour son dynamisme, et grâce à qui, avec Marie un financement pour l’impression du guide « Balades sensibles » a été trouvé.

au groupe de Parkour lausannois qui ont véritablement fait danser les murs

à Joséphine Maillefer pour avoir composer une musique vocale et « tintine à bulles » originale, et à ses chanteuse pour avoir enchanter la cour d’un immeuble moderne de leurs belles voix

A Julien Sansonnens pour avoir complété nos balades par une déambulation féniculairante

à Pierre Corajoud pour ses sympathiques et précieux renseignements,

A tous les bénévoles qui nous ont prêter main et oreille fortes dans l’accompagnement de nos balades

Au staff du théâtre 2.21 pour leur disponibilité et leur efficacité

Au généreux prêteurs d’appartement qui nous ont hébergé dans de belles confortables conditions…

Et à toutes celles et ceux que je pourrais oublier, avec qui j’ai pu échanger…

http://alternativesurbaines.ch/

https://jeanneschmid.wordpress.com/

CICAPES – Centre Internationnal de Création Artistique pour le paysage et l’Environnement Sonore

LE CICAPES QU’EST-CE ?

Desartsonnants

Parcours Audio Sensible (PAS) à Lausanne (CH) Journées des Alternatives Ubaines 21015 http://alternativesurbaines.ch/le-quartier-du-vallon/

Desartsonnants se déclare comme le fondateur et administrateur du 1er CICAPES (Centre International de Création Artistique du Paysage et de l’Environnement Sonore) connu à ce jour. N’étant soutenu par aucune institution ni autre organisme, il s’offre en toute liberté ce petit plaisir. Parfaitement nomade, il peut venir chez vous si vous l’invitez. Assurément indépendant, il accepte toute aide pour développer ses créations in situ, médiations et recherches (voire la page d’accueil https://desartsonnants.wordpress.com/)… A bon entendeurs salut !

POINTS D’OUÏE, RÉFLEXION SUR UN PROJET EN CHANTIER

POINTS D’OUÏE

IMG_7196

On tire des fils sonores, on tente de les démêler, ou parfois de les emmêler, de les tresser, de les tisser, ou de les détisser.
Chaque territoire, chaque lieu, chaque site, quartier, ruelle, place, impasse, forêt, lac… est un entrelacis d’une infinité de fils sonores qui n’ont de cesse que de moduler un paysage fuyant. L’espace sonore ne se résoudra jamais à être contenu dans une immobilité figée. L’arrêt sur son serait une parfaite ineptie. Il faut une oreille mobile, un écoutant mobile, pour tenter de construire à la fois une lecture et une écriture des paysages sonores en mouvement. Le concept de points d’ouïe, espace délimité comme un lieu emblématique, fixe, en résonance, en rayonnement avec d’autres points, offre une stabilité nécessaire à l’écoutant, une base repère, un point de référence. A partir de là peuvent se tisser moult trajets, fils d’écoute, reliant éventuellement d’autres points, qui commenceront à asseoir un paysage auriculaire. Le projet points d’ouïe joue sur le paradoxe du resserement en même temps que de l’extension. Resserement dans le lieu, parfois inauguré comme point d’ouïe, resserement dans la démarche, dans la définition de certains outils, activités et concepts, en fonction des lieux. Et en même temps, extension des possibles, des approches, des fils à tirer, à mettre en vibration, comme des cordes invisibles et impalpables tendues sur un territoire d’écoute. Resserement et extension à partir des points d’ouïe, avec effets sonores à la fois centrifuges et centripètes pour l’écoutant, attiré ou poussé vers… Entre points d’ouïe et trajectoires, resserements et extensions, la scène acoustique peut se construire, à chaque lieu et à chaque instant différente, à chaque fois un peu plus riche dans son instabilité chronique. Il y a parfois, sur un nouveau lieu, un découragement ou un émerveillement, sans doute les deux, avant que de trouver, entre le trop peu et la surabondance, un équilibre précaire mais rassurant, lorsque la musique des lieux se met en place, sans aucun effort. Il faut parfois, comme le peintre qui guetterait LA bonne lumière, faire preuve de patience, de modestie et de ténacité face à l’inexorable continuum sonore, savoir entendre le doux chant du ruisseau, du vent dans les peupliers, la buse qui chasse au dessus des collines, la cloche dans la vallée qui rythme l’écoute…. Et c’est ici que le point d’ouïe prend toute son importance.