PAS – PARCOURS AUDIO SENSIBLES EN MAYENNE

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Invité par le réseau de lecture public de la Communauté de communes de Lernée, en Mayenne, territoire tapis entre les Pays de Loire, la Bretagne et la Normandie, Desartsonnants découvre de l’oreille, et par d’autres sens, cette belle campagne jalonnée de verts bocages. Deux parcours d’écoute sont inscrits au programme, l’un à Montenay, l’autre à Saint Pierre des Landes.
Comme de coutume, une journée est consacrée à un repérage préalable, pour que l’aventure sonore ne soit pas trop… aventureuse.
Pour ces deux repérages, des habitant(e)s ont été sollicités pour me guider dans les deux petites villes, et me faire profiter de leur connaissance des lieux, entre descriptions, coups de cœur et anecdotes croustillantes autour de la vie locale.
Le premier repérage est accompagné par un résident de longue date de la petite bourgade, qui en a d’ailleurs été élu, et même Monsieur le maire, et connait comme sa poche les lieux et leurs petites et grandes histoires. De l’église aux logements HQE en passant par le plan d’eau, notre guide se révèle intarissable, amoureux de ce coin de terre mayennaise qu’il décrit avec moult éclairs de malice dans le regard et une verve communicative. On écoute, on imagine, on entre dans la vie du terroir, on s’immerge dans une histoire qui se construit sans cesse, tout cela avec un réel bonheur.
Départ de l’église, sa belle acoustique, sa riche histoire, un parc où j’installe quelques sons de forêt décalés, un sentier qui descend vers un plan d’eau, un remarquable écho qui rebondit sur les premières bâtisses du village qui nous domine… Mais aussi, le jour du repérage, une cohorte d’énormes tracteurs qui œuvrent à l’ensilage du maïs, saison oblige, leurs imposantes remorques métalliques dévalant la rue principale dans un déferlement de cliquetis métalliques. Non, la campagne n’est pas toujours ce que l’on croit, acoustiquement parlant !
Fort heureusement, le lendemain, jour du PAS officiel, le plus gros de l’ouvrage semble être achevé, et notre coin de campagne a retrouvé un fond sonore plus apaisé, pour le plus grand plaisir de nos oreilles.
Le parcours public est véritablement inter-générationnel, de jeunes enfants, des parents, des personnes d’un club du troisième âge, chacun à sa façon s’appropriant personnellement l’espace sonore, l’espace tout court, tout en entretenant des relations croisées riches et chaleureuses. Du parcours repéré préalablement, nous n’en feront qu’une petite moitié, les résonances de l’église, les bruissements d’un énorme tas de gravier, et l’auscultation des feuilles et des pierres à l’aide de longue-ouïes et de stéthoscopes ayant imprimé à notre marche un rythme positivement très lent. Il faut savoir profiter des choses sans brusquer ni oreille, ni le corps, ni l’esprit d’une douce déambulation.

Petite parenthèse, le repérage nous amène à faire connaissance avec une figure emblématique des lieux, Philippe, le patron d’un café concert local. Or il se trouve que cet ultra passionné et féru connaisseur de musique rock a accueilli, dans son bar, au cœur d’une petite ville de quelques mille habitants, des groupes tels ACDC, Trust, et j’en passe et non des moindres ! Une rencontre toutes en sons de guitares enflammées, illustrée de vidéos live, tournées dans l’espace de ces incroyables raouts cent pour cent rock.

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Le deuxième parcours a également été guidé par deux personnes du cru, avec le même enthousiasme, qui fait que ces repérages pré-PAS sont pour moi tout aussi importants que ce qui se jouera en public. Ils font vraiment parti de ces échanges relationnels, soudés par l’écoute des lieux, la déambulation, et favorisant tous ces affleurements sociaux, historiques, humains qui remontent naturellement en surface au gré des balades.
Le parcours réunit une quinzaine de jeunes enfants de maternelle et de primaire, des adultes, des personnes engagées dans de fortes actions culturelles locales, toujours donc de l’inter-générationnel, qui semble privilégié dans des approches culturelles et territoriales très rurales. A noter au passage la belle programmation culturelle* qui irrigue, de façon très itinérante, territoire oblige, ces espaces campagnards, et qui devraient à coup sûr, rendre jaloux des parcelles de départements que je connais bien, notamment ceux où je suis né, situés également en zone rurale, et finalement assez, voire très pauvres culturellement. Parenthèse refermée !
Revenons à Saint Pierre des Landes. Ici, on commence par ausculter un ensemble statuaire contemporain, en métal, et l’exploration se dissémine très vite autour, dans les arbres, sous nos pieds foulant différents sols…
L’église s’impose ensuite, en chahutant ses réverbérations de chants de flute, de corne, et de voix se jouant de l’espace. Petits et grands sont plongés dans un bain sonore qui nous réunit comme une pièce composite d’un objet d’écoute vivant, sans qu’il ne soit besoin d’expliciter quoique ce soit, juste en le proposant, en le vivant.
Dans ce deuxième parcours, nous finiront également par un étang où, dans de miroitants clapotis, s’ébroue tout au bout du chemin, un ruisseau à fleur d’oreille, et à qui les grands saules et peupliers qui le bordent répondent en chuintant dans la caresse du vent.
Ici s’achève, tout en restant fortement gravée en moi, une parenthèse rurale que j’ai beaucoup appréciée, tant par la qualité des paysages (y compris sonores) que par celle de l’accueil et des échanges.

Demain, je poserai pieds et oreilles en plein cœur du bouillonnant quartier de Belleville, à Paris, une façon comme une autre de faire en sorte que l’oreille reste aux éveillée, chahutée, constamment surprise !

* http://www.cc-lernee.fr/culture_la-saison-culturelle.phtml

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