APNÉES « Paysages composés 2023 »

Un weekend entier pour investiguer les points de rencontre entre écologie sonore et musiques de recherche, entre expérimentations sonores et expériences d’écoute paysagère.

APNÉES vous invite au croisement de disciplines très diverses, allant de l’écoacoustique aux arts sonores, de l’urbanisme aux technologies du son, pour vous faire enfin découvrir les multiples manifestations et implications des paysages sonores.

Conférences, ateliers, installations sonores, promenades sonores, projections, concerts, performances, comme autant de voies possibles pour aborder, comprendre, imaginer, transformer, préserver les milieux sonores dans lesquels nous sommes immergé·e·s au quotidien.

Des portes d’accès multiples pour activer une expérience d’écoute attentive qui soit également porteuse d’une réflexion écologique, afin de dévoiler les spécificités et les fragilités d’espaces en transition à l’ère de l’Anthropocène.

En partenariat avec : Maison des Associations de Grenoble | Muséum d’histoire naturelle de Grenoble | équipe CRESSON (centre de recherche sur l’espace sonore & l’environnement urbain) du laboratoire AAU (Ambiances, Architectures, Urbanités) de l’École Nationale d’Architecture de Grenoble (ENSAG) | Université Grenoble-Alpes (UGA) | laboratoire ACROE (UGA/Grenoble-INP) de Grenoble | Collectif PePaSon (Pédagogie des Paysages Sonores) | Association Plège/Le Ciel | Radio Campus Grenoble 90.8 | Music Plus Grenoble | réseau inDREAM (international network for the Diffusion of Recorded Electronic & Acousmatic Multichannel music) |

PAYSAGES | COMPOSÉS bénéficie du soutien de la Ville de Grenoble.

Lien du site APNÉES pour en savoir plus

Max Neuhaus, modifier la perception des lieux plus que les lieux eux-même  

  

L’exemple de Max Neuhaus  

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Tout geste de création sonore s’inscrivant dans un espace public modifie généralement ce dernier en lui ajoutant une couche audible supplémentaire. L’artiste utilise ainsi tout un panel de système ou de dispositifs, amplifications électroacoustiques, installations acoustique ou non, interactions numériques, pour installer des sons destinés à être entendus par un (large) public. Que ces sons soient composés in situ ou non, plus ou moins en relation avec l’espace investi, ou totalement déconnectés du terrain, l’auditeur se verra proposer une scène acoustique qui modifiera généralement très sensiblement  l’espace d’écoute, jusqu’à parfois le phagocyter en imposant on hégémonie qui recouvrira l’essentiel de l’ambiance préexistante.

Les lieux sont ainsi grandement chamboulés, et parfois relativement malmenés, ainsi d’ailleurs que l’oreille des visiteurs par effet boule de neige.

Ce choix artistique peut cependant, dans une ponctualité événementielle, être assumé et pertinent, s’il ne s’impose pas sur des durées déraisonnable, voire nuisibles pour l’environnement et surtout ses propres habitants, humains ou non.

 Le choix du ménagement des lieux 

Si les lieux sont souvent sujets d’aménagement, y compris parfois sonore, pour le meilleur et pour le pire, nous parlerons ici de ménagement de l’espace public. Ménager un lieu, c’est tout d’abord en respecter ses qualités intrinsèques, ses équilibres, ou toutefois ne pas les amplifier, voire en ajouter de nouvelles. Dans le meilleur des cas, il faut également le garder relativement protégé de toute invasion acoustique trop prégnante, en tentent de rester dans des situations où l’écoute ne devienne pas trop fatiguante, où la parole et le dialogue puissent s’exercer sans trop hausser le ton, ou les surenchères pour se faire entendre malgré tout n’amènent pas un trop grand brouhaha urbain.

Le ménagement c’est le respect du site, mais sans doute surtout de ses résidents. Cette posture ne voulant pas pour autant dire qu’il faille tomber dans un immobilisme sclérosant, ou le territoire serait plus figé qu’un muséum d’histoire naturelle (à l’ancienne), sous prétexte de la garder dans son intégrité sécurisante et sans relief. On peut penser pour cela une façon de percevoir différemment le terrain, ses ambiances, de décaler ou d’amplifier les expériences sensorielles, plutôt que de chercher à  modifier ou à asservir le territoire via des expériences sonores trop présentes en puissance et en durée.

 Modifier les perceptions des lieux, façon Max Neuhaus 

Je reprendrai ici trois exemple d ‘interventions sonores plutôt douces de l’artiste Max Neuhaus dont je pense que les actions autant que les propos illustrent la posture respectueuse qu’avait l’artiste, à la fois des sites et des  écoutants potentiels.

Le premier exemple, sans doute pour moi un des plus emblématiques, est celui des soundwalks, ou promenades sonores, auxquelles il avait donné en sont temps nommées du nom évocateur de « Listen ». Rappelons que, dans l’esprit de John Cage qu’il admirait profondément, Max Neuhaus avait parmi ces objectifs artistiques, de faire sortir la musique des sacro-saints lieux de concert, pour aller l’offrir à un maximum de public. L’espace public, la ville, les rues se posaient donc comme un théâtre sonore des plus pertinents pour ce faire, à une époque où la chose n’était pas encore si courante que cela. Donc, au lieu de ramener dans les lieux de nouvelles sonorités, fussent-elles musicales, pourquoi ne pas envisager les ambiances sonores urbaines comme LA ou LES Musiques des lieux, qui se suffiraient donc à elles-mêmes comme installation in situ, à condition de les révéler comme telles. Sitôt dit sitôt fait, Un groupe de promeneurs écoutants était emmené au travers des lieux judicieusement choisis pour la diversité des sources sonore et des acoustiques ambiantes, comme un parcours qui offrait un concert de sons « naturels », sans autre adjonction de sonorités exogènes. Pour renforcer l’immersion, ou garder les visiteurs dans un état d’attention optimum, le mot « Listen » était tamponné sur leurs mains, leurs rappelant ainsi tout au long du parcours la motivation de cette déambulation. Max Neuhaus a ainsi proposé su plusieurs années à partir de 1966,  de nombreuses marches, d’usines en parcs, de places en gares, dans le but de partager dans sons sans forcément chercher à en établir une hiérarchie dans leur valeur esthétique, avec un public le plus nombreux que possible, et de préférence non averti, et tout en respectant l’intégrité territoriale puisque c’est juste son écoute qui installait des des sons in situ. Une façon d’axer l’attention sur la perception auditives sans modifier l’environnement initial qui fonctionne encore parfaitement un demi -siècle plus tard !

La deuxième œuvre de Max Neuhaus à laquelle je ferai référence ici est son fameux Time Square, installé à l’embranchement d’une grand carrefour de New York, à proximité de Broadway en 1977. Toujours dans l’idée de toucher un maximum d’auditeurs hors lieux dédiés à l’art, l’artiste utilise une « chambre  acoustique » constituée par un espace d’aération souterrain du métro, recouvert d’une grille donnant sur un passage piéton. Utilisant les fréquences de résonances du lieux, et se servant de cette cavité comme une chambre de réverbération, Max Neuhaus fera entendre  son installation dont le son s’échappera par la grille d’aération, en jouant sur des sonorités qui se distingueront de l’acoustique ambiante sans pour autant s’impose dans le le lieu, ou s’y frotter de façon véhémente. Les piétons, confrontés de façon inopinée  à l’œuvre, sentent qu’il se passe quelque chose, que l’ambiance n’est plus tout à fait la même que l’ordinaire, sans toutefois parvenir à dire en quoi consiste ce changement. Ils ne se doutent pas un instant qu’ils sont en fait postés sur une installation artistique. C’est bien encore une fois dans le décalage de la perception plutôt que dans une transformation radicale de l’espace de diffusion que se crée un nouveau paysage sonore qui se déploie très discrètement à l’oreilles des promeneurs, sans faire violence à l’espace public, mais plutôt en le questionnant délicatement. Il s’agit là de jouer sur un effet de surprise en colorant légèrement l’espace pour désorienter l’oreille du passant qui va se demander pourquoi il n’entend plus le lieu comme d’habitude, qu’est ce qui a vraiment changé. Jeu autour de la perception et de la psycho-acoustique. Et si le passant n’est pas un habitué des lieu, sans doute se demandera t-il pourquoi l’ambiance acoustique est si étrange en cet endroit précis, ambiance que l’on ne retrouvera pas sur d’autres grilles ‘aération du métro new-yorkais.

Je prendrai un troisième et dernier exemple, toujours tiré de l’importante production artistique de Max Neuhaus, pour continuer d’argumenter ces recherches perceptives, qui touchent au final plus le contexte paysager que l’œuvre elle-même, lesquelles œuvre se matérialisant comme une installation et diffusion de compositions sonores dans des espaces donnés. Ici, max Neuhaus ira encore cueillir le public dans un lieu inhabituel pour des installations artistiques : Les piscines. Lorsque l’on parle d’immersion, ou de bain sonore, quoi de plus naturel que de le proposer à des écoutants plongés dans des masses d’eau. Précisons ici que ce travail, réalisé lui aussi sur une série de lieux différents et sur plusieurs années, a été réalisé bien en amont de celui des concerts aquatiques de Michel Redolfi, tout début des années 70. En fonction des bassins de piscine, lMax Neuhaus installait des sifflets immergés, donc uniquement écoutables sous l’eau, les Water Whistle Series. Toujours dans cette volonté de modifier la perception des lieux, ici dans un milieu aquatique inhabituel, sans forcément faire subir à ces derniers d’importantes et radicales transformations.

Ces trois types lieux, une ville où l’on déambule, un square au centre de New-York et des piscines sont ont été des terrains d’expérimentations sonores  tout indiquées pour que Max Neuhaus puisse exercer son art, tout en finesse, sans même imposer l’œuvre d’art comme une œuvre d’art à proprement parler, je veux dire en tous cas dans la perception qu’en avait le public. Nus sommes ii dans une approche qui non seulement ménage les lieux, mais où le statut même de l’artiste omniscient s’efface pur laisser la part belle au seul paysage sonore. Il faut ici faire en sorte que le visiteur involontaire soit interpelé par une anomalie, plutôt esthétique, sans qu’il sache vraiment qui en est l’auteur, même si un cartel vient au final le renseigner sur le dispositif et son auteur.

Dans une société de plus en plus urbanisée, et dans des villes de plus en plus densifiées, Max Neuhaus prône une modération qui donne à entendre, sans rentrer dans un jeu de surenchère à qui parlera le plus fort, le paysage sonore lui-même, et c’est sans doute un des aspects des plus remarquables dans ces jeux de perceptions décalées.

Point d’ouïe subjectivement avifaune

Je ne connais que couic, cui-couic aux zaffaires zoizelières, à leurs ramages, plumages et autres fromages…

Guère plus en leurs chants syrinxées, pépillages et bavardages compris…

Certes, je reconnais parfois une pie criarde, un pigeon roucouleur, un martinet strideur, une chouette hululante, guère plus.

Je les repère de l’oreille, comme d’incontournables narrateurs, du platane urbain au chêne cévenol, de jour comme de nuit. Ils sont acteurs incontournables, faiseurs d’audio-paysages, en alerte, en quête territoriale, semble-t-il… Mais les ornithologues déchiffrent.

Lorsque leurs voix se taisent, l’espace hélas se paupérise, nous renvoyant à nos propres désastres en chantier.

J’admire leur persévérance entêtée, le tissage itératif comme un ruban volubile inlassablement déroulé au fil des heures et des saisons.

J’admire leurs façons de pointiller l’espace, de le traverser en flèches soniques, d’en marquer des lisières, des orées, des allées, des frontières aussi, des heures, des friches embroussaillées résistantes au bitume.

J’imagine leurs audaces en aubades et sérénades amoureuses, viens dans mon petit nid et oiselons en c(h)œur.

Vinciane Despret l’a raconté, d’autres l’ont enregistré, certains en on fait musique*.

Oiseleurs et oiseaux-leurres, à chacun sa facétie.

J’aime les oiseaux du bout de mes oreilles paraboles.

*Clément Janequin, Olivier Messiean, Bernard Fort

Notes concernant la pièce sonore :

Une pièce en forme d’installation sonore autour de l’univers avicole. Attention, ceci n’est pas un enregistrement de « vrais » oiseaux, mais un paysage sonore totalement oisonirique. Toute ressemblance avec une espèce existante n’est pas forcément fortuite.
Aucun mauvais traitement, hormis les traitements audionumériques, n’a été fait aux espèces enregistrées ici.

Je prie mes amis audionaturalistes, biophonistes, ornithologues, et même musiciens, de bien vouloir m’excuser pour toutes ces histoires sonores incongrues, j’en conviens. Mais faute avouée n’est-elle pas à moitié pardonnée. Pour ce qui est de l’autre moitié, les oiseaux me la pardonneront je l’espère.

Point d’ouïe, auprès de mon arbre

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« Auprès de mon arbre je vivais heureux… » Georges Brassens

Plaisirs arborés

Depuis longtemps, je côtoie la gente sylvestre. Mes parents y marchaient longuement, cabanes et champignons. Mes grands-parents avaient une ferme au milieu des bois. Je suis né dans une région où l’exploitation forestière est une activité centrale, deux de mes oncles étaient bûcherons. J’ai fait des études d’horticulteur paysagiste. Et plus que jamais, je promène mes oreilles au gré des troncs et branchages, posant une oreille bienveillante sur les forêts rafraichissantes et les vieux arbres séculaires, dont ceux qui résistent encore à l’urbanisation bétonnante.

Bref, je parlerai ici de paysages sonores arborés, ou bien des arbres sonores, sonnants, auscultés…

« Auprès de mon arbre j’écoutais, et j’écoute heureux… ». Dans ce monde bruitaliste, l’adaptation de cette phrase, citée en exergue, et surtout sa mise en œuvre, peut nous faire le plus grand bien.

« Comme un arbre dans la ville » Maxime Le Forestier 1972

 

Dans un souffle, ou une tempête

Tout commence par une brise légère, un doux zéphyr qui caresse les branches et fait frissonner les feuillages. Ça bruisse, comme des chuchotements aériens. Parfois, ça grince, bois contre bois. Écoutez le peuplier tremble (Populus trémula) le bien nommé, qui chante sous le vent. Mais aussi le saule ou le roseau. Et plein d‘espèces dont le frisson diffère selon les vents et essences. L’arbre est parfois le révélateur du vent, celui qui lui donne corps en lui opposant une résistance audible. Parfois, sous un coup d’orage capricieux et imprévisible, les arbres se crispent, ploient, gémissent, résistent quittent à y laisser des plumes vertes, et parfois hélas, ils s‘écroulent terrassés dans de tristes fracas.

Parfois c’est de la main de l’homme, qu’ils sont abattus sans ménagement, dans le cris de tronçonneuses hurlantes ou de gigantesques machines aux bras coupants. Fracas toujours.

Verts ressourcements

Mais ils leurs arrivent de finir leur histoire séculaire après des siècles, voire des millénaires pour certains, ayant abrité de leur ombre bienveillante, et bercé de leurs murmures boisés moult promeneurs ou travailleurs fatigués. Ressourcement végétal.

Langage(s)

Prendre langue avec un arbre n’est pas langue de bois, tant s’en faut.

Si l’arbre pouvait parler (notre langage et d’autres encore) combien d’histoires fabuleuses nous raconterait-il, à fleur de nos tiges vertes étonnées. Mais on peut toujours les imaginer. Untel a vu de grandes révoltes, des hommes qui firent (ou défirent) l’histoire, l’arrivée des automobiles, de la ville qui les entoure maintenant, du temps qui passe, pour le meilleur et pour le pire…

Arbres à palabres, là où on se rassemble, où la société fait corps, où la parole circule, des histoires, des mythes, des contes, et de la vie politique du village. Un gros brin de sagesse fertile qui puise sa sève vive dans le terroir des vies, des hommes, des animaux, de la terre et du ciel… Et n’empêche pas hélas, les guerres tribales, ou autres.

Oasis et vertes allées soniques

Un parc, un bosquet ou une forêt urbaine, rien de tel pour se mettre au vert (physiquement) et se rafraichir les écoutilles, dites aussi les feuilles. Tout d’abord, la gente avicole s’y complait, et vient y faire ses vocalises perchées, ce qui est toujours plus agréable que le brouhaha des voitures toussantes et pétaradantes. Plantez des sorbiers des oiseaux (Sorbus aucuparia), eux-aussi bien nommés, et vous ne tarderez pas à voir et à entendre moult oiseaux faire une halte sur ce bel arbre, tout en légèreté qui plus est, ce qui ne gâche rien.

Toutes les allées de grands parcs, avec leurs alignements solennels d’arbres – le platane y règne souvent en maitre, parfois conduisant à de fastueuses demeures, sont des abris à sons oiseleurs, et non pas oiseaux-leurres.

Je pense ici à une forme d’installation sonore acoustique, végétale, pour le peu véritablement écologique. De quoi à garder l’oreille verte, voire même l’oreille ouverte.

Dans les aménagements urbains, ont pourrait parler d’écran acoustiques, phoniques autant que fauniques.

Et puis les arbres et grands arbustes constituent aussi ce que je nomme des oasis sonores. Espaces intimes, à l’écart des voitures, espaces de fraicheur, ilots de quiétude, où l’on peut converser sans hausser la voix, sans s’égosiller pour passer au-dessus de la rumeur urbaine. On en trouve aujourd’hui dans les parcs urbains, même de tailles modestes, et dans l’aménagement de trames vertes, parfois suivant les rives d‘une rivière ou d’un fleuve. Certaines places végétalisées offrent des belvédères (littéralement belles vues) en promontoires, qui déroulent la ville tel un plan-maquette sous notre regard, et qui peuvent aussi se révéler de beaux points d’ouïe. Quand la vue et l’audition sont privilégiées, et que la végétation nous fait échapper aux ardeurs du soleil, du reste de plus en plus ardent, ne boudons pas notre plaisir, et profitons en de tous les sens convoqués.

Ausculter, vers le cœur des arbres

Lorsque nous faisons plus qu’écouter le vent et les oiseaux dans les arbres, et que nous approchons notre oreille plus près, très près, jusqu’à la coller au tronc, à l’écorce. Geste empathique, intime s’il en fut. Et bien, grande déception, nous n’entendons rien. Point de battements du cœur des arbres, ni de circulation de sève… Sauf parfois, sur des bouleaux à l’écorce aussi fine qu’une feuille de papier, au printemps, dans un environnement calme, et sur des sujets pas trop volumineux, nous permet effectivement d’entendre les flux de sève au cœur de l’arbre. Et mieux encore si on est équipé d’un stéthoscope médical, objet loupe amplifiant les sons entendus, qu du reste j’utilise très souvent dans mes PAS – Parcours Audio Sensibles. Comme l’écoute de la sève est finalement compliquée et requiers une série de conditions très rarement réunies, je vais orienter autrement une écoute intime avec l’arbre, ses branchages, son feuillage, comme un geste actif, consistant à caresser lentement les matières végétales de la membrane d’un stéthoscope, pour en créer une musique assez surprenante. Des craquellements, petites percussions, frôlements, raclements… Il est en fait assez difficile de décrire ces expérimentations sonores, qui varient selon les matières explorées et les gestes auscultatoires des écoutants manipulateurs. Le lien de la vidéo ci-après donne un aperçu, même s’il y a, pour les besoin de l’installation dans un centre d‘arts, quelques effets rajoutés.

https://www.youtube.com/watch?v=5_SB8pyp5SE

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PAS – Parcours Audio Sensible desartsonnants – Grand Parc de Miribel Jonage – Armée du Salut de Lyon

Les amis artistes de Scénocosmes ont conçu une belle installation sonore, discrète, intimiste, mais très poétique, où ils proposent de coller notre oreille au tronc d’un arbre pour en écouter le cœur battre. Pulsations, c’est le nom de cette installation provoque un effet magique, apaisant comme le ronronnement d’un chat sur nos genoux, et qui nous met physiquement en contact avec l’arbre.

Qui n’a jamais éprouvé le besoin d’enlacer un tronc, d’en puiser l’énergie de sa sève circulante, ou de partager la force tranquille de ces colonnes végétales parfois séculaires.

kalé

@Scénocosme

 

Murmures de micro-forêts

L’artiste plasticienne, et sonore, Cécile Beau nous propose de tendre l’oreille vers une micro-forêt, maquette et condensé végétal qui bruissonne doucement. Cette installation sylvestre, au doux nom de Suma, nous fait tendre le regard et l’oreille vers ces espaces recomposés, comme par la main d’un paysagiste qui nous tendrait une loupe pour entrer dans la forêt par le petit bout de la lorgnette, et de l’oreillette, dans un monde à l’échelle décalé et poétique. Peut-être y verra t-on aussi une métaphore de la main-mise humaine, via des asservissements végétaux façon bonsaïs.

https://www.cecilebeau.com/suma/

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Sonner et faire chanter les arbres

Du plus simple geste, caresser le feuillage d’un arbre contre son oreille pour en écouter le chant intime, jusqu’à l’appareillage hyper technique, l’arbre se prête, notamment par sa morphologie accueillante, à moult expériences sonores et auditives.

Au-delà de ces bruissements sous les caresses d’Éole, on peut lui suspendre quelques objets, eux-aussi qualifiés d’éoliens, justement parce qu’il font chanter, sonner, carillonner, tintinnabuler, brises et zéphyrs, tramontane ou vent d’autan. J’aime d’ailleurs beaucoup suspendre, de façon éphémère pour ne pas abuser des sons, quelques carillons éoliens, souvent artisanaux, ici ou là, au branchage de géants verts, qui semblent apprécier ces sons cristallins. Pointillisme ou guide sonore dans un chemin d’écoute, en priant Dieu qu’il fit du vent (emprunt à Georges Brassens «L’eau de la claire fontaine»), même, et surtout un vent très léger.

L’arbre et le vent sont de vieux complices en ce qui concerne la musique des lieux.

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Carillons éoliens, Parcours sonores à Lausanne (Ch) Journées des Alternatives urbaines 2015

Autres façons de faire sonner une clairières, ou des arbres soulignant le tracé d’une allée ombragée, se servir des végétaux comme support d’installation sonore, tout en gardant un propos contextuel, voire en étroite relation avec le site, son histoire…

Je pendrai ici deux exemples auxquels j’ai activement participé.

Le premier concerne une installation sonore collaborative à la Saline Royale d’Arc-et-Senans, magnifique site architectural de claude Nicolas Ledoux. Cinq artistes, Aurélien Bertini, Ben Farey, Corsin Vogel, Pierre-Laurent Cassière et Gilles Malatray, aka Desartsonnants, auteur de ces lignes, se sont rassemblés à l’invitation de Lionel Viard, pour faire chanter une allée de tilleuls à l’arrière des jardins. Notons que l’installation a été dédié en hommage à l’artiste Étienne Bultingaire, disparu prématurément alors qu’il devait faire partie de l’équipe. Un Dispositif de diffusion sonore multicanal de 36 haut-parleurs nichés dans les arbres, sur une longueur de 200m a été créé de toutes pièces pour l’occasion, par le collectif 3615 Senor. Les Échos de la Saline, nom du projet puise essentiellement les sources sonores dans les ambiances environnantes, pour les retravailler, collaborativement ou individuellement, dans différents modes de diffusions. Ce dispositif fait voyager les sons tout au long de l’allée, dans une ambiance immersive, intime très mobile, pensée à l’échelle du lieu. Ce projet qui devait s’installer de façon pérenne dans le site, pour notamment accueillir des artistes dans des résidences d’écriture sonore, a été hélas, pour différents raisons, abandonné sans connaitre vraiment le développement escompté.

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Le deuxième exemple est un autre installation sonore perchée dans les arbres, d’où son nom de Canopée. Elle a mêlé sons et graphismes, avec l’artiste plasticienne et graphiste Sterenn Marchand-Plantec, dans une clairière du parc du château Buffon à Montbard (21).

La partie sonore était composée de chants d’oiseaux imaginaires, sons tricotés à partir de vraies sonorités avicoles triturées, où l’oreille pouvait parfois hésiter entre le réel et l’imaginaire. Hommage sonore à Buffon dessinateur naturaliste, mais aussi à Daubenton, autre célèbre naturaliste spécialiste de la dissection avec qui Buffon œuvra.

Durant presque quatre mois, jours et nuits, ces oiseaux-leurres chantèrent, perchés dans des arbres, avec une diffusion en mode aléatoire à partir de décalages de boucles sonores asynchrones. Les sonorités étaient très douces, perceptibles uniquement dans la clairière, sous des systèmes de douches. Elles incitaient à tendre l’oreille vers des oiseaux factices, mais en même temps sur l’environnement global et sur les vrais oiseaux qui cohabitèrent d’ailleurs joyeusement avec ces miroirs sonores installés. Comme souvent, une façon d’engager un dialogue avec la fragilité des espaces naturels, et ce que l’oreille nous en raconte, avec message en sous-jacent, la nécessité de protéger des espaces naturels, boisés, et habités d’une faune de plus en plus menacée.

Parallèlement, des PAS – Parcours Audio Sensibles furent organisés, ainsi que l’inauguration officielle de deux Points d‘ouïe.

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Canopée, Par Buffon à Monbard, Desartsonnnants et Steren Marchand Plantec – Musée Buffon, Ville de Montbard, CRANE-Lab

Les arbres qui chantent

Les Arbrassons de l’ami José le Piez sont, pour ceux qui les découvrent pour la première fois, une très belle surprise, tant pour les yeux que pour les oreilles, et les mains. José est un esthète, un artiste perceptuel qui met le corps en relation directe, sensible, avec son environnement. Élagueur, cueilleur de graines, sculpteur de sons et d’arbres, les deux étant ici indissociables, musicien plasticien, l’artiste installe des sculptures instruments taillées dans des tronc d’arbres. Arbres morts ou abattus pour d’autres raisons que pour la sculpture bien sûr. Il manie la tronçonneuse comme le burin, taille, polit, strie, encoche, et ses Arbrassons ainsi façonnés chantent de la plus belle des façons sous la caresse de nos mains humides. Une mélodie sylvestre envoûtante, entre douce plainte et chant de sirènes que l’on fait naitre de nos caresses, belle communication entre l’arbre et l’humain qui prolonge la vie végétal en lui donnant de la voix, dans un contact physique très sensoriel, intime, affectif. L’artiste sculpte, installe, donne des concerts avec d’autres amis musiciens, dont Benat Achiary, merveilleux chanteur improvisateur basque, lui aussi un très belle personnalité. Vous l’aurez sans doute compris, je suis un grand admirateur du travail de José, et apprécie beaucoup la profonde humanité de cet ami que j’ai à chaque fois un grand plaisir à croiser, généralement en forêt.

https://www.youtube.com/watch?v=bTcmDvVmqYk

josé

 

Retour aux arbres

Je parlerai ici d’une rencontre forestière qui me tient tout particulièrement à cœur, que je suis, et à laquelle participe, depuis sa toute première édition bisontine. Il s’agit de Back To The Trees, rassemblement autour de l’arbre d’artistes, qu’ils soient gens du son, de l’image, du théâtre, des arts plastiques, graphiques, de la danse, du conte, mais aussi philosophes, forestiers, chercheurs et autres passionnés par la sylve. Beaucoup auront sans doute reconnu l’origine de ce titre, référence explicite au célèbre roman « Pourquoi j’ai mangé mon père » de Roy Lewis, fable préhistorique et déjà prônant, avec un humour ravageur, l’esprit de la décroissance – revivre comme des singes.

Bref, né dans des forêt du Doubs, sous l’impulsion de Lionel Viard, Back To The Trees rassemble chaque année, sauf hélas celle où j’écris ces lignes, crise sanitaire oblige, de 18 heures à 00h00, un bon nombre d’artistes, tout champs confondus, qui vont installer, performer, conter en forêt, autour et dans les arbres. Une large partie se déroulera entre chiens et loups et en nocturne, avec des ambiances qui décalent joliment nos sensations, au gré d’un cheminement qui mènera le promeneur de surprise en surprise. Pour beaucoup d’entre nous, participants, organisateurs, public, c’est une très sympathique façon de nous retrouver en fêtant l’arbre, dans une forme de rituel coloré, tout en sons, en lumières, en formes éphémères, en corps dansant, au cœur de la forêt bienveillante.

http://www.backtothetrees.net/fr/

BTTT nidÉc(h)ographisme – Performance sonore et visuelle de Gilles Malatray (France) et David Bartholoméo (France) présentée à Back To The Trees le 30 juin 2018 à Saint-Vit (France, Doubs) @photo David Bartholomeo

 

 

Pour en conclure avec les arbres, provisoirement.

Il y aurait encore tant à dire.

Il y a encore tant à faire.

Il nous faut choyer les arbres.

Les écouter longuement.

Les inviter de plus en plus jusqu’au cœur de la ville.

Les protéger de notre mieux.

S’inspirer de leur calme séculaire comme d’une sagesse à partager.

Se promener sous leurs ramures.

S’y abriter de chaleurs écrasantes.

Se frayer des sentiers forestiers, pour sortir des sentiers battus.

Les laisser accueillir mout oiseaux, écureuils et autres faune y trouvant refuge.

Se battre contre les monocultures mortifères, les déforestations massives, les abattages sauvages…

Les écouter encore…

Lyon, Juillet 2020

 

PAS armée salutPAS – Parcours Audio Sensible en sous bois – Grand Parc de Miribel Jonage – Armée du Salut , Lyon

 

Quelques autres pistes boisées à suivre

Forêts et villes durables (revue)

Des arbres et des hommes (émissions radiophoniques France Culture)

D’écrire les arbres (projet Desartsonnants)

Points d’ouïe, installer l’intangible

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Installer sans presque rien installer
Ne rien ajouter
Ne rien enlever non plus
Ne rien modifier, pour ce qui est du sonore
Et pourtant installer
Ne rien installer d’autre que ce qui est déjà en place
ou disparu
ou en voie de l’être,
ou naissant
ou à venir
ou en transition/métamorphose
Ne pas installer d’autres sons que ceux qui se font déjà entendre, ou qui le feront
Par contre
Installer des Points d’ouïe
Installer des mises en situation
Des mises en condition
Des espaces d’écoute
Des haltes auriculaires
D’autres amènes oasis
Disposer ici et à
Quelques chaises en rond
Alignées
En file indienne
Face à face
Dos à dos
Dispersées
Nomades
Selon l’envie
Selon les lieux
Selon les sons
Des bancs aussi
Des nattes
Des tapis de sol
Des Hamacs
Des transats
Mais toujours pas d’autres sons
Que ce qui veulent bien être là
Et il y en aura toujours
Sinon, installer le silence
Utopie s’il en fût
Installer des signalétiques
Des cadres d’écoute
Des visées auriculaires
Des consignes/conseils/propositions/suggestions
Des phrases décalées injonctions à l’écoute
Des espaces de rêve aussi
Une clairière au creux des sons
Installer des objets amplificateurs
Une cabane affût
des longue-ouïes
A la rigueur un mobile tintinnabulant doucement
Un parcours balisé
Suivant la rivière
Une sente forestière
Une ruelle
Installer l’écoutant
Installer l’écoute
Des postures d’écoutes
L’écoute même.

 

desartsonnants@gmail.com

 

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Point d’ouïe, la feuille tout près des arbres…

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PAS – Parcours Audio SensibleGrand Parc de Miribel Jonage, avec Abi Abo et lArmée du salut Lyon

 

Mon éternel Back To The Trees

Tout d’abord, une branche de ma famille, paternelle en l’occurrence, se nomme Sylvestre. Un signe généalogique ?

J’ai d’ailleurs constaté que je me suis toujours bien entendu avec les Sylvain(e), Sylvie, Silvia, Silvana, Sylviane, sans toutefois rencontrer de Sylphides, si ce n’ai dans l’œuvre Wagnérienne.

Dans mes premières lectures d’épopées médiévales de Chrétien de Troyes, la forêt, passage initiatique de futurs chevaliers me fascinait, tout autant que celle, appel, terre d’aventure et d’humanité, de Jack London.

Mon père d’ailleurs, passionné de forêts, en a planté, entretenu, et mes parents m’ont moult fois emmené y faire des cabanes, ou apprendre à traquer la girolle et le charbonnier, ou simplement arpenter ses chemins escarpés.

Deux de mes  oncles étaient bûcherons. Et là encore j’ai vu de près le travail au corps de la forêt. Je sens encore l’odeur, de résine, à la fois douce et prégnante, qu’il ramenaient à la maison.

Dans mes premières études d’horticulteur paysagiste, j’ai appris à le connaître, reconnaître, nommer, classer, planter, agencer, entretenir, apprendre leurs spécificités, quels étaient leurs sols et expositions préférés…

J’ai appris également, progressivement à distinguer le frémissement, le chant éolien d’un Populus Tremula (peulpier tremble) de celui d’un verne, d’un saule pleureur ou des grands roseaux…. Et parfois quels oiseaux aiment à s’y poser et chanter à l’abri des profondes frondaisons.

La rencontre d’Élie Tête, fondateur de l’ACIRENE, et admirateur des arbres, de leurs formes, couleurs, senteurs, avec qui j’ai appris à écouter et comprendre en partie l’environnement sonore, à en faire paysage, n’a fait que renforcer cet attrait sylvestre.

 

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Campus Corpus, exploration /auscultation sensible de la Doua, avec Patrick Mathon et Natacha Paquignon

 

Aujourd’hui encore, et sans doute plus que jamais, mes PAS – Parcours Audio Sensibles, traversent des forêts, des parcs, des bosquets, rencontrent beaucoup d’arbres, isolés ou en groupe, jusqu’au cœur même de la cité.

 

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Auscultation PAS – Lausanne (CH), avec Jeanne Schmidt, Journées des alternatives urbaines

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PAS – Parcours Audio Sensible – Grand Parc de Miribel Jonage, avec Abi Abo et lArmée du salut Lyon

Je les touche, les effleure, les caresse, colle mon oreille contre ou dans leurs feuillages, les ausculte et même en enregistre le chant de leurs écorces, épines, feuilles, grâce à des stéthoscopes trafiqués, bidouillés pour ce faire. Je les donne à entendre aux promeneurs écoutants que j’accompagne. Gardez grande ouvertes vos feuilles toujours vertes.

Je participe depuis quelques années, depuis sa naissance, à toutes les éditions du festival Back To The Trees (BTTT) en Franche-Comté. Nous nous retrouvons ainsi, artistes sonores, plasticiens, musiciens, graphistes, sculpteurs, poètes, performeurs… en fin de journée et de nuit, à construite un parcours sensible autour de l’arbre et dans la forêt. De superbes rencontres en chemins forestiers et clairières nocturnes.

 

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Installation sonore Canopée – Château Buffon à Montbard, avec CRANE Lab, dans le cadre du festival ex-voO (21)

 

J’ai d’ailleurs été invité ces dernières années à mettre en place, avec Sterenn Marchand Plantec, une collègue plasticienne, une installation sonore et visuelle « Canopée », dans un sous-bois du château de Buffon à Montbard. Buffon, un immense encyclopédiste, dessinateur naturaliste, célèbre entre autre pour ces planches d’oiseaux nous invitait là dans un cadre idéal pour installer dans les arbres de vais faux-oiseaux, qui chantèrent plus de trois mois jours et nuit, mais discrètement pour ne pas déranger la vraie gent oiselière. Et ils firent assurément bon ménage ! Quand au public, une façon de leur rappeler les beautés et fragilités de nos écosystèmes.

 

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Échos de la saline – Saline Royale d’Arc et Senans (25)

 

Parallèlement, j’installai d’autres sons, les échos et résonances de la Saline Royale d’arc et Senans notamment, dans une allée de tilleuls bordant les jardins de ce superbe site. Invité par Lionel Viard et l’équipe de la Saline, un collectif d’amis férus de sons, créé et réuni pour l’occasion, plancha sur un dispositif de diffusion sonore totalement inédit, conçu pour le lieu. Œuvres collectives et individuelles s’y répondirent, de voix en échos, de piaillement en ruissellements, le tout voyageant d’arbre en arbre, de branche en branche, venant cueillir ci-et -à l’écoute du visiteur surpris, ne sachant où donner de l’oreille. Les échos de la Saline.

Bref, toujours des arbres au centre de l’histoire sonore qui se construit au pas à pas. Peut-être une sorte de tronc (commun), solide colonne vertébrale et auriculaire.

J’aime parfois à leur suspendre temporairement quelques légers mobiles éoliens tintinabullants sous le souffle d’Éole

 

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Dans mes promenades urbaines, je recherche l’abri, l’ombre protectrice, la présence réconfortante d’un arbre jouxtant un banc, banc d’écoute il s’entend, tout en m’inquiétant pour ces vénérables végétaux. Je crains pour leur survie, devant les massacres écologiques en cours, prenant conscience de leur fragilité qui nous renvoie à la notre propre.

Gilles Malatray Desartsonnants

Banc d’écoute sous un arbre – Festival City Sonic à Mons – Sonic Radio avec Zoé Tabourdiot

 

Les arbres, je les écoute plus que jamais, respectueusement, tentant de tirer de la sève circulant dans les entrailles de leurs troncs séculaire, l’énergie nécessaire pour faire entendre les choses, qui vont comme elles vont, dans leurs aménités intrinsèques comme dans les crises les plus alarmantes.

 

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Installation d’écoute, sous les arbres exactement – Ceamins de traverses Grand Parc de Miribel Jonage, avec Abi Abo

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Inauguration d’un Point d’ouïe – Prieuré de Vausse (21) avec CRANE Lab, dans le cadre du festival ex-voO (21)

Point d’ouïe, FluxOdiOcartO

PAS – Parcours Audio Sensible et cartographie sonore

FluxOdiOcartO est une action/installation audio-paysagère qui mixe en temps réel des ambiances sonores locales, pour nous les faire voir et entendre autrement. Nous fabriquons ainsi une scène acoustique et une cartographique singulière, à la fois bâties sur des points d’ouïe emblématiques, captés in situ, identifiables, et sur un brassage sonore permanent réalisé par une sorte d’audio-morphose numérique. Cette exploration auditive nous fera percevoir un paysage auriculaire en perpétuel mouvement, naviguant entre un terrain (re)connu et d’autres inouïs, mais toujours alimentés par le terreau sonore local, les ambiances du cru. C’est une façon ludique et prospective de (re)découvrir des territoires auriculaires environnants, de la concrétude du paysage arpenté jusqu’au qu’à son interprétation via le dispositif de monstration.
Entre apparition et disparition, cette installation, par de multiples morphings et polyphonies tissées en contrepoints, pose non seulement la question de l’identité sonore des lieux, de ses esthétiques, mais aussi de l’équilibre fragile, voire du déséquilibre acoustique, liés à une saturation ou à une paupérisation sonore tout aussi sclérosante. Ces dysfonctionnements chroniques se réfèrent et font écho aux concepts de l’écologie sonore, développés depuis les année 70 par le compositeur et chercheur Canadien Raymond Murray Schafer.
Et avec ta ville, ton quartier, tes lieux de vie, d’activité, comment tu t’entends ? la question est posée !
Entre musique(s) des lieux et questions environnementales, sont convoquées des approches esthétiques, tout autant que des problématiques liées au confort ou inconfort d’écoute, jusqu’au niveau de l’insupportable, de l’intolérable. En contrepartie, sont aussi abordées les questions des aménités paysagères, du plaisir d’entendre, de s’entendre, voire de bien s’entendre, réflexions primordiales entre toutes ici.
Ce travail, dans ses différentes phases d’élaboration ou dans sa globalité, peut faire l’objet d’ateliers partagés, outdoor/indoor, avec et pour différents publics.
Il peut également être complété par l’inauguration officielle d’un point d’ouïe. https://desartsonnantsbis.com/2016/05/23/inaugurez-votre-point-douie/

 

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Phasage

Phase 1 : Se promener dans une ville, un quartier, un espace rural, naturel, un site spécifique,…Écouter, repérer des points d’ouïe emblématiques, des ambiances caractéristiques (cloches, fontaines, acoustiques réverbérantes, échos, marchés, commerces…).

Phase 2 (en règle générale concomitante à la phase 1): Enregistrer des séquences sonores caractéristiques pour esquisser un paysage auriculaire des lieux investis, élaborer la construction d’une cartophonie in progress, d’un cheminement intra muros, un PAS – Parcours Audio Sensible.

Phase 3 : Positionner les sons et ambiances, les géolocaliser comme des Points d’ouïe sur une carte numérique, audio-géographique dédiée, aux paysages sonores, en prenant soin de les taguer et renseigner très précisément.

Phase 4 : Mettre en place un player multipiste, application qui mixera de façon aléatoire deux à 4 points sonores des lieux investis, avec la possibilité de les travailler/jouer en live lors d’une audition/performance, à la suite d’un PAS collectif, in situ.

Phase 5 : Mettre en scène la projection de la carte sonore qui se modifiera en même temps que les sons seront mixés, aléatoirement, en faisant voir les points écoutés et des liaisons mouvantes entre les différentes sources mixées (fond de carte et multi-player Open Source Aporee).

 

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Dispositif
Un espace d’installation plutôt obscur et acoustiquement isolé.
Un ordinateur relié à internet.
Un vidéo-projecteur.
Une surface de projection (assez grande).
une système se diffusion sonore de bonne qualité (2 ou 4 HP).
Une ville, un quartier, un site naturel et leurs ambiances à cueillir à fleur de tympans et de micros, des résidents, acteurs potentiels.

Timing
2 à 4 jours de repérage/écriture, voire une résidence artistique de quelques semaines à quelques mois, enregistrements in situ, dérushage et mixage des sons, création sonore contextuelle…
1 journée d’installation, pouvant être finalisée par un concert mixage audio-paysager en live, un ou plusieurs PAS – Parcours Audio Sensible publics…
L’installation pourra se poursuivre ensuite de façon autonome.

Intervenant(s)
Une personne, artiste sonore, promeneur écoutant, avec éventuellement d’autres acteurs associés, des participants à des ateliers dans les lieux d’accueil (Centres culturels, écoles, écoles de musiques, structures d’éducation populaire, conservatoires de musique, Beaux arts…).

Ce projet recherche des lieux de résidences, d’accueil, et équipes susceptibles   de ramifier et mailler des territoires/paysages sonores dans une synergie d’écoute partagée. Qu’on ce le dise !

 

Desartsonnants,
L’art du paysage sonore
Gilles Malatray-Desartsonnants
34, rue Roger Salangro 69007 LYON
28, rue Lamartine 69003 LYON
Skype : desartsonnants
Portable :07 80 06 14 65
desartsonnants@gmail.com

 

Postures – Installations d’écoute(s) collective(s)

Version forestière

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Se tenir debout, longuement, immobile, au cœur de la forêt, et l’écouter bruisser. Aujourd’hui, ma recherche questionne les façons d’installer une forme d’écoute performative, via différentes postures physiques et mentales, quelque soit le lieu (nature/urbanité…) et de préférence en groupe.

Version panoramique

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Belvédère acoustique… Dominer le sujet ? pas vraiment certain d’y parvenir à ce jour…

La question de la posture, ou des postures, comme une façon d’installer de nouvelles formes d’écoute, donc de nouveaux paysages sonores, pose une problématique qui irrigue et alimente mes travaux, tant dans le faire que dans la réflexion. Comment donner vie à une écoute intense, collective, par quelles postures physiques et mentales ? Comment plonger ses oreilles dans une forêt comme en centre ville, en périphérie comme dans des sites architecturaux, en les transformant en scènes auditives, en installations sonores permanentes ? Et par delà, se pose la question de comment partager ces constructions sonores à un groupe, via des gestes performatifs, oscillant entre marche et immobilité ?

Version urbaine

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La notion de groupe partageant une même (in)action, in-action, notamment celle de l’écoute est bien au cœur du questionnement. Comment mettre en place des espaces d’écoute par des formes de rituels, de cérémonies, la création des micro communautés éphémères d’écoutants ? Comment la trace du geste accompli  pourrait, à contrecoup, influencer (durablement) des sensibilités plus actives ?  Autant de terrains restant très largement à explorer… Jeux de l’ouïe, le chantier est vaste et d’autant plus passionnant.

« Donc, si vous voulez, mon art serait de vivre ; chaque seconde, chaque respiration est une œuvre qui n’est inscrite nulle part, qui n’est ni visuelle ni cérébrale. C’est une sorte d’euphorie constante. »
Marcel Duchamp

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ATELIERS PÉDAGOGIQUES LAND ART ET ÉCOLGIE SONORE

FINALISATION DU PROJET « LAND’ART ET ECOLOGIE SONORE » LORS DU STAGE DU 19 – 20 – 21 MARS 2014

LYCÉE AGRICOLE JEANNE ANTIDE DE REIGNER (74)

 

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Suite à des précédentes visites, parcours land’art à la ferme de chosal, visite de l’exposition Fra Angélico au lycée St Michel à Annecy, suite à l’expérimentation des ateliers Art de l’Ecoute animés par Nathalie Misiak formée à la méthode François Louche, les élèves de terminale Bac Pro Vente en Animalerie ont pu concrétiser leurs expériences au sein d’un stage de 3 jours conduit par Gilles Malatray Des artsonnants et l’enseignante en ESC, Régine Degioanni.
La classe des TCVA2 accueille Gilles Malatray pour vivre une initiation à la création sonore et environnementale.
A travers sa profession de paysagiste et de musicien, Gilles Malatray allie les 2 domaines.
L’idée de ce projet a été de concevoir des constructions à base de matériaux de récupération, détournés ou naturels, en lien avec l’écoute des lieux, d’inviter à travers des indications/injonctions les promeneurs à écouter ou provoquer des sons, de mettre en éveil une écoute de l’environnement sonore empli de sonorités quotidiennes qui pourraient passées inaperçues.
En amont, les 19 élèves ont pu découvrir quelques réalisations grand format ou petit format créées par Desartsonnants, aborder quelques notions de lecture de l’image, de créations sur matériau naturel, de peinture, de réalisations musicales, de notions telle le Field recording, land ‘art lors des cours d’ESC.
L’écoute a été stimulé courant janvier 2014 par les interventions de Nathalie Misiak lors des ateliers de l’Art de l’Ecoute méthode François Louche.
Les capteurs sensoriels ont pu être activés et recevoir toutes ces informations intellectuellement et sensoriellement.
Neufs de ces expériences, les élèves ont redécouvert le lycée : ausculté la sonorité de ses matériaux, de ses espaces avec leurs capteurs sensoriels et aussi à l’aide de stéthoscopes: la table de ping pong, l’eau sur les pierres de la fontaine, le vent sur une paroi….

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Chacun des 3 groupes a choisi un lieu et réalisé une production visuelle et sonore selon l’écoute et les matériau disponibles: bambou, intérieur de néon, cerceaux, pomme de pin pour le mouvement en collier, parasol comme support, mobile lumineux, clochettes, galets, hamac …
Trois jours pour percer, clouer, entrecroiser, scier, coller, creuser, fixer, défaire, refaire, changer de matériau, trouver le bon outil, préciser le geste… construire des invitations signalétiques autour de ces réalisations et offrir au public collégien et lycéen la possibilité de faire sonner, regarder, gratouiller, écouter le lieu, mais aussi au public de la porte ouverte du 22 mars 2014 qui a été invité à parcourir les 3 oeuvres collectives:

Les arcs en eau qui tintinnabulent au-dessus de la mare en rythme avec la fontaine.Le métal découpé vient répondre au miroitement de l’eau, les bambous attrapent le vent et murmurent quelques contes aux poissons, premiers auditeurs de nos compositions. Leurs visites régulières  et tranquilles, à fleur d’eau, semblent nous indiquer que leur habitat n’est  pas  dérangé.

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Les arbre à sons et à lumière que dame nature invite à faire sonner délicatement au dessus du self. Ici l’endroit est venté et les carillons d’aluminium et de perles se mettent en écho avec les bâtiments.
Les CD tournoient, miroitent dans l’herbe, animent cet espace plutôt brut.

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Zen Song qui allie discrètement au sein de la cour, la pierre et le bambou.
Le visiteur est invité à faire rouler des cailloux dans le creux des bambous, à entrechoquer les pierres, à jouer avec le «bambouphone ».
Les sonorités sont fines et se posent délicatement sur cet espace, il faut tendre l’oreille; un stéthoscope est à disposition pour ausculter la matière comme on écoute un rythme cardiaque.

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Nous remercions Gilles Malatray pour son intervention, le Conseil Régional pour son financement dans le cadre du dispositif Eurêka, thème club culture et le lycée pour son soutien logistique.

Sources de l’article, Lycée Jeanne Antide de Reigner (74)

POINTS D’OUÏE – MALVES EN MINERVOIS EN ÉCOUTE

MALVES EN MINERVOIS  EN ÉCOUTE

PARCOURS D’ÉCOUTE ET INSTALLATION SONORE

Invité dans le cadre du festival « Mai numérique » à Malves en Minervois, je m’installe une semaine dans ce beau vilage entouré de vignes, logé dans un chateau s’il vous plait. J’arpente le village et ses alentours de nuit comme de jours. j’en tire une carte postale sonore qui sera installée dans une salle voûtée obscure, et retraitée en temps réelle de façon plus ou moins aléatoire. Cette installation sonore servira de point d’arrivée à des promenades écoute.

REPÉRAGE

Exploration Nocturne

« Je rentre tout juste d’une première promenade écoute nocturne à Malves en Roussillon. Petit village niché à flanc de coteau, au milieu des vignes, des champs et des forêts; l’écoute y est de l’ordre du « Presque rien », pour paraphraser Luc Ferrari. Mais c’est justement ce qui fait tout. Pas de pollution automobile (deux ou 3 autos croisées en 1H30 environ), chaque son, glougloutis de fontaine, chiens aux loin, cloches, murmures derrière les volets; oiseaux nocturnes, pas résonnant dans les étroites ruelles, grésillement de transformateur… contribuent à ciseler un espace d’écoute joliment bruissonnant. Le magnétophone à d’ailleurs du mal à transcrire ce fourmillement synesthésique nocturne ou sons, vents, odeurs et lumière émoustillent les sens en alerte. La suite avec une exploration diurne…

Exploration diurne

« Chaque lieu exploré à l’oreille, chaque séjour dans un espace sonore, urbain, rural ou naturel, nous invite à construire un récit tissé d’images sonores. Hier, à Malves en Minervois, une exploration auriculaire diurne, pour faire suite à celle nocturne de la veille. Et toujours ce sentiment de calmé posé, où chaque son prend sa place sans qu’aucun ne vienne s’imposer. Un doux récit emprunt d’une certaine sérénité, construit par le pointillisme d’une multitudes de bribes sonores fugaces.

 » Une brèche sonore plus imposante excite cependant le bas du village, par la porte ouverte d’un atelier de menuiserie ébénisterie. A la sympathique invitation de l’artisan maître des lieu, j’y entre et capte les hurlements et stridulations aigus des scies circulaires et raboteuses. En ressortant, par effet de contraste le village ne m’en paraît que plus calme. 10H30, l’école déverse dans la cours de récréation un flot de jeunes enfants. Leurs voix égaient soudainement le centre du village. 11H, la cloche haute perchée sur son campanile leur répond en contrepoint bien sonnant. Chaque élément se met en place en même temps qu’il construit ce récit topophonique, paysage sonore Minervois. Charge à moi maintenant de le réécrire, à ma façon, mais sans en trahir la sonorifique moelle. »

http://desartsonnants.tumblr.com/post/91667557936/balade-sonore-malves-en-minervois-festivalMai Numérique : http://www.graph-cmi.org/

Annexe : Bancs d’écoute à Malves