Je ne connais que couic, cui-couic aux zaffaires zoizelières, à leurs ramages, plumages et autres fromages…
Guère plus en leurs chants syrinxées, pépillages et bavardages compris…
Certes, je reconnais parfois une pie criarde, un pigeon roucouleur, un martinet strideur, une chouette hululante, guère plus.
Je les repère de l’oreille, comme d’incontournables narrateurs, du platane urbain au chêne cévenol, de jour comme de nuit. Ils sont acteurs incontournables, faiseurs d’audio-paysages, en alerte, en quête territoriale, semble-t-il… Mais les ornithologues déchiffrent.
Lorsque leurs voix se taisent, l’espace hélas se paupérise, nous renvoyant à nos propres désastres en chantier.
J’admire leur persévérance entêtée, le tissage itératif comme un ruban volubile inlassablement déroulé au fil des heures et des saisons.
J’admire leurs façons de pointiller l’espace, de le traverser en flèches soniques, d’en marquer des lisières, des orées, des allées, des frontières aussi, des heures, des friches embroussaillées résistantes au bitume.
J’imagine leurs audaces en aubades et sérénades amoureuses, viens dans mon petit nid et oiselons en c(h)œur.
Vinciane Despret l’a raconté, d’autres l’ont enregistré, certains en on fait musique*.
Oiseleurs et oiseaux-leurres, à chacun sa facétie.
J’aime les oiseaux du bout de mes oreilles paraboles.
*Clément Janequin, Olivier Messiean, Bernard Fort…
Notes concernant la pièce sonore :
Une pièce en forme d’installation sonore autour de l’univers avicole. Attention, ceci n’est pas un enregistrement de « vrais » oiseaux, mais un paysage sonore totalement oisonirique. Toute ressemblance avec une espèce existante n’est pas forcément fortuite.
Aucun mauvais traitement, hormis les traitements audionumériques, n’a été fait aux espèces enregistrées ici.
Je prie mes amis audionaturalistes, biophonistes, ornithologues, et même musiciens, de bien vouloir m’excuser pour toutes ces histoires sonores incongrues, j’en conviens. Mais faute avouée n’est-elle pas à moitié pardonnée. Pour ce qui est de l’autre moitié, les oiseaux me la pardonneront je l’espère.