Le corps Son/Silence et entre-deux

Se mettre à l’écoute implique une adhésion maximale du corps, au delà des oreilles, une implication de la tête au pied, dans toute les fibres sensibles mises en sympathie, en syntonisation.
La peau les pieds, les os, comme une caisse multi-résonnante et vibrante.
Le mouvement lent, immergé, situé, convoque une chorégraphie écoutante, créant du mouvement dans une géographie sensible, traçant des architectures et des cartographies sonores.
La pause, le plan fixe, la position assise, allongée, adossée, l’arrêt sur son(s), le point d’ouïe, sont autant de postures développant des antennes sensorielles dans tous les plans de l’espace audio environnant.
Les traversées, les passages dedans/dehors, les sas, les espaces transitoires, orées, lisières, sont franchis, perçus, habités comme de potentielles ouvertures/fermetures, des élargissements/rétrécissements, estompages/amplifications, des filtres audio colorant…
Le corps et le son se font (presque) silences, entités complices, en se fondant dans un espace symbiotique où l’écoutant récepteur est en même temps reçu, écouté à son tour, pris dans un processus d’envois et de d’accueils ondulants.
La nuit, la forêt, la ville crépusculaire, les rives d’un lac aux eaux étales, sont autant d’espaces possibles, où installer, déployer, partager une écoute physiquement et mentalement transcendée.
Entre laisser-aller et immersivité active, lâcher-prise et sensibilité déployée, corps abandonné et conscience développée, entre mouvement et immobilité, sons et silences, mille espaces de balancements, d’oscillations, alternent et se superposent.
La marche, tout comme la contemplation immobile, sont des ouvertures sensibles offertes au corps récepteur et accueillant.
Les interstices entre sons et silences offrent des terrains auriculaires aussi riches que fragiles, où peuvent se construire des écoutes, où toute chose, vivante ou non, est respectable et digne d’intérêt.
Il nous faut sans cesse trouver, expérimenter, les postures le plus en adéquation que possible avec le lieu et le moment, la présence et l’absence.
L’écoute est une façon d’être au monde, ouverte, attentive, critique, positive, stimulée de protopies en chantier, de défis en devenir.

Paysages sonores et créations polymorphes

Dans la création audio, un paysage sonore est un objet, une œuvre, hautement polymorphe.

Trace et mémoire, représentation, interprétation, imaginaire, projet prospectif, arts et sciences, rituel et célébration, espace immersif dedans-dehors, recherche-action, recherche-création, interactions performatives et in-corpore, militance écosophique, matérialité et virtualité, contemplation et distanciation, mobilité et point d’ouïe, récits croisés et indisciplinarité, technologie et dénuement minimaliste, politique, véracité et fiction, dans et hors-le-murs, in situ et volatilité, permanence et furtivité éphémère, poétique et poïétique…

Toute une gamme de gestes, de postures, de scénari, de mises en situations, d’installations, de contextuatisations/décontextualisations… permettent d’imaginer, de fabriquer et de donner à entendre d’innombrables potentiels inouïs

Gestes d’écoutes, du machinal à l’intentionnalité

L’écoute machinale
Une grande partie des sons captés par nos oreilles le sont de façon inconsciente, sans leur prêter attention, comme une action qui fait tellement partie de notre quotidien, qu’elle en devient « invisible », à défaut d’être inaudible. Il nous serait d’ailleurs impossible d’être constamment en écoute « active », sur le qui-vive, situation qui deviendrait bien vite invivable.
Comme l’air que nous respirons, via le geste vital de la respiration, l’écoute se déroule en une fonction physique, nous permettant entre autre de nous repérer dans notre environnement, l’espace, et aussi le temps.
Parfois, une sources inconnue, incongrue, nouvelle, esthétiquement intéressante ou insupportable, le ressenti d’un danger potentiel, vient nous alerter et nous fait tendre l’oreille, avec la volonté de focaliser notre écoute sur un objet, un lieu, une situation.

Le(s) geste(s) de tendre l’oreille
Lorsque l’on travaille sur le paysage sonore en tant qu’objet d’étude, que source de création, nous passons, à certains moments, d’écoutant passif à celui d’écoutant ayant la ferme intention de prêter l’oreille, de porter attention, de choisir lieux, moments et sources écoutables.
Il y a donc là une intentionnalité, un geste d’écoute qui devient volontaire, conscientisé.
L’expression tendre l’oreille est d’ailleurs significative, montrant bien l’aspect physique de l’action, une gestuelle auditive et la mise en condition du corps et der l’esprit pour être un écoutant ayant une parfaite conscience de sa « captation » du monde sonore environnent.

Des choix spatio-temporels
Décider de se mettre en écoute, ou à l’écoute, d’appréhender voire de construire un paysage sonore entre nos deux oreilles, nous fait opérer des choix stratégiques.
Le lieu de l’écoute, ses ambiances, ses sources, et même des cadrages auriculaires précis, face à un torrent, au centre d’un marché, dans une ruelle étroite…
Le moment de la journée, de jour ou de nuit, entre chiens et loups, l’époque et la saison sont également des critères de choix qui participeront à entendre des ambiances et sources parfois radicalement différentes d’un moment à l’autre.
Le geste d’écoute est sciemment conceptualisé en fonction de nos objectifs, faire entendre un lieu calme, animé, des sources ciblées, telles des voix, des cloches, de l’eau…

L’affectif aidant
Nos choix sont sans doute, au-delà de leur volonté monstrative, si ce n’est démonstrative, du discours porté, de l’état des lieux, de la militance, influencés par certaines affinités auriculaires.
Ce qu’il nous plait d’entendre, il nous plaira de le faire entendre.
Le partage d’écoute, qu’il soit physique, sur le terrain, ou via un média délocalisé, retransmis, est d’autant plus fort que les sujets proposés nous tiennent à cœur, et à oreille oserais-je dire.
Pour moi, donner à entendre des cloches, des flux aquatiques, des voix humaines sur un marché… guide souvent le fait de tendre l’oreille, et la façon dont je le ferai, ou proposerai à un groupe de le faire avec moi.
La création sonore qui pourra résulter de ces écoutes, des enregistrements audio, sera forcément subjective, teintée d’affects personnels, même plus ou moins conscients.

Les postures, mettre un corps en situation d’écoutant
Toujours dans le prolongement, ou plutôt dans la concrétisation, l’incarnation du geste d’écoute, notre corps cherche les meilleurs postures pour activer une écoute optimale, autant que faire ce peut.
Immobile, en marchant, yeux fermés, allongés, l’oreille collée à, parfois à l’aide d’objets « sthéthoscopiques »… nous expérimentons moult postures, tant physiques que mentales, inspirées par la contextualisé ambiante, le réflexe du moment, la dynamique d’un groupe, la volonté d’aller vers le micro ou le macro, vers le sensationnel ou l’infra ordinaire…
Le corps et l’oreille se tendent de concert, s’adaptent, inventent, jouent, pour rendre les gestes d’écoute non seulement volontaires, mais actifs, et qui plus est passionnants dans leurs motivations et finalisations.

Aller-retour et attention
Les moments où nous sommes de « simples » entendants, qui agissent machinalement, et ceux où nous devenons des actifs écoutants ne sont pas forcément figés dans une posture immuable et cloisonnée. Les passages d’une posture à l’autre, d’une attention à une autre sont fréquents.
Les situations d’écoute nous font parfois papillonner entre une attention soutenue et une rêverie à l’humeur vagabonde.
Garder une concentration de l’oreille sur de longs moments est d’ailleurs assez difficile. Beaucoup de pédagogues en savent quelque chose, mais aussi tout auditeur, si attentif fût-il, à un concert ou à une conférence.
Bien sûr, concernant le paysage sonore, l’écoute consciente et volontaire souffre également de méconnaissance, celle parfois d’un territoire qui nous est si familier qu’il en devient invisible, et de fait inaudible, comme celle d’une pratique d’auditeur. Le geste d’écoute que je qualifierais d’environnementale est beaucoup plus rare, presque plus étrange et incompris, que celui de porter un regard et un jugement sur le paysage.
Dans le processus d’immersion, d’appropriation, et parfois d’analyse, les aller-retour entre le fait d’être entouré et celui d’observer – écouter sciemment ce qui, nous entoure, est monnaie courante.
Ce qui l’est moins, c’est le fait d’installer une écoute, de développer des gestes sensibles, dans une posture d’observateur entendeur impliqué. Être écoutant n’est pas chose simple, dans un monde de plus en plus complexe, à la limite du vertigineux, aux équilibres, y compris vitaux, de plus en plus incertains.
Le monde et ses habitants, au sens large du terme, n’appartient pas à celui qui l’écoute, mais il se révèle d’autant plus dans ses forces et fragilités, ses tensions et ses joies, si on lui porte une attention bienveillante, donc en lui tendant l’oreille.

Point d’ouïe – Traversée N° 4 – Postures, de la tête au pied, et réciproquement

L’écoute est affaire de posture(s).

L’écoute est posture in corpore audio .

L’écoute sans le corps n’existe pas.

Le corps sans l’écoute est privé d’un sens qui participe grandement à nous relier à la vie.

Posture physique, se tenir toute ouïe, devant, dans, autour, au sein, se tenir avec, contre, tout près, au loin, aller vers, s’éloigner… Se tenir dans une posture laissant l’écoute naitre, émerger, se développer, s’épanouir, jusqu’à s’éteindre.

Le corps écoutant est un réceptacle avide de ce qui bruisse, sonne résonne, vibre, comme une caisse de résonance amplifiant toute onde vibratoire, potentiellement sonore.

Assis, adossé, couché, l’oreille collée, dos à dos, nous trouvons des positions pour plonger dans les sonorités ambiantes. Nous cherchons les plus appropriées, ou les plus surprenantes, les plus décalées ou les plus rassurantes.

Toutes les cavités, les creux, les vides, les matières, viscères, peaux, membranes, de notre corps, sont comme des antennes internes, résonateurs sensibles qui tentent de nous synthoniser avec les champs de résonances nous entourant, nous traversant, nous mettant en sympathie avec la matière sonore vivante, et éventuellement ceux/celles qui la produisent.

Il nous faut accepter la posture d’être écoutant, donc d’être vibrant, voire la rechercher, pour en jouir plus pleinement.

La posture est aussi mentale.

Elle est ce que nous accepterons, rechercherons, développerons comme état d’esprit favorable à une immersion audio-sensible, à une expérimentation auriculaire partagée, parfois des plus excitantes.

Laisser se développer des images mentales propices à une écoute profonde1 qui nous reliera avec le vent chantant, l’oiseau pépiant, l’eau clapotante, le feu crépitant, le tonnerre roulant au loin, jusqu’à l’inaudible ressenti à fleur de peau.

La posture est également collective. C’est la façon dont un groupe communique non verbalement, par des gestes, regards, sourires, frôlements, danses, rituels pour communier d’une joie d’écouter ensemble. Écouter en groupe, c’est sublimer une scène sonore, couchés dans l’herbe nuit tombante, assis sur un banc dos à dos à ressentir la peau de l’autre vibrer contre la notre au gré des sons, le dos tourné aux sources acoustiques, les yeux fermés, main dans la main…

La posture peut donc être suggérée sans aucune paroles, par une proposition d’un corps écoutant et guidant, les mains en cônes derrière les oreilles, le regard visant un point sonore, l’index sur la bouche, invitant au silence, le regard dirigé vers, un arrêt soudain, statufié… Le non verbal développe un silence éloquent, peuplé de gestes comme autant d’invitations.

La posture s’en trouve parfois théâtralisée, jouée, comme un spectacle de rue qui ferait de chaque écoutant un acteur mettant l’écoute en scène, ou créant des scènes d’écoute. Les écoutants se mettent en scène d’écoutants, interpellant ainsi, dans l’espace public, des passants non avertis, posant la question d’une étrange oreille collective en action. Gestes étranges et singuliers, marcher en silence, très lentement, s’arrêter sans rien dire, garder une immobilité surprenante, sans même se regarder, repartir de concert, au gré des sons… venir gentiment perturber des espaces de vie quotidienne, par un corporalité tournée vers un bruitisme inattendu, car souvent inentendu.

Et ce jusque dans la posture de nos pieds, eux aussi antennes reliées au sol, au tellurique, aux courants souterrains invisibles mais tangibles, aux vibrations urbaines des mouvements et circulations underground. Une relation entre la terre, le solide, à l’aérien.

Des pieds qui nous mettront en mouvements vers une écoute en marche, qui imprimeront une vitesse, des cadences, qui infléchiront la posture de promeneur écoutant, invité à parcourir des espaces sonores infinis.

La posture peut être de se tenir poster, à l’affût du moindre bruit qui courre, non pas pour le capturer, ou l’éliminer, mais pour le percevoir dans une chaine d’éléments sonores où chaque bruissonance fait paysage. Laisser venir à soit les mille et une sonorités du monde dans une attitude curieuse et amène.

La posture est souvent dictée par le contexte et les aléas du moment. Elle nait de rencontres entre les corps et l’espace, les corps entre eux, l’espace et les sons, le corps et les sons. Elle peut naitre d’un simple toucher vibratile. Elle paraît s’imposer naturellement dans des circonstances qui poussent inconsciemment le corps à se fabriquer des jeux d’écoute, des situations ludiques qui répondront aux sollicitations de l’instant, et sans doute ouvriront de nouvelles perspectives.

Les ambiances sonores, mais aussi lumineuses, chaleureuses, les climats, les ressentis, influeront sur nos comportements d’écoutants, en développant des gestes qui mettront nos corps et nos esprits en situation symbiotique d’ouverture sensorielle, ou de fermeture, nous protégeant ainsi d’agressions stressantes, voire traumatiques.

La recherche de postures, si importante soit elle, n’est sans doute pas, pour moi, pour l’instant, un concept ou un processus théorisable, ou réduisible à un catalogue de gestes et d’attitudes possibles, boite à outils corporelle et mentale susceptible de répondre à des situations sensorielles subtiles et complexes.

C’est souvent une geste, une série de gestes, de connivences, d’interactions, de réflexes épidermiques, naturels, spontanées, plus ou moins, liés à des formes d’improvisations dans des parcours d’écoute dont nous ne maitrisons pas, loin de là, tous les accidents potentiels.

Il nous faut laisser émerger la posture comme un état corporel et mental stimulant, enrichissant, sans la forcer, pour ne pas tomber dans l’im-posture d’un corps qui jouerait faux. Et d’une écoute qui forcément, en pâtirait.

1Hommage à la Deep Listening de Pauline Oliveros

Acronymes et rituels d’écoute Desartsonnants

IPO – Inaugurations de points d’ouïe

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ZEP – Zone d’écoute prioritaire

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ZAD – Zone acoustique à Défendre

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PAS – Parcours Audio Sensible (collectif)

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PDE – Parcours en duo d’écoute

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RADIO – Rencontre Audiobalodologique d’Images Ouïssibles

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MER – Marche d’Écoute Ralentie

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AME – Atelier de Marche Écoutante

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À tester in situ

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Audiobaladologie – plans-guides et partitions d’écoute

 Audiobaladologie et plans-guides, partitions d’écoute

– Repérer, avec des locaux, des lieux qui sonnent joliment
– Construire et cartographier, collaborativement, un parcours d’écoute, des PAS-Parcours Audio Sensibles ponctués de points d’ouïe, signalisés ou non.
– Préconiser des postures d’écoute ad hoc pour chaque point, ou lors de liaisons en marche
– Partager et diffuser les plans-guides partitions d’écoute, sur différents supports, matériels et virtuels, pour les expérimenter, les arpenter collectivement ou individuellement.
– Le faire vivre en développant différents parcours dans des espaces urbains, périurbains, ruraux, naturels…
Pour chaque lieux, mettons en place, ensemble, une méthodologie et une écriture appropriées.
Penser l’Audiobaladologie comme un mode (très) doux, avec l’Homauditus au centre du projet
Envie de réaliser un parcours, de partager nos écoutes, contactez moi : desartsonnants@gmail.com
Ourpount neerpelt
Point d’ouïe – Parcours d’écoute – Centre culturel Musica Neerpel (Be)- 2011
Fichier à télécharger :

PAS et Marchécoute, du sensible à l’intellect, et vice et versa

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Les PAS – Parcours Audio Sensibles, où les actions de marchécouter procèdent de deux logiques à la fois singulièrement différentes et somme toute complémentaires.

La première, à fleur d’oreille et de corps, convie l’écoutant à vivre une expérience sensible, à la fois silencieuse et bruissonnante, une action-performance lente, liée à une esthétique minumentale, versus monumentale.

La seconde est de l’ordre du diagnostique territorial ambulant. Qu’est-ce qui “sonne bien”, ce qui “dissonne” ? Pourquoi ? Comment je m’entends avec ma ville, et ailleurs ?

Ces deux approches génèrent chacune des postures physiques est mentales appropriées, parfois nettement différenciées.

Elles peuvent être envisagées séparément, soit l’une soit l’autre, alternativement, l’une puis l’autre, ou simultanément, l’une et l’autre, selon les projets de départ.
Croiser ainsi deux modes opératoires via la marche et l’écoute nous amène à de nouvelles formes d’écritures où la spontanéité sensorielle vient se frotter à une forme d’analyse intellectuelle, sans forcément savoir si, dans une exercice de concomitance, l’une prendra ou non le pas sur l’autre, ni laquelle.

Ces formats que j’ai, plus ou moins inconsciemment parfois, tenté de séparer, tiraillant ma démarche entre l’expérience paysagère plutôt pragmatique de ma formation initiale et celle de musicien qui s’y est constamment superposée, retrouvent ici un terrain d’entente quasi pacificateur. Ils offrent une sorte de réconciliation entre deux pôles, une confrontation fertile clairement assumée, permettant de choisir un ou plusieurs modes d’actions contextuelles, ad hoc, selon les publics, les lieux, les états d’esprit du moment, les objectifs initiaux…

Le sujet est néanmoins encore assez vierge, et reste pour moi creuser pour aller plus loin dans l’expérience de terrain et la réflexion inhérente à ces marches-démarches.

 

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Écouter, comment s’entendre (mieux)?

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Écouter c’est trouver l’endroit, le moment, la posture…

Écouter c’est trouver le rythme, la présence, le partage…

Écouter c’est trouver le détour, la surprise, le plaisir…

Écouter c’est vivre, un peu mieux…

Et avec ta ville, comment tu t’entends ?

Et avec toi, comment tu t’entends ?

Et avec moi, lui, avec eux, comment tu t’entends ?

JEU ÉCOUTE – Espaces – postures

Promeneur écoutant toujours inassouvi, quelques questions se posent à chaque PAS – Parcours Audio Sensibles, remettant en question mes façons de faire, selon les sites investis.

Qu’elle est la place de mon corps écoutant dans l’espace ?

Comment je place, déplace, mon corps écoutant dans l’espace ?

Comment l’espace propose à mon corps écoutant des postures qui « vont de soi » ?

Il est évident pour moi que la balade sonore, silencieuse, le PAS – Parcours Audio Sensible, ne sont en aucun cas des finalités. Ils sont plutôt des moyens d’action, des supports – dispositifs d’écoute, y compris et surtout à oreilles nues, des invitations à rencontrer le Paysage, le Monde, l’Autre, par le seul fait de tendre l’oreille, et d’avoir l’oreille tendre.

La question de la posture, je marche, je m’allonge, je m’adosse, je longe, je traverse, je m’assois, je suis avec l’autre, les autres… est au centre de l’écoute, et se construit pour, dans et avec l’espace.
Espace personnel, espace commun, singulier, physique, mental, autant de strates hétérotopiques que le corps traverse, et qui traversent le corps.

Le mouvement, le geste, la posture, la façon d’investir les lieux, vont créer un terrain propice pour entrer en vibration avec les lieux, trouver des résonances sympathiques, activer des empathies, partager des aménités, mettre l’écoutant en position de récepteur actif.

Trouver la bonne cadence, le moment opportun où s’assoir, le geste qui va caresser, effleurer, tendre la main, mettre en perspective le regard et l’oreille, implique d’avoir conscience d’une très forte adéquation entre le corps et l’espace, ou pour citer Perec, les Espèces d’espaces.

Le geste chorégraphique est sans doute celui que je sens le plus proche de ma façon d’appréhender l’écoute, bien que n’étant pas personnellement, tant s’en faut, un danseur digne de ce nom.
C’est d’ailleurs à ce point que peuvent se jouer des rencontres où chacun amène ses compétences pour enrichir mutuellement les expériences auriculaires, en croisant des sensibilités et savoir-faire, de façon à trouver des réponses et des enrichissements circonstanciés.

L’œil du photographe, du vidéaste, ou la maîtrise d’un paysage par le coup de crayon d’un artiste dessinateur, peintre, posent également d’autres repères, des représentations qui peuvent mettre l’oreille et la pensée dans des situations inédites, inouïes, en créant des stimuli dynamiques décalés.

Tout ce qui peut élargir le jeu, stimuler des postures qui me placent et me font agir au cœur même de l’écoute, de la construction de paysages sensibles, m’entraine à pousser plus avant mes pérégrinations d’un corps-oreille en quête de belles écoutes.

J’ai collecté ici une petite série d’images qui présentent ou me suggèrent des cheminement possibles. Et il y en a tant ! Tant d’autres possibles !

 

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Le dossier images par ici

 

Points d’ouïe en Stations d’écoute

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Husserl disait que les choses n’allaient jamais de soi et méritaient toujours d’être questionnées. Questionnées notamment en terme de phénomènes. Le philosophe indique que par le questionnement, nous aurons une démarche d’explorateur qui pourra ainsi expérimenter le monde, ce qui me convient parfaitement dans la posture de promeneur écoutant.
Le phénomène n’est pas ici lié au phénoménal, à l’énorme, au hors-norme, mais plutôt dans son acception première « Ce qui apparaît, ce qui se manifeste aux sens ou à la conscience, tant dans l’ordre physique que dans l’ordre psychique, et qui peut devenir l’objet d’un savoir- source (Centre National Textuel et linguistique) », donc dans la description phénoménologique du terme. Or pour questionner le phénomène, il convient tout d’abord de le décrire.

Et pour décrire, il nous faut observer, ou dans le cas de phénomènes sonores, écouter.

Et c’est là que resurgit l’importance de la posture, celle qui poste notre corps, nos sens, notre attention, face à un objet, ici paysage sonore, dans une position favorable pour l’écouter, le questionner, et l’expérimenter, de préférence collectivement.

Après les PAS – Parcours Audio Sensible, qui impliquent une écoute en mouvement, même si cette dernière est ponctuée de Points d’ouïe stationnaires, et les inaugurations événementielles de certains de ces dits points d’ouïe, c’est maintenant autour de zones, ou stations  d’écoute que je recherche de nouvelles postures, méthodologies, protocoles, rituels…

En résonance avec ces expériences, toujours en chantier, je suis en train de mettre en place, à titre expérimental, des Stations d’écoute in situ, rassemblements ponctuels d’écoutants potentiels sur un site précis, dans une durée assez longue (quelques heures). Il s’agit de mettre en commun nos oreilles, les paysages sonores ambiants, nos ressentis, dans une posture d’écouteurs publics postés.
Je réfléchis donc à des sites pouvant accueillir ces Stations, places publiques, parcs, escaliers, rivages, clairières…
Ces lieux devront pouvoir offrir un certain confort d’écoute pour y stationner assez longtemps (bancs, assises, ombrages, possibilité d’amener ses fauteuils…) et bien entendu offrir une biodiversité auriculaire intéressante, même si elle n’est pas spectaculaire, sans doute bien au contraire.

L’écoute sensible doit tenter de revenir aux sources, sans autres artifices que l’attention portée aux choses, la synergie d’un groupe d’écouteurs publics, et de la mise en commun d’une écoute »partagée.

Remarques : Selon les cas, on pourra assimiler ces actions à des ZEP (Zones d’Écoutes Prioritaires), ou à des ZAD (Zones Auriculaires à Défendre)

 

Imaginons ici quelques dispositifs postés, comme assises d’écoute, dans tous les sens du terme.

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