Image sonore au fil de l’onde

Courant d’eau
comme un courant d’air
mais en plus liquide
plus tangible aussi
plus canalisé
bordé
rivé
semé d’obstacles
qui rendent audibles
un flux aquatique qui s’y cogne
contourne
et ça clapote
chuinte
glougloute
plique et ploque
dérive
écume
mousse
s’égoutte
bouillonne
érode
arrose
songe à crues
rafraichit les écoutilles
lave des scories bruyantes
se la coule douce
en sons rincés
en houle mouillée
en paysage liquide
qui s’écoule dans nos corps inondés.

Parce que la marche, tout comme l’écoute…

Balade en Ardoinais – Parcours Audio Sensible nocturne avec Gare au Théâtre – @Mairie de Virty sur Seine, photothèque culture

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Parce que la marche s’inscrit dans une démarche esthétique,
tout comme l’écoute.

Parce que la marche s’inscrit dans une démarche sociale,
tout comme l’écoute.

Parce que la marche s’inscrit dans une démarche écosophique,
tout comme l’écoute.

Parce que la marche s’inscrit dans une démarche politique,
tout comme l’écoute.

Ensuite, nous pouvons parler de paysages sonores.

PAS – Parcours Audio Sensibles radiophoniques

Les PAS – Parcours Audio Sensibles trouvent un bel écho dans le monde de la radio, où les écoutent de terrain se transportent, par la voix des ondes, jusqu’à de lointains auditeurs qui marcheront avec nous par ce beau média radiophonique.

Voici donc deux émissions de Radio France, France Culture et France Musique, qui ont accueillis des PAS – Parcours Audio Sensibles, dans deux espaces parisiens assez différents.

Un Promeneur écoutant – France Culture

Le cri du Patchwork – France Musique

Photos © France Musique / Flora Sternadel

Point d’ouïe automnal

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Aujourd’hui, en écoutant/ressentant la ville, j’ai perçu une franche bascule automnale.

Le gris profond du ciel est balayé d’un vent capricieux, complice gémissant. Les feuilles se rouillent en grattant et raclant le sol, s’accumulent dans des tapis ramassés en camaïeux ocrés.

Les gouttes de pluie toquent et ploquent sur ces obstacles végétaux, comme des poignées de sable jetées dans une eau étale, micro miroirs urbains.

La nuit tombante se complait de ces ambiances en demi-teintes, voire les débauchent de pénombres chuchotantes.

Les passants se faufilent entre les rafales primesautières et au besoin s’abritent silencieux sous un porche, tout en ombres fugaces.

Les lumières s’étalent en flaques sur un l’asphalte indolent, entourant les feuilles encore frémissantes.

Des sons et lumières restent à l’échelle de l’intime, sans débordements indécents, l’oreille en témoignera.

Il faut aller, il faut sortir, il faut vivre la cité, dans un brèche d’espaces enfermés, ou refermés, mi-clos mi-ouverts.Il faut déguster à l’envi ces ambiances qui ne s’offrent pourtant pas franco.

Il faut aller gratter, fissurer la croute, celle qui nous mène au sensible, vent debout sons debout.

Tendre l’oreille de concert !

Votre territoire, quel qu’il soit, mérite qu’on lui prête l’oreille !


Aménités paysagères inouïes, écologie sonore, sociabilités auriculaires, parcours sonores éducatifs, patrimoniaux, valorisation via un éc(h)otourisme culturel, programmation, actions culturelles et artistiques in situ, ateliers et formations contextualisés…


Desartsonnants, plus de 30 ans d’expérience autour du paysage sonore !
Tendons l’oreille de concert !

L’écoute, une poïétique en résistance

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Écouter est un geste volontaire, dans un contexte de faire, d’agir, de fabriquer, comme des écoutants impliqués que nous devrions être.

Écouter est un geste de résistance non violente, qui refuse d’absorber sans réfléchir toute pensée imposée, injonctions et autres commandements péremptoires.

Penser un paysage sonore partageable est une action politique, construite sur la poïétique, le faire, l’action, et l’esthesis, le percevoir, le ressentir.
Le son des rues, des voix en colères, des villes exacerbées, ou non, les média toujours plus multi, les injonctions, les actions artistiques hors-les murs, tout cela s’entend, plus ou moins bien, se propage, tisse une rumeur tenace, néanmoins émaillée de stridances, d’émergences saillantes.


Des histoires à portée d’oreilles en quelque sorte.


Tendre l’oreille ne doit pas être un geste innocent, pas non plus une action tiède, soumise à une pensée pré-mâchée, nivelée par les réseaux sociaux et les discours politiques épidermiques.


Porter l’écoute à l’intérieur, dans les hôpitaux, les prisons, les lieux de vie de personnes handicapées… est une chose des plus importantes, pour que la parole, les sons, circulent avec le plus de liberté que possible.
Faire sortir le son en dehors des murs, physiques et sociaux, matériels et psychiques, aide à comprendre des modes d’enfermements, l’expression de corps contraints, qui ne demandent qu’à faire savoir ce que peu de gens savent. Faire savoir, sans rechercher la compassion, sans se morfondre, sans chercher des justifications, des approbations, des félicitations, juste faire savoir, ce qui est déjà énorme.


Il faut également faire en sorte que l’écoute puisse être le témoin, et juger des bouleversements écologiques, biosanitaires en cours, qu’elle puisse être l’émulation, sinon le moteur d’une pensée écosophique, engagée, avec des aménageurs, des politiques, des chercheurs, des artistes, des citoyens…


Écouter, et si nécessaire apprendre à écouter,  sans se laisser noyer par l’écrasante masse sonore, médiatique, est une nécessité absolue pour ne pas devenir trop sourd au monde qui va bon train, sans doute trop bon train.


Écouter le vivant, humain et non humain compris, la forêt, la rivière, comme des co-habitants.es, voisinant et inter dépendants.es, est une façon de décentrer notre oreille vers des aménités qui nous seront de plus en plus nécessaires, voire vitales.


La poïétique de l’écoute est un moyen de créer de nouvelles formes d’entendre, de s’entendre, de nouveaux gestes sociétaux, de nouveaux chemins d’arpentage, de pensées, de nouvelles postures humaines aussi justes et sincères que possible, car nourries d’interrelations fécondes.
On ne peut plus se contenter d’être un écouteur passif, blasé, égocentré sur nos petites créations personnelles, ou trop en distanciel, mais, quels que soient nos terrains d’écoute, il nous faut agir dans des gestes collectifs, même à à des échelles territoriales moindre.


Et de nous rappeler cette maxime de Scarron « Car à bon entendeur salut ! »

Ce soir-ci, point d’ouïe

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Je suis sorti
Je suis sorti ce soir
Je suis sorti comme tous les soirs
Je suis sorti marcher
Je suis sorti écouter
Je suis sorti dans mon heure autorisée
Autorisée à marcher
Autorisé à écouter
Autorisé à être dehors, dérogation en poche
Autorisée à écouter la ville
Autorisée à écouter mon quartier, dans son kilomètre circonscrit
J’ai choisi, comme souvent, de le faire à mon heure préférée
Celle entre chiens et loups
Partir à nuit tombante
Rentrer à nuit tombée
Et dans cette toute petite fenêtre
Fenêtre d’une soixantaine de minutes
Il s’est passé bien des choses
Nous sommes en confinement
On devrait le sentir
On devrait le ressentir
On devrait l’entendre
On devrait le percevoir
Aux travers des sons étouffés
Aux travers leur disparition
Aux travers leur absence
Et pourtant
À l’écoute, je ne l’entends guère
À l’écoute, je ne l’entends pas
À l’écoute, je ne l’entends même pas du tout
À l’écoute, rien ou presque n’a changé
À l’écoute, rien à voir, rien à entendre
Avec le précédent état d’enfermement
D’enfermement logiquement similaire
Celui de ce printemps passé
Avec sa sidération plombante
Avec ses silences associés
Ce soir-ci
Ce soir-ci, les voitures, sont presqu’aussi prégnantes que de normal
Ce soir-ci,comme si de rien n’était, la rue bourdonne
Ce soir-ci, des flux piétonniers, aussi normaux
Ce soir-ci, des enfants qui jouent sur les places et les trottoirs, aussi normaux…
Ce soir-ci, c’est presque rassurant, en apparence.
Ce soir-ci, du presque normal, dans l’air du temps.
Ce soir-ci, des sons triviaux, sans, comme précédemment, les oiseaux en héros.
Ce soir-ci, pas ou peu de décroissance sonique
Ce soir-ci, un entre-deux auriculaire
Ce soir-ci, une tiède ambiance entre les deux oreilles.
Ce soir-ci, qu’est-ce que les sons peuvent bien nous dire
Ce soir-ci, qu’est-ce que les sons peuvent nous prédire
Ce soir-ci, qu’est-ce que les sons peuvent nous révéler
Et pour demain, qu’est-ce que les sons peuvent nous faire comprendre
ou non

Points d’ouïe aquatiques à Voiron

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A l’invitation de l’artiste Christine Goyard présentant une exposition photos autour de l’eau «De passage »  à l’espace d’art contemporain « La théorie des espaces courbes », à Voiron (38), j’ai créé une ambiance sonore composée à partir d’un collectage de sons de différents pays (France, Portugal, Suisse, Russie, Belgique, Madagascar…).

An fil des ans et des ondes, l’eau fait partie des éléments sonores récurrents dans mes parcours, de ceux que je croise régulièrement, et sans doute de ceux que je recherche avec une certain appétit pour ses ambiances liquides, où que je sois.

De plus, nous avons pensé à parcourir la ville, le temps d’une promenade, à l’écoute de l’eau, de fontaines en rivières.
Et il se trouve que Voiron, pour le plaisir et le rafraichissement de nos oreilles, est une ville sympathiquement bouillonnante, multipliant au fil des places et des rues, fontaines et points d’écoute sur la Morge, rivière urbaine qui parcours le centre ville.

C’est un des rares PAS – Parcours Audio Sensibles qu’il m’ait été donné de faire depuis mars, crise sanitaire oblige, et en plus, il faisait très beau !

Nous avons surplombé la rivière, visible ou non, mais toujours audible.
Nous l’avons longée.
Nous l’avons quittée et retrouvée dans divers spots urbains.
Nous avons zigzagué de fontaines en fontaines.
Nous avons tourné autour.
Dans un sens et dans l’autre.
Nous avons mixé les sons d’eau à ceux de la ville, des voix, des voitures.
Nous en avons ouïe des monumentales, des discrètes, des sereines, des majestueuses, des chuintantes, des tintinnabulantes, des glougloutantes.
Nous sommes passés de l’une à l’autre, avec les trames sonores urbaines en toile de fond, ou en émergence, selon la progression.

Une ville irriguée de nombreux points d’eau, donc aussi points d’ouïe, qui tissent une trame bleue et bouillonnante, est une ville tonifiée, dynamisée par la présence aquatique.
Les montagnes alentours rendent cette impression de tonicité encore plus vivace, pour le plus grand plaisir des promeneurs écoutants de ce jour.

@crédit photos Christine Goyard

Les sons de l’expo

Points d’ouïe et paysages sonores du Vinatier

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Paysage sonore à portée d’oreilles

Centre hospitalier psychiatrique de Lyon Bron

PAS – Parcours Audio Sensibles, points d‘ouïe et field recordings

Nous avons entamé récemment, avec Microphone, Porter la parole, un travail croisé entre le CFMI de Lyon, avec Masters PMTDL (Pratiques Musicales, Transmission et Développement Local) et des publics de la Ferme du Vinatier, structure culturelle du centre psychiatrique au sein duquel sont hébergées ces deux organismes.

L’idée initiale est de travaille autour du paysage sonore, ou plutôt des paysages sonores de cet immense territoire.

L’intention

Après une « traversée » printanière singulière, qui a profondément questionné nos rapports à l’espace, au temps, à l’écoute, nous pouvons envisager de parcourir le territoire du Vinatier, ses seuils, ses limites, ses environs extérieurs comme un terrain d’exploration, à redécouvrir par les oreilles.

Questionnons par l’écoute ce vaste espace enclos, ville dans la ville, morcelé en une quantité de sous-espaces de différentes tailles, plus ou moins refermés.

Comment cette organisation géographique, architecturale, fonctionnelle, mais aussi sociale, sociétale, tisse et impacte des lieux de vie, de travail, de loisir, de soin… ?

Posons tout d’abord quelques questions pour tenter de mieux cerner et problématiser notre projet.

Comment percevoir par l’oreille, par l’arpentage des lieux, la marche d’écoute, les relations dedans/dehors, les incidences de l’aménagement de ces espaces gigognes, de la vie qui s’y déroule ?

Quelles sont les signatures sonores, les singularités, trivialités, récurrences, choses communes, qui font sens, voire permettent de construire un paysage sonore, par une série de marqueurs acoustiques ? Repérer des acoustiques, des sources de différents types, des activités, des ambiances…

Quelles sont les interactions, inter-relations entres les usagers, patients, professionnels, visiteurs… et comment se révèlent-elles à l’écoute ?

Quelles sont les barrières et porosités entre les espaces, les dedans/dehors, le Vinatier et la ville, le quartier, les espaces ouverts/fermés, et comment les sons, marqueurs du vivant, circulent-ils, ou non, d’intérieurs en extérieurs ? Notions de passages, de transitions, de superpositions, de fondus, de coupures… que l’on retrouve dans la vie quotidienne comme, par une pensée métaphorique, dans l‘écriture sonore et la composition musicale.

Quelles formes de contraintes, de limites, de restrictions de liberté, plus ou moins associées à des lieux d’enfermement, peuvent se ressentir, se percevoir, voire s’entendre ?

Les rendus projetés

Deux formes de restitutions sont envisagées pour rendre compte du travail mené in situ.

Une d‘entre elle consiste à glaner, ici où là, à l’intérieur du centre hospitalier, des sources/échantillons sonores qui pourraient à terme, caractériser le lieu, ses espaces et fonctions spécifiques (soins, loisirs, culture, nature, enseignement…).

Ces sons captés seront ensuite retravaillés, mixés, agencés, via un logiciel de traitement audionumérique, pour composer différents paysages sonores. Le Vinatier vu, perçu, parfois imaginé, à travers les oreilles d’étudiants et de publics qui travaillent concert. Les espaces, interstices, limites, seuils, dedans-dehors, reconstruits en différents « tableaux » auriculaires qui seront présentés publiquement en fin de parcours lors d’un concert électroacoustique.

L’autre forme est d’écrire littéralement, de tracer un parcours d’écoute physique, matériel, qui embarquera un public en l’invitant à écouter in situ les ambiances du site, à les plonger dans une posture d’écoutants, à l’affut des ambiances et scènes sonores du parc, avant que de les amener dans un autre espaces d’écoute, recomposé celui-ci comme un concert de musique des lieux. Donc vers la première forme que j’ai présentée ci-avant.

Les premiers PAS, déambulation(s) à oreilles nues

Une première séance a consisté, comme à mon habitude, à nous promener dans l’enceinte de l’établissement, parcourant sous-bois, lisières, chemins et routes, entrant dans la chapelle, cherchant les limites, les passages, les transitions, à grand renfort d‘écoutes.

Participants, 7 étudiants, deux participants publics de la Ferme, l’animateur de l’atelier, une chargée de projets artistiques de la Ferme.

Nous avons testé moult postures de groupe ou individuelles, yeux fermés, immobiles, en mouvement, discuté des ressentis, des effets acoustiques, d’un vocabulaire commun concernant l’écoute et le paysage, des notions d’esthétique et d’écologie, de sociabilité, de marqueurs sonores… Bref un cheminement autour d‘expériences physiques associées à un vocabulaire, en même temps qu’une première reconnaissance des lieux et de leurs ambiances acoustiques.

L’immersion nécessaire pour saisir les spécificités d’un lieu passe par un arpentage, touts oreilles ouvertes, sinon agrandies.

Ainsi c’est dessiné une première ébauche sonore, faite de multiples sources, ambiances, scènes, objets, textures et matières, qui, mis bout à bout, construisent un paysage sonore naissant.

Pas dans les graviers,

dans l’herbe,

vent dans les feuillages,

frontière entre parc et rue circulante à l’extérieur,

portail grinçant

trams aux sonorités sifflantes en extérieur,

voix croisées,

voix du groupe,

véhicules de service,

réverbération de la chapelle et jeux vocaux,

portail de l’entrée principale,

cône de chantier porte-voix

tondeuse,

oiseaux,

chèvres, muettes

froissements de vêtements,

consignes sanitaires Covid,

arbre grotte boite à vent (immense hêtre pleureur)…

Inventaire à la Prévert non exhaustif.

Ambiances et saillances, rumeurs et détails, le Vinatier se dévoile peu à peu à nos oreilles étonnées.

Devant son étendue, l’immensité du site, 122 hectares, nous choisirons une zone, suffisamment grande et riche en diversités de tous genres (bâtiments, végétations, abords et lisières, activités…) mais géographiquement circonscrite pour ne pas trop se perdre et risquer de noyer les actions dans un espace trop conséquent à maîtriser durant le temps dont nous disposons.

Les PAS suivants, à la cueillette des sons

La deuxième séance est à nouveau une déambulation, mais cette fois-ci l’enregistreur et ses micros viendront relayer nos oreilles, même si, bien sûr, ces dernières resteront les « captureuses » primordiales des ambiances et que ce sont elles qui guideront de prime abord les captations. Me concernant, il est évident que la technologie, si pointue et efficace soit-elle, reste au service du collectage sonore dans le cas présent, et surtout de la sensibilité, du discours, de celui qui cogite et agit sur le terrain.

Petite explication sur les modalités de la prise de sons, des trucs et astuces, le fonctionnement des enregistreurs numériques, les choix de sonorités…

Et nous voila donc repartis sur le terrain, cette fois-ci en petits groupes de deux étudiants et de publics de la Ferme.

Ayant encore dans la tête les ambiances de la semaine précédente, nous tendons les micros en même que les oreilles sur les ambiances, les acoustiques, les événements imprévus, faisons sonner et résonner la chapelle, captons des paroles… Bref, construisons un premier aperçu du territoire par les oreilles, une ébauche de parcours, jalonné de spécificités acoustiques locales, de signature sonores, et d’ambiances génériques.

L’idée étant de comprendre comment un paysage sonore se construit, se représente, se partage…

De retour en salle, nous effectuons quelques écoutes critiques de nos collectages.

Qu’est-ce qui marche bien, moins bien, ou dysfonctionne… ?

Qu’est-ce qui est utilisable, les choix et le dérushage, perfectible ?

Quelles premières pistes, axes de travail, peuvent donner ces prises de sons, idées de scénari… ?

On a déjà une sympathique cueillette sonore comme matière à retravailler, à composer…

La semaine suivante aurait du être consacrée à des écoutes critiques sur la thématique du paysage sonore. Paysages sonores plus ou moins « naturels », figuratifs, mais aussi sages ou folles extrapolations d’artistes sonores, compositeurs, jusqu’aux approches « expérimentales » vers des « abstractions paysagères.

Las, Dame Covid vient casser la dynamique en nous ré-enfermant at home, et en re-distanciant l’enseignement supérieur.

Affaire à suivre, plus tard, selon…

Écouter

Lien album photos : ICI

A marche forcée, à marche réduite

Dimanche J+3 – Coronasérie Saison 2 – Bis repetita (ou presque)

On va
ou bien on a
rentré ou sorti les terrasses
sorti et rentré le chien, ou inversement
heureusement j’en ai pas
joggé en solitaire, pas moi
téléchargé les dérogations
rempli les dérogations
marché un kilomètre
marché une heure
en même temps
comparé nos enfermements avec des ami.es hors territoire
reporté les projets en cours
reporté les projets à venir
reporté les projets en projet
allongé les nuits
privilégié pyjamas et pantoufles
fait provision de livres
pétitionné pour nos libraires
pétitionné pour nos colères
écouté Anne van Reeth
bricolé quelques sons
bricolé quelques textes
bricolé quelques idées
lavé ou jeté des masques
vérifié le gel hydromachin
lavé les mains à les rendre transparentes
téléphoné à des proches
téléphoné à des parents
évité les sur-stocks de la psycho-manque
rangé le bureau (chantier en cours depuis mars dernier)
aéré la chambre
aéré d’autres pièces
changé des ampoules
ou pensé à le faire
peaufiné le ménage, enfin
confirmé des reports
acté des annulations
parlé de ce qui pourrait en découlé, ou non
tenté de chercher à positiver
tenté de chercher à relativiser
questionné le bien-fondé
questionné les logiques
questionné les questions
questionné les espaces possibles de résistance
questionné les espaces sensés de résistance
évité les pourcentages, statistiques et autres chiffres angoissants
posté quelques blagues facebookiennes
pensé à des cours en distanciel
retrouvé Zoom en focale récurrente
retrouvé notre ordi comme principal bureau et lieu de réunion
regardé par la fenêtre
écouté par la fenêtre
écouté ce qui ne bouge plus
écouté ce qui bouge moins
écouté ce qui n’a pas bougé
pris grand plaisir à faire le marché cette fois-ci autorisé
assoupli notre emploi du temps, quoique…
restreint drastiquement les errances
réduit tout autant les bancs d’écoute
cuisiné sans se presser
cuisiné du local
retrouvé les pas pesants du voisin du dessous
maudit le trop bleu du ciel
maudit le trop doux du soleil
tiré des plans sur la Covid…