MUSICA KLANKENBOS BALADE SONORE ET PARCOURS D’ÉCOUTE

Musica klankenbos, chemin d’écoute

Une promenade alternative

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Il s’agit ici d’une proposition d’un chemin d’écoute, promenade sonore à « oreilles nues » comme une balade alternative venant compléter le parcours d’installations sonores. Nous n’écouterons pas ici les œuvres sonores, ou en tous cas pas en priorité, mais plutôt leur environnement sonore, les passages, allées, les abords… Il s’agit de promener ses oreilles dans le paysage sonore tel qu’il est, sans rien n’y ajouter que notre propre écoute.Cheminer dans différentes ambiances sonores, repérer les sources, trouver des postures d’écoutes dans le parc et dans quelques lieux à proximité du Klankenbos constitue un jeu que tout promeneur peu effectuer, en suivant un itinéraire, ou bien au hasard de ses pas.Les Objectifs pédagogiques d’une promenades sonores sont divers, le principal étant de comprendre comment fonctionne un paysage sonore et pour cela :Écouter les différentes catégories de sources (musicale, animales, humaines, naturelles, mécaniques, médiatiques)– Appréhender les effets acoustiques liés à l’environnement, à la topographie, à l’architecture (réverbérations, filtres, coupures, masque, amortissement…)– Écouter les différents plans sonores, du plus proche la rumeur la plus lointaine…– Aiguiser son écoute au sons naturels.– Apprendre à analyser, à juger, à comparer des paysages sonores, dans un soucis de préservation d’une qualité d’écoute relative à l’écologie sonore.

Publication

ATELIERS PÉDAGOGIQUES LAND ART ET ÉCOLGIE SONORE

FINALISATION DU PROJET « LAND’ART ET ECOLOGIE SONORE » LORS DU STAGE DU 19 – 20 – 21 MARS 2014

LYCÉE AGRICOLE JEANNE ANTIDE DE REIGNER (74)

 

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Suite à des précédentes visites, parcours land’art à la ferme de chosal, visite de l’exposition Fra Angélico au lycée St Michel à Annecy, suite à l’expérimentation des ateliers Art de l’Ecoute animés par Nathalie Misiak formée à la méthode François Louche, les élèves de terminale Bac Pro Vente en Animalerie ont pu concrétiser leurs expériences au sein d’un stage de 3 jours conduit par Gilles Malatray Des artsonnants et l’enseignante en ESC, Régine Degioanni.
La classe des TCVA2 accueille Gilles Malatray pour vivre une initiation à la création sonore et environnementale.
A travers sa profession de paysagiste et de musicien, Gilles Malatray allie les 2 domaines.
L’idée de ce projet a été de concevoir des constructions à base de matériaux de récupération, détournés ou naturels, en lien avec l’écoute des lieux, d’inviter à travers des indications/injonctions les promeneurs à écouter ou provoquer des sons, de mettre en éveil une écoute de l’environnement sonore empli de sonorités quotidiennes qui pourraient passées inaperçues.
En amont, les 19 élèves ont pu découvrir quelques réalisations grand format ou petit format créées par Desartsonnants, aborder quelques notions de lecture de l’image, de créations sur matériau naturel, de peinture, de réalisations musicales, de notions telle le Field recording, land ‘art lors des cours d’ESC.
L’écoute a été stimulé courant janvier 2014 par les interventions de Nathalie Misiak lors des ateliers de l’Art de l’Ecoute méthode François Louche.
Les capteurs sensoriels ont pu être activés et recevoir toutes ces informations intellectuellement et sensoriellement.
Neufs de ces expériences, les élèves ont redécouvert le lycée : ausculté la sonorité de ses matériaux, de ses espaces avec leurs capteurs sensoriels et aussi à l’aide de stéthoscopes: la table de ping pong, l’eau sur les pierres de la fontaine, le vent sur une paroi….

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Chacun des 3 groupes a choisi un lieu et réalisé une production visuelle et sonore selon l’écoute et les matériau disponibles: bambou, intérieur de néon, cerceaux, pomme de pin pour le mouvement en collier, parasol comme support, mobile lumineux, clochettes, galets, hamac …
Trois jours pour percer, clouer, entrecroiser, scier, coller, creuser, fixer, défaire, refaire, changer de matériau, trouver le bon outil, préciser le geste… construire des invitations signalétiques autour de ces réalisations et offrir au public collégien et lycéen la possibilité de faire sonner, regarder, gratouiller, écouter le lieu, mais aussi au public de la porte ouverte du 22 mars 2014 qui a été invité à parcourir les 3 oeuvres collectives:

Les arcs en eau qui tintinnabulent au-dessus de la mare en rythme avec la fontaine.Le métal découpé vient répondre au miroitement de l’eau, les bambous attrapent le vent et murmurent quelques contes aux poissons, premiers auditeurs de nos compositions. Leurs visites régulières  et tranquilles, à fleur d’eau, semblent nous indiquer que leur habitat n’est  pas  dérangé.

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Les arbre à sons et à lumière que dame nature invite à faire sonner délicatement au dessus du self. Ici l’endroit est venté et les carillons d’aluminium et de perles se mettent en écho avec les bâtiments.
Les CD tournoient, miroitent dans l’herbe, animent cet espace plutôt brut.

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Zen Song qui allie discrètement au sein de la cour, la pierre et le bambou.
Le visiteur est invité à faire rouler des cailloux dans le creux des bambous, à entrechoquer les pierres, à jouer avec le «bambouphone ».
Les sonorités sont fines et se posent délicatement sur cet espace, il faut tendre l’oreille; un stéthoscope est à disposition pour ausculter la matière comme on écoute un rythme cardiaque.

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Nous remercions Gilles Malatray pour son intervention, le Conseil Régional pour son financement dans le cadre du dispositif Eurêka, thème club culture et le lycée pour son soutien logistique.

Sources de l’article, Lycée Jeanne Antide de Reigner (74)

PAYSAGE SONORE, UN PATRIMOINE CULTUREL IMMATÉRIEL ?

PAYSAGE SONORE, UN PATRIMOINE CULTUREL IMMATÉRIEL ?

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Ce questionnement s’est posé à moi suite à un colloque/atelier, organisé par la ville de Lyon, autour du patrimoine. Lyon étant largement reconnue comme une ville ayant de nombreux atouts pour faire valoir ses attraits patrimoniaux, comme en témoigne le centre historique et la colline de la Croix-Rousse, qui sont en effet classés au Patrimoine Mondiale de l’humanité par l’UNESCO.
L’un des ateliers était d’ailleurs consacré au patrimoine culturel immatériel, et l’un des aspect abordé fut celui du sonore, et particulièrement du paysage sonore. Cet intéressant atelier suscita je dois dire, pour moi en tous cas, plusieurs questions auxquelles je n’ai d’ailleurs pas la prétention de répondre clairement ici, mais qui en tout cas alimentent une réflexion concernant le versant patrimoniale de la chose sonore.
Un paysage sonore est-il patrimoine, ou tout au moins peut-il ou devrait-il être patrimonialisable ? Si oui, est-il forcément patrimoine immatériel ? Sur quels critères et d’après quelles définitions ? Où commence et où s’arrêtent les limites d’un éventuel paysage patrimoine sonore immatériel ?

La notion de patrimoine, depuis longtemps, et de différentes façons selon les époques, les lieux, les politiques mises en place, se traduit par la volonté de sauvegarder, de conserver, de protéger, de valoriser des éléments significatifs, remarquables, emblématiques d’une culture locale. Au départ, il s’agissait essentiellement des constructions architecturales, monumentales, de sites bâtis, châteaux, cathédrales, pyramides, cité fortifiées…
Progressivement, l’UNESCO, à l’échelon mondial, à élargi le classement à des sites, parfois naturels, montagneux ou maritimes.
Puis est apparue il y a quelques années la notion de patrimoine culturel, et enfin, début des années 2000, celle de patrimoine culturel immatériel.

Citons l’UNESCO «  Ce que l’on entend par « patrimoine culturel » a changé de manière considérable au cours des dernières décennies, en partie du fait des instruments élaborés par l’UNESCO. Le patrimoine culturel ne s’arrête pas aux monuments et aux collections d’objets. Il comprend également les traditions ou les expressions vivantes héritées de nos ancêtres et transmises à nos descendants, comme les traditions orales, les arts du spectacle, les pratiques sociales, rituels et événements festifs, les connaissances et pratiques concernant la nature et l’univers ou les connaissances et le savoir-faire nécessaires à l’artisanat traditionnel.
Bien que fragile, le patrimoine culturel immatériel est un facteur important du maintien de la diversité culturelle face à la mondialisation croissante. Avoir une idée du patrimoine culturel immatériel de différentes communautés est utile au dialogue interculturel et encourage le respect d’autres modes de vie.
L’importance du patrimoine culturel immatériel ne réside pas tant dans la manifestation culturelle elle-même que dans la richesse des connaissances et du savoir-faire qu’il transmet d’une génération à une autre. Cette transmission du savoir a une valeur sociale et économique pertinente pour les groupes minoritaires comme pour les groupes sociaux majoritaires à l’intérieur d’un État, et est tout aussi importante pour les pays en développement que pour les pays développés… »*
Voici donc posé quelques définitions autour de ces inventaires et classements patrimoniaux.
En ce qui concerne le paysage sonore, je me demande donc, suite à sa convocation dans le colloque,  comment il s’inscrit, ou non, ou partiellement, dans cette catégorisation qui pose apparemment certains problèmes récurrents. Notons entre autre ceux de trop, ou de ne pas assez définir les champs de ce que l’on peut englober pour que ce PCI soit suffisamment riche sans pour autant devenir un fourre-tout qui délayerait l’idée, voire l’existence même du patrimoine.
Prenant une des définitions premières du paysage, il s’agit de représenter, avec un cadrage personnel, subjectif, une portion d’environnement, au départ visuel. Gravure, dessin, peinture, bas-relief, photographie, vidéo, ont donc contribué à fixer des parcelles traces, mémoires, mais aussi œuvres esthétiques, représentant des portions de territoires. Ajoutons cela cela l’écrit et, plus tardivement, le magnétophone, en ce qui concerne le son. Cette idée de construction mentale, même si elle se veut parfois trace fidèle, se révèle donc bien teintée ici d’une certaine immatérialité.
De même, le Paysage sonore tel que l’a posé et théorisé Raymond Murray Schaffer, espace d’écoute, terrain d’analyse, écosystème fragile, parfois malmené, pollué, en même temps que terrain esthétique, musical, reste bien encore ancré dans un concept forgé de toute pièce par la pensée de l’écoutant musicien théoricien. Cette construction nous amène jusqu’à la préconisation d’une écologie sonore, nécessaire à maintenir la qualité des espaces acoustiques, et à rechercher ainsi une belle écoute.
Malgré ces positions plutôt intellectuelles, que l’on pourrait donc classer dans des formes pensées de patrimoine immatériel, il n’en reste pas moins que le son, en tout cas les sources sonores, sont bien physiques, vibratoires. Vibrations de l’air, de matières, d’objets, de molécules, de cordes, à l’origine. Vibrations de membranes/tympans, d’osselets, de cavités, de liquides pour ce qui est de la perception auditive. Donc dans tous les cas, un paysage sonore ne peut exister sans écoutant, et qui plus est sans écoutant qui le considère et le qualifie comme paysage sonore. Il n’existera d’ailleurs pas non plus sans l’excitation matérielle, la mise en vibration de particules, phénomènes réellement physiques.
C’est d’ailleurs dans ces passages de la matière, du geste, au concept, que la notion de patrimoine immatériel met parfois celui qui use de ce classement, dans une situation relativement instable, devant l’ambiguïté des définitions, du passage parfois délicat de la chose physique à sa représentation, à sa conceptualisation.
Durant le colloque, un exemple donné, typiquement lyonnais, illustrait bien cette situation parfois difficile à cerner. L’UNESCO a en effet classé le repas gastronomique lyonnais comme patrimoine culturel immatériel. Il faut pour cela que le dit repas comporte un apéritif, une entrée, un plat de viande et/ou de poisson, un accompagnement de légumes, du fromage, un désert et un digestif, rien que cela ! De préférence avec de bons produits, frais, locaux pour certains, une cuisine traditionnelle raffinée, et qui réunisse autour de la table une communauté de gourmands pour un bien manger et bien boire.
A priori, ces repas, banquets, sont éminemment matériels, la nourriture et l’action de manger, de boire, jusqu’aux calories qui en découlent, constituent des éléments pour le moins solides. Pourtant, par un glissement de la matière, du geste, vers une forme de tradition ritualisée, la dématérialisation s’effectue intellectuellement, ramenant le repas à une sorte de concept ritualisé, même si le fait de consommer un repas gastronomique est loin d’être, autour de la table, un simple concept, ou un simple rite gourmand.
Mais revenons au paysage sonore.
Dans sa représentation forcément cadrée, il faut bien trouver une limite au paysage qui n’est en aucun cas infini. Le paysage sonore, comparé au visuel, suppose alors de jouer avec des limites mouvantes et sans cesse à reconsidérer. En effet, si l’on peut cadrer un paysage visuel dans un champs bien défini, avec des plans, arrière-plans et horizons fixes, il n’en va pas de même pour le paysage sonore. Ce dernier se construit sur une majorité de hors-champs, sources sonores invisibles, qui élargissent et rétrécissent sans cesse le cadre d’écoute, en fonction des événements auriculaires. Ces hors-champs seront bien différents si, pour rester dans un cadre lyonnais, l’écouteur se poste sur le parvis de Fourvière, vaste panoramique surplombant la ville, ou dans l’intimité resserrée d’une cour intérieure de traboule ponctuant la colline de la Croix-Rousse. Les champs sonores continueront certes d’être toujours en mouvement, mais dans des proportions Oh combien différentes !
Sans vouloir redéfinir toutes les composantes du paysages sonores, cela a déjà été fait par ailleurs, tentons néanmoins de voir maintenant qu’est ce qui, à l’instar d’un Château de Versailles ou d’un site de terrils miniers du Nord, pourrait faire patrimoine dans le paysage sonore. Quelles seraient les sonorités ou ambiances singulières, emblématiques culturelles…? Le son du vent dans des branchages et des chants d’oiseaux en contrepoint sont-ils susceptibles d’être mentionnés, ou classés comme patrimoine culturel immatériel ?  Rien n’est moins sûr, et je dirais même que j’en doute fort !
Par contre si un recentrage sur les chants d’oiseaux font qu’ils deviennent terrain de recherche, de captations, matières à étude pour un ornithologue ou audionaturaliste, sujet de conservation, veille territoriale autour d’écosystèmes fragiles, menacés, le problème se posera alors bien différemment, et sans doute rentra t-il dans une forme de patrimoine vivant.
Il y a quelque années, ACIRENE (Association de Création d’Information pour l’Écoute d’un Nouvel Environnement) avait initié, sur le territoire sud bourguignon et par la suite haut jurassien, un projet nommé Perséphone. Il s’agissait de mettre en place un observatoire des paysages sonores, selon un protocole de captation et d’échantillonnage sonore d’un territoire et d’à long terme. Le but étant de recenser différentes typologies de paysages sonores, et de voir comment elles évoluaient au fil du temps, en fonction notamment des aménagements qui venaient plus ou moins les chambouler. Un territoire assimilait-il ou non de nouvelles sonorités liées aux infrastructures routières par exemple, conservait-il un certain équilibre acoustique ou connaissait-il une certaine saturation, de nouvelles nuisances ? Nous étions bien dans ces études de terrain dans une idée d’observation, voir de sauvegarde de territoires sonores parfois fragiles et malmenés sans vraiment de concertation ni d’études d’impact en préalable aux aménagements. On pouvait voir de véritables richesses sur des terrains naturels, richesses bioacoustiques menacées. En clair des patrimoines naturels vivants, paysages sonores en danger, et on n’était pas ici dans de l’immatériel, mais dans des cas de figures bien concrets. Cette action a d’ailleurs été suivi d’un autre projet d’inventaire lié aux paysages sonores remarquables du PNR du Haut-jura, où l’approche auriculaire tendait a travailler sur des identités fortes et singulières d’un territoire à portée d’oreilles. Valorisation, tourisme culturel, volonté de sauvegarder des espaces acoustiques, de mettre en lumière des savoir-faire tels que l’art campanile, l’ensonnaillement des troupeau… Nous étions bien là dans une démarche d’inventaire culturelle et patrimonial.** Notons d’ailleurs que presque trente ans après son départ, cette recherche/action se poursuit encore in situ.
Mentionnons également que d’autres inventaires ont eu lieu dans différents sites tels de la Communauté de communes du Creusot/Monceau-les mines/Montchanin, la vallée blanche à proximité de Chamonix, le Vieux Lyon quartier Saint Jean… et que trois colloques ont été organisés autour de ces thématiques à l’écomusée du Creusot, château de la verrerie.
D’autres cas de figures existent, où la chose sonore peut devenir objet patrimonial. Citons les enregistrements de paroles mémorielles, où le média son est très utilisé pour garder la trace de différentes mémoires. Nicolas Frize*** a d’ailleurs beaucoup travaillé sur ces approches consistant soit à recueillir des témoignages d’acteurs ayant travaillé dans tel ou tel secteur industriel, soit à enregistrer des ambiances d’usines, de machines, de métiers à tisser, de chaines robotisées, sachant qu’a l’heure de l’explosion numérique,  la technologie évoluant très rapidement, beaucoup de sonorités se transforment radicalement, disparaissent et apparaissent. Nous avons bien ici à faire à de véritables patrimoines culturels, dont l’immatérialité passe par le fait qu’ils se réfèrent à des actions passées, des traces mémorielles.
Parlons aussi de certains savoir-faire ou traditions sonore relevant incontestablement du champ patrimonial. En premier lieu l’art campanaire, installations sonores en espace public, objet musical, social, sources d’information à certaines époques, symbole religieux, représentation de puissance… la cloche est un patrimoine bien vivant, même si régulièrement contreversé, voire combattu dans sa verve sonore. Les inventaires campanaires convoquent des approches esthétiques, historiques, sociologiques, anthropologiques, où religions et savoir-faire des maîtres saintiers, des campanistes, des bâtisseurs tissent un tissu d’une forte valeur patrimoniale. Les cloches sont des objets d’études, des symboles et phares auditifs musicaux, tissant des territoires sonores unifiant, ou divisant, selon les cas, pouvant être médiatisées, voire si nécessaire protéger, sauvegarder.
Il en va de même, dans d’autres savoir-faire ancestraux, telles les pratiques de l’ensonnaillement des troupeaux en milieux montagneux. Ces musicalisations des troupeaux bovins, caprins ou ovins, outre les fonctions de repérage dans les pâturages en alpages non parqués, sont aussi composés comme des entités sonores singulières, musicale, où l’esthétique de l’ensonaillement contribue à mettre en avant son propre troupeaux par rapport à celui du voisin, mais aussi à faire sonner le paysages, à réveiller ses réverbérations, ses échos… Autre culture, autre savoir-faire, autre expression d’un patrimoine sonore lui aussi parfois mis à mal par l’intolérance de néo ruraux ayant du mal à partager pas les cultures locales.
Et l’on pourrait sans doute écrire encore beaucoup de choses autour de ce sujet qu’est le patrimoine sonore, tels ceux concernant les langues, dialectes, patois et autres idiomatismes constituant à souder des cultures locales, complexes.
Alors patrimoine ou non patrimoine sonore ? Tout dépend évidemment du statut de l’objet, de son histoire, de ses implantations culturelles, géographiques, et sans doute de la façon de le penser, de l’étudier dans un ou plusieurs champs. La cloche**** objet de fonderie, objet religieux, livre d’information à ciel ouvert, repère spatio-temporel, objet musical, symbole de pouvoir, parfois véritable fossile sonore qui nous font entendre quasi intacts des sons de plusieurs siècles, encore vivants… Patrimoine incontestable, tout à la fois immatériel dans son histoire, voire ces sonorités, et matérielles dans leur existence physique et vibrante.
L’ambiguïté de l’immatériel persiste donc dans la façon de considérer une pensée, un concept, un rite, une philosophie, et parfois les objets bien matériels qui y sont liés. Le paysage sonore n’échappe d’ailleurs pas à ces interrogations.
Notons que dans le classement de l’UNESCO, ni le paysage sonore en tant que tel, ni l’art campanaire ne sont pas (encore ?) référencés.

* Sources site UNESCO – http://www.unesco.org/culture/ich/fr/qu-est-ce-que-le-patrimoine-culturel-immateriel-00003
** http://www.acirene.com/recherche.html
*** http://www.nicolasfrize.com/textes.php

**** https://www.librairieleneuf.fr/livre/1231418-regards-sur-le-paysage-sonore-le-patrimoine-c–sous-la-direction-de-thierry-buron-agnes-barru–actes-sud

POINTS D’OUÏE EN QUÊTE DE LIEUX À INAUGURER

INAUGURATIONS DE POINTS D’OUÏE, RECHERCHE LIEUX ET PARTENAIRES

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De quoi s’agit-il ?
Un promeneur écoutant, artiste militant pour l’écologie sonore et une belle écoute, investit les lieux (ville, quartier, parc, village, site touristique…), il les arpente oreilles grandes ouvertes.
Il en repère les espaces qui sonnent joliment.
Il les enregistre.
Il en crée une carte postale sonore in situ.
Il écrit, décrit ses expériences acoustiques.
Il conçoit une promenade écoute, un PAS – Parcours Audio Sensible.
Il invite habitants, élus, curieux à une écoute déambulatoire collective, paysages sonores partagés de concert.
Au terme de celle-ci, nous procédons à une inauguration officielle d’un site choisi – Discours, minutes d’écoute et cérémonie auriculaire, en présence d’élus et du public.

Possibilité d’ateliers enfants, scolaires, étudiants, tout public au préalable, sur la thématique du paysage sonore.

Le site et toutes les traces multimédia sont enregistrés dans un répertoire en ligne (cartographie et blog).

Ces points d’ouïe inaugurés cherchent d’autres lieux, si l’oreille vous en dit : desartsonnants@gmail.com

DRÉE :
https://desartsonnantsbis.com/2015/07/19/point-douie-dree-en-ecoute/

MARSEILLE :
https://desartsonnantsbis.com/2015/11/18/inauguration-dun-nouveau-points-douie-a-marseille/

Maps/Cartographie : https://www.google.com/maps/d/viewer?hl=fr&authuser=0&mid=zmz5C2T1i7vc.kxZREXCV22oY

 

À venir sur 2016
Montbard (21) (World Listening Day) – 18 Juillet 2016

Pieuré de Vausse (21) (World Listening Day) – 18 Juillet 2016

Mons (BE) – City Sonic – Septembre 2016

 

@ Desartsonnants « Inaugurations de points d’ouïe » – @ Desartsonnants « Inaugurations sweet spots »

PAYSAGE SONORE EN AVEUGLE

ÉCOUTEZ UN PEU POUR VOIR

VISITE SONORE DE LA VILLA SAINT-RAPHAEL À LYON PAR TROIS PENSIONNAIRES AVEUGLES

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Par un bel après-midi de mars très ensoleillé, repérage dans une institution, lieu de résidence pour aveugles et polyhandicapés sur les hauteurs de Lyon, en compagnie de collègues plasticiennes et vidéastes – un projet de parcours sonore. Nous sommes guidés par trois pensionnaires aveugles, qui nous font visiter et nous expliquent, avec beaucoup de gentillesse et d’humour, leurs lieux de vie. On comprend alors très vite qu’un grand hall très réverbérant, où l’écoute est brouillée, peux devenir un véritable parcours du combattant, très anxiogène pour certains, lorsqu’il s’agit de le traverser. On comprend aussi l’importance d’un carillon des années 60 (le même que chez mes parents) qui fait entendre nettement son tic-tac et sonne Westminster et Big Ben, sons-repères quasi affectifs. On regrette beaucoup les glougloutis d’une fontaine aujourd’hui muette, car hors d’état de marche, dans un patio, qui animait très joliment l’espace.
On comprend encore comment un mobilier mal adapté, des chaises en l’occurrence, qui dés qu’on les déplace font un potin d’enfer sur un sol carrelé, crée une gène terrible pour se repérer dans l’espace, sans parler d’un objet abandonné au milieu d’un couloir… Partout, c’est la voix qui étalonne l’écoute au lieu, et fait signe de reconnaissance. « Bonjour tout l’monde, ça va ? – A c’est toi Cécily, oui très bien ! – Bonne journée à tous ! – Oui à toi aussi François ! » Dedans, dehors, les interpellations vocales lient auriculairement la communauté.
Pour beaucoup, l’espace extérieur, un très beau parc escarpé, se présente comme un terrain lointain, inconnu, voire périlleux, dans lequel on n’ose s’aventurer. On ne dépasse guère la terrasse au bout du couloir. Dés que les messages se brouillent, où deviennent plus éparses, plus distants, les repères s’effacent, et la peur de se déplacer figent les occupants dans des espaces contraints, parfois limités aux quatre murs de leurs chambres.

En écoute

POINTS D’OUÏE, INTERSECTIONS

À LA CROISÉE DES CHEMINS D’ÉCOUTE

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Inviter des structures, des institutions et des publics, à explorer de nouveaux paysages sonores,  parcourir la ville comme la campagne en considérant ces milieux comme de véritables espaces auriculaires esthétiques, ne sont pas de simples gestes artistiques.
Aborder et raconter de nouveaux territoires d’écoute, c’est partager des lieux de vie par l’oreille, aménager de vraies et sincères relations humaines, entrevoir des approches écologiques, sociales, patrimoniales… C’est privilégier la diversité des approches, postures, façons de faire, d’entendre et de faire entendre collectivement.
Mes Points d’ouïe et paysages sonores partagés sont des leviers actionnant une forme de militantisme lié à l’aménagement du territoire, à la valorisation d’espaces aussi beaux que fragiles, à  la constitution d’un ensemble de traces – outils , mis à le disposition de l’habitant, de l’artiste, du chercheur, de l’enseignant, du politique, de l’aménageur…
Je tente de me tenir à la croisée des chemins d’écoute, là où les choses les plus incertaines, les plus fluctuantes, les plus passionnantes, peuvent voir le jour.

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LA PLASTICITÉ SONORE DE LA VILLE À L’ÉPREUVE DE LA MARCHE

PAS À PAS,  L’ÉCOUTE COMPOSÉE

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PLASTICITÉ
La ville possède intrinsèquement une plasticité sonore
des reliefs
des dynamiques
des creux
des excès
des fondus
des amortissements
des disparitions
des couleurs
des atténuations
des premiers
seconds
arrière-plans

Symbiose – Le son façonne la ville comme la ville façonne le son

 

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RYTHMICITÉ
La marche comme une répétition hypnotique du paysage urbain
un état de conscience entre stimulation et rêverie.
Le corps arpente
prend la mesure
oreille aiguisée
mais aussi la vue
l’odorat,
le toucher
la marche comme une stimulation trans-sensorielle
le pas qui marque le tempo
transitions en tranches de villes
le détail qui s’épaissit
le détail qui construit un sens
pas sens unique
plutôt plusieurs
entremêlés
à choisir
à s’y perdre
directions indécises
Faisceau
rai de lumière
chuintement végétal
odeur d’humus
la marche en tous les sens
urbanique rythmicité
de micro scènes en micro scènes
jusqu’au paysage
peut-être.

 

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PROMENEUR COMPOSITEUR
Faire son chemin
chemin faisant
écrire
en marchant
faire de la ville un clavier
un instrument à vent
des cordes tendues
une percussion composite
une série de caprices
à l’improviste
droit devant
un pas de côté
une oreille en coin
zigzaguant
sautillant
flânant
explorant
errant
selon un itinéraire
en chemin de traverse
suivre les traces du son
les construire
les assembler
le cours d’un fleuve
parcs traversés
marchés vivants
des impromptus
des fils d’écoute
interactions corps sons
interactions sons corps
aller vers
laisser venir
rajouter si besoin
la ville s’entend
ville danse
ville marche – ville musique
silence parfois
ou presque
ruptures et glissements
performance en mode doux
souterrain résonance
succession d’ambiances
traversées à dessein
ou traversées par hasard
rencontres
des hommes
des sons
une ville
des villes
encore
en corps
des villes
plastiques

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L’ÉCOUTE RELATIONNELLE, EXPÉRIENCE D’UN PAYSAGE PARTAGÉ

ALLER VERS, INVITER À VENIR… POUR UNE ESTHÉTIQUE RELATIONNELLE

 

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PAS – Parcours Audio Sensible à Nantes – APO33Festival Electropixel 2013

Si je me suis penché récemment sur l’esthétique ou l’art relationnel, concept théorisé notamment par Nicolas Bourriaud, c’est sans doute à la suite d’un séjour canadien où l’on avait discuté de cette posture. Posture rappelons le,  qui tend à mettre en avant les relations inter-humaines, parfois plus que l’œuvre elle-même.
J’ai en effet l’impression de ressentir, dans le monde de l’art, quelques vides sidéraux, qui relèguent l’approche humaine stricto sensu aux confins des préoccupations artistiques. Ce sont évidemment une opinion et un ressentis tout à fait personnels, et que j’assume pleinement en tant que tels.
Je pense que les rapports sociaux, la recherche de l’autre, d’une forme d’amour d’autrui, qui pourrait paraître naïf et déplacé aujourd’hui, sont à la fois archi présents dans le discours des politiques culturelles, presque stigmatisés, et même temps considérablement dilués, voire inexistants dans la une grande partie de la pratique artistique. Certes, d’aucuns se prévalent de défendre, souvent d’ailleurs à juste titre, un combat politique, une militance sociale, exprimant un écœurement, une indignation, un sentiment de dégoût, de révolte. Néanmoins, lorsque je regarde se construire diverses actions, je remarque au final le peu de cas fait à la rencontre, au partage, à l’expérience humaine et commune. On cherche régulièrement la nouveauté à tout crin, certaines formes d’exemplarité, de singularité. De fait, les chapelles restent des refuges d’un entre soi conforté, où se cultivent des esthétiques qui, au final, ont peur de l’altérité, du regard de l’autre, et surtout de celui qui n’est pas « de l’écurie ». On se cache derrière d’imposants dispositifs, de grosses machineries, des mises en scène sophistiquées, ou bien encore d’ésotériques discours. On ringardise la simplicité, comme une naïveté trop bon enfant, on ne jure que par le fait « avant-gardiste découvreur » parfois superficiellement provocateur. On minimise le geste d’une main tendue, l’usage d’un langage simple et direct. Sans doute, certaines formes de performances restent aujourd’hui proches de ces expériences relationnelles, de celles qui touchent, à certains moments, à l’intime, à la chaleur humaine, à l’accolade sans détour, de celles qui me touchent plus que ces grandes envolées dithyrambiques, enrobées de froides technologies, qui se voudraient modernes à tout prix.
Bien sûr, mon propos n’a rien d’injonctif, ni de systématiquement moralisateur et dévalorisant, et il prend garde à ne pas tout jeter  dans un même panier. Bien sûr, nul n’est contraint de mettre la relation humaine au centre de ses pratiques, et chacun peut mener comme il l’entend sa propre barque. Tout juste me manque t-il souvent des contacts plus proches avec le public, ou d’autres artistes, habitants, fussent-il activement participants. Cette propension à l’altérité comme catalyseur de modes d’action, prend le risque même de révéler ou de déclencher des frottements, des divergences, voire des incompréhensions. Pour autant, il ne s’agit pas d’imposer, avec toute la violence que que engendrer une imposition sine qua none, des co-relations, mais plutôt de les proposer, de les composer au fil d’une balade, de les porter vers qui voudra bien accepter le jeu de la rencontre, tout en restant conscient de  la fragilité de ces fugaces mais souvent très stimulantes relations.

Ce sont certainement les moult rencontres et échanges, lors de mes PAS – Parcours Audio Sensibles, cheminements urbains en duos d’écoute, ateliers autour des paysages sonores partagés, ou préparations d’inaugurations de Points d’ouïe, qui m’ont conduit à poser, ou à reposer ici ces questionnements. Et sans doute non seulement à les poser comme des principes auxquels je tiens tout particulièrement, mais aussi à les considérer comme des moteurs essentiels pour mes projets d’écoutes partagées.

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Parcours sensible à Lausanne (CH)- Quartier du Vallon – Journées des alternatives urbaines 2015 – avec Jeanne schmid

L’esthétique/art relationnel : https://fr.wikipedia.org/wiki/Art_relationnel

POINTS D’OUÏE ET MÉMOIRE URBAINE

VILLE SONORE
VILLE MÉMOIRE

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Parce que la ville est comme un immense catalogue, constitué d’une foule d’histoires, des récits, à déchiffrer, du bout de l’oreille.
Écoutez ces cloches, ce carillon, ces tintements, dont certains sont installés depuis plusieurs siècles et qui sonnent à l’identique depuis, véritable fossiles sonores bien vivants, archéologie sonique.
Écoutez cette magnifique acoustique d’une cathédrale, qui résonne depuis bien longtemps déjà, et ses grandes orgues virtuoses, instruments historiques, rescapées d’un baroque flamboyant…
Regardez ces rues, ces pavés, ses portes anciennes, imaginez lorsque les chevaux et les véhicules hippomobiles faisaient claquer le pavé, vibrer sans ménagement la rue entière.
Regardez ces entrepôts, usines, qui fut un temps, en plein centre ville, grondaient, sifflaient, déversaient ou avalaient d’impressionnants flots humains, à intervalles réguliers…
Et cette verrière de gare 1900 qui a connu les halètements et les stridences des locomotives à vapeur.
Le kiosque à musique trône au milieu de la place, du jardin, même muet, il garde dans son architecture des polkas endiablées, ou des transcriptions d’airs d’opéra patinés de cuivres par les orphéons locaux.
Écoutez les accents, les expressions, les argots, les patois, avant qu’ils ne s’éteignent, en partie balayés par l’aplanissement des flux médiatiques.
Dans un marché populaire, quelques camelots haranguent encore le chaland, successeurs des crieurs de rues, colporteurs en tout genre, gardiens municipaux, veilleurs de nuit, qui portaient haut la voix dans la cité.
Partez en promenade avec les habitants, écoutez les raconter la ville, leur quartier, ce qui résiste, ce qui n’est plus.
Cueillez les sons de la ville comme un patrimoine vivant.
La mémoire des villes s’entend et se fabrique au gré des sons, sans forcément être teintée de nostalgie, bien vivante. Approchons la comme un simple livre ouvert sur la cité, que façonnent aussi moult sonorités sans cesse en mouvement, entre disparitions, apparitions et métamorphoses.

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POINT D’OUÏE IMPROMPTU

L’INSTANT ÉCOUTE

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Je vais prendre le le métro, quartier Grange blanche à Lyon, 18H30 environ, beaucoup de passages piétons.
Un merle attire mon attention.
Il chante, joliment, non sans un vraie virtuosité, comme un merle qu’il est. Il se tient à ma droite, perché sur la plus haute branche d’un arbre au sommet dégarni, en oiseau bien visible, ostentatoire chanteur.
Il s’impose, de son champ aigu et véloce, tout en trilles véloces, par dessus, très en dessus, du flot sonore bourdonnant de la circulation urbaine.
Annonce printanière dans cet hiver encore frisquet.
Cependant, personne ne le remarque.
Je m’arrête, campé au milieu du trottoir, l’écoutant, le regardant, fasciné par ses superbes mélopées.
Je le regarde-écoute, posé sur le trottoir, œil et oreilles vissés, braqués vers l’oiseau séducteur.
Trois personnes passent, me regardent écouter, sans vraiment savoir que j’écoute, mais sans doute le pressentant. Elles braquent également leurs regards/oreilles sur l’arbre, sur le merle, zoom collectif, s’arrêtent, écoutent aussi, le même oiseau.
Yeux et oreilles convergents, presque par hasard, mais pas tout à fait.
Quelques minutes après, l’oiseau s’envole, fin de la séquence sonore, terminé le récital offert.
Une personne me dit qu’il leurs semble que ce merle, ou un collègue sosie avicole, chante souvent ici, mais qu’elles ne l’ont jamais vraiment ni remarqué, ni écouté.
Chose désormais faite, en séquence improvisée, aléatoirement partagée.
Tranche de ville, tranche de ouïe in situ, sérendipienne, le lieu et le moment captés sur le vif.
Son installé, sans le savoir, et surtout partagé, à l’improviste.
C’est sans doute cette posture qui compte pour beaucoup.

PAYSAGES SONORES INSTALLÉS – INSTALLED SOUNDSCAPES

« Paysage sonore installé » – Scène d’écoute au naturel

 

CHAISES ÉCOUTE

En chantier – « Paysage sonore installé » – Écoute au naturel
In progress – « installed Soundscape » – Natural Listening


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Saisir l’esprit du lieu

De l’oreille j’entends

L’écouter pour cela

L’arpenter pas à pas

Puis l’écouter encore

Faire naître l’envie

Voyage immobile

Dénicher les singularités

Inscrire les décalages

A défaut les construire

Installer le paysage,

Paysage sonore

Paysage exposé

Cadre d’écoute

Points d’ouïe encore

Sans rien ajouter d’autre

Si ce n’est proposer

Ce que l’on écoute pas forcément

Ou jamais comme ça

Le quotidien sublimé

Mettre en scène l’écoute

Posture partagée

Scène acoustique collective

Et l’auditeur au centre

 

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Mots clés : Point d’ouïe,paysage sonore, installation, écoute, posture, partage, scénophonie

Tags : Sweet spot, soundscape, installation, listening, posture, listening sharing, scenophony

 

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« Paysage sonore installé » @desartsonnants
« installed Soundscape » @desartsonnants

PAYSAGES SONORES INSTALLÉS – INSTALLED SOUNDSCAPES

« Paysage sonore installé » – Écoute circulaire

 

Une image en dit parfois plus qu’un long discours…

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En chantier – « Paysage sonore installé » – Écoute circulaire
In progress – « installed Soundscape » – Circular Listening

 

Mots clés : Point d’ouïe,paysage sonore, installation, écoute, posture, partage, scénophonie

Tags : Sweet spot, soundscape, installation, listening, posture, listening sharing, scenophony

 

« Paysage sonore installé » – Écoute circulaire @desartsonnants
 « installed Soundscape » – Circular Listening @desartsonnants

 

POINTS D’OUÏE, ACTIONS

L’OREILLE EN MARCHE, ACTIONS !

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Espaces/lieux/actions
À travers mon projet « Points d’ouïe  et paysages sonores partagés », je recherche des lieux d’accueil, exposition, résidence, conférence… Formes hybrides et contextualisées vivement souhaitées et recherchées.
Mes actions in situ tendent vers l’écriture de parcours sonores, des PAS – Parcours Audio sensibles, dans et avec les lieux, de concert avec  des participants, résidents/habitants, passants, artistes…

(Des)marches
J’aime à arpenter un territoire urbain, en capter ses sonorités singulières, ou non, les réécrire par les sons et par les textes… Éventuellement, au gré des expériences croisées, par des images, graphismes,  objets, mobiliers éphémères, scénographies…

Croisements
Je cherche à proposer conjointement des rencontres, ateliers, conférences autour du soundwalking…

Expériences et traces
Je développe cette approche nomade, contextuelle, performative, participative, relationnelle, ici ou là, en se construisant une collection de parcours, de Points d’ouïe, d’événements auriculaires (inventaires, inaugurations de points d’ouïe, aménagements…)

Gilles Malatray

Promeneur écoutant
Raconteur de paysages sonores
Inaugurateur de Points d’ouïe
Paysagiste sonore – scénophoniste
Fabriquant de PAS – Parcours Audio Sensibles
Passeur d’histoires et de culture sonifères

 

Si l’oreille vous en dit…

Desartsonnants@gmail.com

 

Ça crée du lien !

https://readymag.com/desartsonnants/Pointsdouie/

http://arteplan.org/initiative/points-douie/

http://www.franceculture.fr/emissions/creation-air/un-promeneur-ecoutant

ÉCOUTE EN MODE DOUX

TENDRE L’OREILLE VERS L’INTIME, L’INTIME VERS L’OREILLE TENDRE

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Écoute en mode doux, ou comment réveiller les oreilles sans les brutaliser? Le geste d’écoute n’est pas impulsé, en tous  cas pas de la meilleure façon, par une injonction. Je cherche plutôt une modeste incitation, qui convoque la curiosité à tendre l’oreille vers le détail, la beauté du quotidien sublimé. Ne pas imposer, proposer, suggérer, surprendre,  au coin de la rue…

Les murs ont des oreilles, murs-murs

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PAS – PARCOURS AUDIO SENSIBLES À MONS

MONS EN ÉCOUTE

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Vendredi 26 février, temps gris et frisquet, Parcours Audio Sensible effectué dans le cadre d’une intervention avec l’école Supérieure d’Arts ARTS2 de Mons,et suite à une conférence au sein de la Faculté d’architecture et d’Urbanisme, invité par Transcultures dans le cadre d’un programme universitaire « Bouquets de sons ».
Cette balade fait suite à de nombreuses déambulations effectuées ces dernières années dans cette même ville, notamment dans le cadre du festival international d’arts sonores City Sonic.
Au fil des explorations pédestres, des choses s’affirment concernant le paysage sonore.
La cité montoise, de par sa typologie, ses reliefs, la diversité de ses bâtis, ses passages, cours intérieurs, escaliers, parcs… est un terrain de choix pour y promener ses oreilles.
Espaces intimes, panoramiques, grandes places et ouvertures de belles perspectives donnent à l’écoute un panel de points d’ouïes, de champs et de hors champs, de couleurs sonores qui maintiennent l’attention et aiguisent les sens.
Quelques signatures acoustiques se font entendre.
La grande majorité des rues sont pavées. Un pavage généralement assez ancien et parfois très irrégulier, bosselé par l’usure du temps et les véhicules qui le maltraitent. La ville gronde souvent par ses bruits de roulements aux fréquences très graves. Si l’on se tient sur le parvis de la Collégiale Sainte Waudru, surplombant une rue en contrebas, « l’effet pavés » est assez saisissant.
D’ailleurs cette imposante collégiale possède une acoustique remarquable, sereine, à ne pas rater pourrait-on dire.
Autre bijou sonore, le carillon du beffroi surmontant la ville au sommet de sa colline. Après presque vingt ans de silence dus à d’interminables et lourds travaux de restauration et de consolidation, ce phare visuel de la ville retrouve de la voix. Il devient de ce fait également un fort beau phare acoustique, égrenant de de douces mélodies ciselées dans l’airain, marquant délicatement les repères temporels de la ville. Il est intéressant de noter que, au détour d’une rue, au fond d’une cour intérieure ou sur la grand place, les tintements campanaires se colorent fort différemment, donnant parfois l’impression que différents carillons jalonnent Mons.
Je ne peux résister à citer Victor Hugo qui, visitant Mons, « écrit ceci dans une lettre à Adèle :
« De temps en temps un carillon ravissant s’éveillait dans la grande tour (la tour des théières) ; ce carillon me faisait l’effet de chanter à cette ville de magots flamands je ne sais quelle chanson chinoise ; puis il se taisait, et l’heure sonnait gravement. Alors, quand les dernières vibrations de l’heure avaient cessé, dans le silence qui revenait à peine, un bruit étrangement doux et mélancolique tombait du haut de la grande tour, c’était le son aérien et affaibli d’une trompe, deux soupirs seulement. Puis le repos de la ville recommençait pour une heure. Cette trompe, c’était la voix du guetteur de nuit. Moi, j’étais là, seul éveillé avec cet homme, ma fenêtre ouverte devant moi, avec tout ce spectacle, c’est-à-dire, tout ce rêve dans les oreilles et dans les yeux. J’ai bien fait de ne pas dormir cette nuit-là, n’est-ce pas ? Jamais le sommeil ne m’aurait donné un songe plus à ma fantaisie. »
Le parc qui entour le beffroi offre sur la ville une splendide vue panoramique à quasiment 360°, et un promontoire, belvédère d’écoute en rapport au champ visuel. On perçoit la ville dans sa rumeur, avec ses innombrables sirènes de polices à l’américaine comme des émergentes assez saillantes. Le vent étant souvent de la partie sur ce point très exposé brouille parfois l’écoute de ses mugissement assez virulents.
Sur la grand place en contre-bas, centre névralgique et historique, où alterne une architecture flamande assez imposante et des reconstruction contemporaine « dans le style de « somme toute très réussie, l’acoustique est également remarquable. Cet immense espace pavé, hyper minéral, très peu circulé, offre à l’oreille de splendides réverbérations, écrins à toutes les sonorités de voix, de talons qui animent la place. De beaux et larges bancs m’offrent régulièrement de splendides points d’ouïe contemplatifs. En été une fontaine que je trouve un brin trop envahissante, bavarde, à tendance à masquer, à gommer un peu trop les finesses auriculaires, de la place, au moins à l’une de ses extrémités. En hiver, cette fontaine hors service laisse toute la place aux bruissements ambiants.
Cette endroit possède également une rythmicité très marquée. Le matin, plus ou moins tôt selon les saisons, elle s’éveille doucement, au sons des terrasses qui s’installent, «été comme hiver, sur quasiment tout le pourtour de la place. Le rythme des chaises et tables raclant ou martelant les pavés s’accélère progressivement dans un crescendo allant de paire avec les voix des passants partant travailler ou se rendant à la gare en contrebas. Autre signal qui s’est fortement accru ces dernières années, le sons des valises à roulettes qui tissent de longues traces sonores, plus ou moins rythmiques, et amplifiées par les pavés et la réverbération ambiante.

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La cité est par ailleurs ponctuée de jolis petits ou grands parcs, tel les jardins du Mayeur ou le parc du Vaulxhall en contrebas, qui préservent de beaux oasis de quiétude por le promeneur urbain
La nuit tombée, les tables et chaises se replient contre les devanture, effet decrescendo, les passant, en ce mois de février se font de plus en plus rares, tout s’apaise, le carillon prend un peu plus de présence, sans toutefois trop violenté l’espace.
Un passage commercial couvert au centre ville propose de belles sonorités, notamment la porte d’une grande et belle libraire qui carillonne joliment de la même façon depuis des années, repère sonore presque rassurant dans son immuabilité.
Bien sûr, Mons n’échappe pas à quelques horreurs acoustiques. Une muzzac très envahissante dans la rue piétonne principale et un « ring », ceinture périphérique hyper circulante en fond partie.
Certaines zones se sont, ou plutôt ont été fortement apaisées. Ainsi, la place du marché aux herbes avec ses bars très étudiants, qui les fins de semaines se transformaient en discothèques à ciel ouvert, des sound systems rivalisant de watts, et les pavés de la place recouvert d’un tapis crissants sous les pas de verre en plastique à été très « nettoyées », au point de paraître aujourd’hui presque une belle endormie
Néanmoins, et je pense que vous l’aurez compris, la cité demeure pour moi une belle scène d’écoute qui se révèle de plus en plus finement au fil de mes venues.

Album photos du PAS montois – Cliquez ici

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 Liens

Transcultures

ARTS2

Mons

 Faculté d’architecture et d’Urbanisme