VILLE SONORE
VILLE MÉMOIRE
Parce que la ville est comme un immense catalogue, constitué d’une foule d’histoires, des récits, à déchiffrer, du bout de l’oreille.
Écoutez ces cloches, ce carillon, ces tintements, dont certains sont installés depuis plusieurs siècles et qui sonnent à l’identique depuis, véritable fossiles sonores bien vivants, archéologie sonique.
Écoutez cette magnifique acoustique d’une cathédrale, qui résonne depuis bien longtemps déjà, et ses grandes orgues virtuoses, instruments historiques, rescapées d’un baroque flamboyant…
Regardez ces rues, ces pavés, ses portes anciennes, imaginez lorsque les chevaux et les véhicules hippomobiles faisaient claquer le pavé, vibrer sans ménagement la rue entière.
Regardez ces entrepôts, usines, qui fut un temps, en plein centre ville, grondaient, sifflaient, déversaient ou avalaient d’impressionnants flots humains, à intervalles réguliers…
Et cette verrière de gare 1900 qui a connu les halètements et les stridences des locomotives à vapeur.
Le kiosque à musique trône au milieu de la place, du jardin, même muet, il garde dans son architecture des polkas endiablées, ou des transcriptions d’airs d’opéra patinés de cuivres par les orphéons locaux.
Écoutez les accents, les expressions, les argots, les patois, avant qu’ils ne s’éteignent, en partie balayés par l’aplanissement des flux médiatiques.
Dans un marché populaire, quelques camelots haranguent encore le chaland, successeurs des crieurs de rues, colporteurs en tout genre, gardiens municipaux, veilleurs de nuit, qui portaient haut la voix dans la cité.
Partez en promenade avec les habitants, écoutez les raconter la ville, leur quartier, ce qui résiste, ce qui n’est plus.
Cueillez les sons de la ville comme un patrimoine vivant.
La mémoire des villes s’entend et se fabrique au gré des sons, sans forcément être teintée de nostalgie, bien vivante. Approchons la comme un simple livre ouvert sur la cité, que façonnent aussi moult sonorités sans cesse en mouvement, entre disparitions, apparitions et métamorphoses.