S’il est bon de prendre parfois des bains de sons, de se laisser immerger dans d’agréables ambiances sonores, des flux d’images acoustiques, de se faire doucement chalouper par des successions et superpositions de rythmes « naturels » entrainants, peut-on pour autant prétendre à une posture écologique ?
Au delà du plaisir hédoniste d’une belle écoute, ce qui est déjà un beau cadeau pour les oreilles, sans contrepartie ni processus énergivore, comment pouvons-nous aller vers une action plus engageante ?
Écouter pour comprendre, écouter pour agir.
Tendre l’oreille est déjà en soi un geste actif, volontaire, qui se démarque d’une écoute passive, subie, et de fait parfois contraignante, si ce n’est néfaste.
Écouter pour comprendre pourquoi, dans cette ville, ce quartier, ce village, cette rue, je m’entends bien, je me sens bien, alors que dans d’autres lieux je serai géné, si ce n’est agressé, peu enclin à profiter des espaces publics…
Que faudrait-il faire, parfois très simplement, pour mieux s’entendre, tant avec les lieux qu’avec ses occupants, pour que mon oreille s’y retrouve ? Une fontaine, un bosquet, des bancs publics judicieusement placés, le tracé d’un cheminement riche en sensations… ?
Comment penser l’aménagement d’une place publique, du chemin vers l’école, les commerces, le centre ville, comme des parcours sécurisés, agréables au marcheur, y compris dans ses ambiances sonores ?
Quels lieux pour se rencontrer, discuter sans hausser la voix, se mettre à l’abri à la fois des grosses chaleurs et des saturations acoustiques, dans de petits oasis de fraîcheur apaisés ?
Comment notre écoute active, peut-elle engager, partager ses réflexions, jusque dans la prise en compte effective, factuelle, d’aménagements urbains ou ruraux ?
De l’écoute/plaisir, on glisse, on superpose, on associe, une écologie écoutante, celle qui va poser les problématique du milieu sonore comme une façon de bien ou mieux vivre, s’entendre, dans toute la polysémie du terme, de cohabiter, prendre soin, porter attention, ménager la santé, les sociabilités, les mobilités douces, la qualité de vie en générale.
L’écoute comme un bien commun rendant plus vivables des espaces public, dans une époque pleine d’incertitudes anxiogènes.
Sans prétendre résoudre et résorber tous les problèmes, les fonctionnements, tensions, saturations, poser une écoute active et qui plus est collective, c’est déjà engager une participation citoyenne à portée d’oreilles.