PAS – PARCOURS AUDIO SENSIBLES À MONS

MONS EN ÉCOUTE

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Vendredi 26 février, temps gris et frisquet, Parcours Audio Sensible effectué dans le cadre d’une intervention avec l’école Supérieure d’Arts ARTS2 de Mons,et suite à une conférence au sein de la Faculté d’architecture et d’Urbanisme, invité par Transcultures dans le cadre d’un programme universitaire « Bouquets de sons ».
Cette balade fait suite à de nombreuses déambulations effectuées ces dernières années dans cette même ville, notamment dans le cadre du festival international d’arts sonores City Sonic.
Au fil des explorations pédestres, des choses s’affirment concernant le paysage sonore.
La cité montoise, de par sa typologie, ses reliefs, la diversité de ses bâtis, ses passages, cours intérieurs, escaliers, parcs… est un terrain de choix pour y promener ses oreilles.
Espaces intimes, panoramiques, grandes places et ouvertures de belles perspectives donnent à l’écoute un panel de points d’ouïes, de champs et de hors champs, de couleurs sonores qui maintiennent l’attention et aiguisent les sens.
Quelques signatures acoustiques se font entendre.
La grande majorité des rues sont pavées. Un pavage généralement assez ancien et parfois très irrégulier, bosselé par l’usure du temps et les véhicules qui le maltraitent. La ville gronde souvent par ses bruits de roulements aux fréquences très graves. Si l’on se tient sur le parvis de la Collégiale Sainte Waudru, surplombant une rue en contrebas, « l’effet pavés » est assez saisissant.
D’ailleurs cette imposante collégiale possède une acoustique remarquable, sereine, à ne pas rater pourrait-on dire.
Autre bijou sonore, le carillon du beffroi surmontant la ville au sommet de sa colline. Après presque vingt ans de silence dus à d’interminables et lourds travaux de restauration et de consolidation, ce phare visuel de la ville retrouve de la voix. Il devient de ce fait également un fort beau phare acoustique, égrenant de de douces mélodies ciselées dans l’airain, marquant délicatement les repères temporels de la ville. Il est intéressant de noter que, au détour d’une rue, au fond d’une cour intérieure ou sur la grand place, les tintements campanaires se colorent fort différemment, donnant parfois l’impression que différents carillons jalonnent Mons.
Je ne peux résister à citer Victor Hugo qui, visitant Mons, « écrit ceci dans une lettre à Adèle :
« De temps en temps un carillon ravissant s’éveillait dans la grande tour (la tour des théières) ; ce carillon me faisait l’effet de chanter à cette ville de magots flamands je ne sais quelle chanson chinoise ; puis il se taisait, et l’heure sonnait gravement. Alors, quand les dernières vibrations de l’heure avaient cessé, dans le silence qui revenait à peine, un bruit étrangement doux et mélancolique tombait du haut de la grande tour, c’était le son aérien et affaibli d’une trompe, deux soupirs seulement. Puis le repos de la ville recommençait pour une heure. Cette trompe, c’était la voix du guetteur de nuit. Moi, j’étais là, seul éveillé avec cet homme, ma fenêtre ouverte devant moi, avec tout ce spectacle, c’est-à-dire, tout ce rêve dans les oreilles et dans les yeux. J’ai bien fait de ne pas dormir cette nuit-là, n’est-ce pas ? Jamais le sommeil ne m’aurait donné un songe plus à ma fantaisie. »
Le parc qui entour le beffroi offre sur la ville une splendide vue panoramique à quasiment 360°, et un promontoire, belvédère d’écoute en rapport au champ visuel. On perçoit la ville dans sa rumeur, avec ses innombrables sirènes de polices à l’américaine comme des émergentes assez saillantes. Le vent étant souvent de la partie sur ce point très exposé brouille parfois l’écoute de ses mugissement assez virulents.
Sur la grand place en contre-bas, centre névralgique et historique, où alterne une architecture flamande assez imposante et des reconstruction contemporaine « dans le style de « somme toute très réussie, l’acoustique est également remarquable. Cet immense espace pavé, hyper minéral, très peu circulé, offre à l’oreille de splendides réverbérations, écrins à toutes les sonorités de voix, de talons qui animent la place. De beaux et larges bancs m’offrent régulièrement de splendides points d’ouïe contemplatifs. En été une fontaine que je trouve un brin trop envahissante, bavarde, à tendance à masquer, à gommer un peu trop les finesses auriculaires, de la place, au moins à l’une de ses extrémités. En hiver, cette fontaine hors service laisse toute la place aux bruissements ambiants.
Cette endroit possède également une rythmicité très marquée. Le matin, plus ou moins tôt selon les saisons, elle s’éveille doucement, au sons des terrasses qui s’installent, «été comme hiver, sur quasiment tout le pourtour de la place. Le rythme des chaises et tables raclant ou martelant les pavés s’accélère progressivement dans un crescendo allant de paire avec les voix des passants partant travailler ou se rendant à la gare en contrebas. Autre signal qui s’est fortement accru ces dernières années, le sons des valises à roulettes qui tissent de longues traces sonores, plus ou moins rythmiques, et amplifiées par les pavés et la réverbération ambiante.

visuel

La cité est par ailleurs ponctuée de jolis petits ou grands parcs, tel les jardins du Mayeur ou le parc du Vaulxhall en contrebas, qui préservent de beaux oasis de quiétude por le promeneur urbain
La nuit tombée, les tables et chaises se replient contre les devanture, effet decrescendo, les passant, en ce mois de février se font de plus en plus rares, tout s’apaise, le carillon prend un peu plus de présence, sans toutefois trop violenté l’espace.
Un passage commercial couvert au centre ville propose de belles sonorités, notamment la porte d’une grande et belle libraire qui carillonne joliment de la même façon depuis des années, repère sonore presque rassurant dans son immuabilité.
Bien sûr, Mons n’échappe pas à quelques horreurs acoustiques. Une muzzac très envahissante dans la rue piétonne principale et un « ring », ceinture périphérique hyper circulante en fond partie.
Certaines zones se sont, ou plutôt ont été fortement apaisées. Ainsi, la place du marché aux herbes avec ses bars très étudiants, qui les fins de semaines se transformaient en discothèques à ciel ouvert, des sound systems rivalisant de watts, et les pavés de la place recouvert d’un tapis crissants sous les pas de verre en plastique à été très « nettoyées », au point de paraître aujourd’hui presque une belle endormie
Néanmoins, et je pense que vous l’aurez compris, la cité demeure pour moi une belle scène d’écoute qui se révèle de plus en plus finement au fil de mes venues.

Album photos du PAS montois – Cliquez ici

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 Liens

Transcultures

ARTS2

Mons

 Faculté d’architecture et d’Urbanisme

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