MONS LE SONS – NOCTURNE CENTRAL 2016
Au fil des années, de mes passages à Mons, somme toute assez réguliers, dans cette cité belge, certains de ses lieux sont devenus pour moi, des espaces d’exploration sonores tout indiqués. Quelques bancs, bancs d’écoute, ici et là, notamment sur la grande place centrale, au pied des jardin du beffroi, me servent régulièrement de refuge -affût d’écoute. Ils me permettant, à différentes heures, ou époques, de prendre le pouls acoustique de la ville, de noter ses changements d’ambiances assez sensibles d’un moment à l’autre, et qui plus est d’une saison à l’autre.
En été, une fontaine a tendance, surtout de nuit, à devenir un brin envahissante dans son flot ininterrompu de bruits blancs, gommant ainsi beaucoup de détails et d’arrière-plans. En hiver, cette fontaine étant hors d’eau, l’espace retrouve une ampleur et une finesse qui se déploie sur toute l’entendue de la place, et cette dernière est très vaste. Le lieu est minéral, avec de nombreux débouchés de rue ou de passages piétonniers, ce qui donne à l’espace acoustique une magnifique spacialisation agrémentée de réverbérations qui nous donnent l’échelle du paysage. Le soir, peu de véhicules y circulent, ce qui laissent aux voix et aux activités humaines une belle place.
Des badauds, des étudiants, quelles fêtards, des patrons de bars restaurants, très nombreux sur ce site historique, qui vantent les spécialités, rangent les terrasses, des clients qui sortent fumer, des francophones, des néerlandophones, une palette de sons bel et bien vivants.
Et puis, agréable surprise de cette écoute nocturne, après des années de silence dues à d’interminables travaux, le beffroi surmontant la ville de Mons sur sa colline (Mons/Bergen…) à retrouvé de la voix. Tous les quarts d’heure, il égrené une courte mélodie joliment ciselée dans l’espace. Un vrai bonheur que de réentendre ces sonneries, ces musiques repères spatiaux et temporaires !
D’ailleurs, hier soir, une intéressante expérience d’écoute à l’improviste. Je marche dans la rue principale, noyée sous un flot de musique/muzac à mon goût bien trop présente quand soudain, à 19 heures, elle s’interrompt brusquement. Et la ville retrouve enfin ses espaces acoustiques subtiles. Nous la réentendons subitement, comme le notait parfois et le faisait constater Max Neuhaus dans ses installations sonores. De plus, le carillon du beffroi, enchaine par une délicate sonnerie dans ce nouveau « silence installé». La ville comme j’aime l’entendre, et la faire entendre.
Texte et captation sonore lors d’une invitation par Transcultures – Balades, conférences et workshops avec la Faculté d’architecture et d’urbanisme de Mons (cycle de conférences les territoires augmentés par le son) et l’école supérieure des arts Arts au Carré de Mons
Le 24/12/2016 – Grand Place de Mons – 19H30