PAS – Parcours Audio Sensible Nocturne à Lyon Vaise

Le paysage sonore dans lequel nous vivons, un exemple parmi tant d’autres

32154890713_f766d80cef_b_d
Église de l’annonciation  -Lyon Vaise, point de départ du PAS, à la tombée du jour – ©Patrick Mathon

Le contexte: un projet européen Erasmus+ « Le paysage sonore dans lequel nous vivons », qui est organisé par le GMVL (Groupe de Musiques Vivantes de Lyon), en impliquant quatre autres partenaires Italiens, Sardes, Portugais et grecs.
Le but de la promenade : effectuer un repérage collectif sur le quartier de Vaise, par une promenade écoute en trois points focus.
Nous sommes huit personnes, parmi lesquels des artistes sonores, étudiants travaillant autour de la soundwalk, membres du Conseil de quartier, protagonistes du projet « Sentiers métropolitainS » autour de Lyon…
Il s’agit dune écoute à oreilles nues, sans enregistrement ni autre dispositif d’écoute. La captation  viendra ultérieurement,  très prochainement.
Tous les focus d’écoute s’effectuent d’une seule traite, entre 15 et 20 minutes, et en silence. Nous commentons après, durant les liaisons (pédestres) entre chaque focus, et en fin de parcours.
Il est 18H30, la nuit est tombée, il fait très beau et assez doux pour la saison.

Petit débriefing au départ, qu’est-ce que met en jeu le projet autour des paysages sonores européens ?  Pourquoi une écoute sous forme de balade sonore ? Son articulation dans le repérage, dans le projet ?…

32928637526_8a3cfc5607_b_d
En route, Gare de Vaise – ©Patrick Mathon
32928637486_0658bfc169_o_d
En route, Gare de Vaise – ©Patrick Mathon

Premier focus auriculaire, gare aux oreilles !
La traversée de la gare de Vaise, vaste nœud de circulation multimodale (piétons, métro, bus, trains, vélos, voitures…).
Traversée horizontale, sur toute sa longueur, en zigzagant (sobrement) de droite à gauche, dedans, dehors.
Traversée verticale, sous-sol métro, niveau rue garde des bus, étages des parkings…
Gare de rythmes.
On y trouve pêle-mêle :
Drones de ventilations faisant écho, ou couches mixées aux graves des trains ronronnant sur le talus.
Claquements de grilles, joints métalliques lors des passages de bus ou voitures, effet percussif puissant ! Cliquettements des escalateurs, à chacun les siens, contrepoints complexes, Crachotements très sympathiques d’un haut-parleur déficient, depuis quelques mois déjà.
Chuintements de métros invisibles en contrebas, mouvements acousmatiques. Flux droite gauche et inverse.
Chuintements rythmiques des portes coulissantes en fonction des flux des passagers. Mixages ponctuels intérieurs/extérieurs, porosité des espaces et de leurs ambiances, effets de coupures, apparitions/disparitions…
Signaux sonores, attention à la fermeture des portes, compostages de billets.. Des bips aux émergences aigües, pointillistes ponctuant les espaces-temps.
Transitions acoustiques en fondus ou en coupures, dedans-dehors, des espaces resserrés, ouverts, plus ou moins réverbérants, mais en général toujours réverbérants, volumes des espaces et matériaux obligent.
Mixages intimes, des escaliers, des voix, des pas, d’incessantes montées et descentes des ascenseurs très très proches nous, la vue, les mouvements, les sons dessus dessous… Étranges sensations de tiers-lieux sonores d’entre-deux acoustiques.
Écoute panoramique, les parkings offrent des points d’ouïe sur quasiment 360°, ouverts sur l’extérieur, très différents selon son poste d’écoute ou ses mouvements traversants (mixages en marchant). L’extrémité du parking est remarquable, entre les bus sous nos pieds, les train à portée de vue et d’oreille, et les voitures qui font claquer puissamment les joints métalliques du sol. Belle scène acoustique à saisir et à déguster sans modération…

32154890613_f7de4192f7_o_d
Gare aux oreilles – ©Patrick Mathon
32928637616_d92db5f28f_b_d
Gare aux oreilles – ©Patrick Mathon
32928637606_59f592fe04_o_d
Guidage au sol pour Promeneurs écoutants en parkings – ©Patrick Mathon

Deuxième focus auriculaire, un complexe sportif  en extérieur nuit
A quelques pas de la gare, le complexe sportif Boucaud, ex Gare d’eau.
Une plongée dans une vaste fosse extérieure, en contrebas des voies de circulation, position topologique qui amortit considérablement la rumeur de la ville, jusqu’à la faire presque oublier, si ce ne sont les émergences de klaxons ou motos à grosse cylindrée.
Une vaste ensemble de stades pour footballeurs, handballeurs, basketteurs, une grande piste en anneau de vitesse, et des bâtiments vestiaires, salles de gym…
Première impressions et images (visuelles et sonores) fortes, un long ruban de patineurs, dans une grande glisse, par groupe, avec une belle virtuosité quasi chorégraphique, rythme toute la piste.
Par deux, cinq, dix, les patineurs se suivent de très près, se talonnent, dans un impeccable synchronisme corporel, et à une vitesse impressionnante.
Des flux entrecoupés de quelques joggeurs.
A l’oreille, c’est tout aussi intéressant !
Chaque groupe passe près de nous avec une sorte de traine chuintée-sifflée, où se perçoivent les rythmes de mouvements extrêmement précis. Difficile à décrire, il faut l’entendre.
Des voix réverbérées, consignes, comptages de tours, dialoguent en glissant, éparpillées tout au tour de l’anneau, toujours en mouvement elles aussi, dans une glissade circulaire véloce. Bel espace sonore, dynamique et poétique, dans les lumières de la nuit tombée.
Je note le jour et l’heure, espérant que ce rendez-vous est régulier pour revenir armé de micros cette fois-ci.
Nous sommes ensuite sur une pelouse synthétique, entourés de l’anneaux des surfeurs et d’un stade où s’entrainent des footballeurs, et en dessus, une salle de Gym tonic.
Encore de beaux mixages en se déplaçant au gré des sons, ou postés, entre voix, glissements de patins, chocs de ballons… Polyphonie sportive spacialisée.
Ce complexe sportif est un espace d’écoute privilégié où, selon les jours et les heures, rien n’est jamais pareil, une propriété du paysage sonore me direz-vous, mais particulièrement sensible en cet endroit. J’espère pouvoir retranscrire et transmettre la magie des lieux par micros interposés.

32928637476_07e5f94381_o_d

A toute vitesse – ©Patrick Mathon

Troisième focus auriculaire, le pont Schuman ou la chambre d’échos
Une fois la Saône traversée, à quelques encablures ad pedibus, sous le pont Schuman, dernier né des  enjambeurs de rivière (ici la Saône) lyonnais, un dernier focus sonore qui se jouera cette fois-ci sur un seul et unique effet, l’écho.
éc(h)logiquement votre dirait-je en parlant de paysages sonores.
Certes, je le connais déjà, un vrai faux repérage donc, et l’ai déjà testé à envi, mais ne résiste jamais à partager cette friandise acoustique comme un petit bouquet final pour les oreilles.
Nous l’avons découvert par hasard, avec un ami voisin et aussi écoutant, lors d’une promenade auriculaire.
C’est un effet qui me rappelle certaines combes jurassiennes, échos multiples, assez cours, réverbérés, colorés, bluffants.
C’est tout à fait surprenant dans ce genre de lieux. Pourtant, tel un enfant qui aime entendre sa voix chamboulée par les tunnels, les ponts, je joue souvent à traquer les effets acoustiques de ce genre. Celui-ci est proprement spectaculaire. A se demander si il n’est pas voulu et recherché. Ce qui m’étonnerait fort, mais qui sait…
Un premier coup de trompe pour révéler la caractéristique sonore aux oreilles de tous.
Puis nous jouons, à tour de rôle, ensemble, style improvisation libre…
Nous constatons que les sons aigus, même à très faibles volumes, excitent facilement l’acoustique, l’écho nous répondant sans forcer la voix, même en chuchotant.
Pour les médiums et gravent, ils faut déployer plus d’énergie.
Retour par les quais de Saône aux magnifiques lumières, car malgré tout, le paysage n’est pas que sonore, tant s’en faut !

32154890163_86d19787bd_k_d
Sous l’pont de vaise, échos, échos i….

Post focus auriculaire, finissage  en forme de causerie
Pour se remettre de ses émotions, s’assoir devant une boisson, en terrasse place de Paris, et discuter à bâtons rompus.
Les faits saillants, les surprises, les sons en vrac, les images aussi, l’expérience du groupe ou de chacun, coutumière pour certains, un brin desartsonnante pour d’autres.
Les projets et réseaux croisés de chacun, autour du son, des installations, promenades, parcours sensibles…
En bref, tout ce qui prolonge est termine convivialement un PAS, la relation entretenant la bonne et belle écoute, et inversement.
Prochaine étape, fixer tout cela, et certainement d’autres choses aléatoires, micros en mains, et oreilles aux aguets !

 

Enregistrer

Enregistrer

1 commentaire

Votre commentaire

Entrez vos coordonnées ci-dessous ou cliquez sur une icône pour vous connecter:

Logo WordPress.com

Vous commentez à l’aide de votre compte WordPress.com. Déconnexion /  Changer )

Photo Facebook

Vous commentez à l’aide de votre compte Facebook. Déconnexion /  Changer )

Connexion à %s