POINTS D’OUÏE – PRENDRE DE LA HAUTEUR…

Paysages entendus et vus d’en haut

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Belvédère rue de l’Abbé-Larue – Jardin des curiosités – Lyon 5e

 

La question des points de vue et d’ouïe confondus, notamment s’ils sont panoramiques m’intéresse énormément. Y frotter le regard comme l’écoute, en mesurant la très grande différence d’appréhension spatiale par le prisme de ces deux sens, mais aussi en constatant leur indéniable complémentarité, leur intrinsèque complicité dirais-je même.
La ville, mais aussi des espaces naturels s’appréhendent d’autant mieux que l’on se place sur un point haut, qu’on les surplombe, en position dominante, d’un belvédère, d’une esplanade, d’une terrasse supérieure, d’un balcon, d’un mont…
Pour le paysage urbain, le panoramique permet visuellement de distinguer les grandes lignes, les structures, les ilots, les traversantes, les « labyrinthes, les grandes places, cours d’eau, coulées ou étendus végétalisées, monuments ou architectures émergents verticalement, ou plus horizontalement… Bref d’avoir une idée assez rapide et précise de ce qu’est la ville à nos pieds, de ces grands contours et quartiers, des époques qui l’on façonnée, et du chantier urbain en cours.
En ce qui concerne l’écoute, souvent (volontairement) concomitante au regard, on saisit l’ambiance, l’atmosphère sonore, le bruit de fond, les flux, les émergences, les plans acoustiques,  de la proximité au lointain, comme autant de signatures spatio-temporelles.
Pour saisir le détail, connaître l’immersion, il nous faudra descendre nous encanailler de plus près, plus intiment, avec la ville, plonger dans l’antre urbain, le bouillonnement environnant, quitte à perdre beaucoup de ses repères sensoriels et géographiques. L’approche y sera moins globale, plus morcellée, parfois façon puzzle, éparpillée en détails disjoints, dans un territoire émietté, à reconstituer.
J’ai souvent pratiqué, expérimenté, apprécié, voire plus, les points de vue/d’ouïe surplombants, des situations paysagères remarquables, étonnamment singulières, spectaculaires, comme mise en scène par des urbanistes ou paysagiste qui seraient, même involontairement épris du grandiose, quitte à friser la belle ostentation.
Paris ces souvenirs d’écoutes panoramiques, l’esplanade Saint-Jean et la place Bellevue ou le belvédère de l’Abbé-Larue, celui des deux Amants, et tant d’autres à Lyon, la terrasse supérieure des Gratte-Ciel à Villeurbanne, celle de la Maison de la Radio à Paris, le haut du parc Güell de Gaudi à Barcelone, quelques superbes échappées sur la ville basse de Tananarive de la colline d’Ankatso, le village balcon d’Isérables, dominant la vallée du Rhône valaisanne, certaines reculées belvédères du parc du Haut-jura, le parc du Beffroi à Mons (be), le panorama du cirque de Navacelle, le belvédère des lichens de Gilles Clément sur le sentier des Lauzes en Ardèche, la terrasse supérieure du parc du château Buffon à Montbard. (où ont été inaugurés des Points d’ouïe)… et tant d’autres encore !
Sur chacun de ces sites, qu’ils dominent une ville ou un vallée rurale, un village, une rivière, ma rétine comme mon oreille , que j’ai systématiquement fait œuvrer de concert, en connivence, ont été fortement impressionnées, et très durablement marquées de ces extraordinaires expériences sensorielles qui m’ont permis, littéralement, de prendre de la hauteur sur le paysage, d’en empoigner une large tranche, et d’en jouir à 360° parfois.
Mais il n’est pas toujours possible  de trouver des points hauts, de s’élever, dans de grandes plaines, des villages aux maisons basses, où il est difficile d’en décoller,   qui nous obligent à rester au plus près du sol, dans une approche de proximité, ce qui du reste n’a rien de catastrophique ni de rédhibitoire, chaque espace et chaque moment devant être abordé dans son jus contextuel, même en apparence plus trivial que la hauteur majestueuse. Le détail et le « normal », le non exceptionnel, à première vue, ou écoute, cachent souvent moult richesses et aménités à découvrir et à partager de l’oreille.
j’avoue cependant, ayant été habitué tout petit à des paysages fortement vallonnés, jalonnés de cols, préférer la dénivelé, l’étagement vers le haut, qui permet de s’échapper un brin de la ville, ou de la plaine, parfois pour moi trop « terre terre », ou « pierre à pierre ». En cela Lyon, ville aux multiples panoramas, me convient tout à fait, avec une sorte de collection de multiples points de vue/points d’ouïe, de ses « collines qui prient » ou ses « collines qui travaillent », et des franges des Mont d’or environnants.

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Pace Bellevue – Quartier de la Croix-Rousse – Lyon 4e

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