Passages couverts en résonances
Ce n’est certes pas la première fois que, en tant qui promeneur écoutant, j’aborde le sujet.
Néanmoins, j’assume mes propres itérations, mes propres répétitions, qui sont pour moi un moyen d’affirmer mes coups de cœur, mes coups d’oreilles, de les ancrer dans un vécu, une expérience de marcheur.
Au-delà, qui sait, c’est sans doute un moyen de trouver en les partageant des échos chez d’autres marcheurs, ou écoutants, ou les deux.
Comme je le constate souvent, la vue est indissociable de l’oreille et vice et versa, en tous cas dans mes propres parcours.
L’oreille peut guider la vue, l’emmener vers…
La vue peut guider l’oreille, la faire tendre vers…
Ces deux sens se complètent, s’auto-enrichissent, stimulent des états perceptifs qui viennent exacerber nos sensations, plaisirs, ou déplaisirs.
Or il se trouve que : J’aime les passages couverts.
J’aime les couloirs.
J’aime les galeries.
J’aime les tunnels.
Y compris parfois dans les sentiments d’étrangeté, des sensations de froideur, d’humidité, d’obscurité, voire d’insécurité.
J’aime les espaces confinés, aux perspectives resserrées, fuyantes, aux longues réverbérations.
Il me semble qu’il y a dans ces lieux de belles adéquations entre ce que je vois et ce que j’écoute.
Les sonorités y sont parfois étouffées, parfois amplifiées, réverbérées, portées par des murs minéraux qui les colorent de timbres presque métalliques. Les voix s’ajustent aux lieux, soit intimes, soit au contraire expansives, portées à jouer avec les lieux – tels les enfants criant quasi systématiquement dans les tunnels justement.
A chaque nouveaux PAS – Parcours Audio Sensible, je n’ai de cesse que de rechercher au moins un passage de ce type, allée couverte, pont ou autre boyau acoustique, même de taille modeste.
Ces parcours, ponctués de résonances, ou d’endroits plus mats, plus secs, acoustiquement parlant, nous procurent des sensations d’ouvertures/fermetures acoustiques, d’élargissements/rétrécissements, où l’espace devient tangible à l’écoute. On y sent les pressions acoustiques se déployer ou se resserrer physiquement, corporellement, comme une enveloppe immersive. On y percoit une certaine compacité élastique de l’air, ce qui d’ailleurs nous fait mesurer l’incroyable acuité de notre système d’écoute, et de notre corps résonant et résonateur.
Écoutez/regardez, imaginez les ambiances…
Ambiances sonores du tunnel de l’ile du souvenir – Parc de la tête d’Or à Lyon – Balade – expérimentations sensibles par Nathalie Bou et Desartsonnants