Prenez en, de la graine !
Prenez en, de la graine !
Suivant cette injonction, nous l’avons donc fait.
Nous avons cueilli, mis en sachets, décortiqué, regardé, scruté, nommé, ou pas, étiqueté, dessiné, crobardé, photographié, enregistré, marché, de massifs en massifs, discuté, commenté, touché, raconté, imaginé, cueilli de nouveau…
Phlomis, sauge sclarée, chardon bleu, Pyretrum dite pâquerette, blanche, ou mauve, Triforium dit trèfle (en principe à trois feuilles), plantain major ou lancéolé, laitue et épinard sauvages, silène enflée… Petite liste incomplète en litanie fleurie, herbacée, boisée; premier voyage au gré des noms botaniques, récits à l’exotisme enraciné sur divers terrains terreaux.
On rêve à semer plus loin, toujours plus loin, transit de plantes voyageuses et essaimantes, un sachet glissé dans nos poches ou bagages. Graines furtives et avides de nouveaux espaces humus habitables.
On trie encore, pour tenter de se souvenir, classement de formes, matières, couleurs, odeurs, graines-crottes de palmiers, ailettes du pissenlit, gousses explosives de je ne sais plus qui; à chacun sa semence disséminée au gré du vent, des insectes, de digestions fermentations défécations…
Parfois nous mixons, espérant une nouvelle micro prairie fleurie, jusqu’à portée de balcon.
Construisons le voyage, physique ou symbolique, de madame graine, pas pour autant mauvaise graine, nous nous garderons pour l’instant de trier le bon grain de l’ivraie, toute particule reproductrice ayant son droit au sol, jusqu’à prendre racine, si nécessaire.
La graine accrochée aux semelles, dans les pattes d’une abeille ou le ventre d’un rongeur, emportée par le vent ou virevoltante hélice tourbillonnante, se garde toujours une part de clandestinité – graine d’altérité féconde ou chaque pousse naissante maintient en vie la diversité et complexité d’écosystèmes fragiles.
Parfois cependant, l’espèce arrive en force, et se fait invasive, déséquilibre d’une domination en herbe qui ne cessera hégémoniquement de croître, et qu’il faut bien maîtriser quelque part, question d’éthique, d’éthique botanique…
Avant la dissémination urbaine, la contamination joyeuse d’espaces friches, délaissés à la flore libertaire, plate-bandes sans doute trop sages, jardinières désertées, il nous faut raconter encore, dire de l’herbe folle, s’imaginer corps ambulants, avant que de trouver refuge en des sols fertiles. Si le désert est beau, la plante est plus nourricière.
La métaphore nous guette, prenons en, de la graine !
Texte écrit par Gilles Malatray, suite à la récolte du dimanche 16 juillet 2017 « Égrainer les chemins » – Grand Parc de Miribel Jonage l’Iloz et Jardin des Allivoz et Abi Abo. Avec Damien Lamothe, Pierre Gonzales, Jérôme Dupré la Tour, Gilles Malatray/Desartsonnants, et d’autres cueilleurs de tous âges
©Dessin de Jérôme Dupré Latour – Abi Abo
Prenez en, de la graine !
Suivant cette injonction, nous l’avons donc fait.
Nous avons cueilli, mis en sachets, décortiqué, regardé, scruté, nommé, ou pas, étiqueté, dessiné, crobardé, photographié, enregistré, marché, de massifs en massifs, discuté, commenté, touché, raconté, imaginé, cueilli de nouveau…
Phlomis, sauge sclarée, chardon bleu, Pyretrum dite pâquerette, blanche, ou mauve, Triforium dit trèfle (en principe à trois feuilles), plantain major ou lancéolé, laitue et épinard sauvages, silène enflée… Petite liste incomplète en litanie fleurie, herbacée, boisée; premier voyage au gré des noms botaniques, récits à l’exotisme enraciné sur divers terrains terreaux.
On rêve à semer plus loin, toujours plus loin, transit de plantes voyageuses et essaimantes, un sachet glissé dans nos poches ou bagages. Graines furtives et avides de nouveaux espaces humus habitables.
On trie encore, pour tenter de se souvenir, classement de formes, matières, couleurs, odeurs, graines-crottes…
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