Un arpentage auriculaire des lieux Un PAS – Parcours Audio Sensible public, où seule l’écoute est installée dans des points d’ouïe Des sons captés in situ Des sons (re)composés et joués dans un concert-performance improvisé
En préambule, possibilité d’une inauguration officielle et festive d’un Point d’ouïe
Sans doute, les habitués du macadam auront reconnu dans cette liste un brin inventaire à la Prévert, des artistes et troupes de ce que l’on nommait autrefois théâtre de rue, aujourd’hui arts de la rue et régulièrement arts en espace public. Mais qu’ont donc en commun ces artistes, compagnies, aux styles très différents ? Sans doute aurez-vous pensé que la chose sonore n’est pas étrangère à l’affaire, et vous avez parfaitement raison. Paroles, musiques, créations sonores, mises en écoute, façons de faire sonner l’espace, de donner à entendre des histoires drôles, noires, intimes ou spectaculaires, les arts de la rue ont su trouver des formes de langages ad hoc, dans des lieux bien sonnants, et souvent bien sonnés. Entre parades démesurées, interventions bruitistes post rock, fanfares déjantées, harangues foraines ou récits intimes, de proximité, beaucoup de spectacles ont réchauffé mes oreilles, de places en rues, et disons-le m’ont fait aimer plus que jamais le fait de jouer avec les lieux, hors-les murs, à l’air libre. Il y aurait sans doute encore beaucoup à dire, et à faire, autour de la création sonore en espace public, même si, il y a quelques années déjà, un numéro spécial de Rue de la Folie s’y est penché, ainsi qu’Anne Gonon dans son essai « Tout ouïe ». Des croisements entre des formes hybrides, déambulantes ou non, à voies nues, amplifiées, spatialisées, des réflexions sur les façons de discourir, d’écrire par ou avec les sons, sur leur force émotive sans forcément la barrière scénique, l’héritage des sons de la rue, ou à la rue, est encore à creuser. Lorsque Clément Janequin mettait en musique les cris de Paris, que Molière déplaçait ses tréteaux, et qu’ Oposito débaroule en Transhumance sauvage, à grands sons de tonneaux métalliques frappés et roulés et de rock fiévreux, l’espace public devient un champ d’écoute et d’expérience sonore sans pareil. On y installe des écoutes qui se frottent directement aux espaces de la ville, de la banlieue, et même des forêts profondes, et surtout aux territoires où se jouent parfois des sociabilités complexes. Le fait d’aller au contact des habitants, dont beaucoup n’oseront jamais franchir la porte d’un théâtre, est une richesse qu’ont su développer les arts de la rue, même s’il faut toujours lutter contre les tentatives d’instrumentalisation politique, et aujourd’hui les contraintes sécuritaires de plus en plus liberticides. Porter et partager le son hors-les-murs, quelque soit le discours et les formes, reste une aventure passionnante, même régulièrement en silence en ce qui me concerne.
Après avoir expérimenté dans les murs et hors-le-murs d’un collège saint-priod, des balades écoute, captations, montages, conversations… nous voici, pour clore le projet, en studio de radio.
Cette conversation radiophonique, à Radio Pluriel de Saint-Priest, qui nous a accueilli dans ses studios, fait suite à un projet de création sonore audio paysagère. Plusieurs professeur(e)s s’y sont associés.
Merci à Aurélie Martinaud, enseignante en arts plastiques, d’avoir impulsé ce projet, à l’équipe et aux professeurs du Collège Gérard Philippe, de l’avoir accueilli, aux élèves d’avoir joué le jeu, et à Radio Pluriel de nous avoir donner audience pour présenter notre travail.
Des grenouilles amplepuisiennes, des eaux du Sobant et de la Loue (25), et des corneilles de la Saline Royale d’Arc-et-Senans. Ça coasse, graille et ruisselle. Top’eaulogie sonore improbable, entre Rhône et Doubs.
Lorsque j’ai démarré le projet « Bassins versants l’oreille fluante », le champs lexical tout droit venu des terres aquatiques m’a sauté à l’oreille.
Je me suis senti submergé de joie, et aussi de travail. J’ai pensé et agi en amont et en aval, tout en dérivant parfois. J’ai été abordé, parfois accosté. J’ai tenté de ne pas trop avoir la tête sous l’eau, d’émerger, de. ne pas avoir trop de flottement dans les idées. J’ai du trouver des points d’ancrages solides. Je suis parti parfois à la dérive. Je me suis fait embarquer dans de drôles d’histoires. Et j’ai débarqué sans trop comprendre. J’ai tenté d’avoir des projets au long cours. Je me suis calé sur le bon canal. Je me suis battu contre vents et marées. J’ai pêché des informations ici et là. Dans des situations difficiles, j’ai été repêché. J’ai fait escale dans des lieux en vogue. Je suis arrivé à bon port, ou pas. J’ai tenté de ne pas me noyer dans les informations. Pour l’instant, peu de choses sont tombées à l’eau. J’ai évité bien des écueils, et me suis échoué sur d’autres. J’ai navigué en père peinard. J’ai ouvert la réunion par un brise-glace. J’ai tout liquidé, et largué les amarres. J’ai connu des figures de proues. J’ai été à fond de câle. Je suis resté sur le quai. J’ai tourné à sec, puis ai jeté l’ancre. J’ai mis les voiles, ou ai pris le large. J’ai souvent été sur le pont. Je me suis fait mener en bateau. J’ai et le vent en poupe. J’ai fait avec les moyens du bord. J’ai choisi un bon navigateurs internet. J’ai été au creux de la vague, dans une mauvaise passe. Je suis resté au milieu du gué. J’ai veillé au grain, pour ne pas être un marin d’eau douce, plutôt un vieux loup de mer. Mon site a été piraté. J’ai eu de grosses avaries. J’ai navigué entre deux eaux, parfois en eaux troubles Je suis resté à flot, écoute au goute à goutte. J’ai mis le cap sur de nouvelles terres. J’ai évoté de faire trop de vague, pourtant, ce n’est pas la mer à boire. J’ai agi à contre-courant, navigué en eaux troubles. C’est la goutte qui à fait déborder le (la) vase. J’ai viré de bord. Je suis passé au large. J’ai navigué à vue, et à l’ouïe. J’ai eu une démarche chaloupée. J’ai été toutes voiles dehors. J’ai été inondé de bonheur, et de doutes. Et vogue le navire. J’ai fait des rencontres où la parole a coulé à flots. Connu de belles personnes intarissables La vie n’est pas un long fleuve tranquille Je dit bon vent à toutes et à tous !
Projet « Bassins versants, l’oreille fluante » Mai 2024 Grenoble
L’eau ruisselante, courante, dormante, est une force vive. Aqua vivace ! Elle donne et maintient la vie, irriguante, vivante, autant que fragile.
L’écouter, c’est commencer à lui prêter attention, un premier geste vers le « prendre soin ».
C’est inviter à arpenter les rives et rivages, toutes oreilles ouvertes. C’est tracer des cheminements rafraichissants, et lire de belles histoires hydrophoniques, de rives en rives. C’est imaginer ses discours dessus/dessous, ses confidentes, ses monstres cachés, ses dialogue entre territoires liquides improbables. C’est une tentative pour lui donner la parole, même de façon la plus subjective et imaginaire qui soit !
Une géographie fluente, auriculaire, pour nous ramener, in fine, au fil de l’onde vagabonde.
Dans la création audio, un paysage sonore est un objet, une œuvre, hautement polymorphe.
Trace et mémoire, représentation, interprétation, imaginaire, projet prospectif, arts et sciences, rituel et célébration, espace immersif dedans-dehors, recherche-action, recherche-création, interactions performatives et in-corpore, militance écosophique, matérialité et virtualité, contemplation et distanciation, mobilité et point d’ouïe, récits croisés et indisciplinarité, technologie et dénuement minimaliste, politique, véracité et fiction, dans et hors-le-murs, in situ et volatilité, permanence et furtivité éphémère, poétique et poïétique…
Toute une gamme de gestes, de postures, de scénari, de mises en situations, d’installations, de contextuatisations/décontextualisations… permettent d’imaginer, de fabriquer et de donner à entendre d’innombrables potentiels inouïs
Il y a eu des promenades écoutantes, des bruitages, des enregistrements, des histoires et poèmes haïkus inventés dans des ateliers d’écriture avec Eduardo Berti et Laurent Contamin, des textes lus, tricotés, mis en sons, installés dans les arbres… Une belle aventure audio-forestière !
Paysages sonores forestiers Festival « Littérature en jardins » CALI « Communauté d’Agglomération du libournais » Écoles et centres de loisirs du libournais Eduardo Berti et Laurent Contamin, écrivains Desartsonnants – Gilles Malatray création sonore
Blog hétéroclite, bavard, publiant à l’instinct… Des textes, images et séquences sonores autour d’une thématique auriculaire, visitée en prenant les chemin de travers les plus variés.
On y parle pêle-mêle, au gré des articles, de l’eau, de la radio, forêt, paysage sonore, langues, cuisine, cloches, instruments… le tout illustré de séquence sonore parfois les plus loufoques et décalées.
L’aventure durera jusqu’en 2009. Elle sera même saluée par une chronique de France Inter.
Aujourd’hui, si des traces du site résiste encore ça, plus aucun liens sonores ne fonctionnent. Ce qui d’ailleurs nous pose la question d’une pérennité somme toute assez courte des sources citées via des hyperliens, au gré des disparitions, changements de noms, d’adresses des sites, et le travail considérable d’une maintenance et des mises à jour nécessaire pour garder la ressource pertinente, dans un monde où tout bouge tellement vite !
2007, un nouveau blog vient se tuiler au premier, première mouture de Desartsonnants et apparition de cette identité patronymique.
Desartsonnants//Sonosfaire. Le parti est ici de parler création sonore dans tous ces états (ou presque). Installations, poésie, arts médiatiques, performances, dispositifs numériques, arts plastico-sonores, web art, environnement, lutherie et autres moutons à cinq pattes s’y croiseront dans le plus grand désordre.
Entre actualité, articles « de fond », zooms sur une pratique, un artiste, une technologie, les arts sonores sont explorés au fil des rencontres, coups de cœur, et d’une veille informatique plutôt désordonnée, sans doute à l’image de son instigateur sérendipien dans l’âme. Ce blog fouillis, sans véritable rangement logique, où l’on navigue à vue, ou plutôt à l’oreille, se tuile quelques année avec Sonoris Causa, avant de le remplacer progressivement.
Après des période éruptives, des moments de ralentissements, de mises en sommeil, des redémarrages, il existe encore aujourd’hui, dans son état quasi initial, malgré quelque liftings au fil du temps, et c’est bien celui par lequel vous lisez, ici et maintenant, ce post.
Il s’agit ici de focaliser la création sonore autour de la pratique environnementale de ce qui est devenu petit à petit Desartsonnants, logotype de votre serviteur Gilles Malatray. La marche écoutante, PAS- Parcours Audio Sensible aujourd’hui, le field recording, les approches liées à l’écologie sonore, à celle de l’écoute et de l’écoutant, questionnent et irriguent ce nouveau blog.
Carnets de notes, poésie, actualités, points de vue et points d’ouïe audio-paysagers, expériences croisées, passées, en cours où à venir, tentent de tisser la trame d’une aventure desartsonnante toujours en chantier. En contrepoint avec le volet plus largement arts sonore de Sonos//Faire.
17 ans de blogging, et une 18e aujourd’hui entamée. Des milliers de signes, de mots, d’images, d’illustrations sonores, de cartographies… Mais aussi de vraies belles rencontres et des échanges, des invitations parfois, favorisées par ces outils de médiation internautique…
Un désir, voire une soif de transmettre, de partager, modestement, des expériences in situ, envies, connaissances, réflexions personnelles, rêves, de créer, autant que faire ce peut, des liens féconds et amicaux entre les pratiques, les lieux, les acteurs…
Desartsonnants a également rejoint PePaSon – Pédagogie des Paysages Sonores, avec qui il a de réels affinités et un large faisceau d’intérêts, de passions, d’expériences à partager, sur le terrain comme sur la toile. Et comme questionne ce dernier « Et s’il suffisait de tendre l’oreille ? »
Dans un monde où tout bouge très vite, voire s’emballe dangereusement, où au-delà des espaces immatériels de la toile, les liens humains, sur le terrain, doivent se défendre becs et ongles, comme une valeur sûre, gageons que les blogs, pétris dans le bruit du monde, conservent et développent ces facultés à nous relier, oreilles amènes, hardies et aventureuses.
Formé en Juin 2020, le collectif PePaSonrassemble des passionné.e.s de son et de pédagogie, amateur.e.s ou professionnel.le.s. issus de tous les milieux : De l’acoustique, de l’art, du design, de l’urbanisme, des sciences naturelles, des sciences sociales, de l’enseignement … Et bien plus encore !!
Le collectif a été créé afin de favoriser la rencontre, l’entraide et l’émergence d’idées et de projets entre toutes les personnes curieuses de sons et de paysages sonores avec une dimension socio-culturelle.
Pédagogies ne renvoi pas tant à l’idée d’enseignement ou de technique d’enseignement mais à l’idée d’une coévolution entre NOUS et le PAYSAGE SONORE. Nous le transformons, et il nous transforme… Le Paysage est pédagogue en lui même !
PePaSon un collectif et mouvement en faveur d’une recherche-action-créationindisciplinaire et populaire autour des Pédagogies des Paysages Sonores. Nous souhaitons faire se rencontrer les personnes, les milieux, les disciplines autour d’un enjeu d’éducation culturelle et sensible intimement liée à l’idée d’habiter son corps, sa vie, son territoire
PePason est donc un réseau en chantier ouvert à toute oreille de bonne volonté.
A l’invitation de l’artiste Christine Goyardprésentant une exposition photos autour de l’eau «De passage» à l’espace d’art contemporain «La théorie des espaces courbes », à Voiron (38), j’ai créé une ambiance sonore composée à partir d’un collectage de sons de différents pays (France, Portugal, Suisse, Russie, Belgique, Madagascar…).
An fil des ans et des ondes, l’eau fait partie des éléments sonores récurrents dans mes parcours, de ceux que je croise régulièrement, et sans doute de ceux que je recherche avec une certain appétit pour ses ambiances liquides, où que je sois.
De plus, nous avons pensé à parcourir la ville, le temps d’une promenade, à l’écoute de l’eau, de fontaines en rivières. Et il se trouve que Voiron, pour le plaisir et le rafraichissement de nos oreilles, est une ville sympathiquement bouillonnante, multipliant au fil des places et des rues, fontaines et points d’écoute sur la Morge, rivière urbaine qui parcours le centre ville.
C’est un des rares PAS – Parcours Audio Sensibles qu’il m’ait été donné de faire depuis mars, crise sanitaire oblige, et en plus, il faisait très beau !
Nous avons surplombé la rivière, visible ou non, mais toujours audible. Nous l’avons longée. Nous l’avons quittée et retrouvée dans divers spots urbains. Nous avons zigzagué de fontaines en fontaines. Nous avons tourné autour. Dans un sens et dans l’autre. Nous avons mixé les sons d’eau à ceux de la ville, des voix, des voitures. Nous en avons ouïe des monumentales, des discrètes, des sereines, des majestueuses, des chuintantes, des tintinnabulantes, des glougloutantes. Nous sommes passés de l’une à l’autre, avec les trames sonores urbaines en toile de fond, ou en émergence, selon la progression.
Une ville irriguée de nombreux points d’eau, donc aussi points d’ouïe, qui tissent une trame bleue et bouillonnante, est une ville tonifiée, dynamisée par la présence aquatique. Les montagnes alentours rendent cette impression de tonicité encore plus vivace, pour le plus grand plaisir des promeneurs écoutants de ce jour.
Une vidéo sonore issue d’un projet collectif, contributif, à distance. Chacun de sa fenêtre échange des choses vues, entendues, en période de confinement sanitaire.
J’ai décidé ce jour de commettre un petit montage, création sonore dédiée à ces rituels de 20 heures, point d’ouïe multiple brassant allègrement les géographies.
Avec la contribution de : Aurélie Pertusot (Berlin), Jeanne Schmid (Cugy, Suisse), Murielle Julliard (Genève), Karine Maussière (Marseille), David Rivière (Lyon 1er) et Gilles Malatray (Lyon 9e).
Je suis parfois insatisfait de morceler, de diviser, une démarche qui convoque à la fois des approches liées à l’écoute, la musique, ou la création sonore, le paysage, l’écologie voire l’écosophie et des formes de sociabilités sonores.
Comment trouver une cohérence qui puisse servir un propos alliant le faire et la réflexion, avec un large public, non forcément initié ?
Alors je construis un projet , un processus, un démarche qui pourrait tomber à PIC (Paysage Improvisation Concert).
Marcher, écouter, repérer, enregistrer, improviserdes paysages en live, à partir des captations sonores captées in situ, faire ré-entendre, en parler... Un projet contextuel, de quelques jours à quelques semaines, que j’ai expérimenté et pratiqué lors de mes dernières résidences artistiques en Russie et au Portugal… Un dispositif à la fois bien cerné pour êtreefficace, et assez souple pour se confronter à de multiples espaces géographiques.
Des PICs en chantier qui, bien évidemment, ne demande qu’à s’exporter…
Paysage Improvisation Concert
Le projet:
Un promeneur écoutant preneur de son, un travail autour du field recording, du soundwalking, de la lecture/écriture de paysages sonores.
Phase 1
Se promener, magnétophone en main, oreilles aux aguets.
Capter des ambiances, des échantillons sonores, l’esprit auriculaire des lieux.
Les restituer lors d’un PIC (Paysage, Improvisation Concert).
Phase 2
Improviser, lors d’un concert, d’une performance live, à partir des échantillons sonores, non mixés, récoltés in situ.
Possibilité de précéder le PIC d’un PAS – Parcours Audio Sensible (Soundwalk) et de le poursuivre par une conférence/causerie autour des notions de paysages/parcours sonores et points d’ouïe, des rapports esthétique/écologie/sociabilité sonores.
Timing
Cycle court : 2 à 3 jours d’enregistrement, repérage, écoute, dérushage.
Un jour de répétition, concert.
Résidence sur plusieurs semaines, à définir selon le projet
Dispositif
Enregistreur numérique et logiciels audio amenés par l’artiste.
Sur place, un système son stéréo pour la diffusion improvisation.
Photos PIC Saint-Pétersbourg/Kaliningrad – Institut Français de Russie Festival Sound Around 2019
Au sommet d’une combe, surplombant la ville, un musée du temps.
Histoire d’une cité horlogère.
En extérieur, une fontaine, monumentale, métallique.
Un long balancier rythme le temps de son mouvement en va et vient lancinants, inlassablement.
Cet assemblage chronométrique se fait également entendre.
Il grince, gémit, ferraille, cliquète, avec parfois de réels désynchronisations semblant contrarier la rigueur du balancier tel qu’on le voit osciller.
De petites contradictions véritablement anachroniques, où le son et le mouvement observés, ne partageraient pas toujours le même espace-temps.
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Au bas de la ville, le remontoir.
Une petite cabine ascenseur-funiculaire qui permet d’avaler rapidement la raide pente menant à la gare, à moindre effort.
Là encore, un mouvement pendulaire, tout autre.
Linéaire, de haut en bas, et vice et versa.
Ce remontoir est très utilisé, parcourant chaque jours d’innombrables trajets.
Dedans-dehors, il a aussi sa façon de souligner à l’oreille ses rotations verticales.
Les poulies et câbles grincent, grondent, les portes chuintent; toute une palette sonore associée auxflux de voyageurs transitant de bas en haut de la cité.
Et si, par un dérèglement, un glissement géographique, l’horloge du musée dialoguait avec le remontoir, créant une ligne sonore, contrepoint imaginaire du bas de la ville jusqu’à une ligne de crêtes ?
Résidence artistique « Écoute voir Le Locle, Point d’ouïe et Points de vue » à Luxor Factory, avec Jeanne Schmid – octobre 2018
La ville en chantier n’en finit pas de gronder, sans oublier de rire, entre démolitions et résurrections, phénix malgré elle, de pierre, de verre, de briques et de broc.
Chantiers permanents, certains faisant fi du passé, tables rases radicales, ou perspectives ménageant des poches de souvenirs, des rémanences incertaines, des ouvertures à venir, traversées hasardeuses, brèches intemporelles…
Des délaissés, dents creuses, friches, terrains vagues, recoins presque sauvages, enclos à l’abandon, ruines, quasi non lieux, un panel hétéroclite d’agencements pour marcheur impudent…
La ville interstitielle déplace sans arrêtses lisières, quitte à s’étonner sans cesse, contraint ses ambitions, ses impatiences chroniques, hésite à reconquérir des espaces encore trop entre-deux.
Étalements voraces, érections urbaniques, la ville louvoie entre verticalité et horizontalité, parfois toutes deux s’imposant, agressivement invasives.
La ville palimpseste, stratifiée, se réécrit sans cesse en couches de bitume, de pierre, de terre et de verdure, lorsque celle-ci survit encore à l’ogresque appétit minéral.
La ville comme paysage sonore n’échappe pas aux chantiers, ceux-là mêmes qui vont la faire vivre, même spasmodiquement, en tous cas perdurer.
Quand tout les chantiers se taisent, les ruines s’imposent alors, sans complexe, avec le silence allant de paire.
Un grand pan de désolation.
La ville ici, n’est pas silence mais chantier.
Elle est sertie, dans un écrin de combes et de forêts dont les contours se font indécis au fil des périphéries repoussées.
Elle est aussi une cité minée, fissurée, malmenée dans son centre, par un cours d’eau souterrain, et sans doute par l’audace inconsciente de bâtisseurs bravant les marécages ancestraux.
Ici, des pieux souterrains, remèdes à l’instabilité, cherchant la roche mère pour asseoir la cité sans qu’elle ne penche et tangue trop, ne craquèle dangereusement.
Ici des chantiers salvateurs luttant sans répit contre l’impermanence intrinsèque des choses. Y compris celles qu’on pourrait croire indestructibles.
Ici les bravades, architecturesédifiantes, défiant l’érosion du temps et des eaux sournoisement complices.
Et tout cela s’entend comme un écho, tout à la foisproche et lointain, une résonance surannée d’un manifeste d’architecture sonore post Russolo.
Et tout cela se regarde comme le film qui déroulerait le chronos d’une ville fragile et néanmoins résiliante.
Résidences artistique « Écoute voir Le Locle, Ponts d’ouïe, Point de vue » avec Jeanne Schmid, à LuXor Factory – Le Locle – octobre 2018
Le locle est une petite cité historique Suisse, majeure dans l’histoire de l’horlogerie. Dans l’aire du temps !
Mesure du temps, chronographie, ponctualité oblige, mécanismes de précision, un certain sens du luxe, des manufactures aux architectures singulières, jusqu’aux objets connectés qui commencent à se tailler une place non négligeable dans notre quotidien… on ne réside pas dans cette ville sans mesurer l’emprise du temps qui défile.
Il est des temps multiples, des temps facétieux, joueurs, scandés par différents sons de la vie. Desartsonnants en triture les signes sonores, Jeanne Schmid les photographie, les dessine, nous réfléchissons aux croisements possibles, bref, nous n’échappons forcément pas aux temps qui passent. Nous tâchons d’en garder trace, même fugace.
Résidence artistique à LuXor Factory Écoute voir Le Locle, Points d’ouïe, Points de vue – octobre 2018
Travail préparatoire à une installation sonore. Improvisation audionumérique pour syrinx en folie… En même temps que test d’une plateforme d’hébergement de fichiers sons…