PAS – GARE AUX OREILLES

PAS – Parcours Audio Sensible, des mots et des sons !

Gare aux oreilles…

Promenade écoute en duo autour de gare de la Part Dieu à Lyon

Contexte :

Deux promeneurs écoutants.

Une heure de déambulation silencieuse, dans le quartier de la gare de la Part-Dieu – Intérieurs extérieurs compris…

Entre chiens et loups, tombée de la nuit progressive, la majorité de la promenade s’est effectuée en nocturne.

Vendredi soir, 17H30, période de grande fréquentation.

Temps hivernal et humide, très changeant.

Pour un rendu, je décide d’écrire des impressions, des images, à partir de mots clés qui me viennent à l’esprit, de ressentis in situ et de la conversation qui suivit le parcours d’écoute.

Des mots et des sons

Rythmes : Souffles-respirations de trains, sifflets, bruits d’escalateurs, paroles, roulements de valises quasi omniprésents mais très variés, sur les pavés du parvis, les dalles de la gare, les tapis roulants… Que de rythmes ! Presque une musique, si ce n’en est déjà une. Juste une question d’écoute, pour franchir le pas…

Flux : Tensions, détentes, hautes densités, calme, ou presque, une alternance de flux et de reflux, des nuées humaines compactes et de fluidités plus apaisées, des va-et-vient en constantes variations plus ou moins stressantes ou (re)posées, des entre-deux dans un implaquable continuum sonore…

Passages : De grandes places en allées serrées, de quais en escaliers, de ruelles en commerces, nous ne cessons de transiter, de passer d’un lieu à l’autre, d’intérieurs en extérieurs… Passages en fondus ou coupures brutales, sans transition, le parcours n’en finit pas de se créer des méandres, des plis et des replis, de prendre des chemins de traverse, d’une ambiance à l’autre.

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Espaces : Les quais de gares comme de beaux plans-résonances sonores, démultipliés, difficilement saisissables… Du proche, du lointain, des intermédiaires, des mouvements travellings ou zooms, cinéma pour l’oreille, des réverbérations soulignant les profondeurs de champ… La vue et l’oreille se perdent, se confondent en perspectives qui évoquent le voyage, intrinsèquement et viscéralement lié au lieu.

Impromptus et heureux accidents : Un enfant testant avec assurance et persévérance des sons, du médium au grave, ceux d’un piano placé dans un recoin de gare, et mis à disposition, pour le meilleur et pour le pire… Puis achevant son jeu par une série de galipettes et de vigoureux clusters, pour le peu très musicaux, un  intéressant mixage avec les voix ambiantes…

Un haut-parleur défectueux, qui filtre et hache bizarrement, de façon très drôle, nasillarde, la voix des annonces SNCF… J’espère qu’il ne sera pas réparé trop vite, je l’enregistrerais volontiers à un prochain passage.

L’absence d’un immense jet d’eau intérieur, rendu muet et occulté par une scène de spectacle provisoire, et les sons du lieu qui enfin se révèlent, se déploient dans l’espace, comme rarement on les entend ici, libérés de l’hégémonie aquatique qui les étouffe habituellement…

Un bruit assez indéfinissable, au départ, issu d’une manipulation à l’arrière d’un kiosque venant de fermer. Nettoyage tonique d’une machine à jus de fruits… A-coups de moteur puissants, très puissants, alternatifs, envahissants, surprenants !

 

Vitesse, allure et résistance : Aller lentement, ne pas presser le pas, transgresser involontairement le speed ambiant, s’infiltrer dans les courses poursuite des usagers partant frénétiquement en week-end, leurs faire obstacle parfois, jusqu’à s’en faire régulièrement bousculer… mais résister à la vitesse du flux, aller tout simplement au rythme de l’écoute, coûte que coûte, écoute qu’écoute…

Tonalités : De sourds grondements caverneux de moteurs, de souffleries, des bips et des sifflets haut perchés, des voix dans le médium, un ambitus sonore digne des plus beaux orchestres symphoniques, qui aurait certainement beaucoup plu à Russolo.

Volume : Des micros-sons captés de très près, l’incessant et quasi obnubilant défilé des valises à roulettes, de puissants vrombissements et des voix ténues, un spectre dynamique conséquent, aux variations souvent imprévisibles. Intensité calculée de 48 à 90 db, environ… Creux, nappes et pics sonores selon les endroits et les moments. Des crescendos à l’arrivée de convois, et inversement à leur éloignement.

Couleurs et lumières : Il semble y avoir une certaine connivence entre sons, couleurs et lumières… Une ruelle piétonne, délicatement éclairée, luisante de pluie, enrobe de douces sonorités dans un cocon nocturne, alors qu’un couloir violemment illuminé et rutilant d’enseignes commerciales, force le niveau des voix sur un fond d’insipide musique d’ambiance, Muzac outrageusement invasive. Mais peut-être ne s’agit-il ici que d’une perception synesthésique qui m’est très personnelle.

Ouvertures, fermetures, portes et fenêtres acoustiques : Se tenir dans un sas, espace de passage, de transit, entrée/sortie de centre commercial… Les portes s’ouvrent et se ferment dans un ballet désordonné, à la Tati dira très justement l’ami écoutant qui m’accompagne… Des sons divers, rythmés, alternances où le dedans et le dehors se rencontrent, se télescopent, s’interpénètrent, se confondent… Les sonorités de la rue entrent, ou sont bloquées à l’extérieur, au rythme des ouvertures/fermetures, le froid extérieur, la moiteur intérieure, des températures qui s’infiltrent par les portes collent de près aux flux sonores… Séquences toujours assez séduisantes.

Improvisation, écriture in situ: Comme dans tous parcours, les aléas appellent le mouvement, ou l’immobilité, selon. Des points de vue incitent à l’écoute, et vice et versa. D’heureux accidents retiennent l’attention, délimitant des fenêtres temporelles d’écoute dans leur début et leur fin. Chaque trajet, fut-il au même endroit, le même jour, aux mêmes heures, reste et restera unique, dans ses événements et dans les trajectoires impulsées, dans les ressentis et la trace mémorielle imprimée. C’est une alchimie où le mélange d’ambiances immuables, d’impromptus et de sérendipité assumée, influent l’écriture du parcours, dans un constant renouvellement. De quoi à entretenir pour longtemps encore un doux étonnement au fil des PAS.

Urbains et humains : La gare, les commerces alentours, les lieux de passages, d’attente, de transit, où l’humain reste souvent au centre de la scène. Des gestes, voix et mouvements, ponctuent l’espace, jusque parfois à des promiscuités oppressantes dans la densité des flux. On se sent appartenir à un territoire sonore forcément partagé, que nous construisons au fil de nos actions, pour le meilleur et pour le pire. Mais ce soir, nous en avons extrait le meilleur, celui qui sonne à nos oreilles comme une une musique dont l’homme en serait, sans vraiment le savoir, le musicien animant, avec beaucoup d’autres, collectivement, l’espace public.

Conclusion : J’adore les gares car l’écoute y va bon train !

L’ÉCOUTE EN MARCHE

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Le sens de la marche,

celui qui fait sens

celui qui fait que,

la marche appelle la marche

inlassablement

pour ne pas sombrer dans l’immobilité

ne pas se fermer les oreilles

ne pas se couper du monde

même s’il est parfois cruel

prendre son pied

en allant de l’avant

toujours

encore

en corps

chercher ce qui m’émeut

chercher ce qui me meut

ambulator auditor

walker listener

et inversement

l’effet piétonnier

pour ne pas piétiner

ou pas trop

pour fuir l’étiolement

évincer la sclérose

chercher du calme

au pas à pas

en ouvrant les écoutilles

les synapses pieds oreilles

comme moyen de transportage

comme moyen de transpartage

la semelle légère

et l’oreille amène

comme un embellissement du monde

comme un apaisement du monde.

 

 

MUSICA KLANKENBOS BALADE SONORE ET PARCOURS D’ÉCOUTE

Musica klankenbos, chemin d’écoute

Une promenade alternative

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Il s’agit ici d’une proposition d’un chemin d’écoute, promenade sonore à « oreilles nues » comme une balade alternative venant compléter le parcours d’installations sonores. Nous n’écouterons pas ici les œuvres sonores, ou en tous cas pas en priorité, mais plutôt leur environnement sonore, les passages, allées, les abords… Il s’agit de promener ses oreilles dans le paysage sonore tel qu’il est, sans rien n’y ajouter que notre propre écoute.Cheminer dans différentes ambiances sonores, repérer les sources, trouver des postures d’écoutes dans le parc et dans quelques lieux à proximité du Klankenbos constitue un jeu que tout promeneur peu effectuer, en suivant un itinéraire, ou bien au hasard de ses pas.Les Objectifs pédagogiques d’une promenades sonores sont divers, le principal étant de comprendre comment fonctionne un paysage sonore et pour cela :Écouter les différentes catégories de sources (musicale, animales, humaines, naturelles, mécaniques, médiatiques)– Appréhender les effets acoustiques liés à l’environnement, à la topographie, à l’architecture (réverbérations, filtres, coupures, masque, amortissement…)– Écouter les différents plans sonores, du plus proche la rumeur la plus lointaine…– Aiguiser son écoute au sons naturels.– Apprendre à analyser, à juger, à comparer des paysages sonores, dans un soucis de préservation d’une qualité d’écoute relative à l’écologie sonore.

Publication

LA PLASTICITÉ SONORE DE LA VILLE À L’ÉPREUVE DE LA MARCHE

PAS À PAS,  L’ÉCOUTE COMPOSÉE

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PLASTICITÉ
La ville possède intrinsèquement une plasticité sonore
des reliefs
des dynamiques
des creux
des excès
des fondus
des amortissements
des disparitions
des couleurs
des atténuations
des premiers
seconds
arrière-plans

Symbiose – Le son façonne la ville comme la ville façonne le son

 

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RYTHMICITÉ
La marche comme une répétition hypnotique du paysage urbain
un état de conscience entre stimulation et rêverie.
Le corps arpente
prend la mesure
oreille aiguisée
mais aussi la vue
l’odorat,
le toucher
la marche comme une stimulation trans-sensorielle
le pas qui marque le tempo
transitions en tranches de villes
le détail qui s’épaissit
le détail qui construit un sens
pas sens unique
plutôt plusieurs
entremêlés
à choisir
à s’y perdre
directions indécises
Faisceau
rai de lumière
chuintement végétal
odeur d’humus
la marche en tous les sens
urbanique rythmicité
de micro scènes en micro scènes
jusqu’au paysage
peut-être.

 

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PROMENEUR COMPOSITEUR
Faire son chemin
chemin faisant
écrire
en marchant
faire de la ville un clavier
un instrument à vent
des cordes tendues
une percussion composite
une série de caprices
à l’improviste
droit devant
un pas de côté
une oreille en coin
zigzaguant
sautillant
flânant
explorant
errant
selon un itinéraire
en chemin de traverse
suivre les traces du son
les construire
les assembler
le cours d’un fleuve
parcs traversés
marchés vivants
des impromptus
des fils d’écoute
interactions corps sons
interactions sons corps
aller vers
laisser venir
rajouter si besoin
la ville s’entend
ville danse
ville marche – ville musique
silence parfois
ou presque
ruptures et glissements
performance en mode doux
souterrain résonance
succession d’ambiances
traversées à dessein
ou traversées par hasard
rencontres
des hommes
des sons
une ville
des villes
encore
en corps
des villes
plastiques

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POINTS D’OUÏE ET NOTES D’INTENTIONS EN MARCHE

LES INTENTIONS EN MARCHE

Intentions d’un promeneur écoutant
L’intention est de visiter une œuvre d’art à l’échelle du paysage, de la ville, marquée par l’interaction de notre écoute, notre regard, nos pas.
L’intention est de proposer une action-performance marchée et écoutée, tout en douceur.
L’intention est de porter une oreille curieuse et impliquée, soucieuse de bien, ou de mieux s’entendre avec, de défendre un art de l’écoute partagée.
L’intention est de ralentir, de prendre le temps, d’adopter le rythme d’une marche apaisée, voire contemplative, le plus que possible éloignée de toute violence, qu’elle qu’elle soit.
L’intention est d’aller à la rencontre de lieux et des personnes, et surtout d’échanger de concert.
L’intention est de repenser le paysage visuel, sonore, multisensoriel, comme un ressourcement esthétique et spirituel généreux.
L’intention est de reconsidérer des espaces de biens communs fragiles, des cadres naturels ou architecturaux sans cesse renouvelés, bouleversés et remis en question, y compris par les sons.

POINTS D’OUÏE – OPEN LAB CAFÉ DE LYON/BRON MERMOZ

POINTS D’OUÏE – OPEN LAB CAFÉ DE LYON/BRON MERMOZ

Venez écouter votre quartier !

Samedi 30 janvier 2013 : 15:30 – 18:00
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Dans le cadre de la thématique « Matières, sons et lumières » de janvier/février à l’Open Lab Café, Gilles nous invite pour une balade sonore urbaine.

Une promenade sonore est un parcours effectué à pied, après repérage, en privilégiant l’écoute, en focalisant toute son attention sur les sons ambiants, les ambiances acoustiques des lieux visités.
Elle est est généralement rattachée à différentes approches sensibles du paysage environnant.
Une plutôt écologique, mettant en avant les caractéristiques des sites sonores parcourus, avec leurs beautés, leur fragilité, et parfois leurs dégradations dues à différentes pollutions sonores, liées notamment au développement urbain.
Une autre participant plus à une approche esthétique, inhabituelle, privilégiant le sensoriel et générant de l’émotion en nous immergeant dans la «musique des lieux».
La balade sonore est un moment de partage pour tout un chacun, guidée par un promeneur écoutant, et réservant ici et là quelques surprises. Une autre façon, décalée, poétique, de (re)découvrir la ville, son quartier.
Un moment, atelier d’échange, d’écriture, suit la promenade in situ, permettant de mettre en commun les expériences sensibles, vécues de concert lors de notre PAS – Parcours Audio Sensible.

Gilles Malatray – Desartsonnants
Artiste, formateur, promeneur écoutant

Inscription Facebook

Site Open Lab Café

POINTS D’OUÏE – NOMADE LAND + DESARTSONNANTS

FABRIQUE DE PROMENADES (SONORES) URBAINES

PROMENONS NOUS DANS LES SONS !

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NOMADE LAND, fabrique de promenades urbaines et DESARTSONNANTS, promeneur écoutant, vous proposent de marcher de concert… Écologie sonore, sons de la ville et du quartier, autour du chemin de l’école, lycées, universités, manufactures d’écoutes pour les comités d’entreprises, auscultations paysagères pour les centres hospitaliers… Et plus encore, taillé sur mesure pour vos oreilles…

Intéressés ?

C’est par ici : http://www.nomade-land.com/…/01/10/lecologie-par-les-oreil…/

Contact : NOMADE LAND

MARCHER, ÉCOUTER ?

POURQUOI PAS ?

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Marcher, y compris pour écouter, n’est pas satisfaisant en soi. L’important est de savoir, de comprendre, pourquoi et comment je marche, pourquoi et comment j’écoute, qu’est-ce que j’écoute, avec qui et pour qui…. De savoir et qui plus est, in fine, de faire savoir, non pas pour satisfaire un « moi je », mais pour partager tout à la fois les beautés et l’extrème fragilité de notre monde commun. Il me faut donc assumer une place de promeneur écoutant concerné, dans une société de plus en plus complexe et agitée. Il me faut savoir où placer le curseur entre l’écouteur contemplatif et l’acteur militant, qui engage une oreille active, politique, dans un monde plus que jamais en profonde métamorphose.

POINTS D’OUÏE – L’ÉCOLOGIE SONORE À L’ÉCOUTE

PAS – PARCOURS AUDIO SENSIBLE AUTOUR DE L’ÉCOLOGIE SONORE

Desartsonnants vous propose un PAS – Parcours Audio Sensible, sous forme d’une balade in situ, présentant les concepts de l’écologie sonore, de Murray Schafer à nos jours. Au programme, déambulations ponctuées de points d’écoute, lectures, commentaires, et autres surprises auditives…

POINTS D’OUÏE, SÉQUENCE URBAINE

Séquence de ville rythmique

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Nuit tombée,

dans une rue assez calme,

bordée d’une voie ferrée,

en hauteur…

Passage d’un train,

assez court,

plaintes aiguës de freins,

sur deux tons,

à la quarte,

cliquettements,

martèlements saccadés,

rythmes caractéristiques,

éloignement rapide,

extinction,

un instant de calme,

trois jeunes femmes me croisent,

bottes à talons hauts,

beaux claquements,

ainsi d’autres rythmes,

sur l’asphalte cette fois-ci,

nouvel instant de calme,

quatre voitures passent,

assez lentement,

chuintements sur le sol mouillé,

encore un instant de calme,

puis,

une personne,

avec une valise à roulettes,

petit grondement,

saccadé par la marche,

un klaxon au loin,

comme une ponctuation…

Si je voulais composer, un paysage sonore,

à partir de rythmes urbains,

celui-ci serait parfait !

Rien à retoucher !

Juste,

le saisir sur le vif !

POINTS D’OUÏE – L’ÉCOLOGIE SONORE EN MARCHE

L’ÉCOLOGIE PAR LES OREILLES !

Bellevue-2

SAMEDI 16 JANVIER
14h
Avec Desartsonnants, alias Gilles Malatray, artiste créateur sonore, promeneur écoutant.

Une petite histoire du paysage sonore. Des lectures, des pas, des écoutes, des expériences.
Le paysage urbain considéré comme une installation sonore à 360° ! Une façon de se rafraîchir l’écoute en s’immergeant dans des espaces de la vie quotidienne. La ville à fleur d’oreille.
Cette promenade urbaine propose de comprendre et d’expérimenter l’écologie sonore en marche, depuis sa création avec Murray Schafer.

« L’écologie sonore, est l’étude de la relation entre les organismes vivants et leur environnement sonore. C’est un concept formulé à l’origine par le canadien Raymond Murray Schafer dans son livre de 1977  Le Paysage sonore.  Il s’agit essentiellement d’apprendre à écouter les « paysages sonores » pour  en comprendre les fonctionnements et dysfonctionnements, mais aussi pour jouir , dans une approche sensible, artistique, créative et descriptive, de la « Musique des lieux ».


 

Tarifs: 10 et 8 euros
Inscriptionici
Le lieu de rendez-vous vous sera communiqué deux jours avant la date de la promenade.

 

Sources : http://www.nomade-land.com/

POINTS D’OUÏE – LE CEGEP DE VICTORIAVILLE EN ÉCOUTE

Point d’ouïe – Balades sonores estudiantines québécoises

CEGEP* de Victoriaville – Section arts et lettres

Je tente de retracer ici la encontre avec une vingtaine d’étudiants, et d’un professeur à l’enthousiasme aussi bouillonnant que communicatif.

Nous n’avons pas un grand temps d’intervention, il s’agit de montrer et de faire vivre une expérience liée à la notion de paysages sonores à un public qui n’est pas forcément versé dans le champ des arts sonores, mais qui au final se montrera vraiment très réceptif, voire enjoué. Des oreilles conquises, pour mon grand bonheur.

Après quelques brèves explications sur les origines des soundwalks, ou balade sonore,  et quelques mises en condition pour vite s’imprégner des ambiances, nous partons, par une radieuse et fraîche matinée automnale, à la découverte de paysages sonores ambiants du CEGEP.

Premier arrêt, l’immense hall d’entrée, encore à l’intérieur du bâtiment. Hall boisé, vitré, d’imposante taille, tout ce qu’il faut pour faire  entendre de magnifiques réverbérations. Des voix, des pas crissants, des portes qui s’ouvrent et se ferment sur des espaces intérieurs, sur la cour extérieure, une spacialisation digne du meilleur dispositif de diffusion électroacoustique multicannale, voire très largement supérieure. Dès ce premier point d’ouïe, les oreilles sont en alerte, ouvertes à la rencontre sonore, à l’imprévu acoustique, aux petites comme aux grandes modulations du paysage. La première approche s’avère très souvent décisive pour souder une communauté temporaire d’écoutants, il faut judicieusement préparer, mettre en scène ce moment, pour embarquer déréchef le groupe dans un voyage d’écoute qui les prendra dès le premier instant, et les maintiendra, sous l’emprise des sons jusqu’au moment où l’on décidera de repasser en « mode  normal ».

Cet effet cathédrale du hall ayant parfaitement joué son rôle de catalyseur d’écoute, nous pouvons alors sortir frotter nos oreilles aux espaces extérieurs.

La porte, par un effet de sas, élargit d’un coup d’un seul le champ auditif vers des horizons plus lointains. Nous ressentons physiquement une pression acoustique plus détendue, un changement très net dans les perceptions de plans sonores différemment étagés.

Deuxième halte, juste quelques mètres plus loin, après le franchissement de ce seuil transitionnel. L’audition se porte vers des sons ténus mais bien identifiés et localisés dans l’espace, porte grinçant à droite, oiseaux à gauche, voix et rires devant, au loin, voitures en fond… L’espace acoustique se met progressivement en place, avec ses repères, ses sonorités intrinsèques, ses mouvements, l’échos des bâtiments qui obturent ou réfléchissent…

Nous passons ensuite derrière un bâtiment, encore une rupture rapide et surprenante. Des sons brusquement disparaissent, sont étouffés, noyés, d’autres apparaissent, se superposent. Entre autre, un ronflement de ventilation qui émerge du sol par une large bouche grillagée, ouverte sur le flanc d’un mur. Nous nous regroupons tout autour. Étrange scène d’écoute, un brin surréaliste, lieu improbable, posture inhabituelle, sons des plus surprenants, triviaux, voire laids, surtout à choisir comme ressource de « concert ». Or c’est justement l’incongruité de ce moment qui fait naître une véritable magie.

Autour  de cette action volontairement décalée, va pouvoir se construire une nouvelle scène, de nouveaux gestes, une modification sensible du paysage. Subrepticement, j’installe autour de ce point d’ouïe pour le moins trivial, des sources sonores discrètes, avec des micros HP autonomes. Des voix, des gouttes d’eau, des grincements, des tintements anachroniques, se spécialisent dans la pelouse, les arbres, les rebords de fenêtres environnantes. L’écoute se déporte, se décale, se dirige vers, physiquement ou non. On est entré dans un nouveau territoire sonore « renaturé », la surprise est là, le geste réactivé, l’oreille ré-alertée… Nous restons dans cette nouvelle posture un moment suffisamment long pour nous imprégner de l’étrangeté de l’ambiance, jusqu’à en oublier , ou en accepter cette bizarrerie comme un état quasi naturel.

L’ambiance bien installée, je propose d’autres formes d’écoutes  à l’aides d’objets exploratoires, auscultatoires, longue-ouïes, casques filtrants, stéthoscopes… Sans un mot. Juste des gestes, postures proposése, suggérées. Puis des objets abandonnés à d’autres mains, à d’autres oreilles, à discrétion.

Une autre phase s’amorce. D’autres mondes sonores se profilent, d’autres gestes, postures, situations…. On ausculte le mur, les feuilles et le tronc d’un érable, on dirige les cônes acoustiques vers  telles ou telle source, on écoute, on s’écoute, on rit, on s’étonne, on s’isole pour expérimenter, ou on se rassemble, le groupe se retrouve dans cette expérience ludique, spontanée, collective. Le temps passe, et il est difficile d’extirper les étudiants de cette petite aventure sonique.

Rentré à l’intérieur, des sons plein les oreilles, je montre aux étudiants quelques exemples d’interventions, qu’elles soient plastiques, physiques, acoustiques, liés à l’environnement, au sens très large d ferme.

La rencontre fut riche, entre professeur, « étudiants, et paysages, même si ces derniers ne dépassèrent pas, géographiquement,  le cadre habituel et quelque peu « banal »de l’établissement. Une façon de ré-enchanter des espaces parfois tellement usés sensoriellement par leur trop grande fréquentation…

* CEGEP

POINTS D’OUÏE – OPEN LAB À LYON BRON

PAS – Parcours Audio Sensibles

Open Lab – Mermoz Pinel, Lyon-Bron « Chants du quartier »

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Un nouveau parcours Audio Sensible en deux temps, quartier de Mermoz Pinel, dans le cadre du projet Lyon Bron , Mermoz Open Lab. Mermoz Pinel est un quartier en périphérie de Lyon et de Bron, où un habitat assez disparate, entre maisons individuelles, et grandes unités d’habitation, s’entremêlent. Comme point centrail, un grand centre commercial avec galerie marchande donnant sur le vaste parvis d’une station de métro, ainsi qu’un joli parc urbain très boisé;  le décor d’une banlieue somme toute assez caractéristique des franges périurbaines est dressé. Ajoutez à cela un maillage d’importants axes routiers, périphériques, venant découper assez brutalement certaines zones, et un programme de réhabilitation en cours, avec l’extension du super marché et la démolition -reconstruction d’unités d’habitations toutes proches. La quartier offre ainsi une grande diversité, des friches, des zones pavillonnaires, des commerces, des espaces en travaux, des axes très circulés, ou très calmes, jardins d’enfants… bref, tous les ingrédients pour construire un parcours d’écoute intéressant.

Première phase, un repérage, très pluvieux ce matin là. On arpente le quartier à la recherche d’ambiances, de sources sonores originales, ou non, de points d’écoute qui accrochent à la fois l’œil et l’oreille.

Si la pluie peut être un handicap pour une écoute confortable, elle peut aussi nous offrir de très belles séquences auditives. D’emblée, derrière le bâtiment d’où nous partons, un délaissé, arrière-cour, passage entre deux bâtiments commerciaux, propose un premier terrain d’écoute où les glougloutis des caniveaux dialoguent avec les clapotis de gouttes, le tout joliment réverbérés par les murs assez serrés. Bref, notre oreille transforme ce lieu assez anodin, en scène auriculaire mettant en valeur la pluie dans tous ses états. Une excellent façon de se mettre l’oreille en condition.

Un peu plus loin, nous nous engageons dans une ruelle non goudronnée, bordée de petites maisons particulières, et finissant en cul-de-sac. Cette ruelle, sorte de tiers-lieu mi sauvage mi aménagé, ilot de calme enserré entre une zone commerciale et d’importants travaux de démolition, nous amène sur un de ces petits lieux magiques, plate-forme surplombant des travaux et nous offrant un vaste panorama visuel et sonore que nous restons longtemps à écouter/regarder. Dans cette même ruelle, un très gros cône de chantier nous permet de tester un objet loupe acoustique improvisé, on en joue.

En contre-bas, un jardin d’enfants avec un toboggan métallique, lequel est encore prétexte et support pour écouter diverses micro percussions, celles de la pluie en l’occurrence, en collant l’oreille au montant du jeu. rafraîchissant pour l’oreille et assez magique !

Puis, nous nous trouvons face une immense machine dont le bras articulé grignote, rogne, défonce un bâtiment déjà bien éventré, dans d’impressionnants sons de chocs, de gravas qui s’écoulent, de crissements de grincements de heurts sourds et de claquements secs… Un vrai catalogue, inventaire sonore de chantier urbain qui nous retient captivés de longues minutes.

Sur le parvis d’une église contemporaine, 3 cloches en campaniles, à hauteur d’homme, à hauteur de regard également, nous cadrent un paysage assez silencieux, laissant imaginer les tintements qui l’agiteront lors de la sonnerie des dames d’airain.

Une sente dominant une voix expresse, et nous amène à l’entrée d’un grand parc boisé, où les sons de la ville s’estomperont à mesure que nous pénétrerons en son cœur, sans toutefois effacer totalement la rumeur urbaine environnante.

Nous enchainons par la descente dans l’entrée d’un métro, un couloir très large, réverbérant à souhait, où nous installons temporairement, via de petits haut-parleurs autonomes, des sonorités de villes en différents points de l’espace. Nous créons une polyphonie tout à la fois discrète et surprenante où l’ambiance du métro est gentiment perturbée par d’étranges sonorités exogènes.

Le trajet se poursuit par la traversée d’un super marché. Musique d’ambiance, chaleur et lumières, voix et pas faisant bruyamment claquer la plaque métallique de sortie d’un escalier roulant, le changement extérieur/intérieur est assez radical !

Et pour finir en beauté, le parking en toit terrasse du super marché, imosante dalle dominant le quartier, la friche, les travaux d’extension d‘un parking où une grue vient déposer, à quelques mètres au-dessous de nous, des trémis de béton dans de beaux bruits de matière visqueuse s’étalant dans les coffrages. Ici encore, une vue et une écoute surprenante, panoramique, où la spacialisation des sons permet de se rendre compte de la diversité sonore et des subtils mouvements des sources, dans un territoire en pleine mutation. Pour un repérage, ce fut une première riche expérience d’immersion dans les chants du quartiers.

Deuxième étape, la promenade, en nocturne, emmenant des promeneurs écoutants invités à écouter leur quartier.

Celle-ci a été écrite, travaillée par Vincent Rotsap et Josselin Anne, tous deux jeunes résidants du quartier, et passionnés de sons, trouvant là un beau terrain d’expérimentation. La balade alternera des séquences écoutées à oreilles nues, des commentaires des échanges, et d’autres écoutes au casque. En effet, le repérage ayant été effectué en semaine, les travaux en pleine activité, nous somme maintenant un week-end, le soir. Donc un changement assez sensible des ambiances. il n’y a plus de pluie, beaucoup moins de promeneurs, et plus non plus de travaux !

De ces absences, carences sonores, sont en fait nées de belles idées. En effet, Vincent, notre guide du jour, ou plutôt du soir, nous a proposé des ambiances auriculaires concoctées et composées dans et pour les lieux. Ainsi, des lieux assez calmes ce soir là retrouvaient une activité, des circulation automobiles, des voix d’enfants, des pas, des travaux, qui n’existaient que dans nos oreilles. Le paysage regardé était agité de « sons fantômes » créant de subtils décalages entre la vue et l’ouïe, avec une indéniable poésie générée par ces décalages sensoriels, ces détournements paysagers, ces trompe-l’oreille… Ainsi, plusieurs lieux revisités, alternant oreilles nues et écoutes au casque, révélaient le chant, ou plutôt les chants du quartiers, intitulé de cette exploration urbaine, jusqu’au final sur le toit du supermarché, acmée incontournable de cette belle sortie nocturne.

Mais ce quartier multiple nous a tous juste entrouvert les portes de son territoire sonore… Il reste tellement de chants à y découvrir, à y puiser, à expérimenter, à partager, à écrire, à mettre en scène…

Ecoutez l’exploration urbaine « Chants du quartier »

Portfolio

Repérage

Promenade

POINTS D’OUÏE À VICTORIAVILLE

SOUFFLES ET CHUINTEMENTS DE VILLES NOCTURNES

Old Air Conditioner

La nuit tombée, j’ausculte en marchant Victoriaville, petite bourgade québecoise…

Je capte ici et là, des chuitements aquatiques, automobiles, souflles cliquetants de ventilations…

Bruits blancs sur fondus au noir d’une nuit québecoise, la ville sans fard, souvent inécoutée…

La ville souffle, ici, souffler est bien jouer.

Elle s’éssouffle parfois, soupire, égraine ses respirations au fil de la rivière et des rues à demi endormies.

Des instants que j’affectionne tout particulièrement pour jouer au promeneur écoutant solitairte et noctambule.

ÉCOUTEZ ICI

POINTS D’OUÏE – UNE GÉOGRAPHIE DE L’OREILLE ET DU PIED

POINTS D’OUÏE – UNE GÉOGRAPHIE DE L’OREILLE ET DU PIED

Le fait de déambuler de centres ville, en villes centres, de chemins de traverse en GR balisés, m’amène progressivement à me fabriquer une géographie personnelle, tracée à la force du mollet et à la curiosité de l’oreille.

J’ai dans la tête des sortes de cartes mixmédia où s’entremêlent couleurs, volumes, odeurs et sons.

Je conserve, rangés dans un coin de l’esprit, mais aussi en notes griffonnées, en sons réagencés, moult circuits parcourus en groupe ou solitaire.

Tout cela contribue à tramer un réseau reliant Lyon, Paris, Vienne, Tananarive, Toulouse, Victoriaville, Mons, Lausanne, Bruxelles, Florence… dans un parcours global organique, nourrit de points de vue et de points d’ouïe, incrustés dans une trame géographique qui n’en finit pas de s’expandre.

Je peux, à l’aune des chemins parcourus, de jour comme de nuit, construire une géographie du promeneur écoutant, ponctuée de points d’ouïe, haltes offertes à l’expérience, à la surprise, à la contemplation, à l’espace temps partagé…

Cette trace mémorielle, sonore, matérialisée car tissée de mots, jalonnée de cartes postales sonores, est une invitation à poursuivre encore et encore le chemin d’écoute, si sinueux et imprévisible soit-il.

Il faut, au détour d’un pâté de maisons, d’un bosquet, d’une rivière, trouver des postures, des modes de narration, qui seront en adéquation avec l’espace, le moment vécu, les ambiances, l’intimité, la synergie du groupe.

Il convient de ne pas reproduire des gestes telles des géographies types, comme un calque que l’on superposerait à différents lieux, quels qu’ils soient, trame rassurante sans doute, mais aussi carcan de reproductions anachroniques, sclérosantes et asphyxiantes.

Chaque marche, chaque rencontre, chaque projet, devient terrain de jeu où l’écriture, parfois sauvage, doit nous surprendre et nous ravir.

Sérendipité invitée, acceptée, recherchée.

Aujourd’hui encore, sur un chemin menant à une rivière discrète, le pont de bois la surmontant offrant des rythmes de basses fréquences au belles couleurs chatoyantes, avec un groupe d’étudiants en technique du son d’une université québécoise, nous jouons de concert à écouter. Nous nous essayons à faire sonner. Nous jouissons d’un retour à des gestes simples, gratter, tendre l’oreille, s’assoir, placer un minuscule son sur une pierre, un autre dans un arbre, faire chanter intimement le lieu, s’offrir un instant de plaisir qui restera gravé dans notre intime géographie sonique, à chacun la sienne.

Ce extrait de promenade s’imprime dans ma collection de vécus in situ, en même tant qu’il imprime une extension, une couche sensible et cartographique, tissant un paysage sonore quasi universel dans son geste d’écoute.

Chaque nouvelle expérience excite mon appétit à traquer les infimes, ou toniques singularités d’une ville, ses souffleries, ses grésillements, ses musiques envahissantes, ses accents, ses tintements de cloches…

Il me faut ensuite les conter, les transcrire, les rendre partageables, les inscrire dans un carnet informel qui les fixeront comme des traces dans lesquelles je pourrai venir  à l’envi, puiser des ressources, pour poursuivre et enrichir mon chemin d’écoute.

Ce sont ses déambulations sonantes qui me font réfléchir et agir, affiner une géographie en marche, au gré des lieux, des gens, des expériences à fleur de tympan, des parcours, ceux qui provoquent la rencontre, l’échange, la joie de faire à portée d’oreilles. Au fil des pas, se dessine une géographie intime, personelle, sensible, mais surtout vitale pour aller de l’avant.

POINTS D’OUÏE – MONS 2015

MONS LE SON !

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Revenir chaque année dans la même ville, en y marchant de jour comme de nuit, de haut en bas, de droite à gauche, en y cherchant sans cesse la petite ruelle discrète, en laissant trainer oreilles et micros, c’est un peu plus creuser un sillon de l’écoute au fil du temps.

Prenons par exemple la ville de Mons, je tente toujours d’en prendre le pouls bruissonnant, d’en faire saillir à l’oreille les plaisirs, comme les choses agaçantes, décevantes, voire franchement désagréables. Une galerie marchande couverte qui résonne joliment, avec comme signal la porte d’une librairie qui tinte agréablement depuis des années, des bancs, postes d’écoute au cœur d’ilots retranchés, dans des parcs discretement lovés dans la cité, ou sur des des hauteurs d’où l’on embrasse un panorama sonore intéressant, un beffroi qui ne sonne malheureusement plus que le dimanche, la grande rue, toujours polluée de sa muzac commerciale, le jet d’eau de la grande place qui a perdu, avec sa programmation, qui faisait varier la fréquence, l’alterrnance et la hauteur des jets d’eau, beaucoup de son intérêt, le rythme des ouvertures et fermetures des commerces, avec raclements de chaises et de tables sur les pavés rythmant la vie quotidienne aux beaux jours…

Une ville se dessine aussi par ses mille sonorités, de celles qui font que l’on s’entend plus ou moins bien avec elle. Une chose cependant est sûre, plus j’acoquine mon oreille avec cette ville, plus je m’y reconnais, dans ses travers et plaisirs, en faisant mien moult détails, repères, infimes choses sonores qui me donne peu à peu l’impression de m’approprier un peu plus l’espace, d’y trouver de belles affinités.

Texte écrit dans le cadre du festival d’arts sonores City Sonic et de Mons 2015

POINTS D’OUIE – VITRY SUR SEINE

BALADES EN ARDOINAIS

Vitry-Sur-Seine, zone industrielle des Ardoines, le jour, la nuit. quatre bonnes heures de marches, d’arrêts, épuisé mais repu de belles ambiances sonores… Une salle de karting, de nuit. Ambiance étrange, par des fenêtre aux vitres cassées, on entend un engin tourner sur une piste que l’on devine sans la voir. Réverbération de machine sur fond de ventilation assez puissante… Puis soudain, tout s’arrête, karting et ventilation, busquement. Une sorte de torpeur étonnée s’installe subitement sur la petite gare des Ardoines. Les RER, omniprésents, de près, tonituants, de loin, plutôt un feulement. Des rythmes de rails, de voitures traversant encore des rails, ça claque bien ! Un foyer malien. 3000 personnes… Des voix chantantes, des maïs grillés sur le trottoir, du linge multicolore, marché sauvage, des voitures bricolées, une vie mode fourmillière haute en couleur. Une barre metallique trouvée sur le parcours, elle sonne bien si on la fait rouler sur l’asphalte, réveille les zones calmes de tintements glissants. Elle permet aussi un jeu de percussions amusant sur les muliples grilles et portails métalliques des usines. Certains sonnent comme de véritables jeux de cloches, d’autres sont décevants. Deux cheminées géantes et silencieuses signalent une ancienne centrale thermique de chauffage urbain. Deux totems blancs et rouges, muets de sons et de fumées, que l’on voit sur quasiment tout le parcours. Un signal ardoinnais pour les habitants et les promeneurs noctambules. Des voitures, assez nombreuses en journée, et rares le soir, deux ambiances entre excitation et plénitude, lumière et obscurité. La nuit restera cependant en demi-teinte, ville innondée de lueurs oblige… La Seine, magnifique, auréolée des lumières de Maison-Alfort. Un dancing qui égrenne une étrange musique décalée, venue de nulle part dans cette forêt d’usines et d’entrepôts… Des vélos, des pêcheurs, des voix chuchottantes, au cœur de la nuit, feutrées. Une incroyable séquence sonore, sous des silos enjambant le chemin du rivage. En journée, deux péniches viennent de passer. L’eau s’engouffre progressivement, crescendo, dans de petits réservoirs de chaque côté du chemin, un mini tsunami provoqué par les bateux, à contre-coup, de plus en plus fort. Ça gronde, ça écume, ça ruisselle, ça gicle, ça étincelle de sons de chaque côté d’un pont de pierre. Des trous, sur ce même pont, font entendre l’eau qui s’agite sous nos pieds, à droite, à gauche, l’aquatique glougloute et noie nos oreilles de folles gerbes moussue. Ici, les mots connaissent leurs limites, quasi impuissants… Une multitude de paysages, de lumières, de sons, étranges et poétiques, de nuit.

ECOUTEZ – Carte postale sonore façon Desartsonnants

Reste à emmener ce soir des promeneurs écoutants, pour entendre et voir, sans doute tout autre chose…

Dans le cadre d’un travail entamé avec Gare au Théâtre de Vitry/Seine (Frictions urbaines/Balades en ardouanais) et son fondateur et directeur artistique Mustapha Aouar.

D’autres images ICI

POINTS D’OUÏE, JEUX THÈMES ET VARIATIONS

POINTS D’OUÏE, JEUX THÈMES ET VARIATIONS

Définitions

Rappelons ici que nous avons pour principaux objectifs de proposer différentes formes de lectures et d’écritures du paysage sonore in situ, que les projets qui en émanent se déclinent en plusieurs modes d’actions, de réflexions, selon les contextes.

Sans compter ici toutes celles en chantier, ou qui restent encore à inventer au fil des expériences et des rencontres à venir.

Polarités

Le projet se positionne dans une préoccupation esthétique, artistique, celle du ressenti, de l’émotion, de la beauté intrinsèque des paysages sonores, quels qu’ils soient, à écouter et à construire, et également dans un soucis de montrer la fragilité de ces espaces, la nécessité de les protéger, dans une démarche explicitement liée à l’écologie sonore.

Postures

Deux postures émergent d’emblée.

D’une part, la promenade, le parcours, écoute en mouvement, au rythme de la marche, nous allons vers les sons, improvisant ainsi une «musique des lieux» en action, selon les événement et les choix du promeneurs, d’autre part, le point d’ouïe statique, où nous laissons plutôt les sons venir à nous.

Ceci implique en fait une troisième posture qui est celle de coupler marche et arrêts sur sons, toujours en fonction des aléas du terrain.

Déclinaisons, variations

Différentes expérimentations physiques viendront enrichir les possibilités d’écoute, oreille collée à, auditeurs allongés, en aveugles, mains canalisatrices…

http://desartsonnants.tumblr.com/post/127846492966

Les écoutes dites «à oreilles nues», et/ou celles prolongées d’objets et de dispositifs.

Comme son nom l’indique, la première fait appel au seul appareil auditif embarqué par chacun de nous.

D’autres situations d’écoute utiliseront différents objets existants ou non, du stéthoscope à un jeu de «longues-ouïes» imaginées et bricolées pour l’occasion.

http://desartsonnants.tumblr.com/post/127846417806

http://desartsonnants.tumblr.com/post/113638531001

Des calligraphies, consignes, modes de jeu, injonctions poétiques décalées pourront être envisagées pour guider et orienter le parcours vers des représentations et ressentis poétiques, surprenants…

Des installations éphémères, lutherie expérimentale, installations électroacoustiques mobiles, portables et autonomes.

L’installation de cartes postales ou création sonores réalisées sur le terrain, à partir des ambiances glanées, venant frotter des formes d’imaginaires recomposées au terrain initial, ou écoutes délocalisée, de l’extérieur vers l’intérieur, ou dans différentes temporalités…

Des performances musicales (improviser en faisant sonner les lieux), dansées (proposer des postures d’écoute via la danse), des lectures performatives de textes, des écritures spontanées…

Références et inspirations

Pour élargir le projet, des acteurs – penseurs nous font creuser plus avant le sujet.

– Guy Debord et ses expériences de l’errance situationniste, de la psychogéographie

http://www.larevuedesressources.org/theorie-de-la-derive,038.html

– Michel Foucault et sa réflexion autour du concept d’hétérotopie – http://foucault.info/doc/documents/heterotopia/foucault-heterotopia-en-html

– Georges Pérec avec ses écritures, pensées et descriptions d’espaces

http://www.grenoble.archi.fr/cours-en-ligne/tixier/perec/perec.html

Et autres d’autres ressources réflexives apportées par les participants.

Transdisciplinarités

Les approches sont pensées dans des pratiques transdisciplinaires, transmédiales, convoquant à l’envi le jeu, l’écriture ou l’improvisation musicale, la création sonore acoustique et/ou électroacoustique, la danse ou la performance, le chant, la voix, la poésie, la lutherie, le land art, les arts plastiques tels le graphisme, la calligraphie, la sculpture sonore, selon les savoir-faire, les affinités et les contraintes du projet.

L’idéal étant de puiser dans un panel de gestes, d’objets, de dispositifs, pour éprouver le terrain par l’oreille, notamment lors de workshops ou d’ateliers, en résidence, sur une durée de plusieurs jours à plusieurs semaines.

POINT D’OUÏE – DEUX PROMENADES SONORES AVEC HOËLLE CORVEST

ÉCOUTER SAILLON 

Une fois n’est pas coutume, je vous présente aujourd’hui une balade sonore intégrale, non pas impulsée par Desartsonnants, mais par Hoëlle Corvest.

9 heure du matin. lors du 2e Congrès mondial d’écologie sonore, Hoëlle Corvest, membre du Colllectif Environnement Sonore, aveugle, chargée de l’accessibilité pour le public déficient visuel à la Cité des Sciences et de l’Industrie de Paris, nous emmène faire une promenade écoute quotidienne. Hoëlle possède une capacité à faire entendre et à débattre de l’espace sonore qui fait de ses promenades de merveilleuses expériences sensibles.

Nous sommes dans un petit village du valais Suisse, à Saillon, en aoüt 2012.

En écoute, deux journées, deux promenades, deux paysages sonores. Prenez le temps d’écouter, fermez les yeux…

1ère promenade, prise de son Laurent Choquel

2e promenade, prise de son Desartsonnants