Écoutez-voir – séquence 1 – L’ Angélus de Millet

Comment peut-on, sans autre artifice ni dispositif que notre regard et notre écoute, interne, celle qui lit les repères sonores d’un tableau, d’une photographie, comme on déchiffrerait une partition musicale qui chanterait dans notre tête, entendre une représentation picturale « iconosonique » ?
L’idée peut paraitre étrange, et pourtant, j’ai envie de vous en proposer l’expérience. Regarder attentivement pour mieux entendre, quitte à imaginer une scène auriculaire où l’imagination reconstituerait des ambiances indécises, ou sujettes à variations, interprétations…
Je me frotte ici à une approche relevant du pur paysage sonore, celle de la représentation, voire d’une forme de re-construction sensible à l’aune d’une interprétation qui assume ses possibles dérives narratives et fictionnelles..

Pour cette première approche, cette confrontation d’un point de vue/point d’ouïe, j’ai choisi une œuvre archétype, emblématique d’une peinture naturaliste de l’École de Barbizon, le fameux « Angélus » de Jean-François Millet, célébrissime toile du Musée d’Orsay.

Le tableau est d’une composition simple, rigoureuse, presque austère, sans doute due à la vision d’une spiritualité intérieure qui ne se veut pas, loin de là, démonstrative. Tout juste un geste du quotidien, dans toute sa sobriété pastorale.
Au premier plan, un couple, tête penchée vers le sol, mains jointes, fait la prière de l’angélus de midi.
Juste derrière eux, une fourche plantée dans le sol et une brouette avec un sac de pommes de terre, précise l’action de ces deux protagonistes, des agriculteurs et agricultices en cueuillette. Au loin, au fond d’une plaine déserte, un clocher, celui de de l’église de Saint-Paul de Chailly-en-Bières exactement, non loin de Paris.
Le titre évoque d’emblée un fait sonore. C’est parce que le clocher sonne l’Angélus, celui de midi, que le couple suspend sa besogne pour prier.
La sonnerie de l’Angélus est, dans l’univers symbolique campanaire et religieux, clairement codifiée, donc facile à identifier. Tros tintements sur une cloche, assez lents, quelques secondes de silence, puis nouveaux tintements, silence, tintements. Neuf coups d’une cloche unique donc, suivis d’une volée, d’une à plusieurs cloches selon l’équipement du clocher.

Le clocher, faisant souvent office d’ « horloge publique  » scandant la journée est ici assez éloigné géographiquement, ce qui laisse présupposer que selon le vent dominant, on perçoit plus ou moins ses sonneries, voire pas du tout.
La taille du clocher semblant modeste à cette distance, nous fait imaginer que les coups teintés et la volée ne doivent pas être trop imposants, on est loin de la magnificence de Notre-Dame ou de la cathédrale de Strasbourg, plus à une échelle acoustique plus intime, recueillie, moins ostentatoire.
Côté ambiance, la longue plaine assez déserte , peu, voire pas boisée, ne semble pas favorable à accueillir foule d’oiseaux chanteurs. Peut être quelques rapaces chasseurs plus haut dans le ciel.
L’époque du tableau (1857/1859) nous dit que l’environnement acoustique n’était certainement pas perturbé ni par les automobiles, ni par les avions… La pollution sonore n’affectait pas encore ces parties reculée de la campagne. Ce qui fait que les émergences acoustiques, hormis périodes très venteuses ou orageuses, devaient se percevoir dans les moindre détails. Ici en l’occurrence, la ou les cloches du village.
Après renseignement, à l’époque du tableau, le clocher gothique abritait un seul bourdon fêlé, celui que qu’entendait le couple, remplacé aujourd’hui par trois cloches plus modestes ((Lucie-Gabrielle, Lucienne-Marcelle, et Solange). Si on retourne à leur position aujourd’hui, on n’entend donc plus la même chose, si tant est qu’un lotissement où des routes adjacentes ne masquent le son des cloches.

Autre invité de marque après que se soit tu l’Angélus, le silence. Même si on peut imaginer des prières chuchotées, à voix basse, il me semble que c’est plutôt dans un recueillement silencieux, méditatif, que se déroule l’action. Silence des personnages, et du paysage lorsqu’a cessé de sonner l’Angélus. Une forme de sérénité intérieure et extérieure loin de la folle agitation urbaine de nos cités contemporaines.

Mais imaginons la scène un peu avant. Nos deux protagonistes sont à la cueillette de pommes de terres. On entend le son de La fourche qui creuse le sol. Sans doute celui des plans que l’on secoue pour en faire tomber la terre, des légumes roulant sur le sol, puis jetés dans le sac sur la brouette. Imaginons le bruit de la roue de brouette qui peut-être grince, pour faire image sonore d’Épinal, et s’éloignera vers le village, ou la ferme voisine, la cueillette du jour achevée.

Il y a, dans la palette colorée, à la fois riche en nuances et sans grande rutilance, la même sobriété harmonieuse que celle sonore que l’on pourrait entendre, avec des traines campanaires, qu’aux vues la distance de l’église, on doit percevoir sans grand éclat, tout en douceur. Le son, la lumière, tissés en délicates nuances, ne distordent pas, mais sonnent et résonnent de concert.

Entre la trivialité, la simplicité du monde agricole, que Millet admirait, et la spiritualité religieuse de la cloche sonnante, qui relie le ciel et la terre dans une sorte d’arc acoustique, le son campanaire est, à la fois discret et moteur de l’action, au final un des héros de ce tableau.

J’ai conscience que, à l’instar du tableau de Millet, lequel représente sans doute une version quelque peu idéalisée d’une vie campagnarde rythmée au fil des travaux et des Angélus, mon écoute de cette scène picturale est sans doute proche de la carte postale sonore, au trait forcé. L’exercice mêlant clichés pittoresques et tentative de modélisation sonore et acoustique, conduit à un résultat qui n’évitera pas le stéréotype. Cet écueil étant assumé, l’exercice reste pour moi une expérience ludique, qui tend à mettre en lien regard et écoute via un média pictural, sans autre prétention.

C’est d’ailleurs après avoir écrit ces quelques lignes que je découvre la phrase de Millet concernant son œuvre « En regardant cette peinture, j’aimerais que le spectateur entende sonner les cloches. ». Il n’aurait pu dire plus juste. En tous cas, ce désir a trouvé chez moi un écho qui a résonné fortement dans mon approche, à tel point que j’ai été content de commettre, en toute subjectivité, cette analyse où l’œil écoute, et où sans doute l’oreille regarde.

En écoute, une création sonore originale composée pour cet article

Y’a quelque chose qui cloche !

Y’a quelque chose qui cloche, et c’est très bien ainsi !

Depuis que, avec l’association ACIRENE, j’ai participé à un inventaire important des cloches des églises romanes bourguignonnes, j’admire le son de ces belles dame d’airain. J’ai d’ailleurs enregistré beaucoup de sonneries campanaires lors de mes déplacements, résidences, et écrit plusieurs textes (à la volée). Et là, je suis enthousiaste ! Peu de temps avant de quitter Lyon, j’ai rédigé et soutenu un projet pour le conseil de quartier du 9e, dans le cadre du budget participatif. Projet qui consistait à ajouter initialement deux cloches au carillon de l’église Saint- Pierre de Vaise, mon ancien quartier. Ce projet a été retenu, et les cloches, finalement au nombre de trois, seront fondues prochainement, et installées en automne. Hâte de les entendre sonner pour les concerts inauguraux. Le carillon passera donc de 12 à 15 cloches, ce qui permettra aux carillonneurs de jouer des mélodies sans jongler avec les manques de notes. C’est, avec le carillon de l’Hôtel de ville de Lyon, un des rares carillons jouables du département du Rhône, et il sonne magnifiquement bien. Il accueille des instrumentistes de renommée internationale chaque été, pour de magnifiques concerts estivaux.

Je suis vraiment très heureux !

Reste à développer des événements autour du carillon d’Amplepuis, église Saint-Pothin, ville où je réside aujourd’hui, qui possède un ensemble campanaire de huit cloches, aux sonneries électrifiées mais encore jouables manuellement.

Et qu’ça sonne !

16/03/2024 – 31/08/2024 : Fonte des cloches et gravure des prénoms

01/09/2024 – 30/09/2024 : Exposition des cloches en mairie du 9e

arrondissement

01/10/2024 – 15/10/2024 : Bénédiction des cloches

16/10/2024 – 31/10/2024 : Installation puis inauguration avec un concert de carillon

https://oye.participer.lyon.fr/…/budgets/2/projects/107…

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Pour une fois j’y ai pensé, et elles étaient bien là !

Elles étaient bien là, mais qui donc ?
Et bien celles que j’entends sonner et hululer depuis chez moi, en me disant que je les ai encore ratées.
Mais pas ce matin, j’avais, une fois n’est as coutume, agrafé un pense-bête bien en vue.
Donc j’étais là, à la bonne heure et au bon endroit pour les cueillir, les accueillir, micros et oreilles tendues.
Les sirènes du toit d’un théâtre voisin, les cloches perchées sur le clocher tout proche, et à leurs pieds, les voix du marché.
La sirène, c’est ponctuel et bien marqué dans l’espace temps, une fois par mois, à midi sonnante, les premiers mercredis du mois.
De grandes glissades trouant l’espace en alerte. Crescendo, decrescendo.
Des images surgissantes de catastrophes et de dangers, pour certains, des réminiscences de guerre, surtout dans ce quartier dont le centre fut presque entièrement rasé lors d’un bombardement, église comprise !
Des sirènes qui viennent judicieusement alimenter un travail en chantier autour… des sirènes, entre mythes et objets tonitruants. Ce n’est pas anodin.
Et puis les cloches, qui prennent le relai à midi passé de quelques minutes, prenant soin de ne pas emmêler les signaux, de laisser de l’espace pour chaque son, de préserver une lisibilité en évitant une polyphonie trop confuse.
Dans la réalité en tous cas.
Dans l’écriture, j’en jouerai, en variation contrapuntique improbable.
Car l’écriture n’est pas le terrain, c’est plutôt, dans la cas qui nous concerne, son empaysagement auriculaire.
Et puis il y a les voix. Les voix-ci les voix là.
Celles, habituelles pour le résident que je suis, du marché du mercredi matin. Des timbres et intonations dont je reconnais de loin les vendeurs à la verve chantante, à la gouaille sympathique.
Comme un fond, un tapis, déployé à même le sol pour accueillir les émergences venues du ciel, dirait l’ami Michel Risse, ou en tous cas d’un peu plus haut. Cloches et sirènes perchées en l’occurrence.
Chaque source possède sa propre ponctualité.
Chaque source possède sa propre territorialité, sa spatialité, même si, acoustique oblige, ces espaces sonores se fondent, s’entremêlent, se jouent du territoire de l’autre, multiphonique.
Pour ce qui est de l’apparition temporelle, il s’agit des mercredi, jeudis et dimanches pour les voix du marché, de chaque midi matin et soir pour mesdames les cloches, en tous cas pour les volées d’Angelus, et de chaque premier mercredi du mois à midi même pour les sirènes.
Et c’est là, à cette date et heure, notamment aujourd’hui premier mercredi du mois à midi, que la conjonction se fait entre ces événements sonores. C’est là que s’opère un croisement dialogué qui se déploie sur la place; une histoire de quartier, celle que l’on veut bien entendre, ou se raconter.
C’est donc là où j’ai attendu, micros en mains, sous un petit vent frisquet, que cloches, voix et sirènes, soient au rendez-vous pour composer une scènette sonore, que je m’empresserai de réécrire à ma façon.
Situation qui me donne envie d’être dans d’autres lieux, d’autres premiers mercredis du mois à midi, vers d’autres églises et d’autres sirènes, et peut-être marchés, pour réitérer l’expérience, autrement n’en doutons pas. Points d’ouïe en variations paysagères pour voix cloches et sirènes…

Pic de Brionnet, quelque chose qui cloche !

Pour suivre ma pérégrination sonore

le projet d’installer l’écoute

dans l’immersion des volcans d’Auvergne

un pic escarpé

adossé à une formation verticale d’orgues basaltiques

coiffé d’une chapelle romane

qui scrute le paysage à 360°

un paysage volcanique

de puys de sucs et de pics

de vallées encaissées

de rivières enchassées de verdure

les ombres d’un jour déclinant qui s’y jouent aujourd’hui

elles s’accrochent aux reliefs

s’étirent à flancs de coteaux

le soleil chauffe agréablement

pas un brin de vent

chose rare sur un pic émergeant à plus de 900 mètres

un temps où tout s’immobilise, ou presque

dans un calme accueillant

immersion quand tu nous tiens

des milliers d’insectes dessinent d’improbables ballets

dans une généreuse lumière du soir

un inouï espace de rêverie

des clarines au bas sonnent, lointaines

stéréophonie montagnarde entre mes deux oreilles, exactement

on reste, finalement assez longtemps, sans bouger ni parler

le paysage à nos pieds

et à nos yeux

jusqu’à de lointains horizons montagneux

et puis la chapelle

avec une cloche accrochée, à clocher

en haut de tout

et une corde pour la sonner

invitation

je me fait sonner la cloche

et elle sonne, tinte bien

vraiment bien

joliment bien

jusque dans ses résonances rémanences

du haut de son promontoire

elle nous invite à activer l’espace

à le faire vibrer à l’échelle du lieu

à l’imaginer plus ample, plus loin

elle invite à recomposer l’écoute

à l’imaginer autre, autrement,

ce que je ne manquerai de faire.

la dernière résonance éteinte

le lieu retrouve son presque rien

habité de mille bruissemements microsoniques.

En écoute
Album photos : https://photos.app.goo.gl/5bXDsbNXj63Jxk6u9

Résidence d’écriture(s) audio-paysagère(s) « Installer l’écoute – Points d’ouie » à Tourzel Ronzières, Puy de Dôme, accueillie par « Danser l’espace – Sous les pommiers ba » , soutenue la DRAC Auvergne Rhône-Alpes

Point d’ouïe – Quelque chose qui cloche ?

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A mesdames les cloches

J’ai déjà bien des fois

écrit et dit des choses

sur ces dames d’airain

mais sans doute pas assez

au-delà de leur fonction religieuse

elles sont

instrument musical

installation sonore ancestrale à ciel ouvert

animatrice de paysage

paysage à elles-seules

marqueur du temps qui passe

et ce depuis très longtemps déjà

à une époque et dans des lieux

journal local

des volées saluant naissances et mariages

des glas plus sinistres

des alarmes en tocsin

elles sont marqueur de territoire

phare auditif

signal géographique spatio-temporel

tenant les habitants sous leur bienveillante résonance

signature acoustique du quartier

jusque parfois à l’esprit de clocher

objet de controverse

à cloche-oreille

entre leurs admirateurs et leurs détracteurs

empêcheurs de sonner en rond

près de chez moi elles sont quatre

juchées tout en haut d’une imposante tour de pierre

surmontées de drôles d’angelots dorés

bien visibles dans leur chambre ajourée

elles tintent joliment

et chaque soir à vingt heures

en ces temps confinés

elles élargissent l’espace

en carillonnantes notes égrainées

et leur volée festive

se mêle aux applaudissements,

aux vivats et charivaris en fenêtres

il y a quelque chose qui cloche

mais c’est normal.

@photo Blandine Rivoire – @texte et sons Gilles Malatray

En écoute à 20heures, place de Paris, Lyon 9e

Point d’ouïe, ce qui cloche, joliment, au Locle

S’il est une signature sonore que j’apprécie tout particulièrement, c’est bien celle, aérienne, imprimée dans un paysage auriculaire, qu’égrènent les cloches.

Les déferlantes campanaires, vigoureuses, vivifiantes, celles qui balaient la ville, la secouent parfois de sa torpeur, me mettent les oreilles en liesse.

Chaque volée a sa personnalité, ses rythmes, ses couleurs, ses harmonies, son écrin acoustique, architectural. C’est ce qui fait que, rarement, voire jamais,  une sonnerie n’est rigoureusement identique à l’autre. C’est pourquoi je considère les cloches, à l’instar des fontaines, lorsque l’on prend le temps d’écouter l’une et l’autre dans leurs cadres, comme de véritables signatures acoustiques.

Les volées du grand temple du Locle sont superbes. De la terrasse où nous résidons, à quelque encablures du clocher, nous les entendons clairement, éclats d’airain virevoltant au dessus des toits, semblant tout à coup se rapprocher, ou s’éloigner, selon les caprices d’un vent complice.

Traverser une ville, c’est souvent pour moi l’occasion de lever les oreilles, et de tendre les micros vers les clochers, pour augmenter peu à peu une collection d’objets sonnants, qui participent activement à la fabrique de paysages sonores.

 

 

Résidence artistique à LuXor Factory, avec Jeanne Schmid

Point d’ouïe, paysage qui cloche

Carillon Vaise

C’est un concert de carillon, église Saint Pierre aux liens de Vaise, Lyon 9e, dimanche 12 août 2018.

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Il fait bon, un public assez nombreux est venu dans le petit jardin du presbytère, endroit isolé de la circulation, juste sous le clocher où chanteront les dames d’airain, 12 au total. Beaucoup d’habitants du quartier Vaisois ne connaissent d’ailleurs pas ce petit carillon caché tout en haut de la chambre des cloches. Il faut dire que, contrairement aux régions Nordiques, aux Flandres, les carillons Lyonnais se font hélas très discrets et sonnent de plus de plus rarement. le grand carillon de l’Hôtel de ville centrale, fort de ses 65 cloches est pourtant un instrument remarquable ! Raréfaction des carillonneurs sur la région, grogne des empêcheurs de sonner en rond, un peu des deux…

Le maître carillonneur Valenciennois Gilles Lerouge* sait parfaitement tirer partie du  petit carillon de Vaise, jonglant avec brio pour garder la mélodie au plus proche de sa source en évitant habilement les notes manquantes. Son jeu est tout en nuances, de Morricone à Bach en passant par des chansons traditionnelles Françaises, sans oublier le « P’tit quinquin », hymne national populaire du Nord.

Les cloches, je le dis souvent, sont de véritables instruments de musique et qui plus est, une des plus belles et anciennes installations sonores en espace public. A ce titre, elles méritent non seulement toute notre attention,mais qu’on les défendent de ceux qui voudraient les faire taire, préférant sans doute laisser plus de place au  bruit des voitures.

Chaque fois que j’entends un carillon, ou même une cloche égrener ses notes d’airain, je tends une oreille réjouie vers ce joyeux remue-ménage aérien, qui vient joliment réveiller le paysage de ses nappes sonores bienveillantes,  n’en déplaise à certains.

 

*Gilles Lerouge est né à Valenciennes le 22 octobre 1959
Co-titulaire du carillon de Saint-Amand-les-Eaux, dans le Nord.Gilles Lerouge commence le carillon dès l’âge de 10 ans à Saint-Amand-les-Eaux. Il obtient, à Valenciennes, le Premier Prix de solfège et piano et entre à l’Ecole Française de Carillon. Il obtient le diplôme de Maître-Carillonneur en 1991. Gilles Lerouge est Directeur de l’Ecole Municipale de Musique et de l’Harmonie municipale de Saint-Amand-les-Eaux (Nord) Musicien professionnel en formation de jazz, il est le grand spécialiste du répertoire de jazz. Sources http://asso.nordnet.fr/arpac/carillon/interpretes.htm

 

Point d’ouïe campanaire à Cagliari

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Desartsonnants ne le répètera jamais assez, il adore lorsqu’il y a quelque chose qui cloche dans le paysage. Ici à Cagliari, du centre ville au bastion supérieur, il joue à fabriquer, après écoute, un petit raccourci spatio-temporel… Ceci dans le cadre du projet Erasmus+ « Le paysage sonore dans lequel nous vivons » – avec GMVL Musiques Vivantes de Lyon

En fait, l’un des marqueur spatio-temporel qualitatif et installé dans l’espace public, préféré de Desartsonnants est certainement celui proposé par ces belles dames d’airain hautes perchées, au voix tellement différentes du Nord au sud, de ville en ville, de clochers en beffrois.

Je les cherche, les écoute avec délectation, les capte, en collectionne les envolées et sonneries carillonnantes.

J’aime entendre comment elles inter-agissent sur l’espace public, lui donnant une texture, des dimensions, des plans, d’échos en réverbérations, des profondeurs rapprochées ou éloignées au gré des vents tourbillonnants, de nos postes d’écoute, du lieu où elles nous surprennent.

Point d’ouïe bien sonnant

Temps fort

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Après deux jours d’intenses rencontres internationales autour du paysage sonore, je rentre chez moi, en empruntant le chemin d’un parc boisé et escarpé d’un parc urbain.
Les allées sont tapies de feuilles multicolores.
Nous sommes un samedi soir doux et humide, vers 18 heures, il fait nuit.
Le carillon d’une église invisible, au bas de la colline, égraine une magnifique et enjouée volée d’airain. Échos, réverbérations, le bronze carillonnant à tout va magnifie l’espace urbain.
Que demander de plus ?
Une superbe et bien sonnante conclusion.

POINTS D’OUÏE – BEAUMONT, UN MATIN ESTIVAL

BEAUMONT MATINAL

Ce post fait suite à celui consacré au Sentier des Lauzes puisqu’il s’agit d’une séquence enregistrée au cours du même séjour.

Il fait écho également à la prise de son de Raymond Delepierre, qui m’accueillait dans ce magnifique site, captation effectuée sans concertation aucune, peu de temps après, entre autre dans la même église.

7 heures du matin, à Beaumont, petit village joliment perché à flanc de collines, au cœur des cévènes  ardèchoises, il fait encore une relative fraîcheur. Le village est endormi, il se repose d’une éprouvante journée aux températures très élevées. Je jette un petit coup d’oreille sur la place centrale du village avec tout d’abord, l’Angelus entendu de ma chambre, puis un petit test acoustique vocal dans l’église pour finir avec une note rafraîchissante du lavoir juste en contrebas de cette même église. Les cigales quand à elles ne sont pas encore réveillées. Sans doute ont-elles trop fait la fête et chanté la veille, dans ces journées caniculaires de juillet. Chose surprenante à la réécoute, la cloche, la voix et la résonance de l’eau dans le lavoir voûté de lauzes sont toutes quasiment accordée sur une même fréquence… Une douce musique des lieux en quelque sorte.