A mesdames les cloches
J’ai déjà bien des fois
écrit et dit des choses
sur ces dames d’airain
mais sans doute pas assez
au-delà de leur fonction religieuse
elles sont
instrument musical
installation sonore ancestrale à ciel ouvert
animatrice de paysage
paysage à elles-seules
marqueur du temps qui passe
et ce depuis très longtemps déjà
à une époque et dans des lieux
journal local
des volées saluant naissances et mariages
des glas plus sinistres
des alarmes en tocsin
elles sont marqueur de territoire
phare auditif
signal géographique spatio-temporel
tenant les habitants sous leur bienveillante résonance
signature acoustique du quartier
jusque parfois à l’esprit de clocher
objet de controverse
à cloche-oreille
entre leurs admirateurs et leurs détracteurs
empêcheurs de sonner en rond
près de chez moi elles sont quatre
juchées tout en haut d’une imposante tour de pierre
surmontées de drôles d’angelots dorés
bien visibles dans leur chambre ajourée
elles tintent joliment
et chaque soir à vingt heures
en ces temps confinés
elles élargissent l’espace
en carillonnantes notes égrainées
et leur volée festive
se mêle aux applaudissements,
aux vivats et charivaris en fenêtres
il y a quelque chose qui cloche
mais c’est normal.
@photo Blandine Rivoire – @texte et sons Gilles Malatray
En écoute à 20heures, place de Paris, Lyon 9e