
Pratique de l’écoute et écoute des pratiques
Comité d’organisation
Jean Cristofol (ESAAix, PRISM AMU/CNRS), Elena Biserna (ESAAix, PRISM AMU/CNRS), Christine Esclapez (AMU, PRISM AMU/CNRS), Peter Sinclair (ESAAix, PRISM AMU/CNRS)
Thématique du séminaire
Le séminaire intitulé « Pratiques de l’écoute, écoute des pratiques » définit clairement son projet dans l’énoncé de son titre : il s’agit d’abord de s’intéresser à l’écoute et aux pratiques de l’écoute, c’est à dire aux pratiques qui à la fois supposent, engagent et déterminent des formes d’écoute.
Ces pratiques sont nombreuses et très différentes les unes des autres. Elles appartiennent à des domaines de la connaissance infiniment variés. Toutes supposent une relation au son ou au moins à des phénomènes ondulatoires qui sont de l’ordre du sonore – même s’ils défient les limites de la perception humaine et qu’ils impliquent la mise en œuvre de technologies qui étendent, déplacent et transposent les potentialités du sensible. Toutes aussi impliquent de mettre en place une logique dans laquelle la réception, la sensibilité et l’attention sont mobilisées comme des formes essentielles de l’expérience et de la connaissance, comme des moments qui déterminent et structurent notre relation à notre environnement, comme des vecteurs de notre capacité d’action, de représentation et d’invention.
Bien sûr, la musique et plus généralement les pratiques sonores en art sont essentielles à notre réflexion et nous nous sentons héritiers du tournant qui a consisté, par exemple avec John Cage, à placer l’écoute au cœur d’une pensée de l’esthétique comme expérience. Mais bien au-delà de la musique ou des arts du son et de l’audio, il existe de nombreuses pratiques, qu’elles soient
empiriques ou expérimentales et rationnellement formalisées, qui mettent en jeu de façon déterminante la question de l’écoute.
L’acoustique est évidemment la première d’entre elles et elle se trouve chaque fois impliquée d’une façon ou d’une autre. Mais notre énoncé suggère aussi que l’écoute n’existe vraiment que dans et par une pratique. De ce point de vue là, l’écoute s’apprend, se développe, s’affine et s’oriente dans la relation à un ensemble organique où l’expérience et la théorie doivent trouver les modalités de leur dialectique. Toute écoute prend sens dans le contexte d’une situation qui engage la relation entre des acteurs et le milieu mouvant dans lequel ils évoluent. Elle contribue à donner sens à ce milieu et elle présuppose l’orientation d’une perception qui ne reçoit que parce qu’elle attend et s’interroge. L’écoute est éveil, exercice, pensée, mouvement, relation aux autres et au monde. Elle mobilise du savoir et le met à l’épreuve d’une situation signifiante. Elle s’inscrit dans une histoire qui est aussi l’histoire des disciplines qui la mettent en œuvre.
L’écoute est donc une notion à la fois transversale et toujours inscrite dans des pratiques spécifiques, qu’elles soient scientifiques ou artistiques, formalisées ou empiriques. Si elle engage des pratiques déterminées et multiples, elle ouvre aussi un espace de discussion, de partage et d’échange entre ces pratiques et ces savoirs, entre les arts et les sciences.
Partenariat
Institut d’Etudes Avancées d’Aix Marseille Université (IMéRA)
Comité d’organisation: Jean Cristofol (ESAAix, PRISM AMU/CNRS), Elena Biserna (ESAAix, PRISM AMU/CNRS), Christine Esclapez (AMU, PRISM AMU/CNRS), Peter Sinclair (ESAAix, PRISM AMU/CNRS)
L’écoute comme pratique sociale et comme comportement
Gilles Malatray, artiste sonore
– Lire et écrire le paysage sonore ambiantal.
Par la pratique du soundwalking, de la marche d’écoute et de ses nombreuses déclinaisons, l’artiste participe à la lecture, comme à l’écriture, souvent collectives, de paysages sonores sensibles, quels que soient les milieux arpentés, explorés.
Dans une approche convoquant différentes formes d’esthétiques paysagères, des lectures écologiques, voire écosophiques, la prise en compte de sociabilités auriculaires, la recherche d’aménités, le partage de sensibilités, le promeneur écoutant* ne cesse de questionner les multiples façons d’écouter ses milieux de vie. S’il s’agit ici de se mettre dans l’ambiance, en empathie, il lui faut également tenter, avec un certain recul, de décrypter, voire de composer des ambiances.
Quelques questions se posent alors. Comment bien s’entendre avec sa ville, son quartier, son village ? Comment créer et partager de nouveaux points d’ouïe, de l’inauguration à l’inventaire ?
Comment partager des écoutes qualitatives, parfois chahutées entre des situations de saturation comme de paupérisation ?
Marcher et écouter, (soundwalking) prélever des sonorités (Field recording), composer ou recomposer, faire trace, cartographier, ré-écrire et questionner, convoquent autant de gestes et de postures potentiels pour explorer des démarches audio-paysagères in situ, émminament contextuelles et relationnelles.
*Terminologie empruntée à Michel Chion dans son livre au titre éponyme
Natacha Cyrulnik, réalisatrice, chercheuse (PRISM AMU-CNRS)
– AtmosphèreS, un projet de recherche.
« AtmophéreS » est un projet structurant de l’UMR 7061 PRISM (Perception, Représentation, Image, Son, Musique) qui vise à fédérer des chercheurs issus de différentes disciplines.
A partir de points de vue différents, il sera question de construire une réflexion générale sur la notion d’AtmosphèreS, notion qui met l’humain au cœur d’un dispositif de représentation du milieu. A la fois fédération de points de vue et « lieu » où les différentes altérités pourront converser, le projet structurant « AtmosphèreS » vise à croiser les regards.
Nous aborderons dans un premier temps l’historique qui a donné naissance à ce projet structurant, puis, à partir de trois exemples précis issus de membres du laboratoire d’origine disciplinaires différentes, nous tenterons en voir en quoi ce croisement peut initier de nouvelles recherches, de nouveaux croisements et de nouvelles propositions artistiques.
Photo: Gilles Malatray Soundwalk, festival Around the Sound, Centre d’art contemporain de kaliningrad – Institut Français de Saint-Pérersbourg