Paysages et territoires en mobilités

Ressources, état des lieux, recherche

J’ai commencé, petit à petit, à mettre de l’ordre dans la multitude de sites internet que j’ai visité, certains parfois physiquement, de textes que l’ai lu, de références inspirantes croisées ici et là, jusque-là dispersées dans plusieurs dossiers numériques.

Tout part de la marche, du parcours, de la déambulation, de l’arpentage, de l’errance, de la flânerie, bref, du mouvement… Ces gestes initiaux impulsent, irriguent, structurent depuis longtemps mes projets. Projets liés initialement aux paysages sonores, au sens large du terme, aux façons de les appréhender par l’écoute, dans des approches esthétiques, écologiques, territoriales, sociétales. Néanmoins, la notion de paysages sonores s’est rapidement étendue à celles de paysages et territoires sensibles, politiques, d’actions culturelles et artistiques, contextuelles, situées…

Les thématiques de l’écoute, du regard et du corps en mouvement, dans le sens haptique du terme, se sont agrégées à d’autres approches, qui mettent en jeu les notions d’aménagements, de territoires sensibles, d’espaces urbains ou ruraux, de lieux intermédiaires… Et par-delà, des démarches transversales, hybrides, marginales, des manières de les expérimenter, de les représenter, de les écrire, de les faire vivre collectivement, de les partager.

Artistes, géographes, urbanistes, historiens, aménageurs, philosophes, enseignants, acteurs politiques, cartographes… sont conviés à amener de l’eau au moulin.

On trouve ainsi des projets concernant des spectacles vivants en mouvement, hors-les-murs, de l’urbanisme culturel, des approches art-sciences, arts en espace public, des études de marchabilité, des actions d’artistes marcheurs et marcheuses, du land-art, des lieux d’expérimentations artistiques, sociales, des tiers-espaces où mijotent et s’écrivent de nouvelles pratiques qui font bouger les arpenteurs et les territoires arpentés…

Côté artistique, les arts audio, sonores, côtoient la photographie, les arts plastiques, la danse, l’art action ou performance, la littérature et la poésie, le théâtre, le documentaire cinématographique… et d’autres formes plus ou moins inclassables, souvent hors-le-murs, qui se frottent aux territoires, à ses topologies, ses signatures singulières, impliquent les habitants…

Signe du temps, les problématiques écologiques, voire écosophiques, selon la conception guattarienne, tiennent une place importante. Fragilités de nos espaces vivants, effondrements et violences bioclimatiques, géo-politiques, décisions et immobilisme aberrants, ilots de lutte et de résistances… L’artiste, le chercheur, l’aménageur, et autres activistes, sont de plus en plus confrontés à ces problématiques, qui doivent nous alerter sur l’urgence du moment, et pointent l’incertitude face à un avenir plus que chaotique.

Un large panel d’actions, d’acteurs et actrices, issues de différentes pratiques, esthétiques, engagées sur le terrain est donc rassemblé dans un corpus qui peut sembler d’une grande disparité. Avec le risque de m’égarer dans des chemins de traverse, et d’égarer de potentiels visiteurs, au gré d’hybridations parfois labyrinthiques, aux frontières incertaines et mouvantes, mais le risque est ici parfaitement assumé.

Au fil des visites, des lectures, je parcours des interactions nourrissantes, des croisements improbables, des formes d’utopies, où les arts se frottent à de nombreux champs d’action, de recherche, et réciproquement. Tout cela me procure un immense plaisir, alimenté par une curiosité qui va croissante, au gré des navigations et collectages. Plaisir de découvrir des réseaux, formels ou informels, de croiser physiquement des acteurs de terrain, occasionnellement d’élaborer des projets communs. Plaisir de partager des expériences, réflexions, ressources, colères et espoirs…

J’ai donc, progressivement, rassemblé et versé ces ressources sur un tableau au format PDF, ce qui permet de rechercher aisément, par mots-clés, des thématiques, des activistes. Ce tableau, posté en ligne, est en chantier, est régulièrement mis en à jour, au fil des découvertes qui viennent le compléter.

Les formats et provenances de ces documents sont divers : Thèses et mémoires, essais et compte-rendus de colloques, dossiers artistiques, études techniciennes, textes littéraires, philosophiques, sites dédiés à des lieux spécifiques, recensions d’ouvrages, et sans doute liés à beaucoup de coups de cœur…

Cette ressource est également participative pour qui le souhaite. Signaler un lien brisé, proposer une ressource, échanger sur un sujet qui vous tient à cœur…

Bienvenu(e)s !

desartsonnants@gmail.com

Liens ressource en ligne

Interrelations, un corps en mouvement, une écoute incarnée

Comment un corps en mouvement interagit-il avec l’écoute, en modifiant les postures, les perceptions de l’espace, de l’environnement, des ambiances, des présences… ?

Réciproquement, comment l’écoute influence-t-elle le corps en mouvement, ses gestes, ses réactions, ses allures, ses rythmes, sa sensibilité, ses capacités à se frotter au monde… ?

Seul ou à plusieurs, la construction, au prisme d’une écoute en mouvement, de nouveaux espaces sensibles, esthétiques, sociétaux, à l’aune d’expériences indisciplinées, soulève une problématique que j’ai mise en chantier et expérimentée depuis déjà longtemps. Elle demeure, plus que jamais, questionnée et retravaillée aujourd’hui. La problématisation, la ou les formulations, permettant de faire émerger une recherche fructueuse, me semblent être qu’au tout début d’un processus évolutif, en perpétuel chantier.

Au travers certaines thématiques de terrain, la présence acoustique de l’eau dans le territoire, les situations d’enfermement via une approche croisée jouant sur les trajectoires dedans/dehors, une approche écosophique de l’écoute, de ses approches pédagogiques  via l’éducation populaire, une, voire des formes de recherche-actions semblent se concrétiser au fil des marches écoutantes.
Et puis, il nous faut faire écho(s), et en jouer pour construire de nouvelles relations avec des tiers-espaces auriculaires.

Processus et rituels

PAS – Parcours Audio Sensible

Parcours en duo d’écoute

Inaugurations de points d’ouïe

Bancs d’écoute

Concerts improvisations de paysages

Partitions de PAS – Parcours Audio Sensibles

Formes mixtes

Formes contextuelles, à inventer…

Collaborations, indisciplinarité

Art, projets et action culturelle

Éducation, pédagogie, transmission

Santé

Écologie, écosophie

Recherche interdisciplinaire

Acoustique

Audionaturalisme, écoacoustique, bioacoustique

Justice

Mobilités

Tourisme

Aménagement du territoire…

Formes, traces et écritures plurielles

Création sonore (concerts, installations, radiophonie, muséographie…)

Textes, récits, publications de recherche

Images et vidéo

Formes performatives in situ

Actions collectives et participatives

Formes hybrides, mixtes, multimédia



A suivre.

Comment écoutons-nous ? Le cas du paysage sonore

Ces derniers mois, le projet « Bassins versants l’oreille fluante » m’a fait longer et d’écouter moult cours d’eau, petits et grands, bouillonnants ou étales. Je les ai auscultés de près et de loin, en mouvement ou en mode point d’ouïe, statique. Je les ai enregistrés, annotés, renseignés, mis en mémoire… J’en ai tripatouillé les matières sonores liquides et les ai recomposées, rediffusées et installées ici et là, à ma façon, l’imaginaire compris.

Et au final, ce qui m’intéresse tout particulièrement aujourd’hui, c’est la façon , y compris et surtout physique, dont je les écoute, les entend, les donne à entendre… Entre finalités écoutantes et gestes situés, un chantier d’observation atour d’auricularités partagées se dessine, ou se poursuit, se creuse. Pour amorcer l’action et la réflexion, je parts de mes propres expériences, mais aussi des échanges et observations de groupes d’écoutants et écoutantes, confrontés aux terrains et sites acoustiques investigués.

Comment suis-je arrivé à l’eau, physiquement ? Quels trajets et lieux j’ai choisis ? Seul ou en groupe ? Où me suis-je arrêté, posé ? Les postures d’écoute, assis, allongés, yeux fermés, en marche… ? les temporalités, allures, rythmes et durées ? Qu’en ai-je enregistré, retenu, souligné ? Quelles sources (sonores) m’ont frappées, attentionnées ? La place de l’arpentage in situ ? Quelles ambiances j’ai appréciées, ignorées, ou détestées ? Des écoutes appareillées, à oreilles nues, mixtes ? Quels « silences » ont surgis ? Quels affects, ressentis, émotions ? Pourquoi et comment (vastes questions ) ? Des situations immersives, ou distanciées ? Quelles intentions, envies et projets à venir ? Des approches de terrain en mode recherche-action/création, de l’indiscipline ? Des traces, productions, médiations ? Des outils contextualisés à développer, des médias à mettre en place ? Des réseaux à activer, développer ? Des approches et visées pédagogiques, des supports, des outils d’apprentissages émancipateurs, de la recherche via l’éducation populaire ?

En fait, je tenter de décortiquer et d’appréhender de façon pragmatique, au moins autant, si ce n’est plus, le geste d’écoute, la posture de l’écoutant et de l’écoutante, que la chose écoutée (ici les territoires liquides, les voies et voix d’eaux), sans pour cela en ignorer leurs qualités esthétiques, environnementales, sociétales…

Le chantier est plus vaste et complexe qu’il n’y parait de prime abord, mais c’est ce qui rend ses enjeux et perspectives passionnantes, autant qu’ incertaines…

Points d’ouïe – Tiers-espaces écoutants

Créer des tiers-espaces écoutants, une amorce d’un projet de recherche-action. Je cherche des voix complices. En présence, à distance… On marche, on parle, on écoute… On s’assoit, ici et là, on écoute encore, on échange… L’enregistreur garde trace de nos propos. Des tiers-espaces auriculaires apparaissent ainsi, peu à peu. Une, deux, trois, cinq personnes, plus, lui donneront vie en installant l’écoute, le silence, le dialogue, dans différents espaces-temps habités. La matière sonore récoltée pourra être réutilisée, terreaux de mondes sonores en devenir, de tiers-espace résonnants….

On en parle…

Fabrique et médiation de Parcours d’écoute(s)

Le travail entrepris en collaboration avec PePaSon – Pédagogie des Paysages Sonores, questionne, sur et hors terrain, les approches liées aux parcours d’écoutes, balades sonores, PAS – Parcours Audio Sensibles, et autres marches écoutantes.

Expériences in situ dans l’espace public, en sites urbains, ruraux, naturels, propositions pour des pédagogies actives autour de l’écoute, outils de création sonore, domaines de recherche-action entre les mondes de l’auricularité, les paysages sonores et les questions écosophiques contemporaines, les approches de ces pratiques sont aussi riches que variées, souvent transdisciplinaires si ce n’est indisciplinaires.

En testant différentes formes sur le terrain, et invitant des artistes, chercheurs, praticiens du son, de l’écoute, de l’environnement, de l’aménagement, des acteurs politiques ou scientifiques, à partager, à expérimenter leurs approches audio-déambulantes, un vaste chantier se fait jour.

Se rencontrer, agir in situ, échanger, se former, documenter, relayer, coorganiser, ressourcer, médiatiser, mettre en place des rencontres… constituent autant de gestes collectifs, participatifs, expérimentaux.

De ces mises en situations expérientielles, pragmatiques, situées, une série d’axes dans des champs esthétiques, techniques, environnementaux, sociétaux, se dessinent progressivement.


Les quelques directions données ci-après, sans tri, hiérarchisation, ni formes de développement, pointent des approches, domaines, modes d’action multiples, pouvant se croiser, voire s’hybrider.

Parcours et promenades écoutantes à oreilles nues
Points d’ouïe et Inaugurations de Points d’ouïe
Dispositifs embarqués, parcours augmentés, réalité virtuelle
Technologies multimédia, installations mobiles
Objets d’écoute et lutherie auriculaire acoustique et électroacoustique
Spectacle vivant, arts en espaces public, musique des lieux
Arts performance, postures et installations d’écoutes
Paysages, écologie, géographie, aménagement
Géolocalisation et cartographie
Interactivité espaces sonores – artistes – publics
Ressources, mémoire et traces
Banques de données, inventaires
Sites auriculaires remarquables, observatoires
Workshops, conférences, rencontres
Organisation d’événements et rencontres autour du Soundwalking

L’écoute au grand frais

Un immense super-marché revisité de l’oreille en périphérie de la ville d’Istres
Un groupe de promeneurs.euses écoutants.es
Une tournée nationale de balades sonores via PePason
Une artiste chercheuse doctorante, Caroline Boé
Une recherche-action en chantier
Des bruits envahissants
Ceux que l’on écoute pas, ou plus
Ceux qui pourtant sont omniprésents
Insidieusement perturbants
Un terrain d’aventure et d’exploration
Le rayon hyper Grand Frais
Des alignées impressionnantes de banques réfrigérées
Des allées de frigos à casiers
Des victuailles à perte de vue
Un temple de la consommation de masse
Des viandes, glaces, plats cuisinés, légumes emballés
Le tout à satiété
Débauche de couleurs dégoulinantes
Et surtout pour nous
Traqueurs de micros sons
Une incroyable collection de sonorités réfrigérantes
Ronronnements, vrombissements, cliquetis, souffles et soupirs
Le vocabulaire peine à circonscrire le panel bruitiste
Une variété d’objets sonores
Qui seraient presque objets musicaux
Si l’oreille les extrait du global
Les scrute en mode rapproché
Les examine en curieuse
Parfois des ambiances organiques
Ça respire sous les vitrines
Ça gémit dans les casiers
Ça ronronne au cœur des frigos
L’expérience est pour le peu inouïe
Performance dans un univers hyper marchandisé
De charriots à gaver
De tentations perfides
Même la Muzak surpermaketisée est ici en partie gommée
De mille souffles refroidissants
Jusqu’au creux de l’oreille.
Du grand Frais dans les esgourdes
Mais pas vraiment l’air du large.

Texte Gilles – Malatray – Desartsonnants – PePaSon – Le 18/03/2023

Balades PePaSon à Istres/Étang de Berre

Une marche écoutante

Approche rythmologique

Ce texte fait suite à une participation, depuis un peu plus de deux années, à un séminaire transdisciplinaire, indiscipliné et pluriannuel, lié à l’axe Rythmologies. Au cours de ce séminaire, a été organisée le 24 mai 2022 une promenade écoutante sur le campus universitaire de l’Université Grenoble Alpes, via la Maison des Sciences de l’Homme. Cette action de terrain a fait se retrouver beaucoup de participants moteurs du groupe de travail Rythmologies. Un des principaux objectifs était d’expérimenter, de frotter au terrain, physiquement, quelques idées développées durant les conférences et réunions, ces dernières ayant lieu principalement en Visio, autour d’une pratique corporelle, rythmique, associant marche et écoute du campus.

Lien de lecture et/ou téléchargement : site Rhuthmos

2023, cheminements auriculaires indisciplinés

Sentiers et chantiers d’écoutes indisciplinés

Dans ces périodes de crises multiples, ce à quoi il nous faut tendre aujourd’hui, ce n’est pas d’espérer que tout s’arrange avec un peu de chance et beaucoup de déni, mais bien de valider des solutions pragmatiques, expérimentées in situ, au gré d’actions indisciplinaires*.
Il est urgent de travailler à des solutions à l’échelle de nos territoires de vie, à portée d’oreille, où l’écoute et la gestion de territoires sonores auront leur mot à dire, à faire entendre, et participeront activement à la recherche d’un mieux vivre ensemble, soutenable et écoutable.

Des approches écoutantes in(ter)disciplinées

Artistique et esthétique, capturer, écrire, composer, installer, diffuser, donner à entendre des paysages sonores inouïs, inspirants, apaisés

Sociabilités, bien s’entendre, mieux s’entendre, développer une écoute participative, humaniste et relationnelle, des paysages sonores Dedans/dehors avec des publics empêchés, des liens entre les écoutants et leurs éc(h)osystèmes

Pédagogie, transmettre, militer et réfléchir, par des conférences, ateliers, formations, tables rondes, groupes de travail

Mobilités douces, marcher collectivement sur des sentiers d’écoute urbains, périurbains, campagnards et ailleurs, écrire et tracer des parcours auriculaires sensibles, partagés, accessibles à tous

Écologie écosophie, croiser des actions audio environnementales, sociales, économiques, philosophiques, éthiques

Tourisme culturel, valoriser les cultures auriculaires de proximité, les paysages sonores et points d’ouïe remarquables, patrimoniaux, une culture de la belle écoute paysagère

Urbanisme, aménagement du territoire, construire et aménager avec les sons, architectures sonores, une géographie sensible et des ambiances acoustiques

Droits, réglementation et législation, s’inscrire dans le principe des droits culturels, combiner approches législatives, réglementaires et approches qualitatives, sensibles

Temporalités et rythmicités, jouer des alternances jour/nuit, du rythme des saisons, des activités périodiques, événementielles, récurrentes, ponctuelles, des continuum et cassures, flux, fondues et scansions

Économie, conjuguer différentes formes d’ économies, tant financières que dans la sobriété et l’intelligence des moyens et dispositifs mis en place

Écritures plurielles, faire trace et élaborer des outils via des carnets d’écoute, des approches transmédiales, documents descriptifs, témoignages, médiation, préconisations

Recherche, travailler sur des ambiances urbaines, ou non, la rythmologie, les arts sonores environnementaux, des pédagogies innovantes, la mémoire et le patrimoine sonores

Pluridisciplinarité et indisciplinarité, développer des Sound Studies, les projets arts/sciences, penser les territoires via une culture sonore à la fois commune et singulière, faire se rencontrer différents champs de recherches appliquées, de recherches action

Hybridation, favoriser le croisement de toutes ces approches, le tissage de pratiques, des connaissances, des pensées et savoir-faire

La thématique des paysages sonores indisciplinés est un sujet de recherche débouchant sur des ateliers, conférences et autres interventions in situ

Desartsonnants@gmail.com

Quelques faits de terrain Desartsonnants pour 2023

  • Tournée des balades sonores PePaSon – Pédagogie des paysages Sonores (Paris en Janvier, Marseille en avril…)
  • Semaine du son Lyon Forum des paysagistes sonores, ateliers formation, table ronde autour de l’écriture des paysages sonores…
  • Workshop Design sonore et Parcours d’écoute École d’art TALM Le Mans (72)
  • PAS – Parcours Audio sensibles en forêt et en ville – Tiers-lieu l’Atelier Amplepuis (69)
  • Fictions de la forêt, composition installation sonores sylvestre, actions pédagogiques, écritures audio-littéraires, parcours d’écoute – Libourne (33) – Association Permanence de lal ittérature et la CALI (Communauté d’agglomérations du libournais)
  • Paysage sonore Dedans/dehors, création sonore autour des paroles de détenus, familles, bénévoles – Maison d’arrêt et SPIP de Chambéry, association ASDASS (73)
  • City Sonic 2023, parcours et médiation radiophonique – Transcultures (Be)
  • Festival Back To the Trees Forêt d’ambre à Saint-Vit (25), parcours installation
  • Rencontres acoustiques et colloque CRANE-Lab (21), sobriété créative, arts plastique, composition acousmatique et arts sonores…
  • Groupe de travail Rythmologie, entre flux et scansions, arts, sciences et philosophie
  • Groupe de travail ESE (Éducation Santé Environnement), sons, écoute, bruit et bien-être
  • Actions pédagogiques et ressources PePaSon (Pédagogie du Paysage Sonore), partage de pratiques
  • Ressources création sonore Sonos//Faire, la création sonore dans (presque) tous ses états
  • Installation paysage sonore Grand-Parc de Miribel Zonage (01)

Et autres projets en gestation et en discussion…

En recherche de nouveaux lieux, partenariats, croisements de ressources et savoir-faire…

Parcours d’écoute, écritures sonores paysagères multimédia, pédagogies, design sonore, inventaire, valorisation et inaugurations de Points d’ouïe…

Inspirations

*« Car c’est ainsi que j’envisage une démarche indisciplinée : il s’agit avant tout de mettre en relation, d’établir des rapports, de (re)brancher l’Univer-Cité sur le monde qui l’entoure et d’accueillir les transformations suscitées par ces connexions affectantes. Tandis que l’inter- et la trans-discipline maintiennent intactes les frontières disciplinaires, l’indiscipline chamboule chacune des approches de l’intérieur : elle sort la recherche de l’institution universitaire, considère la création comme une forme de vie et le quotidien comme un espace d’expérimentations. Autant dire que l’enjeu n’est pas simplement de faire envisager les différentes facettes d’un même objet, tour à tour, par un spécialiste. À la manière du désir, du jeu et de la fête, la recherche indisciplinée cherche à ce que quelque chose de nouveau surgisse, se produise, que s’ouvre enfin le frayage d’un événement. C’est en cela que la recherche indisciplinée est, indissociablement, une forme d’action et aussi de création. »

Myriam Suchet « De la recherche comme création permanente« 

Points d’ouïe, Points de vue et fils d’écoute

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Aujourd’hui, je tente de tirer des fils entre quelques focales telles que l’écoute, la marche, la cartographie, les audio-data (in situ comme dans la galaxie numérique).
Arpenter un territoire, en capter des ressources (sonores), les organiser comme objets d’étude et/ou de création artistique, les jouer, rejouer in situ, les cartographier pour les mixer ici ou là, du local au mondial, hybrider des savoir-faire, en ébaucher d’autres…
De la recherche action, au corps des paysages, comme dans des laboratoires, amphithéâtres et ateliers décentrés, jusque dans les archipels de réseaux numériques, de l’arpentage au cloud, en passant par le papier, la matière, la rencontre humaine, surtout…
Avec l’oreille guide pour ne pas (trop) se perdre.
Un exemple en chantier, qui cherche des lieux de résidence, recherche/action, partenariats, pour tisser et partager sa toile d’écoute : https://drive.google.com/file/d/1yKET80WF_aLEjPaSiTwhrYwWMD1tlsxD/view?usp=sharing

Écoutant marcheur, acteur chercheur

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Suite à une semaine riche en rencontres avec des chercheurs et laboratoires de recherches, notamment dans des rencontres-actions marchées, une petite pause écriture s’impose.

Il me faut parfois tenter de prendre du recul sur mes propres pratiques pour voir comment elles évoluent au fil du temps et ces expériences, et surtout faire en sorte qu’elles continuent d’évoluer.

Je marche, j’écoute, je triture des idées, malaxe des concepts, écris, partage des réflexions et actions de terrain, marche encore…

Du terrain, de l’action à la réflexion, de l’expérience individuelle ou collective à la cogitation intellectuelle, et vis et versa, la « des-marches » avance, empruntant souvent des chemins de traverse à peine défrichés, ni donc déchiffrés.

Je reprends ici un extrait de texte du chercheur Hugues Bazin*, que je trouve très intéressant dans son approche d’activisme décloisonné.
« … L’acteur-chercheur n’est pas défini par un statut, une mission, une appartenance professionnelle ou sectorielle. Il peut jouer sur ces rôles, mais ne peut se cantonner à une posture entre agent, acteur et auteur. Qu’il vienne du milieu de la recherche ou d’autres environnements socioprofessionnels, sa posture est de nature hybride et se définit par la capacité de construire une démarche réflexive vers laquelle il ira puiser les éléments méthodologiques utiles. Autrement dit, l’acteur-chercheur se définit par l’espace circulaire qu’il crée entre implication et distanciation.
C’est un espace aussi bien social, mental que géographique qui le caractérise comme sujet autonome, auteur de sa pratique et de son discours. C’est dans cet espace que l’on peut s’impliquer tout en impliquant l’autre… »

Revenons de ce fait à la marche et au marcheur écoutant les environnements sonores qu’il a choisi d’investir.

Marcher pour marcher n’est pas une fin en soi, pas plus qu’écouter pour écouter, et au final théoriser ces actions sans volonté d’agir sur le territoire n’est pas très stimulant ni productif. Il faudra que le geste de mettre un pied devant l’autre, comme celui d’ouvrir ses oreilles au monde environnant, engendre non seulement de nouvelles formes de récits, de pensées, mais s’ancrent dans un processus d’aménagement du territoire, autant que faire se peut.

Emmener des personnes écouter la ville, ou une forêt, est un engagement physique et intellectuel dans lequel chaque individu, quel qu’il soit, peut devenir co-auteur d’une petite histoire d’écoute, voire d’un paysage sonore collectif en gestation.

Ensuite, souvent, les rencontres feront le reste. Dans tel ou tel atelier d’écoute en marche, des habitants, géographes, artistes, chercheurs en sciences humaines, élus, aménageurs, seront amenés à croiser leurs gestes de marcheurs écouteurs, leurs ressentis, retours d’expériences personnelles et travaux… Et c’est peut-être à cet endroit que naîtront de nouveaux projets, des actions partagées in situ.

Battre le pavé, courir la campagne, flâner le long des rues, qu’elles qu’en soient les raisons premières, font que le territoire à la fois se révèle et se construit, se raconte et se partage, mais aussi que les réseaux s’étoffent, que les recherches gagnent en profondeur, tout en me laissant dubitatif devant l’étendue croissante de ma propre ignorance.
Du bout de l’oreille, du pied, de l’action, du verbe, le projet devient aussi passionnant que fuyant, chaque rencontre entre des lieux et des personnes dérobant un peu plus des réponses, des problématiques et postulats de départ. L’effet chemin de traverse de l’arpentage du terrain jouant certainement le rôle de questionneur permanent qui nous montre au jour le jour une multitude de chemins possibles, dans un parcours qui n’a de cesse de se modifier au gré de la marche.
Le statut du paysage sonore se trouve à cet endroit confronté ainsi à une belle incertitude.
C’est ainsi que mes propres PAS – Parcours Audio Sensibles, et les productions qui en découlent, se trouvent constamment remis en question, mais qu’ils gagnent de ce fait une in-stabilité jubilatoire.

*chercheur indépendant en sciences sociales depuis 1993, animateur du Laboratoire d’Innovation Sociale par la Recherche-Actionhttp://recherche-action.fr/hugues-bazin/presentation-de-lauteur/

La marche, comme processus de recherche – action autour du paysage sonore

 

Le soundwalking pour travailler à corps le paysage sonore

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© photo Florian Clerc – Balade urbaine avec Patrick Mathon et Isabelle clermont (Lyon 2016)

La, ma recherche – action ?

Je vous propose ici un début de réflexion autour d’un travail que je mène à long terme, et depuis déjà de nombreuses années, sur des territoires très différents.

Il s’agit pour moi d’analyser comment la marche, et plus particulièrement le soundwalking (marche d’écoute ou PAS – Parcours Audio Sensible d’après la terminologie Desartsonnants), peut constituer un processus de recherche-action au service de mon objet d’étude, à savoir le paysage sonore.

Le terme de recherche-action restant ouvert à de nombreuses interprétations, il me faut définir ici ce que j’entends par là, ou tout au moins quelques notions, quelques entrées constituantes, qui me semblent importantes dans mon propre projet.

Tout d’abord, il me faut préciser que les enjeux s’appuient à la fois sur une approche théorique, méthodologique et une expérimentation de terrain, à la fois concomitante et indissociable.

Ces approches ont d’ailleurs tendance à faire sortir la recherche d’une sphère institutionnelle, comme par exemple celle des universités, sans pour autant, bien au contraire, couper les ponts avec ces dernières qui s’avèrent de précieux alliés et partenaires.

Notons également que la ville, l’urbanité, le social, le socioculturel, le politique ont une place importante dans le processus, devant notamment l’urbanisation, le phénomène de métropolisation, voire de mégapolisation galopante, qui fait que de plus en plus d’humains sont des homo-urbanus. Pour autant, là encore, la prospective audio-paysagère n’est pas circonscrite à la seule cité, mais aussi dans ses franges, ainsi que dans le milieu rural et naturel.

Cette recherche-action pourrait d’ailleurs être complétée, pour être plus pertinente, ou plus adaptée, d’expressions telles recherche-expérimentation, atelier de recherche in situ, recherche-intervention, recherche impliquée… Bref, on aurait recours ici à un élargissement sémantique qui affirmera l’importance des croisements, des synergies entre l’objet d’étude, le terrain, les pratiques sociales, les promeneurs invités, associés, les « spécialistes », politiques…

Cette position me permet de ne pas restreindre la notion de paysage sonore au seul champ de l’esthétique, de l’artistique, de l’écologie, du social, du politique, voire de l’économique, mais de tenter de l’appréhender selon différentes entrées, en fonction du projet mis en place.

Je serais dans cette démarche assez proche de la vision écosophique de Deleuze et Guattari, en même temps que des approches hétérotopiques de Michel Foucault.

Je prendrai enfin, comme exemple de travail, trois phases régulièrement pratiquées dans une démarche de soundwalking : le repérage préliminaire, l’expérience du groupe, et la, ou les traces d’actions.

Le repérage

Se repérer, prendre ses repères, ses points de repères, des ancrages, se situer dans l’espace, dans le temps (celui d’une marche), construire un parcours, ne pas (trop) partir à l’aventure, tout en se gardant ne marge de manœuvre, d’improvisation, préparer le terrain pour un groupe de marcheurs écoutants… Autant de visées qui font du repérage un moment pour moi très important, si ce n’est un moment clé pour amorcer une nouvelle déambulation paysagère, et surtout préparer tout ce qui en découlera en réflexions,, ressources, rendus, traces….

Il y a quelques années, j’effectuais en principe ces repérages en solitaire, prenant un plaisir certain de découvrir par moi-même, à l’oreille, de nouvelles parcelles de terres sonores, gardant pour moi secrets des itinéraires auriculaires possibles, ne les révélant que le jour J, celui où l’on partirait marcher et écouter le territoire concerné en groupe.

Aujourd’hui, si je continue de repérer parfois seul, j’invite régulièrement des autochtones à m’accompagner dans ces marches préliminaires, voire à me guider, posture de l’arroseur arrosé, dans leur quartier, village, forêt… D’une part, les résidents connaissent beaucoup mieux que moi, c’est une évidence, le terrain, même s’ils ne l’ont souvent jamais vraiment écouté, d’autre part, cette entrée en matière privilégie d’emblée des relations avec des personnes souvent très engagées dans des associations locales, avec des personnalités, des élus du cru. Autant de partenaires potentiels en même temps qu’une pratique relationnelle dynamisante.

L’expérience de groupe, paysages sonores partagés

Après le repérage, s’ensuit le fait de franchir le  PAS – Parcours Audio Sensible, ce qui emmènera, guidé d’oreille ferme, un groupe de promeneurs écoutants réuni pour la circonstance.

Ce parcours ne sera bien évidemment pas la redite du repérage, ce dernier étant plus une réserve de possibles que pourront, plus ou moins, avec une marge de liberté liée à l’improbabilité, exploiter les balades.

Car bien sûr, entre l’humeur du guide et les aléas du terrain, météo, scènes sonores impromptues, réaction du groupe, il peut se passer mille et une choses venant influer le cours de la marche et donc  des écoutes.

D’autres pédagogies, d’autres discours, mises en situation, modus operandi, dispositifs y seront déployés

Dans certaines conditions, et certains lieux, il m’est arrivé d’emmener une douzaine de groupes, sur une semaine, suivant un parcours (presque) similaire, à quelques variantes prêt. Chaque promenade a été toutefois très différente des autres, et jamais je n’ai ressenti une certaine forme d’usure de l’écoute et du corps marchant, de lassitude ou de morne répétition. Bien au contraire, le fait de creuser le terrain, de le sillonner obstinément, comme une modeste et utopique tentative d’épuisement pérequienne,  a ajouté un réel intérêt à l’expérimentation.

Car bien évidemment, même si le terrain a été repéré, préparé, pensé et  repensé, la marche collective procède bien de l’expérimentation. L’expérience du relationnel toujours renouvelé au fil des groupes, du ou des parcours, des postures sérendipiennes, qui constituent une forme de laboratoire déambulant, d’ateliers en marche comme une suite  de modèles de territoires, bâtis autour d’écoutes collectives.

Ici, la synergie du groupe est prédominante. Savoir trouver les mots et les postures pour embarquer une vingtaine de personnes dans une aventure à la fois silencieuse (entre écoutants) et peuplée de mille sons, est à chaque fois une nouvelle gageure. Le côté performatif de l’expédition, longues marches, silences, postures communes, lieux insolites, expériences corporelles, ambiances nocturnes, regards curieux des autres – spectateurs extérieurs non promeneurs et non avertis -, entraîne le groupe dans une forme de rituel où il faut « rentrer dedans ». Il doit s’installer entre nous une osmose tangible, comme lorsqu’une salle entière peut vibrer de concert devant un grand air d’opéra – toujours et plus que jamais l’importance du relationnel et du contextuel. D’où la notion de paysages sonores partagés

Des traces en rendus, des récits

Abordons maintenant la dernière étape de cette recherche-action, celle qui vient après une production physique, collective, in situ, dans le prolongement d’une une écriture corporelle et mentale d’un parcours à même le terrain. Elle concerne cette fois-ci la production d’outils de réflexion, de synthèse, d’analyse, ou de créations sensibles, qui pourraient être envisagés comme une série de traces, de narrations, de récits. Ces traces, ces rendus, contribuent, au-delà de l’action physique, à faire vivre le projet (urbi et orbi), notamment via sa dissémination, ses effets de contamination, d’infiltration, que permettent aujourd’hui les réseaux sociaux (et autres réseaux). Quels que soient les formes et média employés, ce sont des objets qui vont perdurer, plus ou moins, participant à faire connaître la démarche, à la partager, y compris dans des aspects purement pédagogiques. On peut espérer également favoriser de nouveaux échanges et peut-être impulser de nouvelles dynamiques

Enregistrements sonores bruts (field recordings)  ou montés et remixés, d’ambiances comme de paroles, textes, photographies, vidéos, graphismes, objets, installations, notes techniques, analyses méthodologiques, dispositifs multimédia spécifiques, beaucoup de possibilités nous sont offertes.

Une recherche-action digne de ce nom, avec ses actions sociales intrinsèques, ne peut rester confidentielle. Elle doit au contraire essaimer, servir d’exemple, d’inspiration, fournir des ressources accessibles à tout un chacun, qui pourront à leurs tour se développer,  fructifier dans d’autres territoires, et alimenter à leur tour la réflexion, l’expérimentation.

Lire les récits d’autres ateliers, d’autres laboratoires issus des quatres coins du monde, s’emparer de nouveaux outils pour les contextualiser, les reforger à notre main, à notre oreille, selon notre projet, avant que de les redistribuer, est une chose très enrichissante, très excitante même.

On peut ainsi entreprendre au niveau de nombreux territoires sonores, des corpus de sons, d’images, de textes, où se tisseront des protocoles adaptables, modulables, des espaces d’échanges, de discussions, et sans doute des rencontres tant à distance que de visu (et d’auditu), lors de symposiums.

 

Les trois phases proposées ici ne sont qu’une trame, une esquisse parmi tant d’autres. Bien d’autres modèles existent ou restent à combiner, à construire, si possible par et pour une communauté d’écoutants. Cette dernière devra toujours être soucieuse de partager et de défendre de multiples paysages sonores où l’humain trouvera naturellement sa place, dans un respect mutuel, au sein de territoires d’écoute qui demeurent à ce jour , en grande partie inouïs.

 

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