Opus 1 : conférence Gilles Malatray propose une rencontre autour d’un grand pionnier des arts sonores : Max Neuhaus. Dans la lignée de John Cage, dont il admirait beaucoup le travail, il a défriché de nombreux domaines. De ses « Listen » (soundwalks), en passant par des dispositifs audio où l’auditeur est immergé dans une piscine jusqu’à ses installations dans l’espace public, l’artiste balaie un large champ de la création sonore. Il développe une importante réflexion théorique, une recherche innovante en s’appuyant sur de nombreuses expérimentations, notamment sur les mouvements sonores dans l’espace et les effets psychoacoustiques influant les postures d’écoute. Durée : environ 1 heure
Opus 2 : PAS Parcours Audio Sensible
Dans l’esprit des « listen » de Max Neuhaus), marches écoutantes newyorkaises emmenant les auditeurs hors les-murs découvrir les musiques de la ville, Gilles Malatray propose un PAS – Parcours Audio Sensible, pour découvrir la ville entre les deux oreilles. D’espaces intimes en lieux surprenants, les promeneurs guidés, redécouvrent leur ville. à oreille nue. Ils la déchiffrent telle une partition de musique, l’appréhendent comme un concert à 360, une installation sonore à ciel ouvert. Durée : environ 1 heure
Pour moi, marcher, c’est un peu comme écouter. Et inversement, écouter, c’est un peu comme marcher. Mettre les oreilles et les pieds en branle, en phase, chacun et chacune reliés, de haut en bas, de bas en haut. Connectés par des gestes concomitants autant que résonants. Là où l’oreille se tend, se dirigent les pas. Là où les pas s’aventurent, se tendent les oreilles. Parfois, la marche devançant l’écoute, parfois l’écoute guidant la déambulation. Deux complices qui, sans forcément se concerter, mais néanmoins de concert, vont explorer les reliefs des sols bien tangibles, et ceux du monde sonore éthéré. Lesquels des pieds et des oreilles prendront l’initiative ? Sans doute les deux, parfois en alternance, parfois copains copines, parfois en discordance. Les trames sonores se suivent, au pas à pas, comme des coulées attirant nos écoutilles toutes ouïe. L’oreille en colimaçon, comme des chemins de ronde spiralés, s’enroulant et se déroulant. Ces gestes et postures, à l’affut de sensations à fleur de pieds et de tympans, sont garant d’explorations toniques et multiples. On cherche la surprise au détour du chemin bruissonnant, ou du belvédère surplombant en point d’ouïe, la ville basse. On ose se perdre, autant par les foulées vagabondes, que par les oreilles libertaires. On s’indiscipline au gré des marches écoutantes, comme via des écoutes déambulantes. De la plante du pied foulant le gravier crissant, à la membrane vibrante du tympan, qui réceptionne mille infos auriculo-sensorielles, se jouent des immersions ludiques. Le corps vertical, d’oreille en pied, nous fait ouïr curieusement le monde. L’écoute marchée embrasse large, en vastes panoramas acoustiques, ou en focales micro-soniques, du bruissement d’une brindille à la tourmente orageuse. La marche écoutante est un terrain de jeu aussi physique que sensoriel, à corps ouvert, vers tous les sons ambiants. Et le plaisir de « marchécouter » s’affirme au fil des chantiers et expériences auriculaires. Entendre, c’est un peu mieux comprendre, et ce chemin faisant, au gré des signaux sonores nous racontant des histoires au creux de l’oreille. L’interaction de pied en cap nous ouvre des horizons où les récits seront tissées de sons. Le monde à portée d’oreille, arpenté sans relâche, écouté tout autant, donne du sens à la vie. Ou peut-être, plus modestement, la rend un peu plus désirable, plus écoutable. Le bon entendement nous relie à la complexité du monde.
Réflexion autour d’un PAS – Parcours audio sensible Desartsonnants
Choisir une grande place urbaine, aux espaces dégagés, un champ, stade ou d’autres endroits sans reliefs ni grands obstacles, pour avoir une vue dégagée. Avec un groupe de vingt à trente personnes, voire plus, se répartir sur toute la périphérie de l’espace choisi. A un signal donné, se diriger, très lentement, vers le centre de l’espace, en écoutant attentivement tout ce qui se passe durant le déplacement. Regarder les mouvements de l’ensemble, du groupe, gestes et déplacements, ne pas hésiter à emprunter des chemins capricieux, des circonvolutions, zigzags et autres détours. Se rejoindre, lentement, se rencontrer, se sourire, chuchoter un mot, une phrase, à l’adresse d’une personne croisée… S’écouter, se regarder, prendre conscience de l’espace, des ses ambiances sonores, de nos corps, de ceux des autres, de notre occupation de l’espace, des lumières, des sons ambiants… Improviser des déplacements, des marches lentes, des circulations, en allant à la rencontre de l’autre, toujours à l’écoute. Prendre le temps de « marchécouter » très lentement les lieux, ensemble, de concert. A un moment donner, sur une geste, un son, s’immobiliser. Regarder les écoutants autour de soi, les passants, la vie ambiante. Se regrouper, parler de nos expériences, tracer graphiquement nos parcours, faire carte, collectivement.
Problématique : l’écoute et la construction de paysages sonores partagés
Thématiques : paysages sonores, esthétiques, sociabilités et écologie écoutante
Lieux et espaces : de préférence hors-les-murs, partout où le monde bruisse
Publics et partenariats : artistes, enseignants, chercheurs, aménageurs, décideurs, et toute oreille de bonne volonté
Processus et dispositifs : la marché écoutante, l’arpentage et le corps performatif, l’installation de situations d’écoute et de micros sonorités éphémères, les postures, cérémonies et rites d’écoute(s).
Modes opératoires : actions in situ, contextualisées, collectives et participatives, trans, inter et indisciplinaires
Traces et partages : parcours d’écoute, cartographies, récits polyphoniques, créations sonores et multimedia, enseignement, médiation et ateliers, conception d’outils pédagogiques
Remarques : pratiquer un ralentissement sensible, prendre le temps de faire ensemble, privilégier la sobriété dans la mobilité, les dispositifs et matériels non énergivores, rechercher les échanges pour co-construire avec de nombreux acteurs de terrain…