
Une ville à entendre, voire plus
Qu’est-ce qui y sonne joliment, ou non ?
Qu’est-ce qui nous surprend, éventuellement nous dépayse à l’oreille ?
Comment percevoir en priorité les musiques de la villes; les aménités auriculaires, les espaces qualitatifs ?
Quelle sont les zones calme, oasis sonores, ilots acoustiques privilégiés, protégés ?
Quelles sont les influences architecturales, topologiques sur les ambiances sonores ?
Quelles sont les rythmes de la ville, entre flux et cadences (heures de pointe, vie scolaire et étudiantes, marchés, présences de casernes de pompiers, hôpitaux, flux de circulation…) ?
Quels sont les émergences acoustiques (sirènes et alertes, Klaxons, cloches…) émergeant de la rumeur ?
Quelles sont les influences des activités, du zonage urbanistique (industries, commerces, ports, parcs, zones ce loisirs…) ?
Quels sont les plus beaux points d’ouïe, panoramiques, resserrés, ouverts, fermés, permanents ou ponctuels… ?
Comment circule l’a parole, se déploie, plus ou moins aisément, la communication orale ?
Quelles sont les influence atmosphériques, vent, pluie, orages, leurs perceptions et ressentis au prisme des topologies et aménagements… ?
Quelles sont les influences de la vie animale, sauvage ou non, dans la cité ?
Quelles sont les marqueurs et signatures sonores singulières (cloches, fontaines, spécificités locales…) ?
Quelles sont les plus belles acoustiques de la ville (passages ou bâtiments réverbérants, échos, effets de masque, de coupure, de mixage…) ?
Quelles sont les coutumes ou événements locaux ponctuels animant la cité (fêtes traditionnelles, vogues, marchés) ?
Quels sont les parlers locaux, langues, accents, expressions, marqueurs de brassages culturels…) ?
Existe t-il des cheminements préexistants, ou l’écoute tisserait un parcours cohérents, dans ses similitudes et diversités ?
Peut-on percevoir une sorte d’archéologie ou d’histoire sonore au travers des quartiers historiques, bâtiments, friches… ?
Comment convoquer des approches croisées, indisciplinaires hybridant esthétique, écologie, sociabilités auriculaires et aménagements… ?
Comment travailler l’indisciplinaire via des actions arts-sciences, des diagnostiques et expérimentations invitant aménageurs, chercheurs en sciences dures et humaines, décideurs politiques, artistes, résidents… ?
Comment définir des corpus et glossaires autour du son, de l’écoute, du paysage sonore, pour que chacun s’entendent (mieux) et élargissent ses approches respectives et mutuelles, le croisement de pratiques ?
Comment élaborer des parcours d’écoute, définir, signaliser, inaugurer, voire aménager des points d’ouïe ?
Comment le patrimoine sonore peut entrer dans une approche de tourisme culturel, de valorisation du territoire ?
Comment protéger les zones de belles écoutes, voire s’en servir de modèles pour un aménagement sensible et qualitatif de l’espace urbain?
Comment penser le son, les ambiances en amont, et non de façon curative, lorsque les dysfonctionnements et nuisances sont avérés, souvent difficilement réparables ?
Comment repérer, qualifier et exploiter des caractéristiques acoustiques situées, pour le jeu, la diffusion, la création de musiques, pièces sonores, installations et autres objets d’écoute ?
Quelles actions d’éducation et de sensibilisation à l’écoute urbaine mettre en place, avec quels publics (enfants, étudiants, résidents, pédagogues, aménageurs, élus…), pourquoi, comment ?
Comment agir en installant en priorité l’écoute, comme objet esthétique, outil d’analyse, d’aménagement, de création, sans forcément ajouter une couche sonore supplémentaire ?
Comment mettre en place des outils de représentation, d’inventaire, de qualification, description, travailler des cartographies sonores sensibles, des cartes mentales, partitions graphiques… ?
Comment user de différent média (mot, texte, image, vidéo, graphisme, danse, performance, son…) pour mettre et raconter une ville en écoute ?
Comment engager des processus de créations sonores (documentaires radiophoniques, multimédia, installations sonores, muséographies, parcours et mises en situation d’écoute…) suite à ces investigations et expériences in situ ?
Cette liste de questions et propositions non exhaustive, contextualisable, peut donner lieu à moult extensions, adaptations, hybridations, variations…
Ces questionnements sont pensés avant tout comme des leviers d’actions, des déclencheurs, stimulateurs, ouvrant un champ d’expérimentations auriculaires au final peu ou pas explorées.
Desartsonnants, novembre 2022
En parler plus en avant, impulser un projet de terrain, une rencontre : desartsonnants@gmail.com