Pour faire suite au texte précédant

D’une humeur silencieuse, je parle peu.
Les quelques paroles prononcées
me sembles désincarnées,
vides de sens, de ma sensibilité.
Mais je fais de ce silence,
en réalité grouillis de bruits, agitation de mes pensées,
l’occasion de me concentrer ailleurs.
Écouter : sons, voix, gestes, paroles articulées.
Fatiguée,
chaque petits sons m’apportent des vacances.
Je me laisse bercer, pars en voyage.
Ruissellement de l’eau,
que mes oreilles,
orientées de mes mains,
choisissent l’entrée,
ou de fermer les écoutilles.
Laissant l’eau ronronnante
dans des sonorités saturées,
j’écoute les pas :
silencieux,
sourds,
lourds,
spontanés,
contrôlés.
Contact des pieds sur la terre.
Contact des pieds sur les feuilles.
Branches qui craquellent.
Rythme lent, accéléré.
Les ronces qui accrochent.
Les mûres qui croustillent.
Les bogues, au son du stéthoscope,
qui grattent, grésillent,
titillent vers le grave
une sorte de petite bille dans la cavité,
caverne au merveille de mon oreille.
Sonorité d’une pierre
sa majesté qui retentit
dans le sous-bois.
Des mains qui s’approchent
pour caresser, masser,
en cassant doucement
de petites brindilles.
Un crac bref
mais qui perdure,
résonne,
chaque cellules sonnent.
A quelques mètres,
je suis la dernière,
des sonorités venues d’ailleurs.
Je m’approche d’elles,
elles s’approchent de moi,
je m’amuse de cet espace
où je ne sais plus qui,
d’elles ou de moi,
crée la rencontre.
Un espace plus loin,
des espaces entre les arbres.
Je me faufile,
et laisse se profiler
un concert
d’oiseaux, de cris, de paroles,
de pas,
actrice ou pas.
Pas lourds.
Pieds qui traînent.
Souffle court.
Ça monte.
Une petite feuille semble,
accrochée à son tremble,
claquer à contre courant,
participant
pourtant à l’ensemble,
du spectacle musical.
Un portail qui grince.
Des gendarmes qui passent
ne laissant aucune trace.
Silence de mort
n’existe pas vraiment
dans le cimetière,
à moins que les morts
vivent sous nos pas.
Et soudain,
voix puissante, masculine,
retentit suivie
par des cordes vocales,
diverses,
vibrantes,
des sons métalliques, boisés, clapotis de bénitier,
dessinant ensemble un nouvel espace :
une église qui chante.
Textes de Pauline Marty écrits suite au PAS Parcours Audio Sensible à Tourzel Ronzières, Puy de Dôme
Résidence d’écriture(s) audio-paysagère(s) « Installer l’écoute – Points d’ouie » à Tourzel Ronzières, Puy de Dôme, accueillie par « Danser l’espace – Sous les pommiers ba » , soutenue la DRAC Auvergne Rhône-Alpes