Opus 1 : conférence Gilles Malatray propose une rencontre autour d’un grand pionnier des arts sonores : Max Neuhaus. Dans la lignée de John Cage, dont il admirait beaucoup le travail, il a défriché de nombreux domaines. De ses « Listen » (soundwalks), en passant par des dispositifs audio où l’auditeur est immergé dans une piscine jusqu’à ses installations dans l’espace public, l’artiste balaie un large champ de la création sonore. Il développe une importante réflexion théorique, une recherche innovante en s’appuyant sur de nombreuses expérimentations, notamment sur les mouvements sonores dans l’espace et les effets psychoacoustiques influant les postures d’écoute. Durée : environ 1 heure
Opus 2 : PAS Parcours Audio Sensible
Dans l’esprit des « listen » de Max Neuhaus), marches écoutantes newyorkaises emmenant les auditeurs hors les-murs découvrir les musiques de la ville, Gilles Malatray propose un PAS – Parcours Audio Sensible, pour découvrir la ville entre les deux oreilles. D’espaces intimes en lieux surprenants, les promeneurs guidés, redécouvrent leur ville. à oreille nue. Ils la déchiffrent telle une partition de musique, l’appréhendent comme un concert à 360, une installation sonore à ciel ouvert. Durée : environ 1 heure
De retour du Mans Sonore Colloque MMER. »Médiums, Milieux, Écoutes, Récits »
Des cosmophonies aux communs auditifs » à l’école d’art TALM, avec notamment des étudiants et enseignants en Design sonore.
Rencontres, joyeuses retrouvailles, échanges avec des chercheurs, artistes, aménageurs… Ce genre de rencontres fait toujours du bien. Du grain à moudre, une fois tout cela un poil décanté, des projets et envies de croiser des pratiques, des questions écologiques, éthiques, des urgences…
Et puis deux PAS – Parcours Audio Sensibles dans le centre ville du Mans. A guichet fermé, mais oreilles ouvertes.
Le premier un samedi soir, temps clair, superbes lumières, nuit tombante, et température très fraiche. Le deuxième un dimanche soir, mêmes horaires, temps très humide, gris, mais nettement moins frisquet.
Des propositions hors-les-murs, expérientielles, corporelles, en écho avec certains sujets abordés lors des présentations du colloque. Ne serait-que l’écoute, l’écoutant, sa place dans l’espace public, ses façons de la vivre, de l’écrire, de le partager, de le penser, de la pratiquer ensemble…
Deux ambiances très différentes, les parcours variant selon les ambiances mouvantes, les aléas du moment.
En préambule, une proposition de courtes phrase et de « mots-clés » pour introduire et alimenter le PAS en amont.
D’autres propositions du public se feront au retour. Élargissement collectif du geste d’écoute post déambulation.
Et au final, rien d’extraordinaire dans les ambiances rencontrées, traversées, écoutées.. De l’infra-ordinaire aurait dit Pérec. Et c’est pourtant là, hors du grand spectacle, que la magie opère. C’est à ces endroits du quotidien revisité que les sons dessinent des architectures urbaines parfois surprenantes, esquissent des récits, fabriquent du commun. Des expériences singulières parce que le groupe, son silence installé, sa lenteur, ses arrêts-points d’ouïe ponctuant la marche, sa façon de venir perturber l’espace public, par sa présence silencieuse, de places en parkings souterrains, tout cela prend la forme d’un étrange rituel dépaysant. L’occupation d’un escalier très étroit, descendant à un parking souterrain, réverbérant à souhait, filtrant les bruits de la rue, par une trentaine de personnes silencieuses et immobiles a de quoi à surprendre, voire inquiéter. Les usagers du parking étant obligés de se faufiler dans une haie humaine, aux allures statufiées. On s’excuse, hésite à rebrousser chemin, rit, questionne, regarde avec inquiétude, amusement… L’espace est perturbé, ses passants aussi, des participants-même du PAS, par la petite performance auditive, mettant le corps en jeu, jeu de l’ouïe, en ce lieu habituellement peu enclin à accueillir une scène d’écoute, fût-elle éphémère et improvisée.
Se dépayser en écoutant sa propre ville (autrement), en partageant une expérience a priori simple, quasi minimale, sans rajouter d’effets tape-à-l’oreille, est une façon de réécrire une tranche de ville à portée de typan. Une façon aussi de privilégier des échanges spontanés, de faire groupe en étant écoutants, à la fois contemplatifs et actifs, selon les moments.
Chaque PAS est unique, et non reproductible à l’identique. Il vient s’ajouter à une sorte de collection audio-kaléidoscopique en chantier. Il dessine une cartographie s’écrivant , se traçant in situ, esquisse une géographie sensorielle et sonore. La pratique et la mémoire, l’écriture et la trace de ces multiples PAS, participent ainsi à une cosmogonie auriculaire propre à chaque écoutant, mais à la construction de communs autour d’une écoute vivante et partagée.
Je remercie ici la formidable équipe d’enseignants du master Design sonore, qui m’ont invité à effectuer deux beaux workshops , dans le cadre d’un projet ARC (Ateliers de Recherche Création), plus ces dernières explorations audio-ambulantes publiques pour terminer ce cycle.
Sans oublier la belle équipe d’étudiants aussi sympas que motivés, avec lesquels nous avons passé de beaux moments d’écoute dedans/dehors !
ECOLOGIAS DE LA ESCUCHA es un programa organizado desde el area de educación de La Casa Encendida, con talleres presenciales (en Madrid) y talleres-encuentros online a través de zoom que tendrán lugar durante 2024 )))
El ciclo de sesiones online reune las voces de diez artistas, investigadoras y pensadoras desde Argentina, Costa Rica, México, Portugal y España.
Participantes: Gabriela De Mola y Belén Alfaro (Dobra Robota Editora), Eloisa Matheu, Susana Jiménez Carmona, Raquel Castro, Clara de Asís, Luz María Sanchez, Marina Hervás, Carmen Pardo, Susan Campos Fonseca, Juan Carlos Blancas, Sergio Luque, Jesus Jara López, Pablo Sanz
Las actividades funcionan por inscripción directa a través de la web y se pueden reservar individualmente (plazas limitadas).
ÉCOLOGIE DE L’ÉCOUTE est un programme organisé depuis la zone éducative de La Casa Encendda, avec des ateliers en présentiel (à Madrid) et des ateliers-rencontres en ligne via zoom qui auront lieu en 2024.))
Le cycle de sessions en ligne rassemble les voix de dix artistes, chercheurs et penseurs d’Argentine, du Costa Rica, du Mexique, du Portugal et d’Espagne.
Participants : Gabriela De Mola et Belen Alfaro (Dobra Robota Editora), Eloisa Matheu, Susana Jiménez Carmona, Raquel Castro, Clara de Assis, Luz Maria Sanchez, Marina Hervás, Carmen Pardo, Susan Campos Fonseca, Juan Carlos Blancas, Sergio Luque, Jesus Jara López, Pablo Sanz
Les activités fonctionnent par inscription directe via le web et peuvent être réservées individuellement (places limitées).
Tout d’abord, l’oreille tâtonne, hésite, essaie, comme le doigt d’un musicien qui cherche l’endroit exact, la bonne touche sur les cordes d’un violon, pour « jouer juste ». Ici elle chercherait à écouter juste, plus avant que de juste écouter.
Il lui faut prendre ses marques, ses repères, se positionner au meilleur endroit que possible, de la façon la plus adaptée, à des moments opportuns… Trouver le Kairos Auditus.
Exercice qu’elle refera dans chaque nouveau site mis en écoute, comme le musicien, ou l’orchestre, le groupe, aura à « faire son son » par rapport à l’acoustique des lieux où il se produira.
Ses repères pris, elle pourra alors commencer à jouer, à composer avec les sons du lieu, les faire paysage(s), les agencer, mentalement ou à l’aide d’outils numériques, objets, instruments… Peut-être parfois en les marchant, en les arpentant, en sentant les agencements « naturels », accidentels, ponctuels, ou ceux que l’on pourrait écrire pour faire sonner de nouveaux espaces musicaux, acoustiques, virtuels ou physiques…
Entre flux, cadences et rythmiques, celles où le vent, la pluie, l’orage, les animaux, et le pas du marcheur, les ambiances urbaines, participeront à faire naître, reconnaître, l’oreille commencera à percevoir, et à concevoir des séquences (quasi) musicales
Le travail de paysagiste sonore est alors en marche, sur le terrain, en studio, dans des espaces de diffusion, d’installation dedans/dehors…
L’écriture, la (re)composition, dont l’oreille sera la principale artisane, maitre d’œuvre, là ou le paysagiste sonore prendra du plaisir, tant dans le geste d’écoute, que dans l’action créative qui s’en suivra, ou l’accompagnera in situ.
Le premier plaisir sera sans doute celle d’entendre, de réentendre, d’écouter le monde à sa façon. Le second naîtra du fait de partager l’expérience sonore avec des promeneurs écoutants, auditeurs, voire co-créateurs de paysages sonores en chantier.
Appel à contribution : Est-il possible d’éduquer aux enjeux sociétaux par les arts sonores?
« La Semaine du Son Canada et l’Association d’Acoustique Canadienne souhaitent aborder conjointement cette question, pour une série de communication dans le cadre de La semaine du Son Canada de mars 2024 et pour le Vol 52. N°3 de la revue d’Acoustique Canadienne Lorsqu’on aborde la question des enjeux sociétaux, notamment celui de l’écologie, on pense rarement à le faire d’un point de vue sonore. Or, le son est partout autour de nous, s’invitant dans nos vies sans qu’on s’en aperçoive. De fait, pourquoi ne pas le considérer comme médium ou pont sensible pour aborder le monde dans lequel nous vivons? Autrement dit, pourquoi ne pas envisager l’écoute comme accès privilégié à une compréhension efficace de notre environnement, qui pourrait aussi être une sorte de révélateur qui permettrait d’« amener un nouvel être au monde, plus sensible et perméable » (Versailles, 2023). L’ouïe est un organe perceptif moteur, mettant dans bien des situations l’ensemble de nos sens en alerte, il est fondamental de lui donner sa juste place dans la réception des signaux nous permettant de mieux comprendre le monde… »
Extrait de l’appel à contribution de la Semaine du son Canada 2024
Le PAS – Parcours Audio Sensible, ponctué de Points d’ouïe, c’est un processus pour installer l’écoute, convoquer le silence, et laisser naître le paysage sonore.
2024, comment sonneras-tu, comment te fera-t-on sonner, ou pas ?
En ce tout premier jour de 2024, je me demande quelles seront les orientations, esthétiques , thématiques, approches narratives… des arts sonores lors de cette tranche calendaire naissante.
Verra t’on poindre de nouvelles technologies, matérielles ou virtuelles ?
Les dites intelligences artificielles influeront-elles vraiment la création sonore, et si oui, dans quels sens ?
Verra t-on se développer de nouvelles interactivités, tant dans le « monde réel » que dans d’hypothétiques métavers ?
Les arts du son s’empareront-ils, ou pour certains continueront-ils de plaider certaines causes écologiques, écosophiques, éthiques, mémorielles, politiques, sociétales ?
Quels seront les formes et plateformes de médiations, de réseaux, de diffusion, si tant est qu’elles se renouvellent ?
Comment les pédagogies de l’écoute porteront et dynamiseront (ou non) notre attention à écouter le monde et à en écrire des récits stimulants ?
Verra t-on un renforcement, ou un affaiblissement des créations pluri ou transdisciplinaires, si ce n’est indisciplinaires, des recherches-action, projets arts – sciences, laboratoires de pratiques mixtes et autres hybridations inclassables… ?
Sinon, que 2024 vous soit la plus douce à l’oreille que puisse se faire !
Gardez l’oreille aux aguets, Desartsonnants tentera de vous y aider.