Séjour manceau, écoutes plurielles

De retour du Mans Sonore
Colloque MMER. »Médiums, Milieux, Écoutes, Récits »


Des cosmophonies aux communs auditifs » à l’école d’art TALM, avec notamment des étudiants et enseignants en Design sonore.


Rencontres, joyeuses retrouvailles, échanges avec des chercheurs, artistes, aménageurs… Ce genre de rencontres fait toujours du bien. Du grain à moudre, une fois tout cela un poil décanté, des projets et envies de croiser des pratiques, des questions écologiques, éthiques, des urgences…

Et puis deux PAS – Parcours Audio Sensibles dans le centre ville du Mans.
A guichet fermé, mais oreilles ouvertes.

Le premier un samedi soir, temps clair, superbes lumières, nuit tombante, et température très fraiche.
Le deuxième un dimanche soir, mêmes horaires, temps très humide, gris, mais nettement moins frisquet.

Des propositions hors-les-murs, expérientielles, corporelles, en écho avec certains sujets abordés lors des présentations du colloque. Ne serait-que l’écoute, l’écoutant, sa place dans l’espace public, ses façons de la vivre, de l’écrire, de le partager, de le penser, de la pratiquer ensemble…

Deux ambiances très différentes, les parcours variant selon les ambiances mouvantes, les aléas du moment.

En préambule, une proposition de courtes phrase et de « mots-clés » pour introduire et alimenter le PAS en amont.

D’autres propositions du public se feront au retour. Élargissement collectif du geste d’écoute post déambulation.

Et au final, rien d’extraordinaire dans les ambiances rencontrées, traversées, écoutées..
De l’infra-ordinaire aurait dit Pérec.
Et c’est pourtant là, hors du grand spectacle, que la magie opère.
C’est à ces endroits du quotidien revisité que les sons dessinent des architectures urbaines parfois surprenantes, esquissent des récits, fabriquent du commun.
Des expériences singulières parce que le groupe, son silence installé, sa lenteur, ses arrêts-points d’ouïe ponctuant la marche, sa façon de venir perturber l’espace public, par sa présence silencieuse, de places en parkings souterrains, tout cela prend la forme d’un étrange rituel dépaysant.
L’occupation d’un escalier très étroit, descendant à un parking souterrain, réverbérant à souhait, filtrant les bruits de la rue, par une trentaine de personnes silencieuses et immobiles a de quoi à surprendre, voire inquiéter. Les usagers du parking étant obligés de se faufiler dans une haie humaine, aux allures statufiées. On s’excuse, hésite à rebrousser chemin, rit, questionne, regarde avec inquiétude, amusement… L’espace est perturbé, ses passants aussi, des participants-même du PAS, par la petite performance auditive, mettant le corps en jeu, jeu de l’ouïe, en ce lieu habituellement peu enclin à accueillir une scène d’écoute, fût-elle éphémère et improvisée.


Se dépayser en écoutant sa propre ville (autrement), en partageant une expérience a priori simple, quasi minimale, sans rajouter d’effets tape-à-l’oreille, est une façon de réécrire une tranche de ville à portée de typan. Une façon aussi de privilégier des échanges spontanés, de faire groupe en étant écoutants, à la fois contemplatifs et actifs, selon les moments.

Chaque PAS est unique, et non reproductible à l’identique. Il vient s’ajouter à une sorte de collection audio-kaléidoscopique en chantier. Il dessine une cartographie s’écrivant , se traçant in situ, esquisse une géographie sensorielle et sonore. La pratique et la mémoire, l’écriture et la trace de ces multiples PAS, participent ainsi à une cosmogonie auriculaire propre à chaque écoutant, mais à la construction de communs autour d’une écoute vivante et partagée.

Je remercie ici la formidable équipe d’enseignants du master Design sonore, qui m’ont invité à effectuer deux beaux workshops , dans le cadre d’un projet ARC (Ateliers de Recherche Création), plus ces dernières explorations audio-ambulantes publiques pour terminer ce cycle.

Sans oublier la belle équipe d’étudiants aussi sympas que motivés, avec lesquels nous avons passé de beaux moments d’écoute dedans/dehors !

https://esad-talm.fr/fr/actualites/colloque-mmer-mediums-milieux-ecoutes-recits

Colloque 𝗠𝗠𝗘𝗥 : 𝘔𝘦́𝘥𝘪𝘶𝘮𝘴, 𝘔𝘪𝘭𝘪𝘦𝘶𝘹, 𝘌́𝘤𝘰𝘶𝘵𝘦𝘴, 𝘙𝘦́𝘤𝘪𝘵𝘴. 𝘋𝘦𝘴 𝘤𝘰𝘴𝘮𝘰𝘱𝘩𝘰𝘯𝘪𝘦𝘴 𝘢𝘶𝘹 𝘤𝘰𝘮𝘮𝘶𝘯𝘴 𝘢𝘶𝘥𝘪𝘵𝘪𝘧𝘴

Dans le cadre de Le Mans Sonore, l’Ecole Supérieure d’Arts et de Design – TALM Le Mans propose le colloque 𝗠𝗠𝗘𝗥 :𝘔𝘦́𝘥𝘪𝘶𝘮𝘴, 𝘔𝘪𝘭𝘪𝘦𝘶𝘹, 𝘌́𝘤𝘰𝘶𝘵𝘦𝘴, 𝘙𝘦́𝘤𝘪𝘵𝘴. 𝘋𝘦𝘴 𝘤𝘰𝘴𝘮𝘰𝘱𝘩𝘰𝘯𝘪𝘦𝘴 𝘢𝘶𝘹 𝘤𝘰𝘮𝘮𝘶𝘯𝘴 𝘢𝘶𝘥𝘪𝘵𝘪𝘧𝘴

Samedi 20 & Dimanche 21 janvier
de 10h à 17h .
Accueil à partir de 9h30
Carré Plantagenêt
Gratuit . Entrée libre dans la limite des places disponibles

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Omniprésent dans notre quotidien, le son nous relie au monde à l’intersection des milieux de vie et des milieux médiatiques. Entre écologie des organismes et écologie des médias, quelles relations le phénomène sonore et vibratoire active-t-il ? Par quelles transmissions et quelles transformations, l’écoute, l’investigation et la création sonore peuvent-elles contribuer à la compréhension des enjeux contemporains ? À la rencontre de l’art et des sciences, ces deux journées d’études seront l’occasion pour le grand public de découvrir des travaux d’artistes et de chercheur.se.s aux frontières de l’anthropologie, de l’éthologie, de la bioacoustique, du design sonore ou de la radiophonie.

Ces journées croiseront deux thématiques : “Cosmophonies, à l’écoute des espaces et des organismes.” et “Communs auditifs, médias, médiums et communication“.

Avec Nicolas Châline, Peter Cusack, Yannick Dauby, Marianne Decoster-Taivalkoski, Dinah Bird, David Dunn, Pali Meursault, Matthieu Saladin, Nadine Schütz, Jerôme Sueur, les étudiant.es de la Villa Arson & de TALM-Le Mans.

Suivi d’un PAS – Parcours Audio Sensible par Gilles Malatray

Journées organisées par Rodolphe Alexis et Olivier Houix avec le concours de TALM-Le Mans, dans le cadre du projet de recherche-action MMER soutenu par le ministère de la Culture.