Beaucoup assassinent le terme de Paysage sonore (et parfois les pratiques liées), sous différents prétextes.
Ces prises de positions souvent abruptes génèrent, entre « spécialistes », de longs débats tendus, où d’ailleurs on s’aperçoit que les partis-pris inflexibles écornent paradoxalement beaucoup l’écoute de l’autre, du groupe, voire de soi-même. Paysage sonore et éthique sociale ne résonnent pas toujours hélas en harmonie…
Au final, sous l’avalanche de propositions sémantiques, concepts forcément innovants, rien de neuf ni de solide ne se construit. Force est de constater que le paysage sonore, si décrié et complexe fut-il, comme tout paysage du reste, possède aujourd’hui une histoire, des postulats, des pratiques, des recherches, des productions, des acteurs, une continuité temporelle, bref, une existence que l’on ne remet pas en cause si facilement, sous l’envie soudaine de réformer, quitte à flirter avec la pure Tabula rasa.
Le paysage sonore, des premiers travaux de Raymond Murray Schafer à aujourd’hui, ne cesse de se remettre en question, d’écoutes en captations, d’écrits en installations, de parcours en Points d’ouïe, de recherches en actions… et n’est pas, n’en déplaise à certains détracteurs, synomyme de collectages et autres field-recordings qui figeraient un sonore muséal poussiéreux.
Ce n’est pas une impasse, intellectuellement pauvre ou contre productive non plus. C’est en fait tout le contraire, à une époque d’hybridation de pratiques, géographie, aménagement, esthétiques, socialités, mobilités, éthique, écologie à l’appui…
Je pense, au risque de passer pour un indécrottable passéiste réac, qu’il serait dommageable de jeter le bébé avec l’eau du bain, et de raser sans égards un champ de recherche et d’action qui au final, ne fait que commencer et ouvre progressivement nombre de portes à nos oreilles reconnaissantes.