
Il s’agit de faire entendre les angles morts d’une ville labyrinthique, d’une forêt non balisée, des abords d’une rivière sinueuse, et d’autres lieux tout aussi imprévisibles.
Il s’agit de faire entendre des lieux que les cartographies ignorent parfois, tout au moins dans des interstices et la mouvance de tiers-espaces (temps) transitoires.
Il s’agit de faire entendre des espaces a priori sans histoire, sans saillance manifeste, des territoires occultés, inécoutés, dans et par leur apparente trivialité.
Il s’agit de faire entendre une forme de paysage sonore vernaculaire, dépourvu de tout artifice ostentatoire.
Il s’agit de faire entendre des points d’ouïe non spectaculaires, en les considérant avec précaution, comme une série non figée, non définitive, de points estimés*
Il s’agit en fait de faire entendre que de là peut naitre la surprise.
Il s’agit en fait de faire entendre que de là peut naitre le dépaysement.
Il s’agit en fait de faire entendre que de là peut naitre la rencontre.
* « On appelle point estimé celui qui donne la position d’un bateau par le fait d’un jugement prudent, ou de données dans laquelle entre une grande part d’incertitude »
Gabriel Ciscar, Cours de navigation – 1803
