POINTS D’OUÏE, AUTRES APPROCHES
Une point d’ouïe, comme un point de vue, n’engage a priori, que celui qui le propose, qui le définit, qui le défend, qui le partage…
Néanmoins, un point d’ouïe qui ne serait partagé que par un seul écoutant n’aurait pas grande valeur.
Un point d’ouïe se partage, dans ses approbations comme dans ses contradictions, dans ces acceptations comme dans ses réticences.
Un point de vue n’est pas donné, dans une spontanéité universelle, acquise d’emblée par tout une communauté d’écoutants. Il se conquiert, parfois de haute lutte, parfois avec une ferme ténacité, nécessaire pour travailler dans un long terme.
Un point d’ouïe est rarement uniforme, monobloc et d’emblée saisissable dans une intégrité évidente. Il superpose des couches sonores qui, selon les degrés de perceptions, les cultures, les postures, les disponibilités de l’instant d’écoute, les moments, les lumières, les accidents et aléas divers… constitue une matière sonore en perpétuelle recomposition. C’est une sorte de magma acoustique vivant, à la fois identifiable et sans cesse mouvant – magma qui parfois laisse percevoir une entité semblant stable, solide, offerte aux oreilles sans trop d’effort, et à d’autres moments qui parait se matérialiser et de dématérialiser sans cesse, comme une série d’ombres fuyantes, vibrantes, floues et éthérées.
Un point d’ouïe est un lieu de rencontre où regard, écoute et paroles se rejoignent, pour partager des paysages à construire et à vivre en commun, ne serait-qu’un instant d’écoute.