Oyez, eaux yé, Oh yé !

Au plus profond de mes souvenirs, ce fut l’eau d’un puits, dans la cour de la ferme de ma grand-mère, dans lequel plongeait bruyamment le seau dégoulinant. Avant qu’elle n’arrive, courante, à l’évier.
Celle du ruisseau gargouillant tout près.
Et celle d’un autre ruisseau, qui longe aujourd’hui le parc public attenant à ma maison.
Ce ce furent aussi les cascades et les torrents alpins, qui se dévoilent brusquement, au détour d’un sentier.
Ceux pyrénéens gonflés des orages véloces.
L’eau dormante d’un lac au bout d’une vaste prairie, cernée de cols arides où enneigés.
L’écume paisible d’un port où dorment en tanguant doucement, les bateaux grinçants.
Le lavoir public où plus personne ne vient battre le linge.
Les gouttes d’un ru dévalant le village pentu d’un village montagnard portugais, sous le soleil plombant.
La mare ou s’égosillent les grenouilles noctambules, au grand dam des campeurs voisins.
Une longue promenade nocturne et silencieuse, suivant Saône et Rhône, rythmée de jeunesses festives et de péniches aux ronronnements profonds.
La Loire, aussi majestueuse que silencieuse.
La Loire encore, écumante et grondante, à une autre saison.
Une averse soudaine, un déluge mur d’eau, qui me surprend et me laisse rincé sur les pentes abruptes de Tananarive.
Une pluie ruisselante qui fait sonner tout ce qu’elle touche en percussions subtiles
Les éclaboussures d’une immense roue à aubes, tournant en grinçant sous le courant d’un bief.
Les plics et les plocs de gouttelettes s’échappant de fragiles stalactites, dans une belle réverbération souterraine.
Les vagues furieuses balayant une plage nordique, avant de se briser sauvagement sur les rochers remparts.
Le bruit blanc d’une fontaine qui envahit l’espace minéral d’une place encastrée dans la vieille ville.
A noter que les fontaines ont chacune leur signature acoustique, et teintent le paysage jusqu’à le rendre unique.
Les glissements aquatiques de nageurs s’entraînant dans une piscine couverte.
Les terribles images et sons d’inondations meurtrières, balayant soudainement des villes entières.
La sensation de vide, de désolation, lorsque la rivière se tarit en plein cœur de l’été

La présence ou l’absence aquatique marque fortement le paysage, quand elle ne le construit pas.
Elles s’entend, ou non, kaléidoscope de moult éléments liquides, parfois furieux et dévastateurs, parfois discrets et minimalistes, si ce n’est absents et desséchants. Elle est tout à la fois fascinante, apaisante, source de rêveries, et redoutable dans son imprévisibilité.
Elle abreuve le territoire et ses habitants, engloutit, irrigue, dévaste, charrie plaisirs comme angoisses, entre puissance et fragilité.
Je mesure à quel point l’eau habite et nourrit, quasiment de jour en jour, mes paysages sonores, éminemment liquides.

Projet « Bassins versants, l’oreille fluante » 2024/2025

Paysages incertains

Nocturne – Nicolas de Staël – 1950 –

Que faut-il dire, encore, du paysage ?
Que faut-il en entendre ?
En toucher, en sentir, en goûter, en voir, en vivre ?
Saisir l’insaisissable…
L’oreille y est aguerrie, parfois…
Le fugace et le fragile, qui peuvent aller de paire, pas toujours pour les mêmes raisons.
Saisir ce qui peut-être décelé que lorsque nous sommes présents, au bon endroit, au bon moment, une affaire de kairos auraient dit les grecs de jadis.
Saisir ce qui peut être partagé, si le geste est collectif, dans son intention commune.
A quoi porter, ou prêter attention ?
Faire attention à… mais à quoi ?
« Votre âme est un paysage choisi « disait joliment Verlaine.
En notre âme et conscience, le choisir, le paysage, comme lieu d’émerveillements, de confidences, de craintes et aussi d’angoisses…
Ainsi au fil de l’eau.
Par monts et par vaux.
Dans et par delà la ville.
Prendre le pouls de nos habitats potentiels.
S’y sentir bien, comme un chez soi
Ou oppressé dans un milieu hostile.
Le paysage est un point de vue, parfois de fuite.
Un point d’ouïe par translation sensorielle.
Il nous convie à une expérience esthétique, au sens large du terme, pouvant être à la limite du supportable, du soutenable, esthétique de la fragilité.
A quels paysages se fier ?
A ceux que nous fabriquons sans doute, déconstruisons souvent, dénaturons aussi.
Dans les meilleurs et les pires des cas.
Chassez le naturel, il revient au galop, quand nous serons partis sans doute.
Le paysage ne prend pleinement consistance que dans une corporalité de terrain.
Pas toujours une partie de plaisir.
Le traverser, en être traversé, transformé, chamboulé.
En jouir ou en pâtir.
Le détruire, même inconsciemment, ou tenter de le reconstruire, le restaurer dit-on, quand il n’est pas trop tard.
Mais prenons-le comme une vaste maison, qui nous accueillerait dans toute sa magnanimité. Sans rancune aucune.
Avec toutes ses choses encore inouïes.
Celles qui donnent envie de danser, envers et contre tout.
Une immense ronde valsant du corps et de la voix, comme un geste résistant à la noirceur du monde.
Il nous faudra garder une belle part de rêve pour danser sur des cendres.
Paysages mouvants, incertains, qu’en dire en corps et qu’en ouïr ?

Bruitalité urbaine

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Bruitalité ?
Mot-valise
Barbarisme briutal
barbarisme bruitiste
Bruitalisme…

Comme bruissonnance
indice vie
contre silence demeure
bruitalité frétille oreille
s’ébruite comme gouttes
gouttes sonifères
s’égouttent comme bruits.

Bruitalité briutale
bruitalisme
comme assourdissement
attaque sonique
crue ondes bruitoniques.

Ici je banc d’écoute
écrivant bruitique
voiture déverse torrent musique
festive électro
agressive électro
points d’ouïe…

Flux voitures revenues
voitures revenues
voitures revenues
voitures revenues
voitures revenues
voitures revenues
voitures revenues…

beaucoup  passager unique
si de rien n’était
bruitatalement parlant.

Vroum…

Bruité.

Bruitalité métaphore
monde mal traitance
sous traitance
lobbies bruitalisants
monde oreille peine
corps entier
trouver repos.

Bruitalité ça
et contraire
verre trop plein
trop vide
moitié de tout.

Et…

Scènes villes
non saines villes
épipandémie sonore
proliférante
paupérisation aseptisée
pandémisée
silences étouffés…

Bruitalité multiple
déploiements écoutes
faire entendre
faire entendre meilleur
faire entendre pire
pire meilleur
meilleur pire
sous pires
ex pires
en pires…

Bruitalité oasis
source bruit sonnante…

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Parcours et paysages sonores, des oreilles, des pas et des mots

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Depuis longtemps je me pose la question de ma propre perception du monde sonore environnant, et des interactions complexes entre vie sociale, monde sensible, création artistique, environnement, paysage et territoire auriculaires…

Comment les questions écologiques, écosophiques, sociales, patrimoniales, politiques, résonnent-elles entre mes deux oreilles ? Quelles sont les moyens de représentation, d’analyse, de partage, qui me permettraient de comprendre un tant soit peu plus finement mes espaces auriculaires, les stimuli qu’ils déclenchent, les modes de vie et de pensée qu’ils influent ?

Je relie alors des pratiques qui me sont familières, et au final chères. L’écoute est bien entendu au tout premier plan. La marche s’impose d’emblée comme une pratique spatio-temporelle, kinesthésique, sensible, vectrice d’une énergie intellectuelle connectée, traversant moult éc(h)o systèmes, m’immergeant dans des ambiances plurisensorielles. Et enfin, le mot, la description textuelle, voire même littéraire m’ apportent de nouveaux modus operandi, qui eux-même peuvent m’amener à une forme de distanciation féconde.

Je convoque alors le récit, la narration, la description littéraire, ou littérale, sensible, poétique, analytique, phénoménologique, sémantique, l’inventaire, la liste, le journal (de bord, de voyage, intime), le carnet de notes, la fiche (pratique, de lecture, de renseignement), le glossaire, l’abécédaire, le corpus, la note, le renseignement, la consigne… Je cherche l’espace, le moment où le mot, le texte, l’écrit, peuvent élargir, et/ou rafraichir l’écoute et ainsi l’appréhension environnementale pour les conduire vers des approches plus pertinentes. Quand le fait de s’assoir longuement sur un banc, ici ou là, ou de traverser la ville à pied, armé de mon carnet et de mon stylo, fait de moi un marcheur (plus) impliqué.

Un croisement d’actions et de réflexions est sans doute plus que jamais nécessaire pour démêler un brin la complexité du monde, en saisir les prémices de ses innombrables hybridations, ne pas trop s’y noyer, et surtout rester socialement connecté au territoire. Car si le paysage sonore est esthétique, le territoire sonore est tout d’abord et avant tout social. Dissocier ces deux réalités amputerait ma, notre perception environnementale d’une bonne partie de sa crédibilité, de sa force, voire de sa légitimité.

Paysages – espaces sonores, une prolifération mise en récit

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L’écouteur, et qui plus est le promeneur écoutant que je suis est un vaste réceptacle sonore. Il reçoit en lui, parfois à son corps défendant, via l’oreille et tout un système de capteurs sensitifs osseux, aqueux, neuronaux, des milliers et des milliers de sons.
Par exemple, je suis ici, à ce moment, sur un banc, urbain (moi et le banc), écouteur assis au centre du paysage
moteurs cliquetants
voix à droites, étouffées
voix à gauche, criardes
train devant, en hauteur, sur sa voie talutée, ferraillante, coulée mécanique
bus à l’arrêt, soufflant et haletant
poussettes et planches à roulettes conjointes
voix riantes, derrière moi
claquements des perches de trams sur les lignes électriques…
Il y va d’une formidable accumulation a priori sans fin, exponentielle déferlante.
Fort heureusement, des portes, des masquages, des gommages, des évictions, un panel de filtres psycho-acoustiques, régulent le flux, rangeant au passage dans des casiers le déjà entendu, le déjà nomenclaturé, le (re)connu, et engrangeant et domptant l’inouïe.
Mais à certains moments, le rangement ne suffit plus. Il me faut aller plus loin pour ne pas me noyer  dans une méandreuse galerie sonore, labyrinthique à souhait, pour la requestionner à l’envi.
Peut-être, même certainement user du mot, de la phrase, de l’énonciation, chercher l’incarnation. La parole, comme verbe incarné, ou incarnant, tel un prédicat prenant possession des sons jusqu’à leur adjoindre une vie dans une histoire retricotée.
Le récit s’avance alors.
La parole se déploie, métaphorisant de multiples écoutes où des traces sonores, des particules mémorielles partiellement enfouies, sont réactivées dans des moments d’audition contés.
La ville à cet instant et dans ce lieu, vue et entendue comme un agencement métastasé et proliférant de grincements, de vocalises, de bruissements, souffles, tintamarres, ferraillements, tintements et mille autres sonifiances.
Les sons s’agencent par un récit qui les décrypte, les convoquant dans une forme de matérialité, les reconfigure à la lettre près, à la phrase près, à la métaphore près, néanmoins approximativement.
Le tissage de mots tire les sons vers une vie organique, les extrayant d’une éponge captant sans égards ni filtrages, la moindre vibration acoustique, ou presque, harmonique ou dysharmonique.
C’est l’instant de la matière extirpée d’un magma informel, reconstruite par un récit multiple et ouvert.
Ce sont des flux de vibrations du dehors – la ville, l’espace ambiant, et du dedans – une forme de construction, d’abstraction intellectuelle, sans compter d’innombrables  allers-retours et chevauchements entre ces pôles.
Des cheminements incertains, qui se déclinent au fil d’une mémoire, d’une trajectoire validant les zones d’incertitude, quitte à les prendre pour des réalités, tout en sachant bien qu’elles ne le sont pas, ne le seront jamais.
Nous voila à l’endroit où la matière sonore impalpable se cristallise  comme une cité Phénix renaissant de ses propres ondes.
Nous voici dans l’usinage d’un paysage sonore puisant dans une forme d’immatérialité hésitante, elle-même croissant sur un terreau de sono-géographies fuyantes autant qu’éphémères.
Le récit aura sans doute charge de faire un tant soit peu perdurer ce ou ces paysages complexes.
C’est donc d’ici, assis sur un banc par exemple, stylo en main, à  l’ancienne, que peut se rebâtir un espace sonore parmi tant d’autres, reliant oreille, parcelle de ville, images, stimuli, pensée, à un territoire vibratoire bien vivant.
C’est donc également à cet endroit-ci que les sons matières engendrerons par le récit leurs représentations, toutefois propres à chacun.
C’est sur ce banc de bois, ici en espace stratégique, symbolique, que des trajectoires ponctués d’ingurgitations, d’emmagasinements, de régurgitations, feront que l’écoutant que je suis ne sera sans doute jamais assez repu pour capituler devant une pourtant surabondance chronique.
J’en arrive à penser parfois qu’une forme de  récit, par définition fictionnel, est plus bénéfique que la tentative d’embrasser une insaisissable réalité, bien trop complexe dans sa perpétuelle mouvance. Tout au moins dans un récit qui soit, qui reste nourricier, gorgé d’aménités échappant à une matière trop plombée d’expansions systémiques.
Toujours à l’endroit de ce banc d’écoute, parcelle de ville comme de Monde, point d’ouïe, sweet-spot, mille et une sonorités ne renoncent jamais à me raconter un paysage sonore singulier, un récit auriculaire urbain, écrit et réécrit à ma façon, comme un territoire audio habitus, quitte parfois à rechercher la jouissance dans l’excès magmatique de la chose sonore.

PAS – Parcours Audio Silencieux

Des PAS – Parcours Audio Sensibles aux  PAS – Parcours Audio Silencieux

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Au seuil de cette année à venir, 2017 en marche(s), il me paraît judicieux de travailler en convoquant, autant que faire se peut, le silence.

En le convoquant d’avantage, plus fortement, autrement, en marche ou en points d’ouïe.

Dans une société bruyante, trépidante, voire tonitruante,  où certains espaces sont électrisés de stress sonore, où l’homme qui a peur du vide – silence de mort – meuble l’espace-temps à grands coups de musiques, de vrombissements, d’éclats, de cris, le silence doit se faire résistance !

Le silence, ou faire silence, est un acte épiphanique, faisant apparaitre à notre conscience la richesse du monde par l’écoute.

Le silence est un écrin où se posent les sons. Il les magnifie en offrant à l’oreille de belles plages de  calme, où peuvent s’installer les plus fines et intimes perles soniques.

Le silence est recueillement pour assoir un rituel d’écoute et  pénétrer de pleine oreille dans le monde des sons vivants.

Le silence est un contrepoint, voir un contrepoids, à l’excès qui gangrène certains espaces urbains d’une folle surenchère acoustique.

Le silence est une quête, entrant certainement dans le champ des nombreuses utopies, dont le caractère improbable nous pousse justement à les cultiver pour tenter d’y trouver ce qui pour nous fera sens,  donnera du sens à notre vie.

Le silence est l’instant où chacun retient son souffle, dans l’attente de quelque chose , de la quiétude au pire chaos.

Le silence est une posture, une forme de transe, où  l’on pénètre, sans mot dire, un peu plus profondément dans soi, et dans le monde,  un recentrement initiatique.

Le silence, contemplatif, en marche, est une façon de consolider des synergies relationnelles, où le faire ensemble prime sur toute construction matérielle.

Le silence est l’espace interstice qui cimente les sons, en fabriquant des rythmes de pleins et de déliés, de continuums ou d’itérations, contribuant à écrire le récit des choses entendues, des paysages construits de toute ouïe.

Le silence est bien d’autres choses encore, et bien d’autres choses en corps.

Les PAS – Parcours Audio sensibles, sont donc aussi, parfois, des PAS – Parcours Audio Silencieux, marches silencieuses, quand bien même, et surtout, peuplés et façonnés de sons.

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BANC D’ÉCOUTE EN SOLITAIRE

POINT D’OUÏE – GARE DE VAISE À LYON

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Intérieur gare
point d’ouïe
logiquement statique
assis
comme un voyage auriculaire immobile.

Les oreilles calées
au centre même
 de la scène acoustique
point zéro
point référence
point balance
d’où et autour duquel
bougent
s’installent et se désinstallent
les sons.

Plans séquences
plans
séquences
premiers plans
seconds plans
arrières plans
plans intermédiaires
et autres
car non localisables
géographiquement parlant.

Marqueur spatio-temporel
Une porte
toute proche
coulissante
découpe ponctuelle
dedans/dehors
chuintements
coulissements
selon les passages activeurs
des piétons détectés.

Événement saillant
Train
grondements
ferraillements
fondu sonore en entrée
fade in
fondu sonore en sortie
fade out
le tout de droite à gauche
ou l’inverse.

Trame
fond sonore
musique d’ambiance
pénible envahissement
usure
érosion acoustique de l’espace
applanissement affadissement.

Émergence
des voix enfantines,
riantes
dynamiques,
figures sur fond.

Mouvements
silencieux piétons
au pas non perçus
par l’écoutant
passages furtifs
voire plus
ou moins
rien à ouïr
on pourrait les imaginer
(les pas)
à talons claquants audibles
mais ils ne sont pas
silence
en mouvements…

Bis
La porte coulissante
encore
hachure de l’espace
de l’espace à entendre
de l’espace à sentir
ponctuations frissonnantes
en flux refroidissants
entrecoupés de chaleur
entre-deux ponctuels…

Mixage
un métro en contre-bas
droite
un bus au dehors
gauche
superposition
frottements motorisés
trajectoire en directions opposées
balance croisée
mes oreilles suivent
imaginez !

continuum
ambiance réconfortante

Jalonnements
des bip-bip-bip
fermeture de portes imminente

Suite logique
chuintement d’une rame
métropolitaine
rame qui s’ébranle
rame qui s’éloigne
invisible
audible.

Événement de proximité
une voix africaine
exotisme
dépaysement
oreille droite
derrière
tout près
quelques centimètres
sur le banc adossé
de mon poste d’écoute.

Frémissements
Affleurements progressifs
rumeur
brouhaha
sources sonores crescendo
impossible de tout transcrire
densité renforcée
juste quelques émergences
choisies à la volée
coup d’oreille.

Équilibre relatif
Tout semble se calmer.

Réitération
Voix encore
la voix africaine
derrière moi
perdure
rythme contrapuntique
musique.

Répétitions,
nouveaux pas
sonores ceux-ci
arrivent derrière moi
arrivent à ma hauteur
me dépassent
se perdent
dans l’enfilade
des couloirs fuyants.

Et si,
si j’étais musicien
rien à composer
rien à recomposer
ni trop
ni pas assez
le décor est planté
il sonne juste.

Gageure
transcrire des flux
vivants
transcrire des rythmes
des ressentis
de l’indicible
du sonnant
du trébuchant
relater
une parcelle de gare
gare aux oreilles
en pâture de l’écrit
qui la ferait sonner.

Approximation
elles font partie du jeu
sans elles
point de constructions
ni sonores
ni autres.

Jeu(x)
idem approximations
mais sans doute encore plus
nécessaires au récit.