POINT D’OUÏE – GARE DE VAISE À LYON
Intérieur gare
point d’ouïe
logiquement statique
assis
comme un voyage auriculaire immobile.
Les oreilles calées
au centre même
de la scène acoustique
point zéro
point référence
point balance
d’où et autour duquel
bougent
s’installent et se désinstallent
les sons.
Plans séquences
plans
séquences
premiers plans
seconds plans
arrières plans
plans intermédiaires
et autres
car non localisables
géographiquement parlant.
Marqueur spatio-temporel
Une porte
toute proche
coulissante
découpe ponctuelle
dedans/dehors
chuintements
coulissements
selon les passages activeurs
des piétons détectés.
Événement saillant
Train
grondements
ferraillements
fondu sonore en entrée
fade in
fondu sonore en sortie
fade out
le tout de droite à gauche
ou l’inverse.
Trame
fond sonore
musique d’ambiance
pénible envahissement
usure
érosion acoustique de l’espace
applanissement affadissement.
Émergence
des voix enfantines,
riantes
dynamiques,
figures sur fond.
Mouvements
silencieux piétons
au pas non perçus
par l’écoutant
passages furtifs
voire plus
ou moins
rien à ouïr
on pourrait les imaginer
(les pas)
à talons claquants audibles
mais ils ne sont pas
silence
en mouvements…
Bis
La porte coulissante
encore
hachure de l’espace
de l’espace à entendre
de l’espace à sentir
ponctuations frissonnantes
en flux refroidissants
entrecoupés de chaleur
entre-deux ponctuels…
Mixage
un métro en contre-bas
droite
un bus au dehors
gauche
superposition
frottements motorisés
trajectoire en directions opposées
balance croisée
mes oreilles suivent
imaginez !
continuum
ambiance réconfortante
Jalonnements
des bip-bip-bip
fermeture de portes imminente
Suite logique
chuintement d’une rame
métropolitaine
rame qui s’ébranle
rame qui s’éloigne
invisible
audible.
Événement de proximité
une voix africaine
exotisme
dépaysement
oreille droite
derrière
tout près
quelques centimètres
sur le banc adossé
de mon poste d’écoute.
Frémissements
Affleurements progressifs
rumeur
brouhaha
sources sonores crescendo
impossible de tout transcrire
densité renforcée
juste quelques émergences
choisies à la volée
coup d’oreille.
Équilibre relatif
Tout semble se calmer.
Réitération
Voix encore
la voix africaine
derrière moi
perdure
rythme contrapuntique
musique.
Répétitions,
nouveaux pas
sonores ceux-ci
arrivent derrière moi
arrivent à ma hauteur
me dépassent
se perdent
dans l’enfilade
des couloirs fuyants.
Et si,
si j’étais musicien
rien à composer
rien à recomposer
ni trop
ni pas assez
le décor est planté
il sonne juste.
Gageure
transcrire des flux
vivants
transcrire des rythmes
des ressentis
de l’indicible
du sonnant
du trébuchant
relater
une parcelle de gare
gare aux oreilles
en pâture de l’écrit
qui la ferait sonner.
Approximation
elles font partie du jeu
sans elles
point de constructions
ni sonores
ni autres.
Jeu(x)
idem approximations
mais sans doute encore plus
nécessaires au récit.