Penser et expérimenter l’écoute de travers(e)


Mettre l’écoute à l’épreuve de – L’indice s’y plie, nœuds – croisements – tissages

Questionner et mettre l’écoute en jeu, au sens propre, c’est à dire jouer par, avec, pour, contre, c’est la mettre (l’écoute) à l’épreuve.
Il est en effet très intéressant de mettre l’écoute à l’épreuve du son, du geste, du mouvement, des mots, de la pensée, des champs transdiscipinaires, et plus encore indisciplinaires…
Mettre à l’épreuve, c’est voir comment une idée, une action, une recherche, résistent à la confrontation, non pas pour les détruire, les amoindrir, les faire plier, mais bien au contraire, pour les solidifier, les enrichir d’interactions décloisonnées, indisciplinées, en capacité d’explorer de nouveaux chemins.

Mettre l’écoute à l’épreuve

L’écoute à l’épreuve des sons
Prendre conscience de
Mille sources audibles ou non
Des ambiances
Des acoustiques
Des vibrations tout ce qu’il y a de plus physiques
Des acouphènes, illusions, trompe-l’oreille
Des effets sonores
D’un monde auriculaire, esthétique, physique, sociétal
D’un répertoire, un inventaire, un classement
D’un joyeux fouillis dans l’oreille.

L’écoute à l’épreuve des mots
Décrire les sons
Les mettre en page, en mots, en prose, en vers, et contre tout
En faire récit, les historier, les romancer, les donner à lire
Partager des affects au fil des effets de styles, métaphores, synecdoques, métonymie
Faire trace, y compris avant l’ère des machines à capturer, emmagasiner, conserver les sons
Dire ce que les micros ne savent pas, et ne sauront jamais dire.

L’écoute à l’épreuve des gestes
Mettre son corps en mouvement, oreilles comprises
Danser l’espace, au fil des rythmes et des couleurs sonores
Marchécouter, soundwalker, aller vers, dans, arpenter les milieux auriculaires
Trouver des postures d’écoute, s’immobiliser, s’assoir, s’allonger, fermer les yeux, s’immerger
Bricoler des objets pour mieux entendre, ou différemment
Faire de concert, rassembler des synergies, des envies, des dynamiques.

L’écoute à l’épreuve de la pensée
Réfléchir au pourquoi et comment écouter
Aux statuts de l’écoute, de l’écoutant, des choses écoutées, des milieux sonores ouïssibles
Aux interactions multiples, sensorielles, tangibles, imaginaires, crées par le geste d’écoute
Au potentiel qu’a l’écoutant à changer le monde, même a minima, imperceptiblement
Au potentiel qu’a l’écoutant à communiquer, échanger, partager, si pour autant il prête l’oreille
A une éthique qui, ne fera pas la sourde oreille, dans les multiples tensions et détentes
A une façon de vivre les sons comme un besoin vital de faire communauté écoutante

L’écoute à l’épreuve de l’indisciplinarité
L’écoute croisant, tissant, hybridant, décloisonnant, moult champs, spécialités, savoir-faire
Des formes de recherches-actions puisant dans des hétérosonies singulières
Des tiers-écoutes maillant un large territoire de langues, de signes, de gestes, de pensées, de faire
Des espaces de rencontres interdisciplinaires, cherchant des points d’ancrage communs, ou dissemblables
Des terrains auriculaires où les certitudes, physiques ou mentales, font place aux questionnements
Des laboratoires d’écoute où l’expérience partagée, la curiosité sérendipitienne, sont immanquablement conviées

Scène d’écoute indisciplinée
Imaginons une forme de mise à l’épreuve comme une situation pétrie d’états conjonctifs, situation sans doute un brin utopique.
Un musicien écoute, joue, interprète, une pièce paysagère, à l’improviste, tandis qu’un physicien lui en explique les subtiles vibrations, qu’un écrivain en trace, en retranscrit les émotions, qu’un architecte en dessine des volumes habitables et audibles, qu’un danseur y entraîne tout le monde dans sa ronde, qu’un philosophe en cherche les résonances sympathiques, qu’un preneur de sons essaie de graver cet instant en mémoire, qu’un jardinier sème des fleurs comme des notes de musique, qu’un géographe tente de libérer l’écoute de frontières trop territorialistes, en trace une cartographie sonore ouverte, qu’un luthier conçoive des instruments ad hoc pour faire sonner la musique et l’espace, qu’un promeneur s’arrête à ce moment, sur ces lieux soniques, et entre dans la discussions et le jeu…
Imaginons plus encore, que chacun, à l’aune de ses affects et savoir-faire, se glisse dans la pratique, dans la peau résonnante de l’autre. Qu’il s’essaie à penser hors de son champs d’action habituel, d’entendre par les oreilles d’autrui, d’expérimenter par les gestes du voisin, d’expliquer au groupe, exemples et expériences à l’appui, ses façons de voir et de vivre les sons.
Mettons l’écoute de travers, à l’aune d’une indisciplinarité aussi fragile, incertaine, que féconde.

Articles connexes
Un Écoutoir Potentiel Imaginaire en chantier
Mettre du jeu dans l’écoute, mettre l’écoute en jeu

Votre commentaire

Entrez vos coordonnées ci-dessous ou cliquez sur une icône pour vous connecter:

Logo WordPress.com

Vous commentez à l’aide de votre compte WordPress.com. Déconnexion /  Changer )

Image Twitter

Vous commentez à l’aide de votre compte Twitter. Déconnexion /  Changer )

Photo Facebook

Vous commentez à l’aide de votre compte Facebook. Déconnexion /  Changer )

Connexion à %s