
Un PAS – Parcours Audio Sensible n’est pas une finalité en soi.
C’est toujours un pas de côté, un chemin de travers, un meta-topos, ou vers…
C’est l’arpentage, l’exploration, l’expérimentation d’un lieu, un parcours de l’oreille pour lire et écrire des espaces acoustiques, auriculaires, comme autant de possibles paysages sonores singuliers.
C’est prendre un bout d’espace-temps par le petit ou le grand bout de l’oreillette et y pratiquer des jeux de l’ouïe.
C’est un dépaysement, tout près, à portée d’oreilles.
C’est embrayer un projet, une idée, ou bien les ponctuer de points d’ouïe, voire les conclure. Avant que d’entreprendre de nouveaux PAS vers d’autres écoutes, d’autres lieux, d’autres rencontres, d’autres problématiques.
C’est suivre, récolter, fabriquer, agencer, des traces et des atmosphères, souvent structurantes, souvent déjà présentes, intrinsèquement inscrites sur le terrain.
C’est jouer à traverser, à explorer, à découvrir :
un quartier, une rue, une place, une ville, des passages, impasses, escaliers, bancs publics
une forêt, un parc
un site montagneux, une vallée, un bord de mer
une cité, une périphérie, de nuit, entre chiens et chats, à l’aube
un cours d’eau, des fontaines, des lacs
des acoustiques remarquables, des espaces réverbérés, dépliés, démultipliés
des points d’ouïe en panoramiques surplombants, en belvédères acoustiques
des espaces underground, souterrains, intimes et canailles
une gare, un port, un aéroport
des friches ou zones industrielles
des marchés, des hypermarchés
des lieux hybrides, indéfinissables
un réseau d’espaces tricotés et tricotables à l’infini
C’est marchécouter avec beaucoup de personnes, familles, curieux de l’oreille, enfants, étudiants, politiques, chercheurs, riverains et voisins, étudiants, tout en échanges polyphoniques.
C’est entendre et construire une rythmologie kinesthésique et sonore, entre flux, cadences, scansions, cassures…
C’est entendre des systèmes sociaux, politiques, culturels
des espaces genrés, ou non
des quartiers en construction, destruction, en requalification, des espaces de gentrification, des entre-deux délaissés, quasi invisibles et plus encore inaudibles
des moments de vie sociale, des manifestations et fêtes en espace public, des instants de liesse et de tensions, d’expressions politiques, artistiques…
des espaces marqués par des migrations, immigrations, exils, fragilités, précarités, marginalités
des espaces de saturation et ou de paupérisation acoustique et sociale
des aménités humaines et paysagères…
la vie de tous les jours, souvent inouïe car souvent in-écoutée.
Faire un PAS, c’est souvent être à la croisée des chemins.
Se tenir à des carrefours, des jonctions, où construire avec des amis.es qui marchent, dessinent, gravent, modélisent, performent, écrivent, sculptent, photographient, installent, codent, dansent, construisent en sons, lumières, matières, textes…
Façons de croiser plein de choses que l’on a envie de dire à plusieurs voix.
Un PAS, collectif ou solitaire, n’est pas une finalité en soi.
C’est l’opportunité de repenser nos lieux de vie, de transit, de rencontres, comme autant d’histoires fragiles qui nous font voir et entendre le quotidien décalé, même a minima, de son propre quotidien.
C’est avoir des choses à dire, et les dire, sans doute autrement, sans discours politiques, en détournant, parfois très légèrement, nos visions trop souvent blasées.
La surprise, la rencontre, le dépaysement sensoriel, kinesthésique, interrogent toujours, et parfois là où ça fait mal, mais pour travailler sur ce qui fait, ou pourrait faire du bien.
Un PAS n’est pas une finalité en soi. C’est un prétexte, une occasion, une opportunité, une ouverture, l’attente d’expériences inédites, inouïes, une avancée vers…