Les PAS – Parcours Audio Sensibles que je préfère sont ceux que j’ai pu préalablement murir sur le terrain, le temps de l’arpentage, le plus long que possible, précédant leurs versions publiques.
C’est dans ce premier repérage où je me joue des surprises et autres impromptus, au détour d’un carrefour, ou je crée du détournement de sites par trop emblématiques, pour en montrer/faire entendre l’envers du décor, fut-il sonore. Traverser une place historique, monumentale, pour en visiter son parking souterrain est un gentil contrepied que ne peuvent se permettre les guides conférenciers du patrimoine, moi si, et qui plus est avec grand plaisir !
C’est là où les préludes à la marche finale, solitaires ou accompagnés, sont des hors-d’œuvres savoureux, et je trouve ici cette expression tout à fait bienvenue, carte en main, ou se fiant à ses seules oreilles livrées sans contraintes à l’espace investi.
Ce sont dans ces pré-ambules que les PAS trouvent leurs rythmes, leurs cheminements, même approximatifs, leurs histoires, dans cette maturation féconde. Et ce y compris dans des lieux que je connais, ou crois connaitre très bien.
Mise en jambe, mise en oreille, en écoute, pré-installation du parcours sonore, j’amorce ce qui deviendra par la suite une construction mobile, éphémère et partageable.
Pour cela, il me faudra sans doute jouer de l’errance, du désordre (et Dieu sait si je suis capable du pire désordre) sans chercher à cadenasser le parcours dans un préconçu mode touriste qui doit voir, passer par, admirer, ne pas rater…
Si au fil du temps et des PAS, il me semble avoir retenu une idée pertinente, c’est qu’il ne faut surtout pas que j’impose mes points de vue, d’ouïe, aux espaces et aux moments, mais que je fasse confiance à l’esprit des lieux pour guider mes cheminements, gestes d’écoute et postures. Quitte parfois à les contredire pour mieux m’y frotter.
Et c’est lors de préambules encore informels que je peux oser et tenter beaucoup de choses, dont certaines viendront tisser la trame du parcours en gestation.