Je vais faire en sorte d’avancer d’un bon pas
croisant sur mon chemin des personnes que j’aime
d’autres que je découvrirai, j’ai hâte, dans l’action,
dans le geste et la parole réciproques
partageant avec eux des routes incertaines
des idées à défricher de concert
à tracer de l’oreille toujours insatiable
et de nos corps kinesthésiques
être dans leur pas ou bien modeste guide
l’oreille en sentier, l’oreille en chantier, l’oreille enchantée
des points de vue et des points d’ouïe
des lignes de vie, lignes de fuite, en perspective
des croisées de chemins pour tenter de se perdre
pour égarer la certitude d’un tracé par trop tracé
la sérendipité comme un attrape-rêve d’inattendus,
comme un cueilleur fidèle d’in-entendus
un ou deux pas de côté pour sortir des sentiers battus
un chemin de travers(e) pour contourner les idées rebattues
des écritures multiples, forgées d’aménités paysagères
inspirées de rencontres fertiles d’humanité
des forêts traversées telles d’initiatiques démarches
les frontières et lisières incertaines voire piétinées et confondues
franchissables sans heurts violentant le droit du sol
les itinéraires qui deviendraient paradoxalement errances
et vice et versa nous perdant pour mieux nous retrouver
des cartes qui n’en feraient sensiblement qu’à leur tête
des obstacles qui, de gré ou de force, nous confortent le pas
des détours d’horizons qui nous échappent encore, et toujours
des altérités sédentaires comme d’autres en mouvement, ou bien en alternances
une société parcourue à fleur de pieds librement vagabonds
leur plante qui ne s’enracine que pour mieux repartir
des postures, de pied en cap, à oreille comprise
des récits dignes des plus beaux clochards célestes
et de ceux qui sont restés rivés aux solitudes terrestres
des road-movies qui tracent et filent vers des espaces fuyants
des empreintes éphémères modestement effacées de résilience
des balades entre chiens et loups, où on ne sait plus qui est qui
dans l’obscurité bienveillante d’un entre-deux fertile
des espaces temps ou l’imaginaire s’exalte
des communautés de marcheurs soudés de nomadisme
des cités aux contours flottant entre béton et jardins
de grandes avenues et d’infimes intimes passages
des oasis de calme et des agoras bavardes
des mains comme des oreilles, tendues
des escales dans des ports bien sonnants
où jeter l’encre noire ou bleue, écritoires de nos pérégrinations
des labyrinthes en colimaçons complices et complexes
une boussole effervescente qui parfois perdrait le Nord
des bancs havres de paix, refuges d’urbanité,
accueillant nos plus folles rêveries urbi et orbi
des envies de lenteur comme décroissance prospère
un logis planétaire bien ancré, autant que rhizomatique
des hôtes bienveillants, avec qui refaire généreusement le Monde
un arpentage salvateur pour se mesurer à soi-même, comme à l’autre
une ligne droite qui n’est pas toujours, tant s’en faut, le meilleur des chemins
il nous faudra également combattre des exodes planifiés, à l’échelle de la barbarie
des migrations qui marchent hagardes d’atrocités
sur les routes d’une terre qu’on épuise à grands pas
accepter de ne pas toujours connaître le bon sens de la marche
mais ne pas renoncer à en chercher sans relâche l’essence vitale
avancer toujours pour ne pas tomber dans le piège du hiatus
forger des utopies sans fin vers lesquelles sans doute, on titubera
rien ne sert de courir, il faut marcher à point
rien ne sert de courir, il faut marcher ensemble.