
Ouvrez le banc !
Performances assises d’écoutes bancales
Construire et tracer un cheminement bancal
S’assoir quelques minutes sur chaque point d’ouïe bancal
Écouter le monde bruisser bancal autour de nous.
Fermez le banc !

Ouvrez le banc !
Performances assises d’écoutes bancales
Construire et tracer un cheminement bancal
S’assoir quelques minutes sur chaque point d’ouïe bancal
Écouter le monde bruisser bancal autour de nous.
Fermez le banc !

Un nouveau PAS – Parcours Audio Sensible, a été effectué sur le campus Pierre et Marie Curie de Jussieu Sorbonne, dessus dessous, dedans dehors, avec quelques passages assez undergrounds, que n’aurait pas dénié Max Neuhaus dans ses Listens.
Ce parcours d’écoute, a été effectué, dans le cadre des 9e Assises Nationales de la Qualité de l’Environnement Sonore, organisées par le Cidb BruitParis.
Il s’est déroulé, entre chien et loup, de 19 heures à 20 heures, sur le site-même du campus universitaire.
C’est d’ailleurs un moment que Desartsonnants apprécie tout particulièrement, pour la qualité des lumières changeantes, la bascule entre nuit et jour, l’estompage sonore progressif, et l’ambiance souvent poétique d’une fin de journée.
Ce soir là, après une journée particulièrement humide, la température est très frisquette pour l’époque, le fond de l’air vraiment frais, ce qui n’a pas empêché un groupe de promeneurs écoutants de marcher lentement, silencieusement, pour aller traquer les ambiances sonores des plus triviales aux plus surprenantes.
Le parcours avait été repéré la veille au soir, alors que le temps était déjà très pluvieux, et avait donc pris en compte un cheminement en grande partie abrité, tracé de passages couverts en parkings souterrains, proposant une porosité dedans-dehors, avec laquelle nous pourrions jongler, selon les conditions météorologiques lors de notre déambulation. Et ce choix se révéla judicieux, tant pour échapper un brin à la fraîcheur humide, que pour découvrir une collection de réverbérations, de coupures acoustiques, de filtrages et de mixages sonores, des plus surprenants et intéressants.
Après un très rapide aperçu oral des origines et pratiques du soundwalking, nous nous mettons donc en marche pour environ une heure de promenade écoutante.
En ce début de soirée, les étudiants jusque-là assez nombreux sur le site, se font plus rares. Néanmoins, le site reste animé de pas, conversations, rires et chuchotements, tant féminins que masculins. Ce qui, en ce début de promenade, nous plonge dans une ambiance assez vivace, avec un équilibre très agréable, entre espaces calmes, et poches sonores plus animées.
Un passage en passerelle surplombe la bibliothèque universitaire. Nous pouvons voir des étudiants, en contrebas, lire et écrire, se déplacer pour aller chercher tel ouvrage. Il est alors aisé d’imaginer l’atmosphère très calme de la BU, tout en la regardant vivre en silence, sans rien en entendre, impression curieuse. Nous percevons les sons de surface, derrière nous, d’ailleurs très discrets, tout en voyant un autre univers sonore, dans un mixage que chacun peut se faire à son gré. Un décalage dedans-dehors, dessus dessous, qui ne manque pas, en cette nuit tombante, d’une certaine poésie. Espace apaisé où l’imaginaire a toute sa place.
Nous retrouverons une scène semblable, bientôt, quoiqu’assez différente, un peu plus avant dans notre déambulation. Cette fois-ci, nous longeons des salles où se pratiquent du yoga, des arts martiaux, de la danse, de la musculation… Nous observons les usagers derrière de grandes vitres qui ne laissent s’échapper aucun sons. Une nouvelle séquence à la fois muette et pourtant très évocatrice quand aux ambiances sonores que l’on imagine se dérouler à l’intérieur. Nous finirons par pousser une porte pour pénétrer dans un couloir menant à ces salles. De là, nous parviennent, très filtrées et atténuées, des bribes de musiques, avec en superposition le passage des usagers, leurs voix, leurs pas, leurs regards étonnées de nous voir ici, statiques, silencieux… Entre deux mondes, une fois encore dedans-dehors, un effet de sas mixant des ambiances de façon surprenante. Des lieux que le promeneur écoutant guide affectionne et ne manque pas d’explorer, surtout en groupe.

Sur une autre passerelle, très calme, très résonante, je dispose quatre petites enceintes autonomes, en une mini installation au carré pour jouer d’un espace immersif modifié. Deux HP diffusent de faux chants d’oiseaux qui se répondent, un autre des sons de cloches transformés par des manipulations audionumériques, et un quatrième des voix ténues dans un espace réverbérant qui se confond avec celui, « réel » où nous nous trouvons. Le tout discourant de façon plus ou moins aléatoire selon des boucles asynchrones. Au fil de la mise en place progressive des enceintes, l’ambiance est modifiée par de nouvelles couches sonores ajoutées, qui ne couvriront cependant jamais l’empreinte acoustique de l’espace, jouant plutôt en contrepoint à créer un décalage pour le moins inhabituel. La désinstallation se fait progressivement, dans un decrescendo qui nous ramènera à la situation auriculaire initiale, une forme de résilience auditive où chaque son « naturel », in situ, reprend progressivement sa place à l’écoute.
Un passage devant une cour entourée de hauts bâtiments en U, nous fait entendre mille micros sons, voix et pas, portes grinçantes, dans un halo assez lointain, de quoi à nous faire apprécier les choses ténues, délicates, loin du brouhaha ambiant de la ville pourtant toute proche.
Nous entamerons maintenant la partie souterraine, underground, de notre PAS, en empruntant un réseau assez labyrinthique de couloirs desservant des parkings souterrains et autres locaux techniques. Changement d’ambiance assez radical, tant au niveaux des lumières, artificielles, que des sonorités.
La réverbération est ici accentuée, accompagnée d’un quasi silence qui pourrait paraître pesant. Néanmoins, apparait une signature sonore caractéristique de ce genre de lieux, le chant, non pas des sirènes, mais des ventilations et autres climatisations. Elles sont nombreuses, de tailles différentes, toutes assez singulières, déployant une gamme de souffles, tintinnabulis, cliquètements au final assez riches, presque musicaux oserais-je dire. Le jeu ici est de mixer par la marche et l’écoute par le passage de l’une à l’autre, de s’arrêter entre deux rangées, de se faire une petite composition live d’instruments à vent bien soufflants.
Une seule voiture viendra animer notre exploration des parkings, excitant ainsi une belle réverbération bétonnée.
J’en jouerai moi aussi en poussant quelques notes de chant diphonique, que l’acoustique favorise en les amplifiant, colorant, à tel point qu’on ne sait plus vraiment d’où vient le son. On retrouve ici l’acoustique fusionnelle des églises romanes, propice à révéler les effets immersifs, les situations de communion du chant grégorien, qui lui-même joue sur le développement de notes harmoniques semblant flotter dans l’espace.
Retour au niveau campus, pour une dernière traversée, nous conduisant vers la sortie, sur la place très animée jouxtant l’université. Les voix étudiantes quittant les lieux, le flux de voitures, la ville reprend ses droits à l’oreille, voire ses travers parfois un brin intempestifs.
Néanmoins, nous pouvons tester l’effet de masquage en nous approchant tout près d’une fontaine, dont les bruits blancs, chuintants, les glougloutis, vont gommer une partie des bruits motorisés. Nous jouons à mettre nos oreilles en éventail, en élargissant et focalisant, voire inversant leurs pavillons de nos mains placées en conques derrières nos « longue-ouïes » encore toutes imprégnées de notre traversée sonore nocturne.
Malgré la fraicheur de l’air, quelques courageux.euses resteront pour discuter des ressentis, essentiellement autour de l’occupation des espaces et de la vie sociale perçues en déambulant dans un campus, à l’heure où il se vide progressivement.
Comme souvent, je comparerai cette expérience collective, écoutante, avec d’autres, en particulier dans de nombreux campus explorés de l’oreille, lors de rencontres, workshops, colloques, actions culturelles.
La présence étudiante confère à ces espaces de vie une sorte d’identité commune palpable, surtout du fait que, de nombreux campus ont été construits ou réaménagés durant les années 70, avec des architectures bétons, de grandes rues piétonnes, des auvents couverts, des places intérieures, tout ce qui favorise et génère des espaces acoustiques très réverbérants.
Néanmoins, leurs tailles, leurs implantations géographiques, les proportions bétonnées et végétalisées, les activités, font que ces espaces restent des lieux toujours très intéressants, acoustiquement et socialement, à arpenter, seul durant les repérages, et plus encore de concert lors des PAS.

Campus Pierre et Marie Curie Jussieu Sorbonne , le 27 septembre 2022, Assises Nationales de la Qualité de l’Environnement Sonore
PS : La traversée souterraine du campus m’a rappelé, avec tristesse et émotion, celle des sous-sols de la BU à Paris 8 Saint-Denis, guidée par Antoine Freychet, trop tôt disparu après avoir mené des travaux musicologiques remarquables, autour de l’écologie sonore, du soundwalking. Une dédicace hélas posthume !

Prologue pro podologiste
Au départ, j’avais pensé écrire un texte qui serpenterait dans les idées brassées par les marcheurs, et trop rare marcheuse, lors de notre rencontre Marseillaise, entre faiseurs de sentiers-parcours métropolitains.
Un texte un peu sage, ou pas sage, un passage.
Et puis tout c’est un brin entremêlé. Une incertaine Fédération à venir qui sort insidieusement des sentiers battus, une charte qui prend des chemins de traverse, une rencontre post rencontres, au pied de la gare Saint-Charles, où on re-questionne ce qui semblait évident.
Les visées se révèlent, a postériori, plus dérivantes que prévues, de l’ordre d’une belle collection d’écritures multiples, sensibles, politiques, esthétiques, sociales, où chaque projet trace à sa façon des chemins singuliers, parfois en devenir, parfois aux lisières du non chemin…
Mais le chacun croise fort heureusement le brassage, et remet en question la singularité-même des projets.
Le chantier en sentier serait-il de l’ordre – ou du désordre, d’un laboratoire d’écritures in situ, ex situ, au foisonnement qui ne craint pas l’inextricable, le fil conducteur indémêlable, aux tracés qui ne sauraient parfois rester en place ?
Toujours est-il que mon projet de texte a cheminé autrement, de façon plus sauvage, b(r)uissonnant, aphorismatique, quitte à risquer le hors-piste.
Pré-texte et texte
C’est à Massalia, l’ancienne et bouillonnante cité, que nous avons été conviés à participer aux Assises Nationales – ce terme par trop statique remet déjà en cause le cheminement, ou propose la pause – des Sentiers métropolitains.
Rencontres, raout, retrouvailles, voire trouvailles, Saint Posium et autre conglomérations urbi et orbi, parfois péri humaines, avec autant de démarches, ou dé-marches.
Justement, des marcheurs, arts penteurs, déambulateurs, et à travers, activateurs écriveurs de chemins post Machado, constituent une brochette de gens qui, au final, ne savent guère tenir en place.
Ils sont béta-testeurs en chantier, en sentiers, ou l’inverse, .
Ils marchent en maniant le stylo, poétisent, politisent, poëtisent, griffonnent, ont le verbe haut, le pied alerte (polysémiquement), sont agitateurs, Ik(r)éateurs, traceurs, tracteurs, des tracteurs en campagne…
Si bien que nous étions au MuCEM invités à fédérer, peut-être à nous fédérer, métropolitainement parlant, voire charter, voire friser ou oser du manifeste… mais l’heureux doute s’installe au fil des paroles. On re-doute la Grande Redonnée, en s’appuyant hardiment sur des lignes fuyantes, le point de fuite est une perspective paysagère en soi, sans compter des lignes brisées, si ce n’est tremblantes.
On refait le monde, un pied à terre, là où nous habitons, enfin on aimerait le refaire d’un pas qui ne serait pas ricide.
A votre sentier !
Carnets de sentiers, collections de traces partagées.
Sans forcément aligner des rangs donneurs.
On apprend par cours, ou presque, à dé-marcher, sans forcément baliser, des ports en peurs vagues, à l’horizon, où le marcheur n’aura plus pied. Ne restons pas pour autant en rade dans la cité Phocéenne.
Le menu est dense à la carte, au risque d’en perdre le Nord, et ses quartiers. Heureusement les hôtels (du Nord) restent de chaleureux guides, avec leurs bureaux attenants.
En bref, on devient plus sens cibles que prés vus.
Cependant, attention à la marche ! on se dé-file conducteurs, ductiles diraient certains d’entre nous, mais de quoi ils semelles.
Auteurs autour d’une table de dés-orientations pas noramique, l’axe, tout comme le centre, ne font plus toujours ni foi ni loi.
Alors on raconte, on se le raconte (le sentier), on brode, on tri-côtes, en montrant les évidences, les évidements. On invente celles qui le sont trop (évidences), dans le paysage de l’un connu et l’autre pas, de côté.
Traits, points, discontinuités, l’impasse (et l’autre pas), la trace ne fait pas le tracé, et inversement, sans parler du demi-tour ou du rebrousse chemin.
Voix, discours, théorie de la marche en marche, comment restons nous en phase avec le No Made, et le risque du méga pôle éthique.
On peut facilement se perdre en chemin, comme en conjonctures.
Si l’un passe, en silence, l’autre mure murs. Les frontières ne sont pas toujours aussi étanches que le marcheur, grand et généreux ordonnateur universel, le voudrait. Les franchissements parfois risqués, dans un chaotique droit du sol renversé à l’extrême.
Les pieds sur Terre gardons, en prose, en vers, et contre tout.
De calanques en traboules, d’estuaires en portuaires, les lisières se brouillent, ou se débrouillent au mieux. L’écriture partagée tisse des iles marginaires, archipels et mouvants, entre utopies et hétérotopies. Les gros mots sont lâchés !
Territoires de flous s’il en est !
Chemins faisant, ou défaisant, on trace, on signe, on désigne, mais pas trop, on sonifie, on signifie, ou on tente de le faire. Battre le faire pendant qu’il est chaud n’est pas une posture tiède.
Certains ponctuent le parcours d’abris, nids, où les corps se couchent comme les écrits, en douces performances qui conduisent au rêve, partagé, co-habitatif, reliant des chemins habités.
Bords d’eau et des rivages des rivants.
L’inter se tisse entre des haltes, non injonctives.
Il y a également les ceintures, grandes ou petites, vertes ou noires, qui tentent de circonscrire la cité, barrant parfois la route au marcheur, celui qui n’a de cesse que de transgresser les obstacles, passer et outrepasser, pour relier le disjoint.
Mais les cités comme le marcheur sont indociles, indicibles parfois, à défaut d’invisibles.
Fédérer des marcheurs n’est pas chose facile. Il est toujours un franc-tireur qui vient casser le rythme, fait un pas de côté, quand ce n’est demi-tour; mais c’est là que réside la force, qui ne nous fait que nous ne croyons guère en l’immobile absolu, quitte à ne jamais boucler la boucle.
Les péripraticiens que nous sommes au final, se rejoignent pour ne pas perdre pied, et résister à la grande route d’une pensée trop commune.
Apologie, podologie, promenadologie sont les semelles du destin cheminant.
Les talons sont mesures d’art d’ares, côtes comprises, et marché, si l’on fait œuvre.
On périurbanise en décentrant le cœur de ville, quitte à s’encanailler du quotidien trivial, caminant en étoiles, en grands huits, en Y, en virtualités des errantes.
Il nous faut chercher les limites pour mieux s’en extraire, ou les repousser plus loin.
Chacun à sa façon, ou en conjuguant nos pas, au risque d’aller vers l’extinction de voies.
Le tracé est-il rang donnable ? Soluble dans la marche ?
Le tracé est-il rassurant, ou somme de fuyantes à la recherche de vérités flux tuantes ? Il peut forcer le trait d’utopies bétonnées, de cités radieuses, ou de tiers-lieux politiquement corrects, ou non.
L’archi texture emboite la cité, comme on emboite le pas d’autrui. Mais le marcheur qui a l’âme pèlerine ne se laisse pas si facilement arrêter pas une mise en boite. Il a besoin d’aires plus vastes et de plus d’air qu’il souhaiterait moins vicié.
L’urbanisme est parfois producteur de chausse-trappes. Je n’irais pas jusqu’à dire qu’il n’est jamais trottoir pour bien faire, mais le terrain est souvent glissant, dans toute l’essence du terme.
Reste à creuser d’autres sillons à fleur d’asphalte, car le marcheur est citoyen, parfois en déplaçant les bornes, voire en les dépassant.
Méfiance, même le marcheur court le risque d’être borné !
Trouver les bords sans être débordés, aurait dit Debord…
GR de rien en réécrivant des prés sentis, ou vers les prés textes, pas toujours échos logiquement fleurs bleues.
Pro-meneur, pro-metteur – en scène, en espace – on conte nos pas super posés, on muse comme à musé. Mais que montrer dans les vitrines sentiers ?
L’entrelacs des sentes montre bien des différences de niveaux, au dessus ou au dessous de l’amer, mais le marcheur résiliant, résidant, résiste mieux aux pires des enlisements. Prendre racine n’est pas mieux que perdre ses racines.
Si le guide a le pied ferme, la ruralité n’est pas trop vacharde, comme traire d’union et pis encore, et pis aller. Le laid peut-être le calcium de nos pérégrinations.
Battre la campagne, sans méchanceté, n’exclue pas la péri-féérie, clin d’œil Nantais.
Périphérie Gonzo, je cite encore, un brin voyeuriste, qui surgit parfois sans prés venir, sujets à banlieues arts, écritures perverses, jouissives ou cathartiques.
Le péril urbain est-il ex-croissance mal ligne. Plus mégapole tumeurs ! Ou tu t’inventes, te réinventes dans l’urgence, comme fée Nixe.
Le syndrome de la grenouille qui périt sans s’en apercevoir, parce que la température de ses eaux ambiantes augmente très très lentement, est-il un symbole d’une décoassance inévitable ?
D’autre part, conter n’est pas duché, ni baronnie, quoique… Les châteaux s’écartent à jouer, pouvant s’écrouler, comme chacun sait. Et pourtant le marcheur s’écarte en corps.
Parler ici, à Marseille, d’écroulement est hélas relié à une funeste actualité, même si je sens la cité à la fois bouillonnante de rage et forte d’une solide résilience.
Le récit n’est jamais si loin du terrain que lorsqu’il y prend sa source, et si proche que lorsqu’il invente, sans vers grogne, le cheminement qu’il va, ou pourra traverser.
Les participants aux Assises : Julie Le Muer, Noémie Galvez, Baptiste Lanaspeze, Philippe Piron, Jens Denisen, Paul-Hervé Levassière, Patrick Mathon, Gilles Malatray, Pierre Gonzales, Fabrice Frigout, Nicolas Maimain, Thibault Berlingen, Yvan Detraz, Alexandre Field, Denis Moreau
Suite aux Assises Nationales des Sentiers métropolitains, au MuCEM de Marseille, dans le train du retour, après une discussion impromptue avec Baptiste Lanaspeze au pied de la gare Saint Charles. Le 09 novembre 2018, Ouigo entre Massalia et Lugdunum.

Husserl disait que les choses n’allaient jamais de soi et méritaient toujours d’être questionnées. Questionnées notamment en terme de phénomènes. Le philosophe indique que par le questionnement, nous aurons une démarche d’explorateur qui pourra ainsi expérimenter le monde, ce qui me convient parfaitement dans la posture de promeneur écoutant.
Le phénomène n’est pas ici lié au phénoménal, à l’énorme, au hors-norme, mais plutôt dans son acception première « Ce qui apparaît, ce qui se manifeste aux sens ou à la conscience, tant dans l’ordre physique que dans l’ordre psychique, et qui peut devenir l’objet d’un savoir- source (Centre National Textuel et linguistique) », donc dans la description phénoménologique du terme. Or pour questionner le phénomène, il convient tout d’abord de le décrire.
Et pour décrire, il nous faut observer, ou dans le cas de phénomènes sonores, écouter.
Et c’est là que resurgit l’importance de la posture, celle qui poste notre corps, nos sens, notre attention, face à un objet, ici paysage sonore, dans une position favorable pour l’écouter, le questionner, et l’expérimenter, de préférence collectivement.
Après les PAS – Parcours Audio Sensible, qui impliquent une écoute en mouvement, même si cette dernière est ponctuée de Points d’ouïe stationnaires, et les inaugurations événementielles de certains de ces dits points d’ouïe, c’est maintenant autour de zones, ou stations d’écoute que je recherche de nouvelles postures, méthodologies, protocoles, rituels…
En résonance avec ces expériences, toujours en chantier, je suis en train de mettre en place, à titre expérimental, des Stations d’écoute in situ, rassemblements ponctuels d’écoutants potentiels sur un site précis, dans une durée assez longue (quelques heures). Il s’agit de mettre en commun nos oreilles, les paysages sonores ambiants, nos ressentis, dans une posture d’écouteurs publics postés.
Je réfléchis donc à des sites pouvant accueillir ces Stations, places publiques, parcs, escaliers, rivages, clairières…
Ces lieux devront pouvoir offrir un certain confort d’écoute pour y stationner assez longtemps (bancs, assises, ombrages, possibilité d’amener ses fauteuils…) et bien entendu offrir une biodiversité auriculaire intéressante, même si elle n’est pas spectaculaire, sans doute bien au contraire.
L’écoute sensible doit tenter de revenir aux sources, sans autres artifices que l’attention portée aux choses, la synergie d’un groupe d’écouteurs publics, et de la mise en commun d’une écoute »partagée.
Remarques : Selon les cas, on pourra assimiler ces actions à des ZEP (Zones d’Écoutes Prioritaires), ou à des ZAD (Zones Auriculaires à Défendre)
Imaginons ici quelques dispositifs postés, comme assises d’écoute, dans tous les sens du terme.
















