La peau est si sonore…
Parce que l’écoute serait un prétexte.
Un prétexte à métamorphoser le corps.
Un corps qui deviendrait lui-même écoute, membrane vibrante, amplificateur, transducteur d’images mentales, accumulateur de particules sonnantes ou dissonnantes.
Un corps qui serait vivifié par tous les pores d’une peau membrane oreille tendue, pour vibrer au contact de l’espace acoustique qui l’enveloppe, et mieux l’assimiler, en résonance.
Parce que l’écoute serait révélatrice.
Une révélation qui, tel un bain de développement photographique, impressionnerait la pellicule corporelle d’images sonores en vibrations frissonnantes.
Et l’image de s’ancrer dans des corps résonnants.
Et l’image de s’encrer sur une peau toile partition de mots, oscillant entre tumulte et silence.
Parce que l’écoute serait un récit.
Un récit qui se transmettrait, se partagerait, de bouche à oreille, brodé d’infinies variations.
Un récit où le mot se ferait son, et inversement, cherchant parfois la source-même des bruits les plus diffus, ceux qui s’inscrivent presque indiciblement, à peine audibles –
ceux dont il faudrait cherche le sens en les écoutant sans cesse, d’une oreille sans préjugés.
Le paysage pourrait alors se peupler d’une foule de corps entendants, tissant une multitude de fils à démêler sans cesse, car empêtrés dans leurs propres vibrations imprévisibles et capricieuses, et qui de toute façon jamais ne se répéteraient à l’identique.
Et ainsi, l’écoute fermenterait les mots, qui pourraient lire et écrire le texte sonore de chaque lieu, le texte sonore de chacun, à fleur de peau et de tympan.
Le texte de corps sonores en écoute.