POINT D’OUÏE – LA SALINE ROYALE D’ARC ET SENANS

Des Arcs et sonnances, paysages sonores rayonnants de la Saline Royale

Depuis plusieurs années, je viens régulièrement sur le site de la Saline, à différentes occasions. Je suis chaque fois plus fasciné que jamais par une sorte de résonance, de halo intangible, que je ne pouvais jusqu’alors, au-delà de la beauté physique du lieu et des choses vécues, m’expliquer vraiment.

Dernièrement, après une énième d’écoute rituelle, nocturne, au centre de la grande pelouse, alors que toute activité s’était progressivement apaisée, j’ai commencé à comprendre comment s’opérait la magie des lieux, celle en tout cas qui me captivait tant. Il me semblait tout d’un coup qu’une porte s’ouvrait entre un moi sensible, réceptif, et le lieu, alors que je me fondais dans un ambiance où l’œil comme l’oreille étaient en parfaite accordance. Je me sentais devenir progressivement un élément symbiotique entre un lieu, ses ambiances et l’écoutant posté que je j’étais. La Saline devenait soudain un grand réflecteur amplificateur sonore, me plaçant dans une focale rayonnante, comme au centre d’une bulle d’énergie sensible. L’effet panoptique m’irradiait, immersion intense où sons et images vous rassemblent en même temps qu’ils vous tirent vers des lignes de forces périphériques, des attirances tantôt centripètes, tantôt centrifuges, plaçant l’oreille au centre de l’écoute, exactement ! 

Le panoptique évoqué n’est pas ici envisagé dans une position d’un œil ou d’une écoute dominante, de la position de celui ou de celle qui voit et entend tout, mais comme un espace focal rayonnant, point de jonction, voire de construction endogène, d’un paysage sensible, et entre autre sonore.

La Saline royale pouvait dés lors, pour moi, trouver cette fascinante cohérence que je pressentais depuis déjà quelques années, pour me proposer un site à arpenter comme un vaste territoire d’écoute rayonnante, chambre d’échos multiples, de déambulations, toutes oreilles ouvertes, théâtre potentiel, à ciel ouvert, d’écoutes, de captations et de créations sonores in situ… Un point d’ouïe niché au sein de l’imposante utopie architecturale de Claude Nicolas Ledoux.

Topophonies, hétérotopies, hétérophonies

Il s’agit dés lors de construire un paysage/territoire sonore rayonnant, partant de la grande pelouse irradiante et de ses surprenants échos, reliant tous les éléments d’une architecture en un site acoustique renforcé. D’ici, du centre de la pelouse, visuellement comme acoustiquement, part une multitude de lignes et de chemins qui nous attirent, ou nous poussent vers l’extérieur… Point de passage focal, convergence  quasi obligée, ce point d’écoute central symbolise, voire matérialise une loupe, une écoute rayonnante, qui nous emmènera vers différents ailleurs acoustiques, du panoramique au détail, de l’intime à l’extime, du dedans au dehors, du visible à l’invisible, de la matérialité à l’imaginaire…

Ces lignes sonores nous conduisent ainsi vers,

l’acoustique des grandes bernes,

des autres bâtiments, intérieurs extérieurs…

vers Les jardins,

vers la grande porte, sas, passage  du dedans vers le dehors,

vers le village

Vers la forêt voisine, pourquoi pas…

Une auscultation hétérotopique nous ramène  néanmoins toujours au centre de la Saline, comme un puissant aimant auriculaire fédérateur.

Chronosonie, uchronie

Le site de jour, de nuit, à différents moments, à différents degrés de sérénité, de bruissonnance ou d’effervescence, à des moments de bascules, d’indécisions… Le site et son histoire cachée, enfouie, des réminiscence historiques, salées, tangibles et invisibles…

Le corps écoutant, au centre d’un paysage sonore panoptique

Saisir, de l’oreille et du magnétophone, les différentes strates sonores intrinsèques du lieu, en tirer des fils du centre vers l’extérieur, et vice et versa, implique une approche physique. Il s’agit de marcher, arpenter, errer, passer d’ici à là, lentement, rapidement, flâner, chercher les fondus, les coupures, les masquages, user le lieu à force d’écoutes, s’en imprégner jusqu’à en faire partie intégrante, s’y fondre comme une particule sonore élémentaire…

On envisage ainsi une multitude de balades, parcours sonores, in situ/out situ… Il nous faut creuser le lieu pour en dénicher la moindre parcelle sonore suceptible d’asseoir une architecture pétrie de pierres et de sons.

http://www.salineroyale.com/

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