Bien entendre nos pas

Et mes talons qui claquent

Clairs sur  sol gelé

Ils font bruisser les sentes

Amortis automnaux

Tapis aux feuilles mortes

Percevoir mon allure

Me donnent la cadence

M’invitent à ralentir

Ou à presser le pas

La marche s’entend bien

Comme un geste ambulant

Étouffé d’herbe grasse

Ou de neige ouateuse

Réverbérée de gel

Et dalles de marbre lisse

Traversant des séquences

Et jouant des cadences

Aux rythmes indécis

Aux rythmes chaloupés

Métronomes de marche

Testant sols et matières

Bien présents ou discrets

Quand aux pas ceux d’autrui

Ceux des autres allant

On les entend passer

S’approcher à l’oreille

S’éloigner à l’oreille

Différentes allures

Fières ou presqu’effacées

On peut suivre ces pas

Filer le lent flâneur

Pister le promeneur

Talonner l’arpenteur

S’attacher à ses basques

En écoutant marcheur

On se glisse à sa suite

L’oreille au pas à pas

Jeu de l’ouïe lien mobile

Qui infiltre l’espace

Des marcheurs prestes urbains

On avance sonore

On trace mouvements

On écrit des parcours

On les marque ambulant

Groupe bruissant des pieds

Traversant la forêt

Les pavés résonnants

Bien entendre nos pas

Ceux des autres aussi

se sentir piéton

Geste ambulant liant

Aux pas (dé)concertants

La vie qui est en marche

Et que l’oreille entend

Et qui nous tient vivants.

PAS – Parcours Audio Sensible au Domaine du crêt – Atelier Tiers Lieu Amplepuis

@Photo Nathalie Bou

Invité par l’Atelier Tiers-lieu d’Amplepuis, ce deuxième opus de marche écoutante va arpenter une petite partie d’un vaste parc le Clos du crêt, terrain boisé, avec étang, rocailles post baroques, chateau et ruisseau. Ce terrain de 22 ha, aménagé de fort belle façon par plusieurs générations et familles de riches industriels du textile, aujourd’hui propriété de la ville et en grande partie ouvert au public, est un terrain idéal pour promener ses oreilles.

Un ruisseau alimentant jadis les usines, longe la première partie du parcours, chantant joliment sous un couvert végétal assez dense, où piaillent joyeusement les oiseaux saluant le printemps naissant.

Un passage couvert, fausse grotte rocaille, permet une installation sonore éphémère, polyphonique, de faux oiseaux, restons dans le décor factice et facétieux.

Le débouché sur un petit lac, lui aussi artificiel, où quelques pêcheurs lancent leurs lignes dans un silence auquel nous répondons par le notre, marcheurs écoutants, amène une nouvelle ponctuation dans un paysage sonore changeant.

Deux enfants auscultent à cœur joie les arbres, pierres, mousses avec les longue-ouïes desartsonnantes… accompagnés des adultes qui font de même, comme il se doit.

Le vent souffle assez fort, secouant les branchages supérieurs des arbres, qui nous saluent en bruissant sous la ferme caresse d’Éole.

Parcours calme, néanmoins toujours pénétré d’une rumeur automobile au loin, le parc étant encerclé de routes assez circulantes. Néanmoins, la couverture végétale et la superficie du terrain amoindrissent fortement l’emprise sonore et préservent à l’oreille une belle ambiance apaisée, où le printemps tout neuf nous fait entendre le réveil progressif d’une nature encore un brin engourdie par de récents froids assez vifs.

Diaporama (Photos Nathalie Bou)

https://photos.app.goo.gl/VkF4NVWE8szfMNJ47

Vidéo (Nathalie Bou), montage Desartsonnants