
Après des années passées à entraîner l’oreille pour devenir progressivement plus efficace, pour lui procurer de plus en plus de plaisir, à ouïr une ville, une forêt, une gare, il me faut rester conscient que ce geste d’écoute n’est pas aussi naturel ni évident pour tous, moins en tous cas qu’il ne le paraît de prime abord.
En guidant de nombreux parcours sonores, des PAS – Parcours Audio Sensibles, il m’a fallu progressivement amener l’oreille vers des espaces au départ relativement « évidents », simples à appréhender, à comprendre, ni trop saturés, ni trop paupérisés, ni trop minimalistes. Les parcours pourront par la suite, petit à petit, de façon graduée, se complexifier, en termes de densité, de longueur.
Il nous faut donc prendre conscience de de l’effort – même agréable – à fournir pour un promeneur écoutant débutant, pour entrer dans une écoute attentive et soutenue, qui sache dénicher les trésors de chaque lieu, et en jouir le plus naturellement que possible, sans trop d’a priori « bruitistes ».
Il nous faut également, comme dans toute forme d’enseignement, se garder de juger trop hâtivement, des formes « d’inculture sonore » alors que l’apprentissage, fût-il auriculaire, ne demande qu’à s’épanouir à son rythme, ici au rythme des pratiques d’écoutes.