
Je m’installe devant, dans un paysage, je l’écoute, je le regarde, je l’arpente, et il me dit ce que je peux y faire, et ne pas y faire. C’est lui qui s’installe alors devant, autour de moi. C’est lui qui guide, voire dicte mes gestes, mes actions, mes projets.
Il se pose, à un moment donné, suite à une forme d’apprivoisement mutuel, en contraintes déchiffrées, en évidences décelées. Il me saute aux yeux, et aux oreilles. Il s’offre comme je m’offre à lui, dans une respectueuse synergie.
Il me faut pour cela une certaine lenteur, une prise de temps à ménager, un non stress me protégeant d’agir dans l’urgence, dans le superficiel, tout ce qui met à mal la connivence.
Alors s’installe l’écoute.
Alors s’installe l’écoutant.
Alors peut s’installer le partage.
Cette connivence artiste paysage établie, pour moi aussi via le canal auditif, je pourrai dés lors, en toute honnêteté, inviter à écouter ensemble.
Certaines fois, les connections sensibles s’opèrent rapidement, logiquement, avec aisance et facilité.
D’autres fois, le territoire résiste, moins spectaculaire peut-être, ou plus réservé, plus taiseux, plus secret.
Il faut alors user de patience, varier les angles d’écoute, gratter les interstices, coller l’oreille à la matière-même pour chercher le presque indicible, afin de bien m’entendre avec les lieux.
Il me faut également chercher les manières de partager intimement ce qui ne s’offre pas spontanément à l’oreille. Le paysage alors se mérite, il nous demande des efforts pour en jouir enfin.
L’écoute se déploie alors, s’installe comme une oeuvre collective, relationnelle, fusionnelle, émotionnelle, à 360°.
