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Écoute, écoutes

Les deux derniers week-ends, j’ai participé à l’élaboration et à l’expérimentation de mises en situation d’écoute fort différentes, et au final très intéressantes.
La première à Lyon, lors de la Semaine du son. Le samedi soir, nous avons accueilli des personnes en appartement, jauge limitée, pour écouter des pièces sonores paysagères, en discuter, imaginer quelques projets et prolongements à venir.
Une petite exposition « Photographier l’écoute », autour de clichés pris lors de promenades écoutantes, s’est glissée dans le décor de nos hôtes, et a donné prétexte à l’échange autour des pratiques déambulatoires et postures d’écoute en marche, ou en point d’ouïe.
Le lendemain, nous nous sommes retrouvés sur les quais de Saône pour un point d’ouïe matinal. Puis nous avons cheminé vers l’appartement, où nous attendait une violoncelliste performeuse qui a fait sonner l’espace de belle manière, par des improvisations cello/voix. Des écoutes sur le thème du dedans/dehors, des espaces acoustiques publics/privés, des ouvertures/fermetures, de quai en appartement en passant par les huit étages transitoires d’un escalier… Et toujours des échanges sur les façons d’ouïr le monde, et d’en partager des pratiques en mouvement. Une collaboration ACIRENE, PePaSon, et Desartsonnants.
La semaine suivante, avec un Tiers-Lieu amplepuisien, nous avons donné à entendre des courts témoignages enregistrés, de personnes parlant de leurs sons préférés, ou haïs, des souvenirs et ressentis, des commentaires sur le statut donné à ces sonorités… Intimité, jeux, madeleines proustiennes, de belles écoutes, souvent émouvantes, ont rythmé la soirée.
Le public a lui aussi été invité à commenter, échanger, et pour finir voter pour leur son favori.
Une troupe de théâtre d’improvisation a fait plusieurs interventions ponctuelles, en s’appuyant sur des thématiques issues des séries de sons écoutés (sons du quotidien, imaginaire et création, instrument, cuisine, signaux et annonces…).
L’expérience de différentes mises en écoutes, média, interactions, s’est révélée très riche, et stimulante pour imaginer d’autres processus ludiques et participatifs à venir.
Une prochaine journée du son est d’ores et déjà en cogitation avec l’Atelier-Tiers-Lieu d’Amplepuis, autour du silence, printemps 2024. Outdoor, et certainement façon nocturne en forêt. A suivre…
Ces deux formes de « théâtre sonore », bien que très différentes dans leurs mises en scène et en espace, trouvent chez moi un écho stimulant pour réfléchir à des propositions qui fassent faire un pas de côté à nos oreilles. Des formats légers, souples, adaptables, qui privilégient la relation humaine, via le partage d’expériences auriculaires et les échanges en découlant.
Regards d’écoutes en chantier

Consulter le document :
https://drive.google.com/file/d/1bZgZrfDpSPdF7lc0_ToWPp7iwJryGyIG/view?usp=sharing
A voir comment ça s’entend, Point d’ouïe #3

Une traversée sylvestre
Nous arpentons un espace forestier.
Un sentier où les feuilles crissent sous les pas, ocrées par l’automne déjà bien installée.
Le rythme de notre marche se déchiffre dans notre avancée, scandée et crissée au pas à pas.
Une percée lumineuse, droit devant, appelle vers la clarté d’une trouée boisée.
Et sans doute quelques intrépides volatiles qui donnent encore de la voix.
La verdure résiste à l’assaut des premières froidures.
Une petite rivière, silencieuse, quasi immobile, coupe notre trajectoire.
Le franchissement est offert par une passerelle de bois.
Une traversée où les pas ici aussi seront sonifiés, voire amplifiés.
Des talons percussions sur des lattes de bois.
Un xylophone posé là, invitation au jeu, invitation à faire sonner ce caillebotis improvisé, en dansant ce passage.
Détournement ludique vers une musique impromptue, instant d’improvisation.
Il suffit de passer le pont, mais en l’animant de mouvements tressautants.
Écrire des rythmes tambourinants que la forêt et ses habitants invisibles apprécieront. Je l’espère.
Qu’en sera t-il sur l’autre rive ? Sève qui peut…
Les sons auront-ils changé, s’amalgamant à d’autres, ou s’effaçant dans les coulées forestières.
Ont peut en douter, il semble qu’une forme de continuum murmurant apaise le paysage.
L’exotisme n’est pas forcément requis.
Les lutins, korrigans, hobbits, trolls ou elfes, non plus, l’esprit de la forêts se perçoit dans la furtivité de ses bruissements.
Une coulée bruissonnante semble persister, malgré l’enjambement du ruisseau, la danse improvisée, la curiosité de l’ailleurs.
Mais qu’importe, l’oreille y trouvera son compte, la forêt, même aux confins d’un hiver pressenti, est malgré tout généreuse, dans son apparent silence.
Sa traversée, toute en quiétude, nous fait offrande à portée d’oreilles.
Écoute au casque de préférence
A voir comment ça s’entend, Point d’ouïe
Voir et entendre, et inversement.
Une simple proposition, une expérience transmédiale, partagée.
Vous m’envoyez une photo, sans commentaires, qui évoque pour vous l’écoute, un paysage sonore, une ambiance ou scène acoustique, un geste d’écoute singulier, un paysage … De préférence une photo personnelle, que vous avez réalisée vous même, libre de droits.
Je la commente via un texte librement inspiré de la proposition iconique, en contrepoint. Peut-être même une petite composition sonore en naîtra.
Merci de votre participation !
Points d’ouïe aquatiques à Voiron
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A l’invitation de l’artiste Christine Goyard présentant une exposition photos autour de l’eau «De passage » à l’espace d’art contemporain « La théorie des espaces courbes », à Voiron (38), j’ai créé une ambiance sonore composée à partir d’un collectage de sons de différents pays (France, Portugal, Suisse, Russie, Belgique, Madagascar…).
An fil des ans et des ondes, l’eau fait partie des éléments sonores récurrents dans mes parcours, de ceux que je croise régulièrement, et sans doute de ceux que je recherche avec une certain appétit pour ses ambiances liquides, où que je sois.
De plus, nous avons pensé à parcourir la ville, le temps d’une promenade, à l’écoute de l’eau, de fontaines en rivières.
Et il se trouve que Voiron, pour le plaisir et le rafraichissement de nos oreilles, est une ville sympathiquement bouillonnante, multipliant au fil des places et des rues, fontaines et points d’écoute sur la Morge, rivière urbaine qui parcours le centre ville.
C’est un des rares PAS – Parcours Audio Sensibles qu’il m’ait été donné de faire depuis mars, crise sanitaire oblige, et en plus, il faisait très beau !
Nous avons surplombé la rivière, visible ou non, mais toujours audible.
Nous l’avons longée.
Nous l’avons quittée et retrouvée dans divers spots urbains.
Nous avons zigzagué de fontaines en fontaines.
Nous avons tourné autour.
Dans un sens et dans l’autre.
Nous avons mixé les sons d’eau à ceux de la ville, des voix, des voitures.
Nous en avons ouïe des monumentales, des discrètes, des sereines, des majestueuses, des chuintantes, des tintinnabulantes, des glougloutantes.
Nous sommes passés de l’une à l’autre, avec les trames sonores urbaines en toile de fond, ou en émergence, selon la progression.
Une ville irriguée de nombreux points d’eau, donc aussi points d’ouïe, qui tissent une trame bleue et bouillonnante, est une ville tonifiée, dynamisée par la présence aquatique.
Les montagnes alentours rendent cette impression de tonicité encore plus vivace, pour le plus grand plaisir des promeneurs écoutants de ce jour.
Les sons de l’expo
Point d’ouïe – point de vue, de nos fenêtres, vu et entendu

@photo – Nicolas Frémiot – http://nicolasfremiot.fr/
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Une vidéo sonore issue d’un projet collectif, contributif, à distance. Chacun de sa fenêtre échange des choses vues, entendues, en période de confinement sanitaire.
Photos de Nicolas Frémiot (Paris) – http://nicolasfremiot.fr
Prise de son de Laurent Jarrige (Paris) – https://laurentjarrige.wordpress.com/
Création sonore de Gilles Malatray (Lyon) – https://desartsonnantsbis.com/
Projet Fenêtres d’écoute/Listening windows
https://soundatmyndow.tumblr.com/archive
Point d’ouïe, comme un pesant silence

Ici
ma rue
déserte
désertée
abandonnée
ou presque
quartier fantôme
ville fantôme
trottoirs fantômes
parfois secoués
en quelques minutes vespérales
de liesses passagères
ou d’un camion vrombissant
vomissant ses vivres
et chaque sons grinçants
ferraillant le trottoir
ronronnements de chambre froide
claquements de porte
prennent des proportions décuplées
si bien que même dans la durée
des gestes ralentis
des mouvements confisqués
l’oreille s’étonne encore
de ce quasi silence
pesant
que nargue l’insolent soleil
et que les cloches perchées
animent sans scrupules
toniques scansions
bouffées d’oxygène auriculaires
ce printemps manque d’air.
@photo Blandine Rivière @texte Gilles Malatray
Fenêtres d’écoute – Listening windows – https://soundatmyndow.tumblr.com/
Façades vivantes

Façades vivantes
A temps exceptionnels
écoutes exceptionnelles
regards exceptionnels
nos enfermements exacerbent nos sens
portant l’oreille et le regard
sur les murs en vis à vis
les percées des fenêtres
lieux de guet
lieux d’accueil
des sons
des lumières
des odeurs
des vies extérieures
les façades deviennent théâtre du quotidien
on y est acteur et spectateur
façon “La vie mode d‘emploi”
on les regarde plus que jamais
on les pratique plus que jamais
côté cour et coté rue
on les écoute aussi
aux vingt heures sonnantes.
@photos Blandine Rivière – @texte Gilles Malatray
PAS – Parcours Audio Sensible Approche kinesthésique et sensible d’un territoire à l’aune du duo photographie/phonographie
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« Le veilleur retient son souffle… jusqu’à entendre le jour se lever » Marc Dugardin, Fragments du jour (Rougerie, 2004)
Un projet en chantier
Tracer, en marchant, un paysage sensible via les interactions du regard et de l’écoute, entre similitudes et dissemblances. Un travail en duo avec un phonographe et un photographe, ou l’inverse
Polysémie de la trace
– Traces et tracés indiciels, chasser, pister, chercher des traces, repérer ce qui peut nous mettre sur la voie, suivre la piste, suivre à la trace, épier, placer des signe, jeux de piste…
– Traces et tracés conceptuels, dessiner, esquisser, brosser à grand traits, portraiturer, crobarder, mettre en plan, en carte, composer avec des images, avec des sons, avec les deux, faire contrepoint…
– Traces et tracés mémoriels, garder, sauvegarder, mettre en forme des traces, archiver, mémoriser, patrimonialiser, collecter, organiser des traces matériaux et supports d’écritures croisées…
Questionnements
Comment faire paysage par l’image et le son comme média contrapuntiques ?
Comment faire intéragir les traces (audiovisuelles) dans une approche hétérotopique ?
Comment trouver les points de convergences tout en conservant les singularités, jouer dans les interstices du semblable et du dissemblable, du différent et du similaire ?
Comment ces jeux de frottements transmédia, intermédia, favorisent-ils des modes de perception, d’interprétation et de représentation singulières ?

Desartsonnants@gmail.com
https://desartsonnantsbis.com/
PS : Si un, une photographe est intéressé-e pour réfléchagir et croiser des expériences sur ces problématiques

