Points d’ouïe – Paysages en écoute

Points d’ouïe, approche desartsonnantes

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Un point d’ouïe est un lieu repéré, à partir duquel on écoute une parcelle d’unj paysage situé

Un point d’ouïe présente à l’écoute un site acoustique remarquable, ou tout au moins qualitatif, de par ses sources et/ou ses effets acoustiques

Un point d’ouïe se définit par une méthodologie de repérage dite sensible, en collaboration si possible avec des autochtones

Un point d’ouïe est un espace à partager, libre d’accès à toute heure et à tout moment

Un point d’ouïe peut-être en espace naturel, rural, périurbain, urbain, en site touristique, patrimonial, architectural, industriel…

Un point d’ouïe peut être officialisé, inauguré et rejoindre un inventaire via une cartographie sonore et un site dédié

Un point d’ouïe cartographié s’inscrit dans un maillage cartographique mondial, comme un constituant d’un vaste paysage sonore universel

Un point d’ouïe inauguré permet la rencontre avec les élus locaux autour de la préservation d’espaces acoustiques qualitatifs, et en valorisant des aménités paysagères, architecturales…

Un point d’ouïe peut demander à être activé, excité, pour se révéler complètement

Un point d’ouïe peut être aménagé, ou non (signalétique, consignes, assise, cadre et mobilier d’écoute…)

Un point d’ouïe est à la fois public, partagé, et offre une perception singulière et intime dans son approche sensorielle

Un point d’ouïe est à la fois très localisé, spécifique, unique, et à la fois universel dans le geste d’écoute qu’il propose, comme une grande fenêtre auriculaire, ouverte sur le monde

Un point d’ouïe est une conception esthétique (musique des lieux), artistique, mais tend aussi à valoriser un territoire en promouvant une belle écoute, dans une démarche proche de l’écologie, de l’écosophie sonore

Un point d’ouïe est un élément parmi d’autres, visant à une recherche impliquée autour des paysages et territoires sonores

Un point d’ouïe peut-être un lieu propice à des actions pédagogiques, des sensibilisations autour de l’écoute et des lectures audio-paysagère

Un point d’ouïe peut-être un lieu d’enregistrement sonore, ou un espace central autour duquel pourra se construire une carte postale sonore in situ; ou tout autre création sonore, radiophonique…

Un point d’ouïe peut s’inscrire dans un parcours d’écoute, ou un parcours sensible plus large, le ponctuer, l’animer…

Un point d’ouïe peut être le théâtre d’actions sonores et/ou musicales, performatives, improvisées, voire indisciplinaires

Un point d’ouïe, initialement abordé à oreille nue, reste ouvert à toute nouvelles technologies, notamment numériques, dans sa médiation et l’écriture sonore de paysages in situ ou out situ

Un point d’ouïe est comme un point de vue, fragile dans le temps si l’on ne prend pas garde de protéger son environnement

Un point d’ouïe peut être d’autres choses encore, auriculaires, selon le lieu et le projet dans lequel il s’inscrit

Inaugurations de sites « Points d’ouïe »

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Il existe une reconnaissance une visibilité, un repérage, un inventaire, parfois une labéllisation de sites patrimoniaux, architecturaux, voire naturels (UNESCO). De même, nous trouvons également ici ou là des points de vue repérés, des guides et des cartes, des tables d’orientation, des longue-vues permettant d’appréhender un paysage, un panorama remarquable du regard.
Quid du paysage sonore ?
Pourquoi ne pas repérer, signaler, inventorier un site point d’ouïe comme un espace entendu et reconnu comme tel ?
Pour cela, il convient d’officialiser la démarche, d’inaugurer avec des élus locaux des sites d’écoute, de leurs donner une existence concrète en temps que sites auriculaires. Il nous faut alors couper le ruban symbolique, pour ouvrir le paysage à l’écoute, une action qui, au-delà de son caractère anecdotique, singulière, se pose comme une invitation à prendre notre environnement sonore en compte, dans une approche tout à la fois esthétique, sociale et écologique. L’implication d’élus permet, en amont d’une inauguration symbolique, d’entamer une discussion autour du statut du paysage sonore, de sites à protéger, à valoriser, à penser une sensibilisation vers une écoute aiguisée, qualitative, à rechercher une qualité acoustique des lieux de vie… bref, à une approche où l’écoute est posée comme une posture sensible et écologique.
Au-delà de l’inauguration de points d’ouïe, l’inscription de sites dans une cartographie interactive, via des outils et réseaux internet, prolonge le geste en construisant un maillage d’un vaste territoire sonore mondial, entre la singularité du local et l’universalité de l’écoute partagée.

Lien : Le projet in situ : Drée premier point d’ouïe inauguré

Arte Plan du Polau

Écritures/prolongements

Le projet Points d’ouïe s’inscrit dans une série d’actions autour de la lecture et de l’écriture des paysages et territoires sonores in situ, qu’ils soient urbains, périurbains, ruraux, en sites naturels, touristiques, architecturaux, industriels, patrimoniaux….

L’enregistrement in situ, la création de cartes postales sonores, différents types de PAS – Parcours Audio Sensibles, des actions performatives et plastiques avec des plasticiens, poètes, danseurs, slameurs, des ateliers et conférences, des installations éphémères, des formes d’écriture sonore et textuelles, sont autant de possibles pouvant être convoqués ou agencés selon le contexte les spécificités du terrain,  et des projets.

Point d’ouïe, un lieu, un moment, une image, des mots, des sens

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Un point d’ouïe


un groupe d’écoutants


une écoute collective


l’attention aux sons


des postures d’écoute


les yeux fermés


un espace sensible


la perception des aménités paysagères

une trace mémorielle


une pause dans un PAS – Parcours Audio Sensible


un arrêt sur sons


les sens émoustillés


une douce concentration


une écoute intergénérationnelle


le murmure de l’eau


un pont, architecture et acoustique


une chaleur printanière


un instant de quiétude


prendre le temps


la musique des lieux


une belle acoustique


les oiseaux pépiant


une géographie sonore


un instant de quiétude

un lieu auriculaire remarquable


la rumeur d’un village, au dessus


l’inauguration d’un point d’ouïe


le nouveau statut d’un espace


une légère brise dans les arbres

la 
fabrique d’un souvenir sensoriel


une instant de fraîcheur

une part de poésie

une émotion

une phénoménologie paysagère

l’attention, collective, au monde

l’essence des sens.

 

PAS et inauguration d’un Point d’ouïe – Saillans (Drôme) – Festival « Et pendant ce temps les avions » avril 2017

PAS – Parcours Audio Sensible et inauguration d’un Point d’ouïe à Saillans

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Invité dans le cadre du festival « Et pendant ce temps les avions » pour une série de PAS – Parcours Audio Sensibles et l’inauguration d’un nouveau Point d’ouïe, je découvre le magnifique village de Saillans, blotti au pied des contreforts du Diois et tout contre les rives de la Drôme et du Rieussec.
La toponymie du village met d’emblée en avant la saillance, ce qui saillit, les montagnes environnantes, l’eau qui sourd ici et là, qui sourd pourtant sonore, rubans rivières et intimes fontaines, la musiques des rues, y compris celle des musiciens invités pour le week-end de Pacques, et qui font sonner le marché dominical…
Ici, même le système politique construit dans un modèle original de démocratie participative fait saillante, voire résistance, hors du schéma classique.
Les saillances y sont d’ailleurs plutôt douces sous le soleil printanier.
Dès mon arrivée, j’arpente rues et rives. Premier repérage. Prendre la température acoustique des lieux. S’imprégner des ondes locales, apaisantes à mon goût.
Un axe, une rue, deux ponts, deux rivières, une géométrie simple, impossible de s’y perdre, même pour moi, inguérissable désorienté.
Et pourtant, paradoxalement, Dédale semble avoir joué par ici à entrelacer d’étroites ruelles, passages couverts, placettes, sentes intimes, resserrés, naviguant de part et d’autre de la grande rue, qui nous font serpenter entre de belles bâtisses de pierre. Et l’oreille se réjouit ainsi. Rue principale, des voix, des terrasses de bars, quelques voitures, puis on oblique, on s’enfonce dans une minuscule ruelle, une fois à droite, une fois à gauche, et tout change. Un incroyable calme s’installe. des tendres réverbérations, un étouffement, un apaisement soudain de la ville. Un presque silence que viennent animer des sons s’échappant discrètement des fenêtres. Un petit régal à fleur de pierre, à l’ombre de l’agitation, qui reste néanmoins une quiète agitation. De coupures en coupures déambulons, les changements d’ambiances se succèdent surprenants, et malgré tout sans heurts, sereinement.

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Un fil conducteur se trace, déjà évoqué, la présence de l’eau qui rythme le village. Au bas, la Drôme (la course) et le Rieussec (Ruisseau sec), qui glougloutent et chuintent, aujourd’hui encore en eau, bientôt peut-être, en avançant vers l’été, asséchés ou transformés en modestes rus serpentant entre les galets. On imagine néanmoins, en regardant les rives de la Drôme, que son actuel état tranquille peut, à certaine saisons, se faire vue furieuse dont on se représente assez bien le puissant grondement. Deux fontaines complètent en symétrie le paysage aquatique, et perlent l’espace de leurs gouttes cristallines. Ce sont non pas de grandes fontaines imposantes, mais plutôt de petits oasis rafraîchissants, comme le Sud sait  si bien en installer pour ponctuer joliment l’espace. Espace acoustique également, même si on ne les devine guère que lorsque nous croisons leurs chemins. Et pourtant, elles sont de vrais marqueurs auditifs, incontournables points d’ouïe jalonnant le parcours. Nous ne manqueront d’ailleurs pas de venir en ausculter (eau sculptée) une à chaque PAS, nous asseyant autour de sa margelle, puis plongeant longues-ouïes et stéthoscopes dans son bassin, improvisant une aqua-scène de bulles glougloutantes. Instant ludique pour petits et grands, car chaque PAS constitua d’ailleurs un groupe de tous âges, où chacun observa d’ailleurs, quasi religieusement, une « règle du silence en écoute », ce qui donna à ces expériences partagées une incroyable force, puisant dans la synergie émanant du groupe-même. L’un des grands attraits des écoutes partagées, je ne me le répèterai jamais assez.
Donc nous effectuons à chaque PAS une déambulation traboulante, mes accointances lyonnaises ressortent ainsi, avec ici quelques fugaces sons installés (justement un métro lyonnais), transport sonore décalé dans ce village, ici des tintinabullis faisant doucement sonner ruelles et voûtes – ici une halte dans le beau silence de l’église, ici une pause assis au bord de l’eau qui dévale gentiment la vallée, ici encore une oreille collée à un pont, ou bien sous les peupliers trembles chantant dans le vent… des jeux de postures, de micros surprises, aller chercher l’écho de la montagne ou l’infime son des petites choses qui crissent sous nos PAS.
A l’issue de chaque PAS, je questionne les participants sur leur Point d’ouïe idéal, leur Sweet-Spot diraient nos amis anglo-saxons, celui qu’ils aimeraient inaugurer comme espace d’écoute privilégié. Étant dans une municipalité à démocratie participative où la voix de chaque électeur compte, je ne pouvait pas faire moins que d’adopter une démarche (des marches) participative(s). Les avis divergent, même si des lieux reviennent souvent, rives, fontaine, ruelles… Petits et grands s’expriment sur ce qu’ils ont entendus, ce qu’ils élirait comme Pont d’ouïe marquant, j’aime, j’aime moins, j’adore…
Il me faudra trancher, et à l’aune des réponse, et de mon ressentis, je choisis d’installé mon Point d’ouïe sous le pont du Rieussec. Juste ce qu’il faut de sons et de calmes, de vie et de quiétude, un bel équilibre verdoyant, mais néanmoins directement connecté à la pierre, à la vie villageoise.
Une des promenade s’achèvera donc par l’inauguration officielle du point d’ouïe, petit discours d’un des élus présents, trois minutes de silence écoute pour marquer l’événement, avant que de faire en sorte que ce nouveau Point d’ouïe ne rejoigne la cartes de ces prédécesseurs désormais géolocalisées.
Le dimanche, une partie des musiciens improvisateurs du festival investissent le marché, les rues et places, dialoguent d’instrument à instrument, facétieux, volubiles ou discrets, jouant avec les acoustiques, ruissellement de notes et de sons qui tissent une musique sur la musique même des lieux, contrepoint
C’est ainsi, dans la très bonne ambiance de ce festival où se sont croisé publics, organisateurs, bénévoles, musiciens, visiteurs auditeurs, marcheurs écoutants d’un jour, amis venus me faire un coucou clin d’oreille… que j’augmente ma collection de six PAS fraîchement parcourus et d’un nouveau Point d’ouïe inauguré. Merci à tous les acteurs de ces belles rencontres !

Musiques des lieux et des instruments

https://www.mixcloud.com/desartssonnants/saillant-sons/

Carte des Points d’ouïe Inaugurés

https://www.google.com/maps/d/edit?mid=1pnyLlyY12C6HeaqKgJhOmLMFM-w&ll=44.6970819543434%2C5.195798078771531&z=19

Site du festival « Et pendant ce temps les avions »

http://bza-asso.org/index.php/etpendantcetempslesavions1/