Ruissellements ondoyants

Création sonore à partir de prises de sons aquatiques in situ

Eaux dessus-dessous,

Flux ruissellants,

Goutte à goutte murmurant

Gardons-les en écoute et veillons sur e(a)ux


Avec la participation des eaux de Sardaigne (Cagliari, Réserve Naturelle di Monte Arcosu), France (Rançonnais, Loire, Saône), Portugal (Sabugueiro), Russie (Kronstadt)…

A écouter de préférence au casque ou sur des enceintes de bonne qualité

Dans le cadre du chantier en cours (d’eau) « Bassins versants, l’oreille fluante« 

Errer, naviguer, au fil de l’onde

Installation sonore Miribel Jonage

Errer, naviguer

Errer au fil des eaux

Tendre l’oreille aux paysages liquides

Aux méandre sinueuses

Aux ports ouverts au monde

À leurs cosmopolitisme sonore

L’échappée bleue comme horizon

Revenir vers les rus

Pénétrer la campagne

Où les eaux se ruissellent

Traverser la forêt

Avec ses mares au diable

Naviguer les marais

Dans de labyrinthiques voies d’eau

Retrouver la Vouivre et le Tarasque

Le Drac et les Naïades

Ophélie et les Sirènes

Entendre les moulins

Même ceux immobiles et muets

Clapoter les pieds dans l’onde

Longer les rives chahutées

Errer, naviguer

De trames bleues bouillonnantes

En nappes étales dites dormantes

Marcher les chemins de halage

Et traverser des ponts

Sauter sur les pierres d’un gué

Prendre un bac traversant

Contempler la marée

Entendre les ressacs

Et les cailloux roulés

Et les cailloux jetés

Surprendre les grenouilles

Plongeant à notre approche

Après de sauvages coassements

Écouter les branches d’un saule

Titiller les eaux sous le vent

Les harangues de canards barbotant

Les vrombissements de zodiacs bondissants

Les rires de jeunes baigneurs

Le déversoir d’une digue trop pleine

Un délestage d’une centrale électrique

Sur un torrent montagnard

Les flic-flic spongieux

D’une tourbière ancestrale

La réverbération miroir

D’un large fleuve roulant

Des arbres charriés après la pluie d’orage

Le sifflement de cannes à pêche au lancer

Le rembobinage de moulinets véloces

Le ploc de bouchons colorés

Les eaux fendues par l’étrave

Leș vaguelettes inondant la berge

Après le passage d’une imposante barge

Les voix festives une soir d’été

Au bord d’une rivière accueillante

Errer, naviguer

Des ruisseaux familiers

Des rivières inconnues

Des torrents surprenants

Percevoir les rares clapotis

D’un cour d’eau asséché

Par un été trop chaud

Tourner au tour de la fontaine

L’oreille collée à ses ruissellements

Lancer des galets dans l’étang

Voir et entendre leurs ondes de choc

Et les ronds harmoniques

Jouer aux ricochets

Les compter à l’écoute

S’abrutir de bruits blancs

De vagues itératives

De houles déferlantes

Et reprendre son souffle

Au creux humides et sombres

Des étangs forestiers

Errer, naviguer

Fendre les flots indolents

Défaire les barrages brutaux

Laisser l’écoute s’immerger

Courir les berges sans quais

Entendre les chants de l’eau

Les complaintes et mélopées fluentes

Les nappes ondoyantes

Les respirations profondes

Les ondées tambourinantes

L’apaisement d’un fleuve

Les échos des abers

Envahis par la mer

Se laisser irriguer

Par des ondes porteuses

Des flots nourriciers

Des sons désaltérants

Se laisser conter

Les légendes des eaux

Et ses mille récits

Ses monstres immergés

Au creux des sombres puits

Et des sources magiques

Des profondeurs fluviales

Des résurgences en eaux vives

Des fêtes archaïques

D’un Neptune souverain

D’Océan le Titan

De Thétis la Déesse des eaux

Abreuvant nos imaginaires

Débordant de récits en crues

Hors les lits enchâssés

Jusqu’à briser les digues

Mais parfois se tarissent

Les cours et les contes

Dans des flots abimés

Où meurent les poissons

Les coraux et éponges

Asphyxiés de plastiques

Et de mille déchets

De souillures étouffantes

Qui font taire les flots

Les rendent inhabitables

L.es font Inconsommables

Les font mourrir d’assèchements

Les têtards agonisants

Les grenouilles muettes

Comme des eaux de morte Terre

Comme des eaux de morte Mer

Alors promenons nous au fil des eaux

Nos oreilles assoiffées

Installons nos écoutes dérivantes

Réjouissons nous d’entendre encore

Les eaux courantes et fragiles

Et prenons en grand soin

Car lorsqu’elles se tairons

Nous nous tairons aussi.

Eaux dites

« Bassins Versants, l’oreille fluante », je fais actuellement une focale sur les milieux bouillonnants, aquatiques, les eaux courantes, dormantes, submersives, taries, murmurantes…

Ce n’est pourtant pas une lubie soudaine, un reflux, une résurgence capricieuse, un courant bleu dans l’air du temps, mais plutôt une source qui n’arrête pas de sourdre au fil des paysages « arpentécoutés », de refaire surface ici et là, comme une manne nourricière incontournable.

Fascinante dans sa fragilité, cette composante paysagère, de fontaines en rus, de torrents en cascades, de lacs en océans, ne manque jamais de titiller l’oreille du promeneur écoutant que je suis.

Source d’inspiration, de récits, de paysages racontés de rives en rives, il ne s’agit pas seulement de faire entendre ces flux multiples, mais de conter des histoires toujours renouvelées, au gré des reliefs et des territoires habités.

Conter pour faire exister, dans bien des situations, apaisées ou conflictuelles, complexes, dans des tensions écosophiques hydrologiques, qui nous montrent des lendemains plus qu’incertains,.

Eaux mémoire, énergie, ressource, sculptrice de surprenants reliefs, de paysage creusés dans ses flots, oasis espérés, génératrice d’ambiances sonores irriguées, élément climatique capricieux…

Combien de cours d’eau, minuscules ou spectaculaires, ai-je suivi, emmenant avec moi moult paires d’oreilles assoiffées.

J’ai fabriqué et marché bien des histoires fluantes, des pentes de la Sierra d’Estrella portugaises, de la vallée des Gaves du Pau Pyrénéenne, des rizières malgaches, des contreforts de collines auvergnates, du Jura côté France et versant suisse, des rivages baltes à la Neva à Saint – Pétersbourg, de Trois -Rivières la bien nommée québécoise, d’une source-lavoir gersoise, de la Drôme noyée de soleil, d’entre Rhône et Saône des Gônes, jusqu’au pied de chez moi…

Aujourd’hui, sans vouloir canaliser de façon trop rigide tous ces superbes flux hydrauliques, je leur donne une scène mouvante, qui nous invite à écouter les innombrables voies d’eau, voix d’eau, à leurs prêter attention, à en prendre soin, plus que jamais.

Je file modestement la trame bleu comme un commun universel qui nous maintient en vie.

Je suis partagé entre mes émerveillements devant les eaux tumultueuses et mes angoisses devant les fleuves asséchés.

Je voudrais vous emmener marcher au fil de l’onde, toutes oreilles aux aguets, et vous raconter encore, et vous entendre dire, mille méandres rafraichissante.

https://drive.google.com/file/d/1ZlAf1VGBiboj9zLioX8-4T8DsZrKMVb6/view?fbclid=IwAR3gz0AER_yyXu6cvMz6OvgakUsdLjEbjSEEJ1uf-x4vlRA0c1LcQhym8Bk

https://drive.google.com/…/1ZlAf1VGBiboj9zLioX8…/view…

Points d’ouïe aquatiques à Voiron

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A l’invitation de l’artiste Christine Goyard présentant une exposition photos autour de l’eau «De passage »  à l’espace d’art contemporain « La théorie des espaces courbes », à Voiron (38), j’ai créé une ambiance sonore composée à partir d’un collectage de sons de différents pays (France, Portugal, Suisse, Russie, Belgique, Madagascar…).

An fil des ans et des ondes, l’eau fait partie des éléments sonores récurrents dans mes parcours, de ceux que je croise régulièrement, et sans doute de ceux que je recherche avec une certain appétit pour ses ambiances liquides, où que je sois.

De plus, nous avons pensé à parcourir la ville, le temps d’une promenade, à l’écoute de l’eau, de fontaines en rivières.
Et il se trouve que Voiron, pour le plaisir et le rafraichissement de nos oreilles, est une ville sympathiquement bouillonnante, multipliant au fil des places et des rues, fontaines et points d’écoute sur la Morge, rivière urbaine qui parcours le centre ville.

C’est un des rares PAS – Parcours Audio Sensibles qu’il m’ait été donné de faire depuis mars, crise sanitaire oblige, et en plus, il faisait très beau !

Nous avons surplombé la rivière, visible ou non, mais toujours audible.
Nous l’avons longée.
Nous l’avons quittée et retrouvée dans divers spots urbains.
Nous avons zigzagué de fontaines en fontaines.
Nous avons tourné autour.
Dans un sens et dans l’autre.
Nous avons mixé les sons d’eau à ceux de la ville, des voix, des voitures.
Nous en avons ouïe des monumentales, des discrètes, des sereines, des majestueuses, des chuintantes, des tintinnabulantes, des glougloutantes.
Nous sommes passés de l’une à l’autre, avec les trames sonores urbaines en toile de fond, ou en émergence, selon la progression.

Une ville irriguée de nombreux points d’eau, donc aussi points d’ouïe, qui tissent une trame bleue et bouillonnante, est une ville tonifiée, dynamisée par la présence aquatique.
Les montagnes alentours rendent cette impression de tonicité encore plus vivace, pour le plus grand plaisir des promeneurs écoutants de ce jour.

@crédit photos Christine Goyard

Les sons de l’expo