Points d’ouïe et audio-récits, Médinas et alentours

Digital Camera

Paysages sonores partagés

Workshop Desartsonnants, autour des relations architecture/paysage sonore, accueilli par GFI Universty, École Polytechnique Supérieure d’Architecture de Sousse.

Février 2022

Lieux d’exploration, la Médina de Sousse et ses alentours, ainsi que celle de Kerouan

Nous arpentons, avec les enseignants et les étudiants, la Médina de Sousse. Tout d’abord à oreilles nues, puis micros en main.

On m’accompagne également dans une visite de la médina de Kerouan. Deux sites, des atmosphères, des ambiances auriculaires, sensorielles, singulières.

Les étudiants, utilisant les sons captés in situ, mais aussi des modes d’expression relatifs à leur formation architecturale (cartes mentales, relevés axionomiques, croquis, maquettes, textes…), réalisent une carte postale sonore thématique. Il s’agit de narrer, en quelques minutes, via une création sonore accompagnée de documents annexes  réalisés pour la circonstance, un moment, un espace de vie, des activités, des ressentis… Professions, parcours, acoustiques, voix, les thématiques et fils rouges narratifs sont aussi nombreux que peuvent l’être les modes de rendus, de représentations.

Pour ma part, je décide de me plier également au jeu.

Pensant de prime abord composer deux petites séquences sonores, plutôt du type field recording (enregistrement de terrain) figuratifs, l’une de Sousse et l’autre de kerouan, j’opterai au final pour une pièce unique, mixant les ambiances des deux médinas et alentours.

Fiction donc, même si les sons restent plutôt bruts, le montage fait naitre un improbable récit, une narration empruntant à deux espaces-temps, voire plus, n’ayant aucune existence dans le réel. 

Il ne faut jamais croire ce que nous content les faiseurs d’ambiances, fussent-elles sonores. Comme de nombreux paysages, au sens large du terme, le réel, ou supposé tel, joue avec l’écriture fictionnelle,  dans des jeux de trompe-l’oreille assumés. Ici, deux médinas composent un espace hybride, chimérique, à la fois plus réel et plus imaginaire qu’il n’y parait de prime écoute.

Des escaliers, ruelles, méandres labyrinthiques

des passages couverts, semi ouverts, fermés

une collection de réverbérations et d’espaces acoustiques

des tintements, martèlements, claquements

des paroles enjouées, cris et rires

des scooters et autres deux roues pétaradants

une pompe électrique qui grésille derrière une fenêtre

la mer grondante au loin

les appels à la prières et lectures coraniques collectives

les oiseaux en cages, suspendues au-dessus des échoppes

des métiers à tisser à mains et leurs rythmes claquant

des odeurs aussi, cuirs, tissus, métaux travaillés, épices, poissons…

des ambiances pour moi jouissives dans leur joyeux dépaysement…

Autant de matières à tisser, comme un tapis à motifs colorés et entremêlés, formes métaphoriques modestement empruntées au savoir-faire local.

Médinas et hors-les murs, façon patchwork, prolongeant ma mémoire, souvent capricieuse et infidèle,  toujours prête à inventer, boucher des trous. Une façon parmi d’autres pour faire un micro-récit de ce voyage haut en couleurs sonores, sous le généreux soleil méditerranéen.

En écoute

Médinas en écoute (écoute au casque conseillée)

Merci à tous les enseignants et personnel de l’Université, à mon très sympathique guide chauffeur, aux étudiants pour leur curiosité et engagements dans des chemins inhabituels, à mon amie Souad Mani pour cette belle promenade nocturne, ces riches échanges, et à toutes les personnes croisées ici et là, au détour d’une parole ou d’un sourire…  

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