C’est une forme déambulatoire hybride entre le repérage et une version beta-test, avec quelques consignes à l’appui.
– Le non repérage préalable, une errance improvisée selon les événements et envies de chacun
– L’immobilité sur des points d’ouïe (périodique)
– Le fait de faire en sorte que chacun puisse prendre la main (l’oreille) et devenir à son tour guide.
Consignes qui ne seront du reste pas toutes suivies et appliquées durant le parcours – d’où la version d’essai de cette forme de soundwalk.
Nous sommes un petit groupe de quatre personnes, soit huit oreilles calibrées dans une stéréo élargie. Gilles, promeneur écoutant et hôte, Jérémy, paysagiste, Carole, musicienne intervenant avec de très jeunes enfants et Marianne, opératrice culturelle composent notre équipage de marcheurs écoutants.
Nous sommes dans un territoire lyonnais, à caractère nettement ferroviaire. Une gare dons nous explorerons les devants, derrières, intérieurs, extérieurs, dessus, dessous, transversalités et impasses…
Nous croiserons de nombreuses séquences sonores, et plus encore, singulières, joliment singulières dirais-je même.
Un accordéoniste, au pied de la gare, de ses escalators,que nous mixeront avec les chuintements des fontaines et les voix des passants.
Le refuge d’une voûte plastifiée d’un escalier roulant aujourd’hui immobile.
Une porte coulissante anthropomorphiquement gémissante.
Un « pianiste de gare », serinant péniblement la « Lettre à Elise », non sans la massacrer un brin de ses doigts maladroits.
Un escalier surplombant des quais où piaffent d’impatience et halètent des trains ronronnants.
Un autre quai tout en longueur, sente ferroviaire menant à une sorte de gare jardin presque bucolique, bordée d’oiseaux, espace rompant avec la frénésie des lieux.
Un train qui s’ébranle, d’autres qui traversent l’espace, ballet mécanique et plateforme grondante, nous sommes au centre d’une scène acoustique que n’auraient pas renié les futuristes d’antan.
D’autres jardins terrasses surplombant la ville et, fermés à cette heure-ci !
Un nœud ferroviaire où les rythmes ferraillant scandent ce territoire mécanisé, cette zone de partance et de transit, invitation au voyage. J’adore les gares pour cela, et pour mille autres raisons, dont les sons ne sont sans doute pas de moindres choses.
Un parking, où nous jouons une petite improvisation performance, dans un sas fermé de lourdes portes battantes et grinçantes à souhait. Rythmes, grincements, acoustique réverbérante, polyphonie sauvage, nous embarquons furtivement dans notre petit jeu, façon concert post Pierre Henry, des passants amusés, ou intrigués.
Une autre marmotte pour moi, tester les portes et portillons qui pourront devenir de véritables instruments musicaux, ou tout au moins sonores, en explorer des modes de jeux en solo, ou en mode orchestre de chambre comme ici.
Enfin, retour à notre place initiale, non sans avoir emprunter un long tunnel routier assourdissant, comme un final paroxysmique, en apothéose bruyant. La place nous ramène à un espace qui nous semble dès lors très apaisé, par le jeu des contrastes.
Voici donc, comme de coutume, ce petit carnet de notes, où nos oreilles conjointes, les prises de sons de Carole et photos de Marianne assument leur entière subjectivité !








