PAS-Parcours Audio Sensibles, expériences belges

Retrouvé sur le site de l’Ensa Bourges, via une conversation d’Alexandre Castant. Cet article, consacré à mon feu ami Philippe Franck, retrace une longue relation entre Desartsonnants, Transcultures, et le festival international des arts sonores « City Sonic« .

« C’est à cette métamorphose permanente de l’espace revisité par nos sens et plus particulièrement par la marche et l’écoute que nous convie Gilles Malatray, paysagiste de formation et créateur sonore, fondateur/animateur du blog de référence Desartsonnants.org. Il s’agit d’analyser comment la marche, et plus particulièrement le soundwalking (marche d’écoute ou PAS, Parcours Audio Sensible, d’après la terminologie du site Desartsonnants.org) peuvent constituer un processus de recherche-action au service de son objet d’étude, à savoir le paysage sonore. Celui-ci n’est pas ici restreint au seul champ de l’esthétique, de l’artistique, de l’écologie, du social, du politique, voire de l’économique, mais appréhendé selon différentes entrées, en fonction du projet mis en place 9.
Dans sa démarche qui comporte concrètement trois phases (le repérage préliminaire, l’expérience du groupe et les traces d’actions), Gilles Malatray sympathise avec la vision écosophique de Gilles Deleuze et Félix Guattari, mais aussi avec les analyses hétérotopiques de Michel Foucault . L’infatigable audio-activiste a posé ses PAS dans de nombreuses villes européennes, parmi lesquelles, en Belgique, Mons et Charleroi, à l’occasion du festival City Sonic dont il est un complice de longue date. Il s’agit alors pour ce promeneur sonore d’installer l’écoute : « Je m’installe devant, dans un paysage, je l’écoute, je le regarde, je l’arpente, et il me dit ce que je peux y faire, et ne pas y faire. C’est lui qui s’installe alors devant, autour de moi. C’est lui qui guide, voire dicte mes gestes, mes actions, mes projets. […] Au début, j’écoutais pour écouter, par jeu, par plaisir, ce qui était déjà je pense, un bon début. Puis, j’ai cherché à m’expliquer, et à expliquer à d’autres, ce que j’écoutais, avant que de tenter de définir ce qu’était, pour moi, l’écoute, les fonctions, les actions, les rituels, les expériences, les recherches, les aboutissements… ».
Un PAS est une promenade – diurne ou noctambule – dans la ville où Gilles Malatray a effectué quelques repérages préliminaires, traquant les lieux déroutant au-delà de leur apparente trivialité, où les sons s’encanaillent. Dans le silence reconquis, nous découvrons la musique des passages, des places, des jardins, des parkings… Parfois, Malatray y dépose des ambiances sonores personnelles et, à d’autres moments, il sort de son sac d’improbables instruments d’écoute augmentée. L’échange collectif d’impressions se fait informellement après la balade, et même les habitués des lieux se disent surpris de ce qu’ils ont découvert ou perçu pour la première fois, lors de cette expérience. En réponse à la pollution sonore grandissante, l’audio-arpenteur cherche, dans l’héritage personnalisé des Listen et des « soundwalks » pionnières de Max Neuhaus, (sur lesquelles Gilles Malatray a donné, ces dernières années, des conférences éclairantes), des « oasis sonores » afin de « retrouver des poches de tranquillité, des microcosmes sereins, des espaces auriculairement apaisés » et des « points d’ouïe » remarquables. »

Extrait d’un entretien avec Philippe Franck » L’Atelier sonore d’esthétique » Station 23 – Alexandre Castant – ENSA de Bourges 2019

Texte intégral ici

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